6 | Alexander
J'étais en train de faire les cent pas dehors quand j'entendis Reed tenter de parler à Lani dans le garage, non loin de sa Corvette.
Casse-toi. Casse-toi.
Ce ne serait pas la première fois.
Putain de merde.
Putain. De. Merde.
Elle ne pouvait pas partir là-bas.
Elle ne pouvait pas juste partir comme ça, pour une gonzesse qu'elle n'avait pas vue pendant six ans putain !
Elle était heureuse ici ! Elle avait tout ce qu'elle voulait !
Et je...
Je déglutis et entendis Reed lui dire de lui donner ses clés. Lani lui hurla dessus. Elle ne hurlait jamais sur Reed. Elle pleurait, criait, mais je ne l'avais jamais entendu parler comme ça à Reed.
Mon pied heurta un pneu qui traînait là et je m'avançai vers eux.
Ce ne serait pas la première fois.
Je me figeai à quelques mètres. Lani était de dos et Reed me vit, mais elle continuait de lui hurler dessus. Reed ouvrit sa bouche, sûrement pour dire quelque chose, mais je fis demi-tour.
Parce que c'était ce qu'elle voulait.
Elle ne voulait pas me voir.
Alors, elle n'allait pas me voir. C'était bien la seule chose que je pouvais faire non ? L'écouter.
Alors que cette putain de situation n'avait aucun sens.
Je revoyais Reed me parler de ce qui était arrivé à Lani là-bas. Je revoyais Reed fracasser le mur à côté de lui quand il avait fini par tout me raconter. Tout.
Il ne l'avait pas fait tout de suite. Avant ça, il m'avait fracassé la gueule en me disant que la seule chose qui était importante dans sa vie c'était cette fille que je trouvais sexy et avec qui j'avais envie de rire.
De rire.
Je n'avais pas été heureux depuis mon départ du MC.
Et pour être honnête, jusqu'à ce que Lani me dise de me barrer, je pensais vraiment pas être heureux comme des gens aussi abîmés que nous l'étaient. Mais putain, comme ça faisait mal de me dire qu'elle avait réussi à faire ça.
Avec de simples mots.
Des putains de mots qui me fracassaient la gueule bien plus fort que les poings de mon père et ceux de mon oncle.
Des putains de mots qui se gravaient dans mon crâne aussi profondément qu'une putain de lame dans les entrailles et putain je savais de quoi je parlais.
Je trouvais ma moto à l'arrière du garage et enfilai le casque qui pendait sur le guidon. Le bruit de la Corvette résonna. Je n'entendais plus la voix de Reed.
Je démarrai ma bécane avant de l'avancer devant la sortie. Reed lui-même dut freiner en me voyant.
Putain, mais qu'est-ce qu'il foutait derrière ce putain de volant ? Lani écarquilla ses yeux quand elle me vit pousser ma béquille. Je laissai mon casque tomber par terre et m'avançai vers la voiture qui était à peine sortie du garage, prête à partir.
— Ash ! cria Reed.
J'ouvris la portière qui émit un drôle de bruit quand ma prise fut trop violente.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'emporta Lani.
Je me penchai par-dessus elle et arrachai presque sa ceinture.
— Laisse-moi ! hurla-t-elle.
Mes mains s'enroulèrent autour de ses bras et je la sortis de la bagnole pour la presser contre la carrosserie.
— Tu ne peux pas y aller ! criai-je, complètement fou. Tu ne peux pas partir comme ça ! Je l'ai fait et je m'en mords les doigts encore maintenant putain ! Je ne veux pas t'abandonner, mais c'est toi qui pars ! Dans un endroit qui ne t'a fait que du mal !
— Ash, souffla Reed, sa main non loin de mon bras.
La colère se battait à la peur en moi, mais elle prenait encore le dessus.
— Tu as subi l'enfer là-bas et tu voudrais me faire croire que tu veux y retourner pour une gonzesse qui n'en avait rien à foutre de toi jusque-là ! hurlai-je au visage de Lani.
Elle se ferma complètement.
— Tu ne sais rien de ma relation avec Cleo, Alexander, murmura-t-elle. Et si tu ne me lâches pas maintenant, je te jure...
— Que quoi ? m'écriai-je.
— Ash, insista Reed. Nous pouvons...
— Je ne veux pas en parler ! lui hurlai-je au visage.
Je reposai mon regard sur Lani, mais je la reconnaissais à peine.
— Cet endroit te fait du mal. Tu ne reviendras pas entière si tu vas là-bas. Ils n'ont rien fait pour t'aider ! Cleo est partie ! Tu ne trouveras rien là-bas pour toi.
— Tu n'en SAIS RIEN ! hurla Lahyani. TU NE SAIS RIEN SUR ELLE !
— CAR ELLE NE COMPTE PAS !
Le regard de Lani s'écarquilla. Reed soupira à côté de moi. Mais je n'en avais rien à foutre. C'était la putain de vérité.
— Elle n'a jamais compté ! Ça fait presque quatre ans qu'on se connait et je ne l'ai jamais vue ! Pourquoi ? Pourquoi tu n'es pas retournée là-bas plus tôt ? Si elle était si importante pour que tu gâches ta vie pour elle, alors où était-elle jusque-là ?
Je pris une longue inspiration et tentai de parler plus doucement, le souffle court et le coeur en miettes.
— On est heureux ici, putain. Lani, on est heureux et en sécurité. On peut rester ici. On peut gérer ça ensemble ici.
— Je ne te demande pas de venir avec moi, souffla Lahyani, froide et détachée. Si tu ne veux pas venir, ne viens pas.
Je reculai d'un pas.
— Lani, grogna Reed.
Elle disait tout ça comme si rien ne comptait. Comme si les quatre dernières années ne comptaient pas.
Le vieux Ash, le membre d'un MC, serait simplement parti. Putain, le vieux Ash n'aurait même pas été dans cette situation en premier lieu.
Alors pourquoi je restais planté là comme si elle avait réussi à pulvériser le dernier espoir chez moi ?
— Remettons cette conversation à plus tard pour que ce soit productif. Nous ne sommes pas dans le bon état émotionnel pour gérer tout ça. Ash, rentre à l'appart. Nous te tiendrons au courant.
Sa main sur mon bras me brûla et je m'écartais un peu plus. Lahyani décolla son dos de la voiture et s'apprêta à rentrer dans la voiture, mais elle s'arrêta quand je parlais.
— Si tu vas là-bas, c'est fini entre nous, murmurai-je.
Reed me fusilla du regard quand Lani ferma ses paupières. Je ne pouvais pas aller là-bas. Si elle partait, elle serait toute seule. Si j'allais là-bas, je pouvais tout aussi bien me tirer moi-même une balle dans le crâne.
Je ne pouvais pas la protéger si elle allait là-bas.
Putain, même si je voulais, je ne pourrais pas la protéger.
Tout ce qui l'attendait là-bas serait des traumatismes à la pelle. Et je ne retrouverais jamais la Lani que je connaissais jusque-là.
Ce putain de MC allait me voler la seule chose que j'avais osé espérer avoir un jour.
— Ash putain, souffla Reed.
Lani glissa dans la voiture sans un mot de plus et claqua la portière.
Le gong qui sonnait.
Le dernier clou dans mon putain de cercueil.
— Ne fais pas de conneries, siffla Reed.
Je ne réussis même pas à le regarder. Je n'avais d'yeux que pour la femme dont j'étais amoureux.
Parce que je l'étais putain.
Pour que ça fasse mal comme ça, c'était forcément de l'amour non ?
— Tu m'entends, Ash ? Ne fais pas de conneries ! Attends-nous ! ordonna Reed.
Il se glissa dans la voiture et démarra, contournant avec grâce ma moto.
Quand un long silence s'éternisa, je pivotai pour voir que tous les mecs de l'équipe de Reed me regardaient avec des variations de gênes et de pitiés différentes.
Et ça me dégouta.
Je me dégoutais.
Incapable de remonter en haut, en sachant que ce n'était plus mon chez-moi si Lahyani n'y était pas, je remontai sur ma bécane et roulai dans la direction opposée de Reed et Lahyani.
Et chaque kilomètre qui passait me ramena vers la réalité du monde dans lequel on vivait. Dans lequel je vivais depuis que j'étais né.
Je n'étais qu'un petit biker qui avait cru pouvoir aller au-delà de son destin, de ce qu'on attendait de lui. Lahyani n'était qu'un beau rêve. Mais à quoi bon vouloir guérir quand la seule chose que vous vouliez faire, c'était retourner dans votre enfer personnel ? Putain, qu'est-ce que j'étais mal placé pour dire ça.
Un vrai connard.
**
AHEUM.... Je n'ai que ça à dire 🤣 des réactions ? 😳 Vous êtes plutôt team Lani ou team Ash sur cette décision ?
La bise 😘
Taki et Ada'
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