4 | Reed
Il n'y avait que nos souffles qui résonnaient dans l'appartement. Il n'y avait qu'elle qui existait à mes yeux. Tout son corps qui prenait le mien. Tous ses mouvements qui suivaient notre rythme. Un rythme qui avait mis du temps à venir, à s'accroitre et à s'accepter.
Je restai en suspens au-dessus d'elle, ma queue en elle, son corps frémissant sur le tapis du salon. Il était tard et je savais qu'Ash arriverait probablement bientôt, mais ça ne nous avait jamais empêchés de combler Lani. Au contraire.
Les doigts de Lani eurent un spasme sur mes bras quand je me retirais d'elle. Le bruit de nos corps me tira un sourire gourmand. Je sentais la fragilité de Lani sous la pulpe de mes doigts, mais la laisser prendre le contrôle de son corps était l'une des seules choses que je pouvais lui donner pour l'aider.
— Reed, haleta-t-elle, sa main sur mon torse.
Je me penchai et l'embrassai, nos corps encore tremblants de nos ébats.
— Comment tu te sens ? murmurai-je contre ses lèvres gonflées.
— Mieux, admit-elle.
Je glissai mes bras sous elle pour la redresser et on hésita à se lever tout de suite, mais Lani grogna pour aller faire pipi. Je ris et la laissai faire. J'en profitai pour la suivre dans la salle de bain et me nettoyer un peu. Même si je n'étais pas contre un autre tour avec elle.
Je me glissai dans la douche et elle me rejoignit pour se coller à mon torse. Je la fis pivoter pour qu'elle soit sous l'eau chaude et je sentis son corps se détendre.
— Ça faisait longtemps que tu n'étais pas allée à ce groupe de parole. Quelque chose s'est passé au boulot pour déclencher ce besoin ?
Lani secoua la tête et tira sur mon menton pour m'embrasser. Sa langue se fraya un lent passage entre mes lèvres et je pris le temps de savourer ce baiser. Mes doigts dans ses cheveux. Mon sexe contre sa hanche. Ses pieds à côté des miens. Son corps à disposition, avec tout ce qu'il fallait regarder et toucher. J'avais attendu très, très longtemps avant de me nourrir de ce corps et même maintenant, je savais que je devais le faire avec précaution. Lani n'était pas un objet fragile que je faisais attention de ne pas casser, mais je respectais au maximum ses limites que je connaissais par cœur et que nous avions appris à délimiter surtout. Pour elle. Pour Ash. Pour nous.
— Je me demande souvent, chuchota Lani contre mes lèvres, ce que je serais devenue sans toi.
Je posai mes deux mains sur ses joues et plongeai mon regard dans le sien.
— Tu es la seule maîtresse de ta guérison. Je ne suis là que pour te soutenir. Si ça n'avait pas été moi, ça aurait été quelqu'un d'autre. Tu es une personne formidable, Lani. Tu aurais su trouver...
Ses doigts sur ma bouche pour me faire taire.
— Tu n'es pas interchangeable pour moi, Reed, murmura-t-elle. Ash non plus. Vous jouez un rôle très important dans ma guérison et je ne vous en remercierais jamais assez.
— Pas besoin de merci, grondai-je.
Ma langue frôla la sienne entre ses lèvres ouvertes et elle haleta.
— Juste que tu ailles bien.
Elle hocha la tête et ses bras s'enroulèrent autour de mes hanches pour coller nos bassins ensemble. Elle sourit quand elle sentit mon sexe qui redevenait dur.
— Tu es une personne formidable, répétai-je. Tu es courageuse, forte, butée, honnête et pleine d'amour. Je te le répéterais jusqu'à ce que ça s'imprime dans ton joli cerveau.
Elle eut une petite moue, mais éventuellement, je le lui répétais et elle accepta d'une petite voix.
— Je peux te laver ? soufflai-je contre sa bouche.
— Oui, acquiesça-t-elle d'une voix à peine tremblante.
J'embrassai son nez et pris du savon sur mes mains. Je commençais par ses épaules, le haut de son dos, le haut de son torse. Puis ses seins. Je tentais de ne pas basculer dans un toucher sexuel, car j'aimais vraiment sentir son corps se détendre avec mes caresses. Et je ne visais pas une récompense sexuelle derrière ce geste. Déconstruire des attentes masculines implémentées dans son crâne depuis notre plus jeune âge était un combat de tous les jours et j'avais dû le faire très tôt. Tout comme de partager ma vie avec non pas une seule personne, mais deux. C'était un casse-tête au début, surtout quand une personne victime de traumatismes violents réapprenait à vivre et à poser des limites.
Et c'était sûrement le point le plus dur à prendre en compte. L'intimité au-delà de l'aspect sexuel du concept. On pouvait être intime de plein de façon différente et Lani avait appris, tout comme Ash et moi, à le comprendre et à le mettre en application.
Quand j'arrivais à son sexe, mon pouce glissa dans ses boucles et elle haleta doucement. Lani ne le sentit pas, mais j'étais très conscient de notre environnement et je vis Ash du coin de l'œil dans l'entrée de la salle de bain. Il nous observait. Je glissai ma main sur la vulve de Lani pour la nettoyer avec attention et elle écarta doucement ses cuisses pour me laisser de la place. J'embrassai sa hanche et passai à ses jambes.
Elle gloussa quand je glissai mes doigts entre ses doigts de pieds et essaya de s'échapper de ma prise, quand soudain elle se figea. Elle posa sa main contre la vitre, preuve qu'elle avait vu Ash.
— Ne vous arrêtez pas pour moi, je déposai juste des vêtements trouvés sur mon chemin, minauda-t-il.
Je retins un sourire et me redressai. Lani embrassa mon menton et prit le savon à son tour. Je ne la retins pas et acquiesçai quand elle me demanda la permission. J'entendis Ash retirer ses fringues. Il y eut un moment de frais quand il entra dans la douche et il se glissa sous le jet, se pressant contre Lani au passage.
— Je propose qu'on ne regarde pas de film ce soir, marmonna Ash.
Je grognai quand les doigts de Lani se refermèrent sur mon sexe. J'étais dur et elle jouait avec moi.
— Et pourquoi pas ? murmura Lani.
Elle sursauta, sa prise sur ma queue plus forte, quand Ash se pressa en entier contre son dos. Notre regard se croisa et mon sourire s'agrandit. J'avais très bien compris où il voulait en venir.
— Parce qu'on a bien mieux à regarder, souffla-t-il.
Il avait saisi que Lani avait besoin de penser à autre chose et se joignait à moi pour éloigner les démons qui rôdaient trop près d'elle.
Je me réveillai difficilement au son de mon portable. Je grognai et observai le bras en travers de mon torse. Lani était collée à moi et Ash à elle. J'étais au bord du lit, si je m'étais tourné dans mon sommeil, je me serais écrasé par terre. La sonnerie de mon portable s'arrêta avant que je ne l'attrape et Ash grogna. Son bras se resserra sur la poitrine de Lani et cette dernière soupira d'aise quand il pressa son visage contre son cou. On n'avait un peu tardé hier soir. J'avais un peu mal partout, alors je n'imaginais pas Ash et Lani.
— C'est pas une heure pour appeler, grommela Ash.
— Désolé, m'excusai-je.
Je tentai de sortir naturellement du lit sans trop bouger tout le monde, mais éventuellement Lani roula de l'autre côté et se pressa contre le torse d'Ash.
— Rendormez-vous, soufflai-je. Il est que six heures.
Nu, mon portable à la main, je me faufilai jusqu'à la salle de bain. Je posai la machine de l'enfer sur le lavabo sans regarder qui c'était, car ça n'avait pas laissé de message. Ça ne devait pas être important. Je me lavai rapidement et enfilai des fringues pas trop sales.
Je me figeai en plein milieu de l'appartement quand mon regard se posa sur l'identifiant de l'appel. Je déglutis un instant et jetai un coup d'œil aux deux personnes endormies dans le lit. La respiration d'Ash était de nouveau profonde. Je pris une longue inspiration et allais me faire couler un café. J'utilisai un des gobelets réutilisables de Lani et descendis au garage. À cette heure, il n'y avait personne. Les premiers arrivaient vers sept heures et demie. Je m'enfermai dans mon bureau et appuyai sur le bouton rappel.
Plusieurs bips résonnèrent avant que la voix grave d'Obadiah Vargas, Prez du MC des Sons of Sorrow, ne résonne dans le combiné.
— Reed ? souffla sa voix.
Tout mon corps se figea. Je connaissais cet homme autant que mon père et je n'avais pas aimé mon père énormément. Obadiah était mon Prez.
Et il me faisait confiance pour prendre soin de sa fille.
Lahyani.
— Que se passe-t-il ?
Ma voix était neutre, mais à l'intérieur, j'étais fou. Obadiah n'appelait qu'une fois par mois, à une date et une heure précise. Pas à six heures du matin en pleine semaine, alors même qu'on était très loin du rendez-vous habituel.
— Tu es seul ?
Je nouai mon bras autour de mon torse.
Un mauvais pressentiment grimpait dans ma gorge.
— C'est Dani ? murmurai-je, le tremblement presque furtif, mais bien présent.
— Non, répondit Obadiah. C'est Cleo.
Un vide profond engloutit mon estomac et je dus m'asseoir. Lani... Lani m'en avait parlé hier.
— Dis-moi, insistai-je.
— Elle s'est suicidée dans la nuit. Les garçons l'ont retrouvée, mais il était trop tard. Elle s'était coupé les veines et vidée de son sang bien avant leur arrivée.
Putaaaaaaaaaaaaaaaain de merde.
Cleo était morte.
Morte.
Morte.
Pas juste à l'hôpital pour une tentative de suicide.
Pas juste entre les bras de Lahyani parce qu'elle avait tenté d'avaler la boîte de pilule qu'elle avait trouvée dans un placard de son père.
Pas juste entre les cuisses de Lahyani, avec les mains de Lani pour arrêter l'hémorragie de sa première tentative avec les rasoirs.
Il y avait de ces scènes qui vous marquaient à vie. Avoir retrouvé Lahyani en larmes, le corps mou de Cleo entre ses cuisses alors même qu'elle tenait les poignets de sa meilleure amie en l'air pour retarder le sang de couler.
Les cris de Lani cette nuit-là me hantaient encore.
Cleo avait seize ans à l'époque et Lani en avait quatorze. Et c'était la seconde tentative de suicide de Cleo.
Lani et Cleo... Merde. Elles avaient... été liées d'une certaine façon. Pas par le sang, mais par autre chose. Je ne savais même pas si c'était de l'amitié.
— Ramène ma fille, Reed, m'ordonna Obadiah. Ou je viens la chercher. L'enterrement a lieu demain. Soit là avec elle.
Et il raccrocha.
Je restai assis sur mon fauteuil, sans bouger, le cerveau complètement retourné.
Au-delà de l'ordre qu'il venait de me donner, je ne pouvais pas mentir sur le fait que Cleo était morte.
Je ne ferais jamais ça à Lani, sinon elle ne me ferait plus jamais confiance.
Mais si je lui annonçais ça, au-delà de ce que voulait Obadiah, son père, Lani voudrait y aller.
Cleo était une partie d'elle.
Et cette partie venait de se suicider.
Putain. Cleo avait deux enfants bordel.
Et... Dani. Il...
Sans m'en rendre compte, je remontai à l'appartement. Je fermai la porte derrière moi et retirai mes chaussures. Ash sortit de la salle de bain, les yeux encore un peu ensommeillés, sa brosse à dents dans sa bouche.
— Lani est à la douche, dit-il.
Il se figea lentement quand son regard me vit vraiment.
Mes poings serrés.
Mon visage fermé.
Mes épaules voûtées.
Tout ce que nous avions construit, tout ce que nous avions fait ici pour nous, pour elle, bientôt, ça n'aurait plus aucune importance.
Parce que si une personne pouvait encore détruire Lani, c'était Cleo.
— Reed ? souffla Ash.
— Habillez-vous. Il faut qu'on parle.
Ash ne posa pas de questions. Il se contenta de retourner dans la salle de bain, de faire enfiler un t-shirt à lui et un jogging qui m'appartenait à Lani pour la ramener dans le salon. Lani me vit et son regard s'écarquilla.
Je la guidai jusqu'au canapé et la forçai à s'asseoir.
— Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota-t-elle. On dirait que quelqu'un est... mort.
Ses yeux fouillèrent les miens et je ne sus ce qu'elle lut, mais des larmes se formèrent au coin de ses paupières.
— J'ai besoin que tu m'écoutes attentivement, soufflai-je. Rien de ce que je vais dire à partir de maintenant ne changera quoi que ce soit entre nous.
Je pris ses mains entre les miennes et embrassai ses jointures.
— Dis-le.
Je clignai des yeux et observai Lani. Ash était immobile à côté de nous. Son corps vibrait de l'attente que j'imposais pour annoncer la nouvelle.
— Dis-le, Reed, insista Lahyani.
— Cleo s'est suicidée cette nuit, soufflai-je. Elle est morte.
Il y eut un long silence pendant lequel Ash et moi on retint notre souffle. Tout s'était figé chez Lani. Je me demandais un bref moment si elle continuait de respirer.
— Co... comment ?
Je jetai un coup d'œil à Ash qui ne présentait pas plus de réactions. Cleo n'était qu'une inconnue à ses yeux, alors que pour nous, elle était...
— Comment s'est-elle suicidée, Reed ? siffla la voix de Lahyani.
Ses mains tremblaient entre les miennes.
Bordel. Je détestais être le messager pour une putain de nouvelle comme ça.
— Reed, commença Ash.
Lahyani tira sur mes mains pour que je reste concentrée sur ce qu'elle voulait.
Elle voulait la vérité.
La vérité qui blesse, mais qui est bien plus incisive, bien plus réelle que n'importe quel mensonge ou propos édulcorés que j'aurais pu lui servir.
— Elle s'est tranché les veines, admis-je.
— Elle a réussi cette fois-ci.
Ce fut la seule phrase que Lahyani prononça avant d'éclater en larmes. Ses sanglots furent si intenses qu'Ash tressautait de tout son corps avec elle quand il se mit à la tenir. La crise de larmes dura pratiquement deux bonnes heures avant qu'Ash ne réussisse à mettre Lahyani dans notre lit, enroulée dans une polaire toute douce. Elle continua de sangloter longtemps.
Je ne sortis du lit que tard dans la matinée après avoir prévenu mon bras droit au garage que je ne pouvais pas descendre ce matin.
Ash resta dans le lit avec Lahyani une bonne partie de la journée, en silence, avec elle. Elle était mutique depuis que les sanglots s'étaient calmés. Elle laissait Ash la tenir, mais elle le faisait plus pour lui que pour elle. Je le savais. Je le sentais.
Je dus prévenir son travail qu'elle ne viendrait pas de la semaine à cause d'une grosse grippe. Même si son patron grogna, je laissais passer pour cette fois. Ce n'était pas ma priorité.
Quand la nuit commença à tomber, Ash me regarda, torse nu, assis sur le canapé. Mes yeux étaient rivés sur l'entrée de la chambre où rien ne bougeait.
— Qu'est-ce qu'on fait ? souffla-t-il.
— On attends, murmurai-je.
— On peut pas rester là sans rien faire.
Je soupirai.
Je ne savais pas quoi faire.
Je ne savais pas comment gérer la suite des évènements.
Lahyani n'allait pas rester ici sans rien faire. Elle venait de prendre cette journée pour faire son deuil, mais aussi pour se préparer à y aller.
Elle ne laisserait pas sa peur l'empêcher d'aller voir Cleo une dernière fois.
Peu importait ce qui l'attendait là-bas.
Elle irait.
Quoi que nous fassions pour l'en empêcher.
Elle irait.
Et Ash n'accepterait jamais ça. Même si le deal avait été clair depuis le départ.
Putain de merde.
**
Je vous l'avais dit 😎 Accrochez vos boyaux 🤣🤣
Au delà de la pire nouvelle qui soit pour Lani 😳😳
Vos impressions sur Reed ➡️➡️
Reed ici, dans notre famille (comprenez Taki), à été élevé au rang de Dieu 🤣
La bise 😘
Taki et Ada'
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