(c'est un chapitre spécial qui est centré sur le journal intime de Lily, pour résumé c'est un chapitre bonus. Petite précision, l'histoire se déroule en 2019-2020. Ce chapitre sera plus court que les autre et j'en suis désolée, mais j'éspère qu'il vous plaira quand même.)

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Journal intime de Lily

22 février 2019

Il est temps de raconter mon histoire, toute mon histoire. Ce sera long, douloureux, mais peut-être que poser ces mots sur le papier m'aidera à aller de l'avant. Peut-être qu'en revisitant ces souvenirs, je pourrai enfin les ranger quelque part où ils ne me hanteront plus chaque nuit. Alors, je commence.

J'avais sept ans lorsque tout a changé. Avant cela, ma vie était remplie de rires, de tours sur la glace et de complicité avec mes parents. Ils étaient si fiers de moi, surtout papa. Mais un jour, il a disparu. On m'a dit qu'il était parti en voyage d'affaires. Je ne savais pas qu'il ne reviendrait jamais. Ce n'est que des années plus tard que j'ai appris la vérité : il avait été assassiné, victime des machinations d'un homme nommé Dmitri.

Ma mère a sombré dans le silence. Elle ne parlait plus de papa, à peine de moi. Le patinage était mon seul refuge, mais même cela ne suffisait pas à combler le vide qu'il avait laissé. Chaque soir, je m'endormais en écoutant les bruits de la maison, espérant qu'un jour, il reviendrait.

Dmitri n'était pas qu'un nom murmé dans les couloirs sombres de Moscou. C'était un homme réel, et il avait décidé que ma famille lui appartenait. Il a commencé par étrangler les finances de ma mère, réclamant des "dettes" imaginaires. Puis, il est venu personnellement. J'étais trop jeune pour comprendre tout ce qu'il faisait, mais je savais que sa présence signifiait danger.

À treize ans, j'étais devenue une monnaie d'échange. Dmitri voyait en moi une opportunité : une patineuse talentueuse, une figure publique en devenir. Il m'a utilisée pour blanchir de l'argent, pour attirer des investisseurs douteux. Il contrôlait chaque aspect de ma vie, de mes routines d'entraînement à mes interactions avec les médias. Je me sentais comme une marionnette, tirée par des fils invisibles.

Pour protéger ma mère, j'ai obéi. J'ai souri devant les caméras, j'ai patiné comme si ma vie en dépendait—parce que c'était le cas. Mais à l'intérieur, je mourais. J'avais perdu le contrôle sur mon corps, sur mes choix, sur mon avenir.

Les rares moments de bonheur étaient avec mes amies, Arina surtout. Elle était mon roc, celle qui me faisait rire quand tout semblait perdu. Mais même elle ne connaissait pas toute la vérité. Je ne voulais pas qu'elle soit prise pour cible. Alors, j'ai gardé le silence.

Un jour, tout a explosé. Dmitri m'avait ordonné de participer à une rencontre avec des "investisseurs", des hommes bien plus vieux que moi qui étaient clairement là pour des raisons qui me donnaient envie de vomir. J'ai refusé. C'était la première fois que je m'opposais à lui.

La punition a été rapide et brutale. Dmitri a menacé ma mère, a brisé mes affaires personnelles. Il a même mis fin à un contrat important qui aurait pu changer ma carrière. Mais je n'avais pas cédé. Ce petit acte de défiance m'a donné une lueur d'espoir.

Avec l'aide d'Arina, j'ai planifié ma fuite. Ce fut un processus long, dangereux, mais nécessaire. Nous avons collecté des preuves contre Dmitri, des documents, des enregistrements. Arina était brillante. Elle savait comment contourner ses systèmes de surveillance, comment cacher nos traces.

Le jour où je suis partie, je savais que je ne reviendrais pas. L'avion qui m'a emmenée loin de Moscou m'a donné une chance de recommencer. Mais je portais encore le poids de tout ce que j'avais vécu.

Aujourd'hui, je porte mes cicatrices, à l'intérieur et à l'extérieur. Je sais que je ne serai jamais la même. Mais chaque jour, je me bats pour retrouver une partie de moi-même. Le patinage m'aide. Arina m'aide. Écrire ces mots m'aide.

Peut-être qu'un jour, je pourrai raconter cette histoire sans trembler, sans que mon cœur s'accélère. Peut-être qu'un jour, ces souvenirs seront juste des chapitres dans un livre fermé. Mais pour l'instant, ils sont encore ma réalité. Et je continue de patiner, un pas à la fois, pour trouver la paix.

Journal intime de Lily

12 janvier 2020

La journée a été étrange. Une partie de moi sent que tout commence à s'éclaircir, mais une autre reste prisonnière d'une ombre épaisse. Arina est restée à mes côtés, et c'est elle qui m'a tirée de cette spirale d'angoisse dans laquelle je m'étais enfermée. Ça fait tellement longtemps qu'elle est dans ma vie, je ne sais pas comment je ferais sans elle. Elle a cette manière de me bousculer tout en me réconfortant. Comme hier soir, à la patinoire... c'était presque magique.

Voir Arina sur la glace, agrippée à la barrière comme si elle affrontait une tempête, m'a fait sourire pour la première fois depuis des semaines. Ce genre de rire sincère, qui fait du bien. Elle a transformé un simple instant en quelque chose de spécial. Je l'admire tellement. Moi, avec tout ce que j'ai traversé, je ne suis pas sûre que j'aurais pu garder cet éclat qu'elle a encore.

13 janvier 2020

Je n'ai pas dormi cette nuit. Mon esprit était trop occupé à revisiter le passé. Moscou, Dmitri, les coups portés pour me protéger, mais aussi pour frapper. Parfois, je me demande ce que cela fait d'être une personne normale, de vivre une vie sans cicatrices ni fantômes qui vous hantent chaque fois que vous fermez les yeux.

Arina dort encore. Elle m'a dit hier soir qu'elle voulait devenir journaliste. J'ai imaginé un instant sa voix ferme, interrogeant des politiciens, révélant des vérités cachées. Elle aurait été parfaite pour ça. Moi, je rêve juste d'un retour à la normalité. Remonter sur la glace, redevenir Lily Poliyakova, la patineuse, pas Lily la fugitive ou Lily la vengeresse.

Je suis retournée dans ma salle aux souvenirs ce matin. J'y ai retrouvé des photos d'équipe : Anna, Julia, Anastasia, Arina et moi. J'ai passé mes doigts sur leurs visages. Nous étions si jeunes, si pleines d'espoir. Tout semblait si simple, si évident. Mais la vie nous a éclatées comme une vitre sous pression.

14 janvier 2020

Je n'avais pas réalisé à quel point la glace me manquait avant hier soir. Les patins sous mes pieds, l'air glacé sur mon visage, les mouvements fluides... tout ça était comme rentrer à la maison. Arina avait raison : j'ai besoin de retrouver cette partie de moi-même. Ce n'est pas une question de gloire ou de reconnaissance, mais une question d'équilibre. C'est là que je me sens vivante.

Mais une question me hante encore : qu'est-ce qui reste de moi, après tout ce que j'ai traversé ? Cette fille souriante qui avait des rêves si grands... est-ce qu'elle existe encore ? Je veux croire que oui. Je veux croire que la glace peut me guérir. Arina semble y croire, elle aussi. Elle a insisté pour qu'on y retourne demain. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle.

15 janvier 2020

Aujourd'hui, j'ai reçu un message de Julia. Cela faisait des années qu'on ne s'était pas parlées. Elle voulait juste savoir comment j'allais, mais ça m'a bouleversée. Peut-être que tout n'est pas perdu. Peut-être que certaines choses peuvent encore être reconstruites. Je vais lui répondre. Pas tout de suite, mais je vais le faire.

Pour l'instant, je vais continuer d'avancer, un pas à la fois. Ou plutôt, un coup de patin à la fois. Et avec Arina à mes côtés, je commence à croire que c'est possible.

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Chapitre fini et corrigé.