Chapitre 3: Moscou.


Lily

Je savais que ma décision de me confronter à Dmitri, marquait un tournant irréversible. Les rues sombres de Kamenets semblaient résonner au rythme de mes pensées, tandis que je me préparais à plonger dans l'inconnu. Le danger était omniprésent, palpable dans chaque regard, chaque ombre. Mais pour la première fois, je me sentais véritablement en contrôle. Cette guerre, je l'avais acceptée, et je comptais bien la mener à ma manière.

Arina était assise devant son écran, ses doigts dansant sur le clavier avec une précision fascinante. Elle avait piraté les serveurs de Dmitri en moins de temps qu'il ne m'en fallait pour boire un café. Une partie de moi admirait son talent, mais une autre se demandait si nous ne courions pas droit à notre perte. Les informations qu'elle avait découvertes étaient accablantes : Dmitri ne se contentait pas de me chercher. Il préparait une purge totale de tous ceux qui pourraient trahir ses secrets.

"Lily, regarde ça," dit-elle en pivotant son écran vers moi. Les fichiers étaient là, détaillant des plans, des noms, des cibles. Aleksandr et sa famille étaient en haut de la liste.

"Il sait," murmurai-je, mon cœur s'accélérant. "Il sait où ils sont."

Arina hocha la tête, son expression grave. "Pas encore précisément, mais il est proche. S'il continue, il les trouvera."

Je fermai les yeux un instant, essayant de réfléchir. Fuir n'était plus une option. Aleksandr avait besoin de plus de temps, et Dmitri devait être stoppé. Je devais frapper là où cela ferait le plus mal : son empire. Mais pour cela, il fallait prendre un risque insensé.

"Je vais retourner à Moscou," déclarai-je.

Arina me regarda comme si j'étais folle. "Tu plaisantes ? C'est du suicide. Dmitri a des hommes partout, et il te cherche activement."

"Je n'ai pas le choix," répondis-je. "S'il croit que je suis proche, il concentrera ses efforts sur moi. Cela leur donnera le temps dont ils ont besoin pour disparaître. Et puis... je dois en finir."

Elle resta silencieuse un moment, puis poussa un soupir. "Si tu fais ça, tu auras besoin d'aide. Je peux te fournir des faux papiers, brouiller les pistes, mais une fois là-bas, tu seras seule."

"C'est suffisant," dis-je, déterminée. "Je sais comment fonctionne Dmitri. Je sais où frapper."

Le voyage de retour à Moscou fut une épreuve. Chaque instant passé à surveiller mes arrières me rappelait à quel point Dmitri avait fait de moi une proie. Mais j'étais prête. J'avais étudié ses routines, ses faiblesses, et je savais que son bureau dans l'une de ses villas serait le meilleur endroit pour le confronter. Il s'y sentait intouchable, entouré de ses hommes, mais cela signifiait aussi qu'il abaissait sa garde.

Lorsque j'arrivai dans la ville, un mélange de nostalgie et de tension m'envahit. Les rues familières étaient autant de souvenirs que de blessures. Je m'étais juré de ne jamais revenir, mais me voilà, prête à risquer tout ce que j'avais construit pour mettre fin à ce cycle infernal.

Je me glissai dans un hôtel bon marché, utilisant un alias fourni par Arina. La nuit tombait, et je savais que c'était le moment idéal pour agir. J'avais préparé chaque détail, chaque mouvement, mais une part de moi craignait l'imprévu. Dmitri était imprévisible, un maître manipulateur. Mais moi aussi, désormais.

L'obscurité enveloppait la villa de Dmitri lorsque je m'approchai. Les gardes étaient en place, comme je m'y attendais. Avec une précision calculée, j'utilisai une distraction créée par Arina : une fausse alerte de sécurité dans un entrepôt voisin. Les hommes se dispersèrent, et je me faufilai à l'intérieur.

Le bureau de Dmitri était exactement comme dans mes souvenirs : imposant, sombre, saturé d'une odeur de cuir et de tabac. Il était là, assis derrière son bureau, un verre à la main. Il ne semblait pas surpris de me voir.

"Lily," dit-il, un sourire froid sur les lèvres. "Je me demandais combien de temps il te faudrait pour revenir."

Je ne répondis pas immédiatement, avançant lentement vers lui. Mon cœur battait à tout rompre, mais mon visage restait impassible.

"Tu savais que je viendrais," dis-je enfin. "Tu as tout fait pour m'y pousser."

Il haussa les épaules, prenant une gorgée de son verre. "Peut-être. Ou peut-être que je savais que tu ne pouvais pas t'empêcher de revenir. Après tout, tu es ma fille."

"Je n'ai jamais été ta fille," répliquai-je, ma voix tranchante. "Je n'ai été qu'un pion dans tes jeux. Mais ça s'arrête ici."

Son sourire s'effaça, remplacé par une expression dure. "Tu penses vraiment pouvoir m'arrêter ? Moi ? Dmitri Poliyakov ?"

"Je pense que tu n'es qu'un homme," répondis-je. "Un homme avec des faiblesses. Et aujourd'hui, je vais les exposer."

Il se leva lentement, sa stature imposante me dominant. Mais je ne reculai pas. Ce moment, je l'avais préparé. Il croyait avoir le contrôle, mais il ignorait ce que j'avais planifié.

La confrontation qui suivit fut une danse dangereuse entre mensonges, vérités et menaces voilées. Dmitri essayait de me briser, de me ramener à lui par la peur, mais je tenais bon. Chaque mot échangé renforçait ma détermination. Il ne me possédait plus. Je n'étais plus cette enfant effrayée, mais une femme prête à tout pour sa liberté.

Lorsque la tension atteignit son paroxysme, je sortis l'arme que Sergei m'avait donnée. Dmitri se figea, surpris, mais il éclata de rire.

"Tu n'oseras pas," dit-il, sûr de lui.

"Essaye-moi," répliquai-je, le doigt sur la détente.

Mais ce n'était pas pour tirer que j'étais venue. Avec un mouvement rapide, je frappai son bureau, déclenchant une alarme silencieuse que j'avais installée. C'était un signal pour Arina. En quelques secondes, elle avait téléchargé des données cruciales depuis les serveurs de Dmitri, exposant son empire à ses ennemis. Chaque secret, chaque transaction illégale, serait rendu public.

Dmitri réalisa ce que j'avais fait lorsque son téléphone commença à vibrer frénétiquement. Son visage passa de la rage à l'incrédulité.

"Tu... qu'as-tu fait ?" demanda-t-il, sa voix tremblante.

"J'ai détruit ton empire," dis-je. "Tout ce que tu as construit. Tout ce que tu pensais être intouchable. C'est fini, Dmitri."

Il se jeta vers moi, mais je fus plus rapide. Je tirai une balle dans sa jambe, le clouant au sol. Il hurla de douleur, mais je restai impassible.

"Ceci est ma dernière leçon," dis-je en me penchant vers lui. "Personne n'est invincible. Pas même toi."

Je quittai la villa avant que ses hommes ne reviennent, laissant Dmitri à son sort. La fuite fut chaotique, mais je parvins à échapper à leurs radars. Avec l'aide d'Arina, je pris un vol vers un endroit que Dmitri ne pourrait jamais atteindre. Mon combat n'était pas terminé, mais j'avais remporté une victoire cruciale.

Aujourd'hui, je vis dans l'ombre, reconstruisant ma vie morceau par morceau. Aleksandr et sa famille sont en sécurité, grâce aux sacrifices que j'ai consentis. Dmitri, lui, est une ombre du passé, son empire en ruine.

Cette guerre m'a coûté plus que je ne l'aurais imaginé. Mais elle m'a aussi donné ce que je cherchais depuis toujours : ma liberté.

Les jours suivants furent marqués par une étrange quiétude, presque irréelle après les événements tumultueux. À chaque seconde, je m'attendais à voir surgir l'ombre de Dmitri ou l'un de ses hommes. Mais rien ne vint. Arina, fidèle à elle-même, continuait de surveiller les réseaux et les communications, cherchant des indices sur les représailles que Dmitri ne manquerait pas de préparer.

"Lily, tu es hors des radars pour le moment," me dit-elle un soir, les yeux rivés sur son écran. "Mais ça ne veut pas dire qu'il a abandonné. Cet homme est une bête blessée. Et les bêtes blessées sont les plus dangereuses."

Je savais qu'elle avait raison. Dmitri n'était pas du genre à pardonner ni à oublier. Pourtant, je ressentais un étrange mélange de peur et de soulagement. Pour la première fois, j'avais l'impression d'avoir pris le contrôle de ma vie. Mais à quel prix ?

Quelques semaines passèrent, et je m'établis dans une petite ville en Europe de l'Est, loin de Moscou. Je travaillais sous une fausse identité, vivant modestement et évitant les questions. C'était une existence fragile, mais elle avait un goût de liberté. Chaque matin, je me réveillais avec la certitude que j'avais fait ce qu'il fallait, même si le poids des choix que j'avais faits ne me quittait jamais vraiment.

Cependant, un jour, une enveloppe anonyme fut glissée sous la porte de ma modeste chambre. Mon cœur s'arrêta un instant en la voyant. Qui savait où je me trouvais ? Et pourquoi maintenant ?

Je l'ouvris avec précaution. À l'intérieur, une seule feuille de papier avec un message succinct :

"Tu pensais pouvoir fuir ? Regarde par la fenêtre."

Je me précipitai vers la fenêtre, les mains tremblantes. En contrebas, dans la rue, une voiture noire était garée. À l'intérieur, deux hommes vêtus de noir semblaient surveiller l'immeuble.

Mon souffle s'accéléra. Dmitri m'avait retrouvée.

Il n'y avait pas de temps à perdre. Je rassemblai rapidement mes affaires - le strict nécessaire - et je quittai la chambre par l'escalier de secours. Dans la rue, je m'éloignai rapidement, prenant soin de rester dans les ombres et de ne pas attirer l'attention. Mais je savais qu'ils ne mettraient pas longtemps à comprendre que j'étais partie.

J'appelai Arina depuis un téléphone jetable.

"Ils m'ont retrouvée," dis-je rapidement.

"Comment ?!" s'exclama-t-elle, visiblement paniquée.

"Je ne sais pas, mais il faut que je disparaisse à nouveau. Tu peux brouiller leurs traces comme la dernière fois ?"

"Je vais essayer, mais Dmitri a peut-être engagé d'autres experts. Ils deviennent meilleurs à chaque fois."

Je pouvais entendre le stress dans sa voix, mais je n'avais pas le luxe de m'attarder. Je devais bouger.

Cette fois, la fuite fut plus brutale. Chaque mouvement semblait être épié, chaque regard croisé devenait suspect. Dmitri resserrait l'étau, et je savais que ma liberté ne tiendrait qu'à un fil tant qu'il serait vivant.

Il ne s'agissait plus seulement de survivre. Je devais trouver un moyen de mettre fin à cette traque, une fois pour toutes.

Mais pour cela, il fallait que je retourne là où tout avait commencé.

Je pris une décision difficile, mais inévitable : retourner à Moscou. Si Dmitri ne voulait pas abandonner, alors moi non plus. Cette fois, ce ne serait pas une simple confrontation. Ce serait la fin définitive, pour lui ou pour moi.

Avec l'aide d'Arina, j'élaborai un plan. Nous devions agir vite et avec une précision chirurgicale. L'idée n'était pas seulement de survivre, mais de démanteler ce qu'il restait de son réseau et de mettre fin à son règne par tous les moyens nécessaires.

Arina trouva un contact dans le cercle restreint des anciens alliés de Dmitri. Un certain Viktor, un homme d'affaires ruiné par une trahison de Dmitri, semblait être prêt à tout pour se venger. Il connaissait les failles dans la sécurité de Dmitri et, surtout, savait où il se cacherait après la débâcle que nous lui avions infligée.

"Tu peux lui faire confiance ?" demandai-je, méfiante.

"Non," répondit Arina avec un sourire amer. "Mais il a plus à gagner en travaillant avec nous qu'en te vendant à Dmitri."

Cela devrait suffire.

Quelques jours plus tard, j'étais de retour à Moscou. L'air glacial de la ville semblait s'infiltrer jusqu'à mes os, comme pour me rappeler que je n'étais plus chez moi ici. J'avais rendez-vous avec Viktor dans un vieux café du centre-ville.

Lorsque je le vis, je fus frappée par son apparence : un homme fatigué, marqué par des années de luttes. Mais ses yeux brillaient d'une lueur de détermination.

"Alors, c'est toi la fameuse Lily," dit-il en m'examinant.

"Et vous êtes Viktor, l'homme qui déteste Dmitri autant que moi," rétorquai-je.

Il eut un sourire bref, presque approbateur. "Dmitri a détruit ma vie. Si tu veux lui faire du mal, je suis ton homme. Mais sache que ce ne sera pas facile. Il est plus prudent que jamais depuis ton coup."

"Je ne m'attends pas à ce que ce soit facile," répondis-je. "Je veux juste savoir où il est et comment l'atteindre."

Viktor sortit une carte froissée de sa poche et la posa sur la table. "Il s'est réfugié dans une de ses propriétés secondaires, à l'extérieur de Moscou. Une datcha* discrète, bien gardée, mais loin de la foule."

Je pris la carte, étudiant les détails. C'était une opportunité, mais aussi un piège potentiel. Dmitri devait savoir que je viendrais.

La nuit tombée, Viktor, Arina et moi nous retrouvâmes près de la datcha. Nous avions un plan simple : utiliser une coupure de courant pour infiltrer la propriété et accéder à Dmitri avant qu'il ne puisse s'échapper.

Arina était à l'extérieur, à pirater le réseau électrique, tandis que Viktor et moi nous préparions à entrer. La tension était palpable. Chaque bruit dans la forêt autour de nous semblait amplifier le battement de mon cœur.

"Tu es prête ?" murmura Viktor.

"Non," répondis-je honnêtement. "Mais je vais y aller quand même."

Il hocha la tête, respectant ma sincérité.

Lorsque les lumières s'éteignirent, nous nous glissâmes à l'intérieur. Les gardes, pris de court, cherchaient à comprendre ce qui se passait. Viktor s'occupa de neutraliser ceux que nous croisions, silencieusement mais efficacement.

Le bureau de Dmitri était à l'étage. Lorsque nous atteignîmes la porte, Viktor me fit signe de continuer seule.

"Je t'attends ici," dit-il. "C'est ton combat."

J'hochai la tête et entrai.

Dmitri était là, assis dans son fauteuil, comme s'il m'attendait.

"Encore toi," dit-il avec un sourire glacé. "Tu es vraiment tenace."

"Et toi, tu es vraiment aveugle," répliquai-je. "Tu n'as toujours pas compris que tu as perdu."

"Perdu ?" Il éclata de rire. "Regarde-toi. Une petite fille qui joue à être une héroïne. Tu ne peux pas gagner contre moi. Personne ne peut."

"Peut-être," répondis-je en levant mon arme. "Mais je peux te faire tomber avec moi."

Ce qui suivit fut un échange féroce, tant verbal que physique. Dmitri tenta de me manipuler une dernière fois, mais je ne cédai pas. Chaque mot, chaque coup porté, était une libération.

Enfin, lorsque je l'eus acculé, je sus que j'avais le choix. Appuyer sur la détente ou le laisser vivre, brisé, sans aucun pouvoir.

"Tu ne seras jamais libre si tu fais ça," dit-il, lisant dans mes pensées.

"Je ne le suis déjà plus," répondis-je, avant de tourner les talons et de quitter la pièce.

Lorsque je sortis de la datcha, Arina et Viktor m'attendaient.

"C'est fini ?" demanda Arina.

"Oui," répondis-je, sans me retourner.

Dmitri n'était plus une menace, du moins pas immédiatement. Mais je savais que cette victoire n'effacerait jamais les cicatrices laissées par cette guerre.

C'était un nouveau départ, mais aussi une fin.

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Datcha :La datcha, c'est une maison de campagne en Russie, souvent utilisée pour les vacances ou le week-end. C'est un endroit où les gens peuvent se détendre, jardiner et passer du temps en pleine nature.

Chapitre fini et corrigé.

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