Chapitre 11: Je ne pourrais pas me relever ?

Lily

Je ne sais plus combien de temps s'est écoulé. Le jour, la nuit, tout se mélange dans un brouillard épais, étouffant. Mon corps est lourd, ma tête tourne, et pourtant, je continue. Une prise après l'autre. Un rail, puis un autre. Tout ça pour ne pas ressentir.

J'ai erré dans la ville, trébuchant sur le trottoir, ma vision brouillée par la poudre qui coule encore dans mes veines. L'air est glacial, mais je ne ressens rien. Mon manteau est à moitié ouvert, mes cheveux en bataille. Les passants me regardent avec mépris ou indifférence. Je suis un fantôme, une ombre qui dérive sans but.

Puis il est apparu.

Un homme, silhouette floue dans mon esprit embrumé. Grand, imposant, un sourire trop large pour être sincère. Il m'a abordée avec douceur, d'abord. Mots mielleux, phrases creuses. Je crois que j'ai ri, ou peut-être ai-je juste hoché la tête. La vérité, c'est que je n'avais plus la force de résister. Plus rien ne comptait.

Il m'a prise par le bras. Je n'ai pas réagi. Mes jambes ne tenaient plus, il m'a soutenue. Une rue sombre, un passage désert. J'ai senti ses doigts se resserrer. Un frisson, cette fois, un vrai. Pas à cause du froid.

-Lâche-moi, ai-je murmuré, mais ma voix était trop faible, presque inaudible.

Il a souri, encore. Ses mains étaient partout, trop pressantes, trop sûres d'elles. Mon esprit hurlait, mais mon corps était inerte, trop lent, trop brisé. J'ai lutté, faiblement. Un rire moqueur a résonné.

Je voulais crier, mais aucun son n'est sorti. J'étais prise au piège. Prisonnière de ma propre chute.

Je sentais ses doigts agripper mon poignet avec une force dérangeante. Son souffle chargé d'alcool et de tabac caressait ma peau, et mon estomac se nouait sous l'écœurement. Chaque parcelle de mon être voulait hurler, mais la drogue avait réduit ma voix à un murmure insignifiant. Mes jambes flageolaient sous mon propre poids, et je savais que je n'avais aucune chance de me défendre dans cet état.

-Détends-toi, murmura-t-il d'un ton suave. Tu sembles avoir besoin de compagnie.

Ses paroles sonnèrent comme une sentence. Je voulais reculer, me dégager, mais il était plus fort. Mon corps ne répondait plus correctement, la fatigue m'écrasait, le monde tournait autour de moi. Il m'attira vers un coin encore plus sombre, loin des regards curieux des rares passants qui, de toute façon, détournaient les yeux. Qui se souciait d'une fille paumée dans une ruelle sombre ?

Mon cœur battait à un rythme irrégulier, sous l'effet du stress et de la substance qui coulait dans mes veines. Mon esprit luttait pour trouver une échappatoire, un plan, quelque chose. Mais la drogue m'avait rendue lente, molle, incapable de formuler une pensée claire. Je détestais cette faiblesse. Je détestais cette situation.

Il me plaqua violemment contre un mur, et une douleur vive irradia le long de ma colonne vertébrale. Une main sur mon épaule, une autre qui glissait sur ma hanche. Une terreur sourde m'envahit, réveillant en moi une rage primaire, brute. Je n'avais pas le choix. Soit je trouvais une force que je ne pensais plus avoir, soit je me laissais consumer par l'horreur qui m'attendait.

Un flash. Une image dans mon esprit. Viktor.

Ce n'était pas son regard doux qui m'apparut, ni ses rires d'autrefois. Non. C'était l'expression glaciale qu'il arborait lorsqu'il se battait. L'attitude impitoyable qu'il m'avait enseignée. Je m'accrochais à cette vision comme à une bouée de sauvetage, et quelque chose en moi se réveilla.

Je rassemblai le peu de force qu'il me restait et relevai mon genou aussi vite que possible, l'écrasant violemment entre ses jambes. L'homme grogna, reculant légèrement sous la douleur. Ce fut suffisant. Je pivotai sur moi-même, poussée par un instinct de survie que je croyais perdu, et frappai son visage avec le peu de précision que la drogue me laissait.

Il tituba, mais ne tomba pas.

-Salope ! rugit-il.

Je courus. Mes jambes tremblaient, mon souffle était haché, mais je courus comme si ma vie en dépendait. Parce qu'elle en dépendait réellement. Les rues défilaient sous mes pas incertains, et je ne savais même pas où j'allais. Je voulais juste fuir.

Le froid mordait ma peau, et l'adrénaline luttait contre les effets de la drogue qui ralentissait encore mes pensées. J'avais mal partout, mais au moins j'étais encore debout. Je n'étais pas un corps inerte abandonné dans une ruelle.

Je finis par m'effondrer contre un mur, haletante, mes mains tremblant sous l'effet combiné de la terreur et du manque. Mon corps tout entier réclamait une nouvelle dose. Comme si cela allait réparer la douleur, comme si cela allait effacer l'instant que je venais de vivre. Mais je savais que c'était faux.

Je fermai les yeux, inspirant profondément. Je devais me reprendre. Je devais retrouver mon esprit. Parce que si je continuais comme ça... il n'y aurait peut-être pas de prochaine fois.

Mon cœur battait à un rythme irrégulier, sous l'effet du stress et de la substance qui coulait dans mes veines. Mon esprit luttait pour trouver une échappatoire, un plan, quelque chose. Mais la drogue m'avait rendue lente, molle, incapable de formuler une pensée claire. Je détestais cette faiblesse. Je détestais cette situation.

Il me plaqua violemment contre un mur, et une douleur vive irradia le long de ma colonne vertébrale. Une main sur mon épaule, une autre qui glissait sur ma hanche. Une terreur sourde m'envahit, réveillant en moi une rage primaire, brute. Je n'avais pas le choix. Soit je trouvais une force que je ne pensais plus avoir, soit je me laissais consumer par l'horreur qui m'attendait.

Un flash. Une image dans mon esprit. Viktor.

Ce n'était pas son regard doux qui m'apparut, ni ses rires d'autrefois. Non. C'était l'expression glaciale qu'il arborait lorsqu'il se battait. L'attitude impitoyable qu'il m'avait enseignée. Je m'accrochais à cette vision comme à une bouée de sauvetage, et quelque chose en moi se réveilla.

Le froid mordait ma peau, et l'adrénaline luttait contre les effets de la drogue qui ralentissait encore mes pensées. J'avais mal partout, mais au moins j'étais encore debout. Je n'étais pas un corps inerte abandonné dans une ruelle.

Alors que je tournais brusquement dans une allée, une main m'attrapa violemment par le bras. Je me débattis, paniquée, jusqu'à ce que je croise son regard.

Viktor.

Il était là, son visage figé dans une expression dure et glaciale. Ses yeux analysèrent mon état en un instant, et je vis sa mâchoire se crisper. Sans un mot, il me tira derrière lui, faisant face à mon agresseur qui venait de surgir dans la ruelle.

-Barre-toi, grogna Viktor d'une voix basse et menaçante.

L'homme hésita une seconde, puis ricana.

-Et si je veux pas ?

Viktor ne répondit pas. Il se contenta de bouger, rapide comme l'éclair. Son poing s'écrasa contre la mâchoire de l'autre, qui recula sous l'impact. Avant qu'il ne puisse réagir, Viktor enchaîna, un coup précis dans l'estomac, un autre à la tempe. L'homme s'effondra sur le sol, gémissant de douleur.

Viktor se tourna alors vers moi. Son regard n'était plus glacé. Il était rempli de colère. De déception. Peut-être même d'inquiétude.

-Lily, qu'est-ce que tu fous ? murmura-t-il, sa voix tremblante de rage contenue.

Je voulais répondre, mais aucun mot ne sortit. Je voulais lui dire que je maîtrisais la situation, mais ce serait un mensonge. Alors, pour la première fois depuis longtemps, je me tus.

Et je laissai Viktor me ramener chez lui, loin de cette nuit qui aurait pu être ma dernière.

-Regarde-toi... C'est ça que tu veux ? Finir comme une putain d'épave dans une ruelle ?

J'ai voulu répondre, mais mes lèvres étaient engourdies, mes pensées trop confuses. Un goût amer m'est monté à la gorge. Je me suis sentie vaciller. Viktor a soupiré, puis, sans un mot de plus, il m'a soulevée dans ses bras. J'étais trop faible pour protester.

Il m'a emmenée loin de cet endroit sordide, loin de mes propres erreurs. Mais pouvais-je vraiment fuir ce que j'étais devenue ? Non. La réponse est non. 

Je me suis réveillée dans une pièce que je ne reconnaissais pas immédiatement. Les rideaux étaient tirés, laissant filtrer une lumière tamisée. L'odeur du tabac et du bois flottait dans l'air. Mon corps était lourd, ma bouche sèche, ma tête sur le point d'exploser.

Viktor était là, assis sur une chaise près du lit. Il me regardait, bras croisés, son expression indéchiffrable. Je savais qu'il allait parler avant même qu'il ouvre la bouche.

-Tu comptes m'expliquer ce qui t'arrive, Poliyakova ?

Sa voix était tranchante, mais il y avait cette note, presque imperceptible, d'inquiétude. Je détournai le regard, cherchant une réponse qui ne viendrait pas.

-J'ai pas besoin d'un sermon, Viktor.

-T'as besoin de quoi alors ? Qu'on te ramasse à la petite cuillère ? Qu'on retrouve ton cadavre dans un caniveau ?

Son ton monta, et il se leva brusquement, faisant grincer la chaise. Il passa une main dans ses cheveux, frustré.

-Putain, Lily... Je t'ai connue plus forte que ça.

J'ai ri. Un rire creux, sans joie. Forte ? Non, j'avais juste appris à masquer les fissures.

-C'est drôle, t'as toujours su donner des leçons alors que t'étais jamais là quand il fallait, lâchai-je avec amertume.

Viktor me fixa, sa mâchoire se contractant.

-Je suis là maintenant, dit-il simplement.

Un silence pesant s'installa. Il n'attendait pas d'excuses. Moi non plus. Mais ce silence signifiait quelque chose. Quelque chose que je n'étais pas prête à affronter.

Il soupira et s'éloigna, laissant la pièce dans un calme étouffant. Je restai allongée, fixant le plafond, le poids de ses mots s'ajoutant à celui de ma propre déchéance.

Peut-être que, cette fois, je ne pourrais pas me relever.



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