Septième

Vendredi, soit, le jour le plus long qui est pourtant le plus proche de la délivrance qu'est le week-end. Ce jour-là, je n'avais pas cessé de penser à ce qui s'était passé l'autre jour entre Harry et moi. Nous avions failli nous embrasser mais comme d'habitude, ma mère qui gâche toujours tout s'est interposée. Elle avait même réussi à éclater la bulle de bonheur qui nous entourait rien qu'avec un seul mot : "fiancé." Mathias Duwrith, dit le garçon que j'avais une ou deux fois rencontré en étant gamine, soit le prétentieux absolu qui n'avait que deux mots en tête "Moi je." 

Mes parents avaient décidé de me fiancer à cet idiot fortuné juste parce qu'il était de bonne famille et que son influence dépassait mon imagination. Du moins, c'était les mots de mon père. Je n'avais jamais prêté grande attention aux statuts des autres mais mes parents n'étaient pas du même avis. Il fallait que j'aie un métier haut placé, de bonnes fréquentations et surtout, surtout, un mari qui possède l'argent et le pouvoir. Au bout d'une année de négociation, j'avais réussi à leur forcer la main pour mes études afin d'obtenir un métier de mon choix mais, en retour, je devais me marier avec la personne qu'ils m'imposaient. Mathias Duwrith, le fils du directeur d'une école autant célèbre qu'Harvard mais dont le nom m'échappait. Millionnaire. Beau. Intelligent (j'ai des doutes). Tout ce dont rêverait une fille de mon âge. C'est pathétique quand-même.

Une fois sortis, Roden et moi poussâmes un profond soupir de soulagement. Alors que j'allais lui proposer d'aller boire un chocolat chaud histoire de se remettre de cette longue journée, nous fûmes interrompus par la voix de Pency :

- Salut Roden et... Zoé. Pency crispa un sourire sur son visage en jetant un coup d'oeil vers moi, celui dont elle me gratifiait à chaque fois qu'elle me voyait. Est-ce que vous venez ce soir à la fête de Mathias ? nous demanda-t-elle, elle faisait plus attention à Roden qu'à moi.

- Ouais, j'ai besoin de décompresser là et me soûler jusqu'au coma éthylique semble être la meilleure des solutions, soupira Roden et, à ce moment-là, l'attention de Pency se tourna vers moi.

- J'imagine que tu ne viendras pas ? devina-t-elle toujours aussi neutre, enfin, surtout quand ça me concernait.

J'ouvris alors la bouche afin d'affirmer sa déduction mais les mots de ma mère qui flottaient déjà dans mon esprit me firent taire. Mathias, je devais le rencontrer. Ça faisait deux ans et demi que je fuyais mes responsabilités. Je m'étais pourtant dit que tôt ou tard, nous nous retrouverions face à face et la fuite me serait impossible. Cependant, le rencontrer voudrait dire renoncer à mon temps précieux avec Harry et ne pas connaître la signification derrière notre rapprochement ambiguë de ces dernières semaines. Mais après tout, ça ne me ferait pas de mal de sortir et de m'amuser. Depuis que j'avais quitté la France, ma vie ne consistait qu'à écrire vainement mes fictions à l'eau de rose, à effectuer du bénévolat çà-et-là et à passer du temps avec l'homme qui hante chacune de mes pensées. Cet homme si mystérieux et si attrayant qui me donnait parfois l'impression d'être une enfant ou un fardeau à ses yeux et parfois il me faisait sentir comme une femme désirable. La balance penchait sans arrêt d'un côté puis de l'autre, mes pensées s'emmêlaient alors et la confusion m'envahissait. Oh et puis merde, j'ai envie de relâcher un peu la pression pour oublier tout ça.

- Je viens, annonçai-je, les surprenant tous les deux. Roden sourit alors tandis que Pency resta sans voix. Ou alors encore indifférente, je ne sais pas.

- Oh mon dieu, tu viens d'embellir ma journée ! Tu sais quoi, je passerai te prendre ce soir comme ça on pourra faire un petit before dans ma voiture, s'enjoua Roden.

- Pas d'alcool au volant, Sam, le prévins-je avec un petit rire avant qu'il ne s'emballe.

- Pas d'alcool au volant ! Juste de la musique à balle, pour réveiller nos tympans et se faire un petit karaoké. Par contre le soir, on dort tous là-bas donc pas besoin de rentrer en voiture et de se retenir de boire, affirma-t-il avec cet air un peu machiavélique qu'il avait quand il faisait quelque chose de mal mais de plutôt cool à ses yeux.

- Je pense que je rentrerai quand-même, j'appellerai mon Uber, le rectifiai-je, n'ayant pas envie de rester si longtemps que ça. On va boire hein ! Mais avec modération quand-même. Je n'ai pas envie de te retrouver en civière à l'hôpital à seulement deux heures du matin, le rectifiai-je avec sérieux mais l'expression assez normale.

- OK, tu rentreras quand-même, répéta-t-il. Pas de soucis, de toutes manières tu sais comment je suis. Il me sourit, ses lunettes tombant un tantinet sur le bout de son nez. Je ne pouvais que le croire, ce garçon qui s'était une fois évanoui dans le métro alors qu'il y avait juste eu une panne de courant. Il était très prudent mais surtout par dépit, quand il y en avait le besoin.

Pency ne disait pas un mot jusque là mais soudain elle éleva la voix, comme pour rappeler sa présence :

- Je préviendrai Mathias et j'imagine que vous connaissez son adresse, à toute à l'heure. Elle partit aussi vite qu'elle était venue. 

...

Comme chaque vendredi, j'étais rentrée en bus aujourd'hui. Harry était toujours débordé ce jour-là, à son travail. 

J'avais essayé de trouver une belle tenue pour sortir. Je fouillais dans ma mince garde-robe et parvins à en sortir une robe bleu foncé aux épaules dénudées, le genre de robe qui se mettait sans soutien-gorge. C'était le genre une des robes que je mettais souvent aux galas de mes parents ou de leurs connaissances. Ma mère ne la trouvait pas assez chic pour ces soirées et me contraignait souvent à en mettre de plus longues et classes qui criaient "j'ai beaucoup d'argent et le statut social qui va avec." Tout de même, elle était vraiment magnifique mais j'hésitais à cause de l'absence du soutien-gorge... Qu'en penserait Harry ? Me trouverait-il sexy ?

 Oh et puis peu importe, je suis belle pour moi-même. Je l'enfilai donc avant de mettre des chaussures à talon. Je réussis à dessiner un trait d'eye-liner sur chacune de mes paupières du premier coup ; il m'avait fallut une année d'entraînement quand j'étais à Paris pour réussir ma technique dont j'étais un petit peu fière. Je me mis du mascara et mon doigt tapota sur mes lèvres afin de mettre un peu de gloss. 

Au moment où ma préparation fut achevée, la sonnerie de l'appartement retentit et je m'empressai d'aller ouvrir la porte, en profitant pour me réhabituer au port de talons hauts.

- T'es vraiment--

Je fus coupée dans mon élan lorsque je me rendis compte que je faisais face à Harry et non à Roden. Oh.

- J'ai pu rentrer plus tôt aujourd'hui, murmura Harry puis j'entendis son souffle se couper. Ses yeux dessinèrent alors chaque parcelle de mon anatomie, l'éclat dans son regard s'assombrissant au fur et à mesure de sa découverte de mon corps. Et une nouvelle vision m'aveugla une fraction de seconde. Des va-et-viens incessants. La sueur de nos deux corps. Nos lèvres attachées. Nos langues, quelques caresses et... et... Harry ! gémis-je pendant qu'il mordait la peau de mon cou avant de la laper.

- Je... Mhm mhm, je me raclai la gorge, tentant de chasser ces pensées addictives. Il fut alors sorti de sa contemplation. J-Je dois aller à une fête avec Roden ce soir.

- Oh, vraiment. Sa voix était plus rauque que d'habitude et sa mâchoire plus contractée que jamais. Je vais annuler la réservation, décréta-t-il et passa une main dans ses boucles brunes.

- Ah ? dis-je, sans comprendre. De quoi parlait-il ? Avant qu'il ne puisse me répondre, j'entendis un cri d'admiration venir de la gauche.

- Wow Zoé ! T'es vraiment magnifique, je te ferais bien l'amour, s'exclama Roden, ses yeux sur moi. Je rigolai, un peu embarrassée puis jetai un coup d'œil vers Harry pour m'apercevoir que la remarque de Roden ne lui avait pas plu du tout. Ses sourcils froncés et son expression colérique n'étaient dirigés que vers Roden. Les yeux de Roden vacillèrent ensuite vers Harry et il me jeta un regard interrogateur.

- Oh, pardon. Roden, je te présente Harry, mon voisin et Harry, c'est Roden, un ami de l'université.

- Ravi de vous rencontrer, dit sobrement Harry sans avoir l'air de vraiment le penser.

Roden s'approcha plus près et son regard s'alterna d'Harry à moi. 

- Est-ce qu'on se serait pas déjà vu quelque part ? Je suis sûre de t'avoir déjà vu, marmonna pensivement Roden. L'expression neutre d'Harry sembla ciller un instant et, pendant une fraction de seconde, je vis une sorte de surprise mélangée avec un brin de panique sur son visage mais il reprit immédiatement son impassibilité habituelle. 

- Vous avez sûrement déjà du m'apercevoir en allant chez Zoé, expliqua-t-il brièvement, de manière évasive et assez bizarre. Roden n'était venu qu'une ou deux fois chez moi et, généralement, Harry était encore à son travail. Mais il est tout à fait possible qu'il soit rentré chez lui sans que je ne le voie. 

- Peut-être, réfléchit Roden. Il ne semblait pas convaincu mais il laissa vite tomber le sujet. Je me tournai alors vers Harry.

- Je vais y aller, hum... Tu pourrais venir me chercher ? Je t'enverrai un message pour l'heure et l'adresse, murmurai-je. Harry hocha la tête et s'approcha dangereusement de moi. J'ouvris la bouche, haletante, mais il déposa seulement un doux baiser sur mon front.

- Fais attention à toi. 

Mes joues se réchauffèrent et ma poitrine se resserra. La douceur de ses lèvres était encore imprimée sur le haut de ma tête. Roden nous avait observés, la bouche grande ouvert mais je ne pus que hausser les épaules en guise de réponse avec un sourire euphorique. La soirée s'annonçait mouvementée.

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hey guys ! malgré cette longue attente, voici le tant attendu chapitre héhé ! j'ai beaucoup d'inspi en ce moment donc vous n'allez pas tarder à avoir de nouveaux chapitres. 

sachez que les chapitres jusqu'ici n'étaient qu'une introduction face à la longue et délicieuse histoire (je me jette un peu des fleurs j'avoue mdddrr) de la relation entre Zoé et Harry qui s'apprête à commencer.

savourez ces moments paisibles, comme je savoure la beauté et le mystère qu'est Harry. 

car oui, Harry a un secret ;)

allez, bisous guyys 

- Eli


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