#19 Le tableau

༻❕༺Il est fait mention de sang et d'autres types de violences ༻❕༺


— Hmm...

Je changeai de position pour être plus à l'aise, quand ma main se posa sur quelque chose de chaud et agréable. Je ne m'en préoccupai pas plus que ça, jusqu'à ce que je me demande :

D'où peut bien venir cette source de chaleur ?

J'ouvris les yeux et tombai sur William torse nu assis à côté de moi la tête en avant et un livre sur ses genoux.

D'où tu lis un livre torse nu ?!

Je ne cherchai pas à comprendre, j'enlevai ma main et m'apprêtai à me lever quand je sentis sa main chaude attraper la mienne. Je tombai sur son torse, maladroite comme je suis et sentis mes joues virer rouge tomate.

— Tu pensais pouvoir t'enfuir ? demanda-t-il sur un ton malicieux.

Mes joues s'empourprèrent encore plus, je restai allongée sur lui n'ayant pas la force de me relever mais je lui répondis :

— Je te rappelle que tu es chez moi.

— Oh ? Veuillez m'excuser de mon intrusion dans votre espace privé...

Il accompagna ces quelques paroles d'un geste qui me fit instantanément rougir. Il porta ma main à ses lèvres et ne me quittait pas des yeux. J'éloignai brusquement ma main et fuis en direction de la salle de bain. Je l'entendis lâcher un rire qui fit fondre mon cœur.


»»----- ★ -----««


Nous finîmes de manger et nous nous installâmes sur le canapé devant la télé. Le film n'était pas nul mais je n'étais pas totalement plongée dedans. Mes pensées n'arrêtaient pas de divaguer dans tous les sens. Je repensai à tout ce qu'il s'était passé chez Grace, puis avec l'ombre et maintenant à William.

— Tu as quoi à me regarder depuis tout à l'heure ? Je suis si beau que ça ?

Bien entendu je virai, une fois de plus, au rouge cramoisi et je me décalai instantanément de lui, de façon à ce qu'il n'apparaisse plus dans mon champ de vision. Il lâcha un petit rire.

Non mais sérieux ? Comment il peut dire ça, aussi naturellement !

— Mais-

Le seul mot qui s'échappa de ma bouche face à l'incompréhension de son geste. Il se levait, éteignit la télé et s'était accroupi face de moi. Je lui lançai un regard interrogateur, vu qu'aucun son ne voulait sortir de ma bouche, allez savoir pourquoi.

— Il va falloir qu'on parle de ton entre-vue de demain avec cet inspecteur, lâcha-t-il.

— Je t'avoue que je préfèrerais parler d'autre chose... Il me lança à son tour un regard interrogateur et je poursuivis : De ce qu'on va faire... Par rapport à l'ombre...

Il lâcha un soupir et rejoignit sa place sur le canapé. Aucun de nous deux n'avait envie de parler de ça, que ce soit de l'ombre ou de mon rendez-vous avec l'inspecteur Kragworth... Comprenant que la discussion était morte dans l'œuf, je décidai de débarrasser nos assiettes et de faire la vaisselle.

Je pris nos assiettes, nos mugs et me dirigeai vers la cuisine. L'eau chaude coula sur mes mains et je commençai à frotter les assiettes. Mes pensées divaguaient encore à gauche et à droite. Si on ne trouvait pas Le Livre Des Ombres, nous serions obligés d'accéder à la requête de L'ombre. Nous devrions mourir... Je préférai m'y faire une raison... Et puis on sera ensemble mais dans un autre monde. Je savais qu'il ne voudrait pas mais... c'était la seule raison que je trouvai.

— Tiens.

William me tendit un torchon que je pris et m'essuyai les mains.

— Merci, lâchai-je.

— Il t'a dit, pourquoi il veut te voir ? demanda-t-il brisant le silence qui régnait presque en maître.

— Non. Je t'ai déjà dit que je n'ai pas la tête à parler d-

— Peut-être mais il le faut ! s'exclama-t-il fermement.

Je plantai alors mon regard dans le sien bleuté en guise de défi. Il savait très bien que j'étais têtue, maintenant mais aussi avant. Néanmoins, son regard ne faiblissait pas.

— Il va sûrement me redemander ce dont je me souviens, je peux très bien lui répéter ce que j'ai dit les autres fois, que je n'ai pas de nouvelles de toi ! Ça suffira amplement ! Et s'il me demande des détails, je pourrais lui dire que je ne m'en souviens plus ! C'est bon ?! lâchai-je larmoyante m'enfermant dans la salle de bain.

Allez savoir pourquoi j'avais mis fin à la discussion de cette manière mais je me sentis comme étouffée et oppressée. Je sentis quelques larmes coulées le long de mes joues mais n'y prêtaient pas attention. Mon cerveau s'était arrêté de tourner. J'étais assise par-terre pleurant et attendant que le temps passe. Pourquoi ? Je n'en savais rien ! J'étais frustrée, j'étais fatiguée ! Tous mes sentiments étaient mélangés ! Je ne savais pas sur quoi je pouvais m'appuyer mais je savais que j'étais en train de déraper.

— Beverley... lâcha William d'une voix rauque et fatiguée de l'autre côté de la pièce.

Je ne répondis pas et il toqua à la porte. Les mots ne voulaient pas sortir, ils restaient sur le bord de mes lèvres mais ne franchissaient pas cette limite, ce mur ; alors je toquai à la porte, lui montrant que j'étais bien là et que je l'avais entendu. Je sentis quelque chose s'appuyer lourdement contre la porte. Nous étions tous les deux allongés contre un côté de cette dernière, attendant que le temps passe.

L'atmosphère se fit plus froide que tout à l'heure, au sens propre du terme, j'avais de plus en plus froid. Je me redressai et vis quelque chose derrière le rideau qui cachait la baignoire. Je fixai toujours le rideau, posai ma main droite pour ouvrir la porte mais elle ne s'ouvrit pas. Je me tournai face à la porte, ne comprenant pas pourquoi elle ne voulait pas s'ouvrir. Je me tournai de nouveau vers la baignoire et lâchai un hurlement à glacer le sang de tous.

Le rideau s'ouvrit tout seul laissant apparaître le corps ensanglanté d'un nourrisson. Je restai horrifiée face à cette vision d'horreur, le bébé était éventré et son cordon ombilical pendait sur le rebord de la baignoire. Quelque chose me prit violemment et me força à ne pas laisser mon regard se perdre devant ce tableau morbide. William me plaqua contre son torse et je pleurai dans ses bras pendant que lui me caressait le dos de sa main.

La vision de ce bébé mort, éventré, ensanglanté, était imprimée, gravée dans mon esprit. Pourquoi faire du mal à un être qui n'avait même pas eu le temps de découvrir le monde ? Pourquoi priver une famille de la chose qui leur était le plus précieux ? Ce bébé... Je tournai ma tête dans sa direction et je le vis, toujours aussi... Mort. Les murs de la salle de bain, la baignoire, toute la pièce baignait dans le sang de ce petit être qui ne connaitra jamais l'amour de ses parents...


Notes de l'auteure :

J'espère que ce chapitre vous aura plu. Il est plus court que d'habitude mais j'espère qu'il vous plaira quand même !


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