#11 Soupçons, soupçons ?

Point de vue de Beverley

Où est-ce que je suis ?

Je me redressai, il fallait croire que j'étais dans une chambre, allongée sur un lit qui n'était pas le mien.

— Beverley ? Je me tournai en direction de cette voix familière. Il s'agissait de William, il discutait avec madame Grace, j'avais dû les interrompre, je me rappelai alors de notre "petite séance". Tu vas bien ? me demanda-t-il avec empressement.

— Je suis désolée, je ne sais pas ce qui s'est passé, déclarai-je encore bouleversée par ce qu'il s'était passé.

— Tout va bien mon enfant. Grace posa sa main sur les miennes. C'est moi qui aurait dû prévoir cette possibilité. Tiens, elle me tendit une tasse d'un liquide orangeâtre chaud. Bois ça, ça te fera du bien. Je pris la tasse, soufflai, et en pris une gorgée.

— De la camomille ! J'aime beaucoup ce thé, c'est réconfortant et chaud... J'en bois souvent pour me remonter le moral, quand je me sens mal, merci, déclarai-je finalement à Grace. Monsieur Kilster ?

— Tu peux m'appeler William ? Ça me dérange que tu continues à m'appeler par mon nom et non mon prénom, déclara-t-il.

— Oh, pardon... Wi-William. S'est-il passé quelque chose après que vous l'ayez chassé ?

— Quand ? Sur le toit de SphereCords ? Tu parles de l'ombre ? Je ne crois pas, non, pourquoi ?

— Eh ben, il me parlait de v-t-toi comme si je t-te connaissais, lâchai-je avec difficulté.

Je ne savais pas pourquoi je le tutoyai mais j'avais l'impression de le connaître depuis toujours, et après ce qu'avait dit l'ombre, ce sentiment se confirmait. Il remarqua ce tutoiement et me sourit.

— Mon enfant, débuta Grace, tu sais que tu peux tout nous dire, déclara-t-elle toujours sa main sur les miennes.

— Oui, je sais. Mais je n'arrive même pas à me l'expliquer, alors l'expliquer à d'autres...

— Tu n'as qu'à nous dire ce que tu penses.

— J'ai besoin de savoir ce que tu ressens pour vous aider ma chérie. William m'a dit qu'après ça vous devriez aller voir quelqu'un d'autre, je la connais très bien, je lui ai demandée de passer demain ici, comme ça tu vas pouvoir te reposer.

— C'est très gentil mais nous ne voulons pas nous imposer ! déclarai-je avec empressement.

— Vous ne me dérangez absolument pas, les loulous ! Et puis de toute façon, c'est trop tard et je ne demandais pas ton avis ! Bon, revenons-en à nos moutons, qu'est-ce que tu ressens, qu'est-ce que tu penses ? Ce n'est pas bon de tout garder comme ça.

Je soupirai, j'essayai de remettre de l'ordre dans mes idées, mais je ne savais même pas par quoi commencer. Je ne savais pas si je devais parler de mes rêves, de comment William m'avait trouvée, m'avait interpelée, m'avait impliquée ; du possible lien que j'aurais avec lui et l'ombre.

— Eh ben... il y a beaucoup de choses... Tout d'abord, avant que je ne rencontre William après cette soirée, je faisais des cauchemars avec l'ombre dedans, en fait je refaisais cette scène et toutes les fois que je l'ai croisés. Je ne comprends toujours pas, comment William peut être en vie, au début, je croyais qu'il était l'ombre mais maintenant, j'ai bien compris que ce n'était pas le cas. Alors, comment ça se fait que l'on soit tous les deux impliqués ? Pour William, j'ai ma réponse, mais je ne suis qu'un dommage collatéral, quand on regarde bien, alors pourquoi continuer à s'en prendre à moi ? Désolée, ça fait beaucoup, déclarai-je gênée après avoir fini ma déclaration.

— Je ne pense pas qu'il faut s'inquiéter plus que tu ne le fais déjà, détends-toi, reposes-toi et nous allons trouver une solution ensemble, me rassura Grace.

— Oui, tu devrais te reposer, Beverley, déclara William.

A la simple prononciation de mon nom, mon cœur s'est mis à battre un peu plus vite. C'est la première fois qu'il m'appelle par mon prénom. Non mais qu'est-ce qui m'arrive !?

— S-si vous êtes sûrs, je vais me reposer un peu alors.

— Reposes-toi bien, Beverley.

La voyante ainsi que mon ex-directeur quittèrent la pièce en me saluant. En y repensant, depuis le début, il me tutoyait, et me parlait comme si on était proche. Je ne savais pas si je me faisais des illusions mais, il y avait quelque chose dont je n'étais pas au courant et qui se passait ! Et quelque chose de gros !

Je n'arrêtai pas de repenser au regard de William et à sa réaction face à l'ombre ou encore tout à l'heure après la séance avec madame Bellies. Pourquoi j'avais cette impression qui me trottait dans la tête ? On ne se connaissait que depuis quelques mois par SphereCords, il était mon supérieur, c'est tout !

Non, ce n'est pas tout, Beverley.

Je me redressai immédiatement, droit comme un "I", les cheveux et poils hérissés. Je balayai la pièce du regard, le cœur battant la chamade, mais je ne vis personne.

Ça recommence...

— Il y a qu-

Je parlai, je criai, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Non, pas encore ! Laissez-moi ! Où était ce putain d'interrupteur ! Je touchai tous les murs de la pièce, je n'arrivai même pas à trouver la porte pour sortir ! Je marchai dans l'espace, me cognai contre des meubles, mais j'étais aveugle et muette. J'étais dans une prison sans fin, dans laquelle nul ne pouvait m'aider. Tiens ? Je sentis quelque chose, j'appuyai dessus. C'était l'interrupteur, je me retournai pour chercher une quelconque silhouette. La lumière se mit à grésiller et l'ampoule éclata. Cependant, je n'eus pas le temps de le voir.

— Cassez-vous ! Lâchez-moi les basques, putain ! lâchai-je implorante mais toujours aucun son ne sortait de ma bouche.

Je sentis mes joues s'humidifier. Des cascades de larmes coulaient sur mes joues. Je savais que c'était la fin. Il n'y avait personne pour m'aider, personne à qui je pouvais dire mot. Personne... J'étais seule...

Ne pleure pas, ma chérie.

Je sentis quelque chose de froid passé sur mes joues, mais je ne savais pas ce que c'était. J'avais beaucoup trop peur pour faire quoi que ce soit. J'étais comme prisonnière, encore une fois. J'étais enfermée dans mon corps avec un fantôme en moi ou en face de moi, je ne savais pas.

— L-laissez-moi...

Un torrent de larmes coula le long de mes joues, sans que je ne contrôle quoi que ce soit. Je ne m'étais jamais sentie aussi impuissante. Quand j'étais face à Kilster, lors d'une réunion, je savais répondre, quand on m'harcelait dans la rue, je savais répondre, que ce soit physiquement ou verbalement. Mais là... je ne savais plus quoi faire.

Ne pleure pas...

— M-mais qui êtes-vous ? Si vous t-tenez tant que ça à ne plus voir une larme couler, laissez-nous tranquille...

Je ne peux pas faire ça, et tu le sais Bev'.

J'entendis un bruit venant de derrière moi, je ne savais ni quoi dire, ni quoi faire, je sombrai littéralement dans le désespoir et les pleurs infinis. Je ne voulais pas me retourner pour voir ce que c'était, je voulais simplement rester avec moi et moi-même ! Si une quelconque présence devait  m'accompagner, autre que Dieu, eh bien que ce soit mes pleurs ou mes hantises ; mais laissez-moi putain !

Bev' ? Tu as peur ? Tu as peur de moi ? De la seule personne qui t'aies soutenue ! Je sentis ces mêmes mains glacées me prendre le visage et me forcer à le regarder. Je ne m'attendis pas à voir ça, pas lui... Tu es bien déçue, n'est-ce pas ? Tu sais, finalement, la déception pourrie la vie des gens. Oublies-moi, tues-moi si tu le v-

— Lâches-la ! Lâches-la immédiatement !

Quoi, qu'est-ce qui lui prend...?

Je me sentis partir, mais mon corps ne voulait pas céder, j'assistai à cette scène, impuissante, avant de... mourir ? Je ne le savais pas. J'étais faible et minable, j'étais à terre tremblante, à assister à... à ça...


Notes de l'auteure :

J'espère que ce chapitre un peu plus sombre que d'habitude vous aura plu ! Dites-moi en commentaire ce que vous en avez pensé et vos théories ! Ca se passe ici ! ->>>


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