#10 Le moment de vérité ?

Nous arrivâmes en face de la cabane de la voyante. Les photos sur son site ne mentaient pas. En effet, dès notre arrivée, nous reconnûmes la petite cabane en bois, plutôt simple et légèrement éloignée de la ville. Beverley enleva son casque, laissant ses cheveux bruns se mélanger au vent, avant de vérifier que sa moto serait en sécurité durant l'échange avec cette femme.

— On y va ? demandai-je.

Comme pendant le trajet, elle ne daigna pas mot et pour seule réponse, elle se dirigea vers la porte de la maisonnée et toqua. Elle toqua une fois, mais aucune réponse.

— Excusez-moi ? Je suis Beverley Carter, nous avions échangés par messagerie hier, sa voix était plus grave qu'habituellement.

Elle devait être stressée et anxieuse à cause des évènements passés. Elle n'avait pas voulu me dire en détails ce qu'il s'était passé, je me demandai bien pourquoi. Beverley toqua une seconde fois. Au bout de quelques minutes, une voix plutôt grave mais séductrice se fit entendre :

— Entrez.

J'ouvris la porte invitant Beverley à entrer. L'extérieur de la maisonnée faisait plutôt vieillot mais une fois à l'intérieur, nous découvrîmes un environnement beaucoup plus moderne. Une cheminée était installée dans la pièce et on pouvait y entendre le feu crépiter. Au centre de la pièce, une table en bois, ronde trônait. Elle était très imposante, on voyait qu'elle avait du vécu, dû aux traces incurvées inégales tracées sur le dessus de celle-ci. On pouvait voir une femme installée à cette fameuse table, jouer aux cartes. Elle avait les cheveux bouclés, noirs corbeaux et était vêtue d'une tenue digne de madame Irma avec des tissus de différentes couleurs, laissant entrevoir un décolleté en V très plongeant qui nous laissait voir sa forte poitrine. D'un geste de bras, elle rabattit un morceau de tissu avant de cacher celle-ci.

— Vous voilà enfin, déclara-t-elle d'un ton qui ne me disait rien qui vaille.

— "enfin" ? demandai-je.

— Vous avez oubliez qui je suis ? lança-t-elle d'un ton mi-coquin mi-taquin.

— Comme vous le savez madame Bellies, nou- (se prononce bellise)

— Appelez-moi simplement Grace et non Irma, déclara-t-elle tout en me lançant un regard qui me faisait doucement sourire. Et oui, je sais pourquoi vous êtes ici, son regard revint vers celui de Beverley. Installez-vous, nous lança-t-elle indiquant la table en bois et les quelques chaises du même ton, placées autour. Beverley s'était installée à sa gauche et moi à sa droite. Donnez-moi une main. Nous lui tendîmes chacun une main qu'elle toucha. Elle ferma les yeux et eu des réactions quelque peu étranges. Bev' et moi nous jetâmes des regards interrogateurs attendant qu'elle ne reparle. Intéressant... Elle lâcha ma main et pris celles de Bev'.

— Madame Grace ? demanda-t-elle perplexe.

Elle rouvrit les yeux et lâcha les mains de miss Carter, l'air de dire : "Bingo ! Je crois avoir trouvé quelque chose !".

— Beverley, je vais vous mettre dans un état de semi-conscience, j'ai besoin de savoir tout ce qui s'est passé en détails.

— Pardon ? m'exclamai-je.

— Si vous voulez que je vous aide, monsieur le cachotier, eh ben, il va falloir se taire et faire ce que je dis ! me réprimanda-t-elle. Je n'eus pas le temps de me défendre que Beverley intervint avant moi.

— Très bien, qu'est-ce que je dois faire ?

Je la regardai perplexe, je ne pouvais exprimer mon point de vue clairement, vu qu'elle ne me voyait que comme son ex-boss qui l'avait entraînée dans cette merde.

— Vous allez simplement fermez les yeux et répondre à mes questions, d'accord ?

Elle hocha la tête, me lançant un dernier regard avant de s'exécuter. Je ne le sens pas, pas du tout.

— Vous allez revenir à cette nuit, quand vous avez vu cette chose pour la première fois. Vous y êtes ? demanda la femme.

— Oui.

— Très bien, que s'est-il passé avant, où êtes-vous et que faîtes-vous ?

Beverley lui raconta exactement ce qu'il s'était passé, en passant de la réunion, à mon apparition dans mon bureau, puis l'appel et enfin l'ombre qui la força à me tuer. Elle était très bouleversée, mais madame Bellies n'était pas inquiète et poursuivit :

— Ça a dû être dur, je comprends, est-ce qu'il y a eu d'autres apparitions ?

— Oui. Elle raconta les fois au bureau, dans la salle d'interrogatoire, puis "nos propres rencontres". Tout à l'heure, après la pause déjeuner, elle était là.

— Quand ça ? Avant de venir me voir ?

Elle avait sorti Beverley de cet état second.

— Oui, appuyai-je.

— Très bien, fermez les yeux, elle lui prit la main, comme tout à l'heure puis lui demanda : Où êtes-vous et que faites-vous ?

— Je suis au sommet du bâtiment de SphereCords, c'est la pause déjeuner. J'ai fini de manger et je m'apprête à descendre pour retrouver monsieur Kilster.

— Et pourquoi cela ?

— On s'était donné rendez-vous pour vous voir, déclarai-je.

— Très bien. Et que faites-vous maintenant ?

— J'allais descendre mais je ressentais cette présence, je savais que ce n'était pas William et que ça ne pouvait qu'être elle. Je me suis retournée avec mon sac en guise d'arme que je jetais sur lui. Mon sac lui passa au travers. Elle me regardait de tout sa hauteur, elle flottait et restait terrée dans l'ombre, évitant le Soleil. Je me suis placée au niveau des zones lumineuses mais les nuages cachaient le Soleil. Tout-à-coup, l'ombre me sauta dessus et m'a dit à l'oreille : "Tu ne dois pas l'écouter et te laisser avoir par ses bêtises, retrouves ta vie et oublies-le, tu n'as pas besoin de lui." Et après ça, j'avais l'impression qu'il m'aspirait de l'intérieur. Je suis une coquille vide, je ne vois plus rien ! Sortez-moi de là ! William ! Aidez-moi ! Je vous en prie ! Sortez-moi de là ! Arrêtez-le ! Je vous en supplie ! Elle hurlait toutes ces phrases à la chaîne, ne pouvant ouvrir les yeux, je me jetai sur elle.

— Beverley ! Beverley, je suis là ! Ouvres-les yeux ! Beverley écoutes-moi ! Je lui hurlai toutes ces phrases en la tenant par les épaules espérant qu'elle sorte de "ça". Je la secouai. Beverley !

D'un seul coup, elle ouvrit les yeux et se jeta dans mes bras en pleurant. Je lui caressai la tête, les cheveux, tentant de la réconforter. Elle tremblait comme une feuille. Je tenais son corps tout frêle dans mes bras, jetant un regard noir à la "voyante".

— Vous pouvez la poser ici ? Il faut qu'elle se repose.

— Beverley ? Elle s'est endormie.

Je la pris dans mes bras et la posa sur le lit, celui indiqué par madame Bellies.

— Pourquoi avoir fait ça ! Vous avez vu comment elle a réagi !?

— Je ne pensais pas que ça la toucherait aussi profondément. Cependant, au lieu de me faire la leçon, vous devriez être plus franc avec elle !

— C'est-à-dire ? demandai-je perplexe.

— Ne faites pas comme si vous n'avez pas compris.

— C'est mon problème si je ne veux pas lui dire maintenant !

— Certes, mais pour votre bien à tous les deux, vous devriez ! L'ombre vous a déjà effacé de sa mémoire par le passé, si vous voulez que cela n'arrive pas une seconde fois, je vous conseille fortement de lui parler.

Je savais qu'elle avait raison, mais c'était plus facile à dire, qu'à faire. Nous parlâmes de choses et d'autres, espérant qu'elle nous aide. Je continuai, tout de même, à surveiller Beverley du regard, espérant voir une évolution dans son état. Cependant, elle resta étendue, elle arborait un air paisible, bien différent de celui qu'elle affichait pendant la séance de spiritisme...

Je ne veux pas que tu sois blessée par ma faute Bev'.


Notes de l'auteure :

Que cache William ? Que veut l'ombre ? Réponses... un jour ! :) A très vite !


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