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Ce jour-ci, je me rendais à ma faculté de droit se trouvant à une vingtaine de kilomètres de mon petit appartement. J'avais pris le bus, comme tous les matins de la semaine. Un examen prévu pour l'après-midi m'occupait l'esprit et je n'avais que le temps de trajet pour revenir sur certaines parties de mon cours, m'étant endormie la veille sur mon bureau, entourée de tous mes cahiers.

Révisant certaines définitions, une légère pression sur mon épaule me fit sursauter. Déjà particulièrement nerveuse par le mélange de nervosité et de la caféine avalée depuis six heures du matin, je me retournais d'un geste sec, me rappelant la douleur créée dans mes cervicales par ma position de sommeil. Il me demanda alors la permission de s'asseoir, que je lui avais accordé, bien évidemment.

Retournant aussitôt dans mes fiches Bristol, j'avais remarqué son regard par-dessus mon épaule. Je lui fis un petit sourire et il débuta la conversation, sur mes études. Après une légère grimace de gêne, il me donna certains conseils pour mes problèmes de dos. - Aujourd'hui, je ne peux en rire qu'ironiquement - Alors que l'examen n'était plus qu'une vague appréhension, nous avions commencé à sympathiser.

Au fur et à mesure, des jours puis des semaines, notre rendez-vous dans le bus était devenu comme un rituel. Lorsque je montais dans le bus, j'attendais impatiemment que les quelques arrêts passent et qu'il me rejoigne, refusant au préalable qu'une personne prenne sa place. Et il ne manquait jamais au rendez-vous. Nous en profitions alors pour faire allusion à nos petites vies et apprenions à nous connaître, petit à petit.

Approximativement au bout d'un mois après notre rencontre, alors qu'il s'apprêtait à sortir du bus, je le vis souffler, comme pour inhaler du courage, puis il me tendit un petit bout de papier et partit immédiatement, avec une vitesse tant rapide que respectueuse. Une petite note. Son numéro de téléphone. J'étais été alors restée quelques minutes à regarder ce morceau de papier dans mes mains, impossible d'enlever le sourire qui s'était cousu sur mon visage.

Alors que mon arrêt de bus approchait dangereusement, j'avais pris soin de ranger le papier soigneusement dans une de mes poches de mon sac, en regardant régulièrement s'il s'y trouvait encore. D'une humeur particulièrement agréable tout au long de la journée, comme à mes quatorze ans, l'époque des premiers crushs , j'avais décidé d'envoyer un message le soir même.

Mon téléphone n'avait tardé à vibrer, marquant le début d'une amitié et non plus une connaissance de bus. Dès que nous avions ne serait-ce qu'une minute de temps libre, nous répondions à l'autre ou envoyions un message pour prendre des nouvelles. Je me sentais particulièrement bien avec lui. Nous passions la plupart de nos moments à rigoler tout en apprenant à se connaître. J'étais heureuse. Rien ne pouvait enlever mon sourire lorsque j'étais avec lui.

Tout naturellement, alors que j'étais dans le bus pour rentrer chez moi, je m'étais rendue sur notre conversation où un message m'attendait. Le sourire déjà au visage, il fut rapidement accompagné d'une boule au ventre. Une invitation au restaurant.

J'avais accepté. Même si l'anxiété était telle que je m'étais trouvée au bord d'une crise de panique. Après quelques essayages de tenues et de nombreuses hésitations sur le déroulement de cette soirée, je m'y étais rendue. La soirée avait été, comme chaque moment passé avec lui, très plaisante et je commençais à ressentir certains sentiments dont je ne pouvais ignorer l'existence. Il n'a jamais été désagréable à regarder et toujours aussi sympathique avec moi. Je n'avais rien remarqué de négatif à son sujet.

Quelques jours plus tard, je reçus une proposition pour une deuxième sortie. Puis une troisième. Elle s'enchaînèrent et finirent par devenir régulières.
La conciliation entre mes études et nos nombreux tête-à-têtes devenait acrobatique. Les deux étaient tant importante que j'aurais été incapable de choisir. J'essayais de toutes mes forces.

Avec le temps, une relation était née. Nous avions commencé à, officiellement, sortir ensemble lors de notre fameuse sortie au théâtre. Cette pièce tragique particulièrement émouvante ne nous avait pas empêché d'échanger notre premier bisou au moment de se dire au revoir. Cette sensation de papillons dans le ventre. Je n'avais jamais autant souri, je n'avais jamais autant ri, je n'avais jamais autant aimé.

Notre relation me semblait parfaite. Certes, de temps à autres, il m'appelait dans la soirée, s'excusant de devoir annuler notre sortie du soir. La raison n'était jamais spécifiée ou restait toujours assez ambiguë. J'avais décidé de l'expliquer par son travail, qu'il me décrivait très souvent comme énervant et fatiguant. Comme un travail normal, pour quelqu'un de vingt-cinq ans qui aurait naturellement préféré sortir, s'amuser.

Un soir, nous avions convenu au préalable que nous passerions la soirée dans son appartement, pour passer la soirée ensemble. Nous nous fréquentions depuis un peu plus d'un mois et il s'agissait de la première fois que l'un allait dans l'appartement de l'autre. J'avais alors préparé un petit sac avec mon nécessaire pour la nuit et pour aller directement à la faculté le lendemain matin.

Un peu plus tard dans la soirée, aux alentours de vingt trois heures, après être rentrés du restaurant, nous avions décidés de regarder un film. Nous ressemblions à un de ses vieux couples, dans les bras de l'autre. Plutôt romantique... Je dois avouer que cette soirée l'était. Jusqu'au moment où les policiers ont défoncé la porte de l'appartement, nous ont passé les menottes et nous ont emmené au poste.

Cette relation n'était pas aussi parfaite que je l'avais imaginée...

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