Chapitre 5 : Conséquence !
Le gouverneur Green était en proie à la panique à l'arrivée des pirates fantômes. Son visage pâlit et ses mains tremblaient alors qu'il observait l'horizon assombri par la présence menaçante des navires. Elena, sentant l'anxiété de son père, se dirigea rapidement vers lui, son propre cœur battant la chamade. Son expression était empreinte d'inquiétude alors qu'elle cherchait à le rassurer du mieux qu'elle le pouvait.
— Père ! Qu'allons nous faire ? demanda-t-elle de manière paniquée, en fixan l'horizon pour apercevoir des bateaux de pirate se diriger vers eux.
Le gouverneur Dubois, désemparé, s'avança vers ses soldats, leur donnant des ordres fermes pour sécuriser au mieux l'île contre une éventuelle invasion. Elena soupira, agacée par le silence de son père face à la panique ambiante. Jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, elle surprit capitaine Scarlet se moquant de son père, malgré ses menottes.
Le gouverneur Dubois s'avança rapidement vers son fils étendu au sol, l'aidant à se relever avec fermeté. Son regard glacial se posa alors sur la famille Green, lançant un message tacite de méfiance et de détermination à leurs égards.
— Toute cette histoire, est de votre faute mademoiselle Green ! cria-t-il de manière colérique, en désignant la jeune femme.
Le gouverneur Green sursauta, surpris que son ami l'accuse de cette mascarade. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il fixait le gouverneur Dubois, incrédule. Elena, sa fille, laissa échapper un hoquet de surprise, essayant de retenir ses larmes face à cette accusation inattendue. Même capitaine Scarlet, bien que menottée, fut surprise par cette tournure des événements. Elle fixa la scène d'un regard froid, roulant les yeux au ciel devant ce qu'elle considérait comme une situation absurde.
Le gouverneur Green se leva brusquement de sa chaise et fit face au gouverneur Dubois, une lueur de colère dans les yeux. Ses poings se serrèrent alors qu'il confrontait son ami d'une voix chargée d'indignation.
— Ma fille, n'a rien à voir avec cette femme pirate !
Elena tendit la main, prête à prendre la parole pour se défendre et calmer les tensions, mais son père lui coupa la parole d'un geste autoritaire, son expression montrant qu'il ne voulait pas qu'elle intervienne dans la discussion.
Les deux hommes se faisaient face, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre, émanant tous deux une colère palpable dans l'atmosphère tendue.
— Votre fille, a volé ce pendentif à cette sorcière ! cracha-t-il, en tapant violement la chemise de Nicolas Green.
Elena et Mickael haletaient tous les deux, cherchant désespérément à arrêter leurs pères de se battre. Le visage de Nicolas Green rougit de colère alors qu'il assénait une violente gifle au gouverneur Dubois, sous le regard horrifié de leurs enfants, des paysans et des soldats présents.
— MAIS ce n'est pas de sa faute, si capitaine Scarlet avait eu une liaison avec votre fils !
Mickael, malgré son épaule blessée, resta figé sur place, tout comme son père. Nicolas Green soupira en se calmant avant de se tourner vers sa fille, les yeux grands ouverts par cette révélation. Elena, depuis le début, avait soupçonné que capitaine Scarlet se faisait des idées ou qu'elle était folle, ou pire encore, qu'elle était tombée amoureuse de son amant.
Mais non, elle avait dit la vérité depuis le début. Elena jeta un regard triste et en même temps colérique vers capitaine Scarlet. Elle voyait que malgré sa carapace solide, capitaine Scarlet avait été touchée, ses yeux reflétant le chagrin de la trahison de Mickael. Elena serra les poings pour essayer de canaliser ses émotions.
Le gouverneur Dubois, le visage marqué par la colère et l'agitation, se tourna vers Elena. Ses mots étaient chargés d'accusation lorsqu'il dit d'une voix forte.
-— Elena, vous avez refusé d'écouter les avertissements de capitaine Scarlet, et voilà où cela nous mène. En conséquence, je suis désolé, mais nous devons annuler le mariage arrangé entre vous et mon fils ! annonca-t-il d'un ton ferme, en tournant le dos à la famille Green.
Elena sentit son cœur se serrer face à cette déclaration inattendue. Elle tenta de répondre, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge, submergée par un mélange de confusion et de tristesse.
Elle observait son père tenter de calmer les tensions en reprenant le mariage. Elle baissa légèrement la tête, évitant le regard douloureux de son ex-amant. Capitaine Scarlet avait raison depuis le début. Certes, Elena aimait Mickael plus que tout, mais après cette révélation, elle ne savait plus comment le regarder. Elle redressa la tête pour voir son père essayer de retenir la famille Dubois. Elle fronça les sourcils, serrant les dents.
— Père, écoutez-moi, je ne souhaite plus continuer ainsi...Je l'aime plus que tout, mais nous pouvons pas se marier dans ces conditions ! cria-t-elle furieusement, en lançant un regard noir à son père.
Malgré les efforts de son père, Nicolas Green, pour la retenir, Elena tenta de courir vers son amant qui l'attendait avec impatience. Ses pas étaient empreints de détermination, chaque fibre de son être aspirant à rejoindre celui qu'elle aimait, même face aux obstacles qui se dressaient devant elle.
Elena, déterminée à rejoindre son amant, se précipitait à travers la foule. Sa robe de mariée flottait derrière elle tandis qu'elle courait, son cœur battant à tout rompre. Soudain, un cri perça l'air, un cri qu'elle connaissait trop bien. Elle s'arrêta net et se tourna brusquement vers la source du bruit.
Son père, le gouverneur Green, se tenait là, vacillant, un sabre planté en plein cœur. Le temps sembla se figer alors qu'elle le regardait tomber au sol, ses yeux se voilant de douleur et de surprise.
— PÈRE ! hurla-t-elle, sa voix brisée par le choc et le désespoir. Mais il était trop tard. Son corps s'affaissa lourdement sur le pavé, la vie s'échappant de lui.
Autour d'elle, les soldats du gouverneur restaient figés, leurs visages empreints d'horreur. Les pirates fantômes, implacables, avaient envahi le jardin des Greens, leurs silhouettes éthérées se déplaçant avec une fluidité surnaturelle. Ils se ruaient sur les soldats et les invités, frappant sans aucune pitié. Les cris de douleur et de panique résonnaient partout.
Elena, les larmes aux yeux, se tourna à nouveau vers les pirates fantômes. Leurs visages déformés par la haine et la vengeance se rapprochaient inexorablement. Elle voyait des invités tenter de fuir, certains trébuchant et tombant sous les coups implacables des spectres.
La terreur se mêla à sa douleur alors qu'elle cherchait désespérément une issue. Son père venait de mourir sous ses yeux, et maintenant, la menace des pirates fantômes se rapprochait de plus en plus. Elle devait trouver un moyen de survivre, de se battre. Mais pour l'instant, elle était paralysée par le chagrin et l'horreur, incapable de détourner le regard de la scène de carnage qui se déroulait devant elle.
Durant ce moment d'opportunité offert par la diversion, Capitaine Scarlet saisit l'occasion pour agir. D'un coup de pied habile, elle déséquilibra le soldat qui l'attachait, lui permettant de se libérer de ses liens. Rapidement, elle récupéra son sabre abandonné au sol, ses mouvements empreints de colère et de détermination. Avec agilité, elle exécuta un salto en arrière.
Elena, encore sous le choc de la mort de son père, fut brusquement tirée de sa stupeur par une voix familière et glaciale. Elle se tourna rapidement et croisa le regard perçant du capitaine Scarlet. Pendant un instant, leurs regards se fixèrent, une tension palpable flottant dans l'air. Les yeux de Scarlet lançaient des éclairs de colère et de reproche, une accusation muette mais dévastatrice.
Elena sentit un frisson lui parcourir l'échine. Capitaine Scarlet, avec son visage marqué par la fureur et le mépris, semblait lui dire sans un mot que tout ce chaos était de sa faute. Le poids de cette accusation muette écrasa Elena, la remplissant de culpabilité et de désespoir. Elle ouvrit la bouche, cherchant à protester, à se défendre, mais aucun son n'en sortit.
Capitaine Scarlet ne perdit pas de temps. Elle tourna brusquement les talons, ses mouvements aussi rapides et fluides qu'un renard. Elle s'enfuit dans la confusion générale, disparaissant parmi les ombres et le chaos environnant. Elena la suivit des yeux, son cœur battant à tout rompre. Elle voulait crier, la rattraper, mais ses jambes semblaient soudainement lourdes, comme si elles étaient enracinées dans le sol.
Autour d'elle, les cris et les bruits de combat continuaient de résonner, mais elle était figée, incapable de bouger. La silhouette du capitaine Scarlet s'éloignait de plus en plus, se fondant dans l'obscurité. Elena savait qu'elle devait agir, mais la culpabilité et la tristesse la paralysaient. Elle resta là, immobile, son esprit tourmenté par la réalisation de ce qu'elle avait provoqué.
Les pirates fantômes continuaient leur assaut impitoyable, et la panique se propageait comme une traînée de poudre. Elena, encore sous le choc, serra les poings, essayant de trouver la force de bouger, de faire quelque chose pour arrêter ce carnage. Mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était regarder, impuissante, alors que le monde autour d'elle semblait s'effondrer
Elena, submergée par le chagrin et la colère, tenta de se lever pour aller vers le corps inerte de son père, mais elle sentit soudain une main ferme l'empêcher de bouger. C'était le gouverneur Dubois. Son visage portait une expression sardonique, ses yeux pétillaient d'une lueur sinistre.
— Ah, ma chère Elena, dit-il d'une voix moqueuse. Toujours aussi impulsive ? Mais je crains que vous ne puissiez pas vous rendre auprès de votre père si facilement...déclara-t-il d'un ton neutre.
Elena frémit, sentant un frisson de dégoût lui parcourir l'échine. Elle fixa le gouverneur Dubois, incrédule, alors qu'il continuait à parler, son ton empreint de faux empressement.
— Vous voyez, ma chère, j'ai toujours eu des plans pour ce territoire, des plans qui n'incluaient malheureusement pas votre père. Mais avec lui hors du chemin, je peux enfin réaliser mes aspirations les plus ambitieuses ! avoua-t-il fièrement, en balançant de toute sa force la jeune femme.
Elena s'effondra sur le sol, sa robe de mariée éparpillée autour d'elle tel un voile funéraire. Elle releva lentement la tête, le souffle court, hantée par les paroles cruelles du gouverneur Dubois résonnant dans sa tête. Des larmes brûlantes embuaient ses yeux alors qu'elle réalisait l'ampleur de la trahison.
Les paroles du gouverneur résonnaient dans l'esprit d'Elena, lui causant une nausée grandissante. Elle réalisa soudain que la mort de son père n'était peut-être pas simplement le résultat d'une attaque pirate, mais le résultat d'une machination sournoise ourdie par le gouverneur Dubois lui-même.
Elle sentit une bouffée de colère monter en elle, mais elle savait qu'elle devait rester calme, stratégique. Elle dévisagea le gouverneur Dubois avec mépris, son esprit tourbillonnant de plans pour faire face à cette nouvelle menace qui se dressait devant elle.
— M-Mickael ne m'a jamais aimé ? demanda-t-elle, avec un léger bégaiement et des larmes coulant sur ses joues.
Elena fixa Mickael, son regard empli de déception alors qu'il détournait les yeux avec désinvolture, roulant des yeux au ciel avec un sourire narquois. Elle sentit une bouffée d'indignation monter en elle en le voyant rire complice avec son père, se tenant à ses côtés comme s'ils partageaient un secret.
Mickael s'agenouilla devant Elena, un sourire malicieux étirant ses lèvres. Son regard trahissait une satisfaction méprisante. Elena, les larmes aux yeux, essaya de lui toucher la joue, espérant y trouver une trace de l'amour qu'elle croyait encore exister. Mais Mickael attrapa sa main avec une agressivité inattendue, la serrant si fort qu'elle étouffa un cri de douleur. Il la jeta violemment au sol, son regard dégouté et moqueur perçant le cœur d'Elena plus profondément que n'importe quelle arme.
— Vous pensiez vraiment que je vous aimais ? ricana-t-il, ses mots pleins de venin.
Elena, ébranlée, regarda son amant avec des yeux remplis de tristesse et d'incrédulité, son monde s'écroulant autour d'elle.
Mickael se releva du sol, ses mouvements empreints de rage contenue. Ses yeux, sombres et déterminés, se tournèrent une dernière fois vers son père, le gouverneur Dubois.
— Je fais ça pour nous, murmura Mickael, sa voix basse et rauque, à peine audible. Le gouverneur Dubois, les bras croisés, hocha la tête en signe d'approbation, mais son regard restait froid et calculateur.
Mickael releva lentement la tête, ses gestes délibérément lents et provocateurs. Il tourna le dos à Elena, un sourire méprisant étirant ses lèvres.
— Quelle naïveté, murmura-t-il en roulant les yeux au ciel.
Elena, toujours à genoux sur le sol, sentit son cœur se serrer de douleur. Elle leva des yeux implorants vers lui, mais il ne lui accorda pas un seul regard.
Mickael se dirigea vers son père, le gouverneur Dubois, qui l'attendait avec un sourire de connivence. Ensemble, ils éclatèrent de rire, un rire froid et cruel qui résonna dans l'air, contrastant avec le silence désolé de la scène.
— Je suis désolé, ma chère Green, mais j'ai d'autres projets en tête que d'investir mon amour dans une femme aussi impuissante que vous, dit-il froidement, accompagnant d'un rire sadique.
Il observa l'île en ruines, les cris des villageois résonnant au loin, avec un sourire nostalgique, avant de tourner son regard vers son père, arborant une expression sérieuse.
— Nous devons partir, père. Une fois que cette île sera désertée et détruite par les pirates fantômes, elle nous appartiendra, déclara Mickael en atteignant son père, échangeant avec lui une poignée de main ferme.
Le gouverneur Dubois hocha la tête en riant, ses yeux rivés sur Elena.
— Tu as bien fait, mon fils. Maintenant, concentrons-nous sur notre véritable objectif. dit-il chaleureusement, en s'éloignant de la jeune bourgeoise.
Mickael et son père, le gouverneur Dubois, s'éloignèrent d'Elena, leurs pas rapides et déterminés sur le sol jonché de débris. Mickael, sans un dernier regard, serra la main de son père, échangeant un bref sourire complice. Ils avancèrent ensemble, s'efforçant de quitter la ville ravagée par les pirates fantômes.
Sans un mot, elle resta là, les observant s'éloigner ensemble, une sensation de solitude et de désolation s'installant en elle.
Elena, abandonnée au milieu du chaos, se retrouva seule. La fumée et les flammes dévoraient le port, les cris des villageois résonnaient autour d'elle, accentuant son sentiment d'isolement. Elle se tenait immobile, ses mains tremblantes et son cœur lourd, regardant impuissante ses anciens alliés s'échapper. Ses pensées étaient brouillées par la trahison et la désolation qui l'entouraient.
Mickael et son père, indifférents à son sort, disparurent dans les ombres, laissant Elena faire face à l'apocalypse de Port-Lacanaïe. Le vent, chargé de cendres et de larmes, soufflait sur son visage.
Son cœur se serra douloureusement alors qu'elle comprenait qu'elle avait été trahie non seulement par celui qu'elle aimait, mais aussi par son propre sang. Elle se sentit envahie par un mélange de colère et de tristesse, impuissante face à cette dure réalité.
Elle soupira profondément, le cœur lourd de chagrin et de désillusion. Depuis le début, Mickael avait joué avec ses sentiments, manipulant son amour et sa confiance pour servir ses propres intérêts. La douleur de cette révélation la submergea, et elle s'effondra à genoux, laissant échapper des sanglots silencieux alors que la vérité lui brisait le cœur.
La jeune femme était seule, abandonnée par celui qu'elle pensait être l'amour de sa vie. Les rêves qu'elle avait nourris de bonheur et de stabilité s'effondraient autour d'elle, laissant place à un vide glacial et désolé.
Elena entendit les fantômes pirates se rapprocher d'elle et, malgré la difficulté due à sa robe, elle se leva déterminée, cherchant un moyen de s'échapper. Consciente qu'elle n'avait pas d'autre choix, elle se dirigea vers la clôture, l'escalada avec effort, puis se précipita vers le port du village pour trouver un navire et fuir à jamais. Bien qu'elle aimât sa vie actuelle, elle réalisa qu'il n'y avait plus de place pour elle ici, dans un endroit désormais en proie aux ravages des pirates. Prendre une profonde inspiration, elle se lança à la poursuite des pirates fantômes, sa seule issue vers une nouvelle vie.
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Elena courait à travers le village, le bruit de ses talons hauts résonnant sur les pavés alors que des pirates la pourchassaient, leurs cris rauques emplissant l'air. Sa longue robe de mariée entravait ses mouvements, la ralentissant et la faisant trébucher à plusieurs reprises. Elle sentait leur présence se rapprocher, leur souffle menaçant dans son dos.
Elle s'engouffra soudainement dans une ruelle obscure, espérant semer ses poursuivants. La pénombre de l'allée la protégeait quelque peu des regards avides des pirates. Essoufflée, elle s'arrêta et s'adossa contre le mur rugueux d'une maison, son cœur battant la chamade.
Avec des gestes précipités, elle saisit l'ourlet de sa robe et le déchira, arrachant des morceaux de tissu pour raccourcir sa tenue encombrante. Elle retirait ses talons, les laissant tomber négligemment sur le sol pavé. La froideur des pavés contre ses pieds nus lui donna un frisson, mais elle se sentait désormais plus légère, plus rapide.
Des bruits de pas approchants la firent sursauter. Elle n'avait pas beaucoup de temps. Elle reprit sa course, cette fois plus agile et plus silencieuse, zigzaguant à travers les ruelles tortueuses du village. Son esprit était concentré sur une seule pensée : trouver un refuge, un endroit sûr où se cacher et échapper à ses poursuivants.
Le souffle court, Elena sentit la sueur perler sur son front, mais elle ne ralentit pas. La détermination brillait dans ses yeux. Elle savait qu'elle devait survivre, coûte que coûte. Les cris des pirates résonnaient toujours à distance, mais elle savait qu'elle avait gagné du terrain. Pour le moment, c'était tout ce qui comptait.
Elena se retrouva encerclée par des pirates fantômes, leurs silhouettes éthérées se détachant dans la pénombre, flottant légèrement au-dessus du sol. Leurs visages spectraux, déformés par des rictus maléfiques, la regardaient avec des yeux vides et scintillants, emplis d'une lueur sinistre.
Elena courut aussi vite que ses jambes pouvaient la porter, sa longue robe de mariée entravant ses mouvements, mais la peur lui donnait une énergie désespérée. Ses pieds nus frappaient le sol pavé alors qu'elle traversait les ruelles sombres, son souffle rapide et haletant. Elle sentait les regards des pirates fantômes la poursuivre, leurs rires sinistres résonnant à ses oreilles.
Arrivée au bord du port, elle espérait trouver un bateau, une barque, n'importe quoi pour s'échapper. Mais à sa grande horreur, il n'y avait plus aucun navire à quai. Même le bateau du capitaine Scarlet, autrefois ancré fièrement, avait disparu comme s'il n'avait jamais existé.
Les vagues s'écrasaient contre les quais déserts, leurs embruns froids fouettant le visage d'Elena. Elle jeta des regards affolés autour d'elle, cherchant désespérément une solution. La lune, haute dans le ciel, éclairait faiblement la scène de destruction et de chaos qui régnait derrière elle.
Soudain, un cri perçant retentit, brisant le silence de la nuit. Elena se tourna brusquement, ses yeux écarquillés de terreur. Les pirates fantômes s'approchaient rapidement, leurs silhouettes spectrales se découpant dans la lumière blafarde. Leurs visages déformés par des rictus cruels semblaient se réjouir de la peur palpable d'Elena.
Elle recula lentement, ses pieds nus rencontrant le bord du quai. Elle n'avait nulle part où fuir. Les cris des pirates fantômes se rapprochaient, leurs hurlements résonnant comme une sinistre mélodie de mort. Le cœur d'Elena battait à tout rompre, sa poitrine se soulevant et s'abaissant rapidement sous l'effet de la panique.
Les pirates fantômes formèrent un cercle autour d'elle, leurs épées spectrales brillant d'une lueur maléfique. Elena savait qu'elle était piégée. Elle ferma les yeux un instant, essayant de rassembler son courage, de trouver une solution, mais la peur était trop forte.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle vit un pirate fantôme s'avancer, une lueur de triomphe dans son regard vide. Elena sentit son corps trembler, ses jambes menaçant de céder sous elle. Elle recula encore d'un pas, sentant le vide derrière elle, les eaux froides et sombres du port prêtes à l'engloutir.
Elle tourna la tête et vit son village en ruines. Des incendies ravageaient les maisons, des flammes oranges et rouges léchaient les toits, illuminant la nuit d'une lueur apocalyptique. Des cris d'horreur et des appels à l'aide se mêlaient au crépitement des flammes, tandis que des colonnes de fumée s'élevaient vers le ciel obscurci. Partout, des débris jonchaient les rues, témoignant de la violence et de la destruction qui s'étaient abattues sur leur communauté paisible.
Son cœur se serra devant ce spectacle de désolation. Le village, autrefois plein de vie et de rires, n'était plus qu'un champ de ruines fumantes. Ses amis, sa famille, tous ceux qu'elle connaissait semblaient avoir disparu ou être en proie à l'horreur.
Elle reporta son attention sur les pirates fantômes qui l'encerclaient. Ils s'approchaient lentement, formant un cercle de plus en plus étroit autour d'elle. Leurs rires rauques et sinistres résonnaient dans l'air, glaçant le sang d'Elena. Elle pouvait sentir une froideur surnaturelle émaner d'eux, pénétrant jusqu'à ses os.
Leurs épées spectrales scintillaient faiblement dans la lueur des incendies, et leurs mouvements étaient fluides, presque hypnotiques. Elena sentait la peur monter en elle, paralysant ses membres, rendant sa respiration difficile. Ses jambes tremblaient, et elle dut se faire violence pour ne pas céder à la panique.
Elena se redressa du mieux qu'elle pouvait, essayant de rassembler ses pensées malgré la terreur. Elle ne pouvait pas laisser la peur la submerger, pas maintenant. Il fallait qu'elle trouve un moyen de s'en sortir, de fuir ces apparitions cauchemardesques et de survivre à cette nuit de chaos.
Elle lança un dernier regard désespéré autour d'elle, cherchant une issue, une échappatoire dans cet enfer. Mais les pirates fantômes resserraient leur cercle, et l'air se chargeait d'une tension palpable, comme si la mort elle-même l'enveloppait.
Soudain, Elena sentit une étrange chaleur émaner de son pendentif. La boussole qui y était attachée commença à briller d'une lueur rouge intense. Elle baissa les yeux, éblouie par cette lumière inattendue, et sentit une force mystérieuse se libérer de l'amulette.
La lumière rouge s'intensifia, irradiant autour d'elle comme un bouclier protecteur. Les pirates fantômes, surpris, reculèrent instinctivement, leurs visages tordus par la terreur. La lumière explosa soudainement en une onde de choc, propulsant les spectres loin de la jeune femme. Ils furent projetés dans toutes les directions, leurs cris perçants se mêlant au fracas des vagues.
Elena haleta, son cœur battant à tout rompre. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce qui venait de se passer. Une douleur fulgurante traversa son crâne. Elle sentit un coup violent à la tête, et le monde autour d'elle commença à vaciller. Ses jambes cédèrent sous elle, et elle s'effondra sur le sol pavé.
Le bruit des vagues et des cris des pirates s'estompa peu à peu, se fondant dans un silence assourdissant. La dernière chose qu'Elena vit avant de perdre connaissance fut le scintillement de la boussole rouge, brillant toujours d'une lumière intense, avant que l'obscurité totale ne l'engloutisse.
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Elena se réveilla lentement, ses paupières lourdes et ses muscles engourdis. Elle sentait son corps osciller doucement, bercé par un mouvement régulier. Elle se redressa avec précaution, s'asseyant sur le parquet froid et rugueux. En regardant autour d'elle, elle réalisa avec stupéfaction qu'elle se trouvait à bord d'un mystérieux bateau, ses voiles rouges flottant dans le vent.
La cabine où elle se trouvait était faiblement éclairée par une lampe à huile vacillante. Les murs étaient ornés de cartes maritimes anciennes et d'instruments de navigation. Elle pouvait entendre le léger craquement du bois et le murmure lointain des vagues contre la coque.
Elena se leva avec précaution, son regard balayant la pièce à la recherche d'indices sur sa situation. Elle remarqua une porte en bois à l'autre bout de la cabine et, prenant une profonde inspiration, elle s'avança lentement vers celle-ci, son cœur battant la chamade. Ouvrant la porte, elle fut accueillie par la vue impressionnante de l'océan s'étendant à perte de vue et le ciel parsemé d'étoiles brillantes. Le pont du navire était désert, mais elle pouvait sentir la présence d'équipage quelque part à proximité.
Confuse et anxieuse, Elena se demanda comment elle avait pu se retrouver ici.
— Vous êtes déjà réveillée, Elena ? demanda une voix mystérieuse avec curiosité.
Elena tourna sa tête en entendant un léger grincement au-dessus d'elle. À sa grande surprise, elle vit capitaine Scarlet, accrochée à une corde, descendant avec une élégance et une agilité déconcertantes. La femme pirate semblait parfaitement à l'aise, comme si chaque mouvement faisait partie d'une danse soigneusement chorégraphiée.
Elena resta figée, comme si elle venait de recevoir une douche glacée. Ses yeux s'écarquillèrent, et son souffle se fit court. Elle balaya le navire du regard, reconnaissant les détails sinistres et les symboles pirates gravés dans le bois. Non, cela ne pouvait pas être vrai. Elle ne pouvait pas être sur le navire de son ennemie. Elle sentit son cœur s'emballer, chaque battement résonnant dans ses oreilles, amplifiant sa panique.
Les bottes de Scarlet touchèrent le pont avec légèreté, et elle se redressa, un sourire narquois aux lèvres. Elle porta son regard sur Elena, qui la fixait, choquée et incrédule.
— Bienvenue à bord, princesse, dit Scarlet d'une voix douce, mais chargée d'ironie.
Elena, encore sous le choc, sentit ses jambes trembler légèrement. Elle prit une profonde inspiration, essayant de rassembler ses pensées.
— Q-Qu'est-ce que je fais ici ? demanda-t-elle, sa voix trahissant un mélange de confusion et de peur.
Scarlet haussa un sourcil, son sourire s'élargissant.
— Vous avez beaucoup de questions, je vois. Mais ne vous inquiétez pas, toutes trouveront leurs réponses en temps voulu. Pour l'instant, contentez-vous de profiter de la vue...chuchota-t-elle joyeusement, en respirant l'air de l'océan.
Elena jeta un regard furtif autour d'elle, réalisant l'immensité de l'océan s'étendant tout autour du navire. Elle se tourna à nouveau vers capitaine Scarlet, cherchant des réponses dans ses yeux.
— Pourquoi moi ? Nous étions sensées être enemie ! Pourquoi m'avez-vous sauvé villaine pirate ! murmura-t-elle d'un ton colérique, plus pour elle-même que pour la pirate.
Scarlet s'approcha, son regard devenant plus sérieux.
— Car ma chère Elena, rappellez-vous que je vous ai sauvée d'un génocide imminent de ton peuple. Maintenant, votre famille prétendue a été totalement effacée de l'existence...dit-elle calmement, en soupirant de manière embêtée.
Elena demeurait perplexe quant aux motivations derrière le geste de sauvetage du capitaine Scarlet. Après tout, elles étaient ennemies. Pourquoi donc cette intervention ?
Elena se dirigea lentement vers le bord du navire, déposant ses mains sur le bastingage de bois rugueux. Son regard se perdit dans l'horizon infini de l'océan, son expression empreinte de tristesse et de mélancolie. Les vagues scintillaient sous le doux éclat du soleil couchant, mais pour elle, chaque mouvement de l'eau semblait porter le poids de son chagrin.
Elle ressentait le vaste océan comme un miroir de son propre tumulte intérieur. Les reflets dorés dansaient à la surface, mais son esprit était assombri par les tourments de sa situation. Elle se sentait prisonnière de son destin, ballottée par les vagues de l'incertitude.
Le vent caressait doucement son visage, lui apportant une brise salée chargée d'émotions. Elle ferma les yeux un instant, laissant ses pensées voguer avec les flots, espérant trouver un semblant de réconfort dans cette immensité marine.
Capitaine Scarlet observa Elena avec une expression mêlée de confusion et de curiosité. Elle laissa échapper un soupir, puis se dirigea vers elle d'un pas décidé. Ses yeux, habituellement durs et déterminés, semblaient maintenant teinter d'une lueur d'interrogation.
Elle s'approcha silencieusement, son allure empreinte d'une étrange gravité. Le vent jouait avec les mèches rebelles de ses cheveux, tandis que ses pas résonnaient légèrement sur le pont du navire. Son regard scrutait celui d'Elena, cherchant à percer le mystère qui semblait l'entourer.
À côté d'Elena, elle s'immobilisa un instant, laissant planer un silence chargé d'attente. Puis, d'une voix empreinte de sincérité, elle rompit le mutisme qui pesait sur eux.
— Aimiez-vous sincèrement Mickael Dubois ? demanda-t-elle calmement, en fixant l'océan.
Elena laissa échapper un rire nerveux, une réaction instinctive face à la tension qui pesait sur eux. Elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille avec un geste distrait, puis laissa échapper un soupir empreint de tristesse.
— J'étais prête à sacrifier ma vie pour lui. Même si notre mariage était arrangé, j'étais heureuse dans ma vie parfaite ! J'aimais profondément ce mode de vie, celui d'une parfaite Lady... Mais maintenant, je n'ai plus de père, ni de peuple, plus de maison, plus rien ! Je suis perdue, je ne sais pas quoi faire à présent...murmura-t-elle douloureusement, en séchant soigneusement les larmes coulant à nouveau sur ces joux.
Capitaine Scarlet hocha la tête en comprenant parfaitement Elena. Elle leva sa main vers le ciel, arborant un doux sourire avant de la poser sur sa poitrine avec un regard empreint de douceur. Elena fut surprise de voir cette facette du capitaine et fixa curieusement la jeune femme pirate.
— Je vous comprends, j'ai été dans votre situation autrefois. Déterminée à placer le bonheur des autres avant le mien. Après tout, en tant que capitaine d'un équipage, je considérais mes anciens marins comme ma véritable famille...répondit-elle amèrement, son regard se perdant à nouveau, dans l'étendue infinie de l'océan bleu.
Elena tourna légèrement la tête pour fixer capitaine Scarlet d'un regard confiant avant de soupirer. Curieuse d'en apprendre un peu plus sur cette pirate légendaire, elle esquissa un sourire surnois.
— Quel âge avez-vous capitaine ? demanda-t-elle poliment, en ricanant silencieusement.
Capitaine Scarlet sursauta à cette question indiscrète, lançant un regard noir à Elena. Elle donna ensuite un coup de coude à Elena en grimaçant des dents.
— J'ai tenté de vous réconforter et tout ce qui vous préoccupe est de connaître mon âge ? s'écria-t-elle furieusement, sentant ses joues rougir.
Elena rigola légèrement en se grattant la joue avec un regard nerveux. Capitaine Scarlet soupira et leva les yeux au ciel, se sentant vaincue. Elle cacha son visage dans ses mains et murmura son âge.
— J'ai vingt-deux ans...chuchota-t-elle d'un ton lugubre, en affichant un regard neutre à Elena.
Elena laissa échapper un hoquet de surprise, sa main devant sa bouche, avant de se mettre à rire. Capitaine Scarlet lança un regard noir à Elena avant de soupirer. Elena s'essuya les larmes de joie avant de poser sa tête sur le rebord en soufflant. Puis, elle redressa la tête, souriant à capitaine Scarlet.
— Nous avions cinq ans d'écarts ! C'est impressionnant...avoua-t-elle sur le choque, en fixant à nouveau l'océan.
Scarlet hocha la tête, en observant à son tour la beauté de l'eau. Les deux femmes restèrent silencieuses, contemplant le magnifique paysage, avant qu'Elena ne soupire tristement.
— Je suis désolée...
— Pourquoi donc princesse ?
Elena baissa lentement la tête, fixant le bord du navire du bout des doigts, jouant distraitement avec une mèche de ses cheveux.
— Vous aviez raison depuis le début, j'avais tort dès le départ. Vous m'avez mis en garde, mais j'ai préféré suivre mes propres idées, pensant que vous étiez simplement farfelue, s'exclame-t-elle calmement, ses joues rougissant de honte alors qu'elle espère que capitaine Scarlet ne l'abandonnera pas.
Capitaine Scarlet sourit, inspirant profondément l'air frais de l'océan, puis s'éloigna du bord pour jeter un dernier regard vers la jeune bourgeoise.
— J'ai toujours raison, princesse. Excuse acceptée.
Elena se releva et se tourna rapidement, seulement pour réaliser que capitaine Scarlet avait disparu. Elle balaya du regard son environnement avant de se diriger vers la proue du navire, où elle observa la beauté de l'océan. Le vent caressait ses cheveux, et Elena se rendit compte qu'elle n'avait jamais contemplé un paysage aussi magnifique depuis sa naissance.
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