Chapitre 36 : Mon enemi juré !

La nuit enveloppait la ville portuaire de son voile étoilé, et le calme contrastait avec l'agitation de la journée. Sur le pont du navire, Elena frottait vigoureusement le bois, concentrée sur son travail. Non loin d'elle, Capitaine Scarlet se tenait à la proue, le regard perdu dans l'horizon nocturne. Elle s'avança vers sa demi-sœur et, d'une voix sereine, lui déclara :

- J'aimerais visiter la ville ce soir, maintenant que je suis enfin libre de cette maudite malédiction.

Elena hocha la tête, souriant doucement tout en continuant de nettoyer.

- Faites attention, Isabelle. Les rues ne sont pas toujours sûres la nuit.Sa voix était douce, presque maternelle, mais elle savait que sa demi-sœur était plus que capable de se défendre.

Capitaine Scarlet sauta du navire avec agilité, ses bottes atterrissant en silence sur le sol pavé du port. Elle se redressa, ajustant son chapeau avec grâce avant de marcher vers les marchés nocturnes, là où les derniers marchands continuaient à vendre leurs trésors sous la lumière des lanternes. À chaque pas, son allure imposante et gracieuse attirait des regards curieux. Son visage, pourtant détendu, restait empreint de la froideur caractéristique des pirates, une froideur mêlée à une confiance désarmante.

Elle se passa une main dans les cheveux, les balançant en arrière avec une élégance naturelle.

- Au moins, quelque chose de bon a émergé de mon enfance parmi les riches...Ces fichues bonnes manières, murmura-t-elle pour elle-même, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.

S'arrêtant devant un stand de bijoux, ses yeux brillants examinèrent les pièces d'une grande finesse. Des colliers en or, des bagues serties de pierres précieuses, chaque objet scintillait sous les lanternes. Scarlet plissa légèrement les yeux, pensant à Elena. Elle chercha du regard un objet qui pourrait plaire à sa demi-sœur, quelque chose qui marquerait ce moment où elles avaient enfin vaincu une partie de leur destin.

Mais soudain, son instinct de pirate prit le dessus. Elle s'immobilisa, sentant une présence dans son dos. Une ombre furtive venait de glisser derrière elle. Puis, une voix basse, à peine un murmure, résonna près de son oreille :

- Capitaine Scarlet...

Elle se retourna brusquement, le regard dur et méfiant, scrutant la rue déserte. Il n'y avait personne, juste le silence pesant de la nuit. Ses doigts se resserrèrent autour du manche de son sabre, qu'elle dégaina d'un mouvement fluide, prête à réagir au moindre danger.

- Qui va là ? cria-t-elle, sa voix résonnant dans la rue silencieuse.

Mais aucune réponse ne vint. Seul le bruit du vent caressant les étals désertés lui répondit.

Scarlet, les yeux plissés, balaya la zone du regard une dernière fois avant de décider de continuer son chemin. Abandonnant l'idée de rester devant le stand de bijoux, elle se redressa, son sabre toujours en main, prête à toute éventualité.

- Ce n'est pas le moment pour des jeux d'ombres, murmura-t-elle avec mépris.

Ses pas reprirent leur cadence mesurée, mais son esprit restait en alerte.

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Capitaine Scarlet avançait lentement jusqu'au bord d'une falaise escarpée, ses bottes frottant doucement contre le sol rocailleux. Devant elle, l'immensité de l'océan s'étendait à perte de vue, scintillant sous le clair de lune. Chaque vague semblait attraper la lumière argentée, créant un spectacle envoûtant. Elle s'arrêta, posant les mains contre sa poitrine, son cœur battant plus fort, non à cause d'une bataille ou d'un combat, mais de la beauté brute du monde naturel qui s'offrait à elle. Un sourire sincère se dessina sur ses lèvres, un de ceux qu'elle n'avait pas affiché depuis longtemps.

- Cela fait si longtemps que je n'ai pas vu une telle beauté...murmura-t-elle pour elle-même, sa voix à peine audible, presque emportée par le vent frais de la mer.

Les rafales de vent firent virevolter ses longs cheveux sombres autour d'elle, comme si même les éléments voulaient la saluer. Elle leva une main pour remettre une mèche rebelle derrière son oreille, avant de s'asseoir doucement sur le bord de la falaise. Les genoux pliés, elle laissa tomber sa tête sur ses jambes, regardant avec une intensité silencieuse l'horizon lointain. Le souffle du vent, la douce mélodie des vagues qui s'écrasaient contre les rochers en contrebas, tout semblait étrangement paisible, un contraste avec le tumulte de sa vie.

Elle soupira, un soupir lourd de réflexions et d'incertitudes, avant de murmurer à voix basse, presque comme une confession à elle-même :

- Bientôt la fin...Bientôt, je serai définitivement libre...

Pourtant, une ombre passait dans ses pensées, une inquiétude sourde qu'elle n'arrivait pas à nommer.

- Quelque chose me dérange, murmura-t-elle en serrant ses bras autour de ses genoux. Mais quoi ? Pourquoi suis-je devenue plus sensible aux émotions depuis que ma malédiction a été levée ?

Son regard se perdit dans l'océan, les vagues reflétant les fragments d'une vie passée, des souvenirs enfouis. Elle repensa à la malédiction qui l'avait liée, cette force sombre qui avait alimenté son ambition, sa froideur, et sa réputation impitoyable. Depuis qu'elle en était libérée, c'était comme si ses émotions refoulées s'étaient engouffrées à nouveau dans son cœur, la rendant plus vulnérable, plus humaine.

Son esprit se brouilla de ces souvenirs, l'amertume et la nostalgie s'entremêlant. Ses mains crispées sur ses jambes tremblèrent légèrement alors qu'elle regardait à nouveau l'océan. La mer, vaste et mystérieuse, semblait presque lui offrir des réponses qu'elle ne pouvait encore déchiffrer.

- Pourquoi suis-je comme ça maintenant ? demanda-t-elle, non pas à quelqu'un, mais à elle-même, espérant peut-être que la mer lui murmurerait une réponse.

Le vent continuait de souffler, plus doux cette fois, caressant sa peau comme une promesse. Capitaine Scarlet savait que la fin approchait, la confrontation finale avec Alaric Brumenoire et ses ennemis. Mais elle sentait aussi que, même si la bataille serait rude, la guerre la plus difficile serait celle contre ses propres émotions, contre son propre passé.

Elle resta là, immobile, laissant le temps s'écouler, avec une seule certitude en tête : sa quête touchait à sa fin, mais son cœur, lui, était loin d'être apaisé.

Elle se rappela de son enfance, des premiers moments qui avaient forgé son destin. Le jour où elle avait juré de devenir pirate.

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Le lendemain de ses dix-huit ans, Isabelle, encore grisée par la récente attaque réussie contre l'île de Mickael Dubois, se sentait plus vivante que jamais. Assise sur le pont du navire du capitaine Alaric Brumenoire, elle contemplait l'horizon, savourant la sensation de liberté que lui procurait la mer infinie. Le soleil brillait haut dans le ciel, faisant scintiller les vagues comme des diamants éphémères. Elle savait qu'Alaric, son mentor, évitait la lumière du jour, préférant l'ombre réconfortante de sa cabine.

Isabelle se redressa, une pensée soudain traversant son esprit. Un sourire joueur étira ses lèvres.

- J'ai complètement oublié de lui parler de cette carte étrange que j'ai trouvée dans le manoir de Mickael ! murmura-t-elle pour elle-même.

Elle sortit la vieille carte de sa poche, ses doigts glissant délicatement sur le papier usé par le temps. Ses yeux parcoururent les mots écrits à la main, et un frisson d'excitation monta en elle.

- Triangle des Bermudes ? lut-elle à voix basse, ses sourcils se fronçant d'un mélange d'intrigue et de curiosité. La légende raconte que trois clés renferment un trésor...Et le fameux mystère du Triangle des Bermudes !

Elle ne put s'empêcher de sourire de plus belle. La perspective d'une nouvelle aventure, d'un trésor caché, allumait une flamme dans son cœur. Sa soif d'explorer, d'accomplir des exploits au-delà de tout ce qu'elle avait déjà vécu, était insatiable.

Pleine d'enthousiasme, Isabelle se leva d'un bond et décida d'aller voir Alaric. Il devait savoir ! Si quelqu'un pouvait l'aider à déchiffrer cette carte, c'était bien lui, son mentor, celui qui lui avait tout appris. Tout sourire, elle dévala les quelques marches du pont en direction de la cabine du capitaine.

Arrivée devant la porte de bois sombre, elle leva la main pour frapper, mais ses doigts s'arrêtèrent juste avant de toucher la surface rugueuse. Une voix basse et grave s'échappait de l'intérieur, suivie d'un murmure plus indistinct. Isabelle fronça les sourcils et colla son oreille contre la porte.

C'était Alaric qui parlait, mais il n'était pas seul. Un autre homme se trouvait là, sans doute l'un de ses matelots de confiance. Isabelle, malgré elle, tendit un peu plus l'oreille, curieuse. Elle n'avait jamais entendu le capitaine parler de cette manière, avec une telle tension dans la voix.

Isabelle, derrière la porte, écoutait attentivement chaque mot échangé entre le capitaine Alaric Brumenoire et le matelot. Son cœur battait de plus en plus vite, une tension croissante dans l'air. Lorsque le matelot prononça les mots "Isabelle est la véritable fille d'Élisabeth et votre ennemi," elle se figea. Son esprit s'embrouilla sous le choc, et elle fronça les sourcils, cherchant un sens à cette révélation.

- Q-Quoi...? Alaric murmura, stupéfait. Cela veut dire qu'Isabelle possède peut-être les bagues... ?

Ces mots résonnèrent dans l'esprit d'Isabelle. Pourquoi parlaient-ils de sa mère décédée, et pourquoi Alaric semblait-il soudainement si intéressé ? Elle serra les poings, essayant de maîtriser sa respiration, mais son corps tremblait de colère. Le matelot, lui, insista, sa voix s'élevant avec une urgence à peine contenue.

- Alors, vous allez la forcer à parler, peut-être même la torturer ? demanda-t-il.

Un silence pesant suivit, brisé par un soupir du capitaine fantôme.

- Je ne peux pas...Je l'ai toujours considérée comme ma fille, dit Alaric d'une voix rauque, marquée par un conflit intérieur.

Le matelot ne s'arrêta pas là.

- Capitaine, vous n'avez que sept ans d'écart avec elle ! s'écria-t-il, presque avec exaspération.

Alaric acquiesça, d'un ton pensif.

- Je le sais très bien moussaillon...Quand je l'ai recueillie, je sentais déjà quelque chose de magique en elle. À l'origine, je comptais l'utiliser pour mes propres desseins...Mais au fil du temps, je me suis attaché à elle, affirma-t-il doucement, en mettant une main sur le front.

- Alors, vous allez la laisser seule sortir ?

Le capitaine fantôme releva la tête, en murmurant,

- Bien sûr, que non, avant tout, je souhaite détruire les maudites alliances ! Je parlerais moi-même à Isabelle, pour qu'elle puisse cracher la vérité.

- Ce n'est tellement pas sournois...Je vous connaissais mieux que ça capitaine !

À ces mots, Isabelle sentit son monde s'effondrer. La trahison lui arracha un cri silencieux, les larmes roulant maintenant sur ses joues. Alaric, celui qu'elle avait vu comme un mentor, presque comme un père, ne l'avait accueillie que pour la manipuler. Chaque moment partagé avec lui, chaque geste de gentillesse, tout semblait désormais empoisonné par ce mensonge.

Les larmes brouillant sa vision, elle serra la carte qu'elle tenait, la froissant dans sa poigne tremblante. Elle recula doucement, le cœur en morceaux.

- Et dire que je vous aimais maudit capitaine, murmura-t-elle froidement, sa voix tremblante de rage et de tristesse. Sans perdre une seconde de plus, elle tourna les talons et s'éloigna furtivement dans les couloirs du navire.

Isabelle se dirigea rapidement vers une salle secrète, un endroit que seuls elle et Alaric connaissaient. À chaque pas, la colère pulsait dans ses veines, alimentée par la trahison qu'elle venait de découvrir. Elle se cacha brièvement derrière un tonneau, attendant que les pirates fantômes qui montaient la garde s'éloignent. Une fois le chemin dégagé, elle se précipita vers une grotte dissimulée au fond du navire, là où se trouvait l'objet de sa convoitise.

Elle atteignit rapidement une lourde porte en bois, presque dissimulée dans l'obscurité. Sans hésitation, elle l'ouvrit avec précaution, dévoilant la petite pièce. Au centre, sur un piédestal, se trouvait la boussole magique d'Alaric Brumenoire. Celle-là même qui, selon ses paroles, était "capitale pour sa survie".

Un sourire amer déforma les lèvres d'Isabelle. Elle s'avança, ses larmes inondant encore son visage, et attrapa la boussole.

- Sale traître...murmura-t-elle entre ses dents. Tu penses peut-être que je suis ta soi-disant fille, mais moi...Je ne t'ai jamais vu ainsi ! Sa voix se brisa sous le poids de la douleur et de la rage, et dans un geste de défi, elle arracha brutalement la boussole de son socle.

Mais aussitôt, une sensation étrange l'envahit. Isabelle tomba à genoux, la tête lui tournant. Son corps, d'abord engourdi, se mit à changer sous ses yeux horrifiés. Ses yeux, autrefois lumineux, virèrent au rouge profond. Sa peau semblait s'assombrir, et un froid glacial se répandit dans ses veines. Elle regarda autour d'elle, le souffle coupé, tentant de comprendre ce qu'il lui arrivait.

- Qu-Quoi ? murmura-t-elle, sa voix plus rauque.

Elle leva la boussole devant ses yeux tremblants, comprenant enfin.

- La boussole est maudite, il est maudit...Et maintenant moi aussi, réalisa-t-elle avec horreur.

Elle venait de libérer un pouvoir qu'elle ne comprenait pas entièrement, mais une chose était certaine : elle était désormais liée à Alaric Brumenoire par cette malédiction.

La haine bouillonna à nouveau en elle, brûlant plus fort que jamais. Elle serra la boussole contre sa poitrine, une lueur froide dans ses yeux rouges.

- Maudit soit-il...murmura-t-elle, jurant de trouver un moyen de le détruire.

Elle se releva péniblement, prête à affronter son ancien capitaine. Mais une part d'elle savait qu'il ne serait plus question de pitié ou de compassion. Elle n'était plus la jeune femme naïve qu'il avait manipulée.

Isabelle, le souffle court, entendit les cris des pirates fantômes derrière elle. Le bruit de la bataille, le choc métallique des sabres contre le bois du navire, avait attiré leur attention. Leurs visages marqués par la mort apparurent dans l'encadrement de la porte, leurs yeux se plissant de colère.

- Sale traîtresse ! hurla l'un d'eux, en dégainant son arme.

Sans une once d'hésitation, Isabelle se redressa, la boussole serrée dans sa main. Ses yeux rouges flamboyaient de rage. Elle fonça sur les pirates, son sabre brillant sous la faible lueur des lanternes. Chaque coup porté était empli de fureur, sa technique précise, mais sauvage. Elle ne combattait plus comme avant. La malédiction qui pesait sur elle lui avait donné une force nouvelle, une brutalité à la fois terrifiante et implacable.

Les pirates tombèrent les uns après les autres, traversés par la lame de la jeune femme, laissant derrière eux des volutes de fumée, tandis que leurs formes fantomatiques disparaissaient dans les ténèbres. Une fois le dernier d'entre eux vaincu, Isabelle reprit son souffle, sa poitrine se soulevant violemment. Elle sortit de la pièce, ses pas lourds résonnant sur le pont du navire. Mais en levant les yeux, elle se figea.

Face à elle, se tenait le capitaine Alaric Brumenoire. Son visage, habituellement impassible, était marqué par le choc et l'incompréhension.

- I-Isabelle ? murmura-t-il, les yeux écarquillés. Regarde tes yeux !

Isabelle serra son sabre avec force, ses sourcils se fronçant sous l'effet de la colère.

- Tu n'avais pas besoin de me mentir sur tes véritables plans, imposteur ! rugit-elle, avant de charger furieusement vers lui. Mais avant qu'elle n'atteigne Alaric, plusieurs pirates fantômes surgirent pour la bloquer. Elle grimaça, jetant un regard noir au capitaine.

- POURQUOI M'AVOIR MENTI ! hurla-t-elle, la voix déchirée par la douleur et la trahison.

Alaric, sentant la colère monter en lui, répondit avec une voix tonitruante :

- Pourquoi m'avoir trahi ? Je t'ai élevée pendant trois ans, je t'ai acceptée dans mon équipage, soignée, logée, et considérée comme ma fille !

Les yeux d'Isabelle, désormais écarlates, se figèrent dans un froid intense. Elle sortit lentement la boussole de sa poche et la leva devant elle.

- Oh, donc tu voulais gagner ma confiance, hein ? Tu pensais que je n'allais pas découvrir que tu voulais me trahir en premier ? répondit-elle avec une amertume palpable.

Alaric éleva la voix, une lueur de désespoir dans son regard.

- Ce n'est pas toi, Isabelle ! Tu es sous l'influence de la malédiction !

Elle l'ignora, serrant encore plus fort la boussole dans sa main, son regard flamboyant de haine.

- Toi, tu n'es un monstre, Alaric. Et dire que je te considérais...Elle marqua une pause, son visage se tordant de douleur. Comme un amant, et non comme un père !? hurla-t-elle finalement.

Le capitaine fantôme resta figé sous le choc. Mais avant qu'il ne puisse répondre, le navire commença à trembler violemment. L'eau autour du bâtiment formait un tourbillon gigantesque, tirant lentement le navire vers les profondeurs.

- Q-Qu'est-ce que...? s'étrangla Alaric en observant l'eau déchaînée qui les entourait.

Isabelle fixa l'horizon froidement, comprenant que les effets de la malédiction étaient en marche.

- C'est fini pour toi, pirate fantôme, murmura-t-elle. Ta malédiction est levée, et tu es condamné à sombrer définitivement, s'exclama-t-elle en rigolant.

Elle donna un coup de pied à l'un des pirates fantômes encore à terre et, d'un geste vif, elle attrapa une corde suspendue pour s'élancer au-dessus du chaos.

- À jamais, malfaiteur ! déclara-t-elle d'une voix ferme, avant de plonger dans l'eau glacée, un sourire malicieux étirant ses lèvres. Et à partir de maintenant, ce n'est plus Isabelle pour toi. C'est capitaine Scarlet ! J'ai la boussole, donc je suis désormais la légende des mers.

Le regard d'Alaric se remplit de rage alors que son navire était lentement avalé par le tourbillon. Il tomba à genoux sur le pont, ses poings frappant le sol de désespoir.

- JE ME VENGERAI, SCARLET ! cria-t-il de toutes ses forces. JE TE POURCHASSERAI JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE !?

Mais ses paroles furent noyées par le fracas des vagues qui engloutissaient son navire, l'entraînant dans les profondeurs de l'océan avec lui et son équipage fantôme.

Isabelle, ou plutôt Scarlet, émergea à la surface de l'eau glacée. Ses cheveux dégoulinant d'eau salée, elle nagea vers une petite île visible au loin. Une fois sur la plage, elle s'effondra sur le sable, épuisée. Ses mains tremblaient en séchant ses cheveux, et ses yeux tombèrent sur la boussole. Une larme solitaire glissa sur sa joue.

Elle accrocha la boussole autour de son cou, son cœur encore lourd de la trahison récente.

- Je n'avais pas le choix...murmura-t-elle dans un souffle. Je préfère être maudite que de vivre à nouveau dans le mensonge, dit-elle sèchement avec aucun regret.

Un vent frais souffla doucement, apportant une vague de calme. Scarlet leva les yeux vers le ciel, sentant l'air froid sur sa peau, et soupira, le poids de son nouveau destin reposant sur ses épaules.

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Capitaine Scarlet ouvrit doucement les yeux, les paupières lourdes et l'esprit embrouillé. Elle se redressa lentement, sentant l'air frais de la nuit lui caresser le visage. Autour d'elle, la vallée silencieuse s'étendait à perte de vue, baignée par la lueur éclatante de la pleine lune. Elle inspira profondément, puis murmura d'une voix faible :

- Donc...C'était un rêve ?

Ses doigts glissèrent doucement sur son visage, comme pour vérifier si ce qu'elle venait de vivre était réel ou une simple illusion. Mais alors qu'elle sentit la chaleur de ses joues humides sous ses doigts, son cœur se serra. Ce n'était pas un rêve, mais un souvenir, aussi vif et douloureux qu'au premier jour. Elle soupira longuement, se laissant tomber en arrière, ses yeux tournés vers le ciel nocturne.

- Ou plutôt...U-Un mauvais souvenir...murmura-t-elle tristement.

La lune, pleine et immuable, éclairait son visage, révélant des larmes qui, pour la première fois depuis des années, coulaient librement. Des larmes qu'elle avait trop longtemps retenues, croyant que l'armure qu'elle s'était forgée la protégerait des blessures du passé. Mais cette nuit-là, seule sous la lumière froide des étoiles, elle ne pouvait plus contenir ce flot d'émotions.«

- J-Je suis désolée...murmura-t-elle, la voix tremblante.

Elle serra ses genoux contre sa poitrine, son visage caché dans ses bras, tandis que les larmes continuaient de rouler sur ses joues.

- Si je n'avais pas été si immature, rien de tout cela ne serait arrivé !

Les souvenirs de sa trahison, des choix qu'elle avait faits par orgueil, par colère, lui revenaient en vagues douloureuses. L'image d'Alaric, le choc dans ses yeux, ses paroles criées en vain contre la tempête, résonnait dans son esprit. Elle s'était convaincue pendant des années que tout était nécessaire, que tout ce qu'elle avait fait était justifié. Mais ce soir, face à ses propres regrets, elle comprenait enfin l'étendue de ses erreurs.

Elle essaya de sécher ses larmes d'un geste rapide, essuyant son visage avec le revers de sa main, mais c'était inutile. Les larmes ne faisaient que couler davantage, comme si des années de douleur refoulée s'étaient enfin libérées, incontrôlables. Scarlet, la légendaire pirate, la femme forte et impassible que tout le monde connaissait, se retrouvait vulnérable, brisée par le poids de ses choix passés.

Capitaine Scarlet essuya finalement ses larmes, prenant une longue inspiration. Alors qu'elle se redressait, elle sentit quelque chose d'étrange mais familier : l'océan, en contrebas, semblait bouger en harmonie avec ses émotions. Comme une étreinte invisible, il tentait de la réconforter, ses vagues montant doucement pour effleurer son corps, l'entourant de leur fraîcheur. Elle avait presque oublié cette connexion profonde qu'elle entretenait avec l'eau, depuis que la malédiction l'avait touchée.

Les yeux baissés vers la mer, Scarlet esquissa un sourire triste et caressa délicatement la surface de l'eau de sa main, comme si elle tentait d'apaiser l'océan autant qu'il apaisait son cœur.

- Ce n'est rien, murmura-t-elle, la voix douce mais chargée d'émotions. Juste une erreur du passé...Une erreur qui m'a menée ici.

Elle releva la tête vers le ciel, ses cheveux se balançant doucement devant son visage, poussés par le vent. Les étoiles, scintillantes, semblaient veiller sur elle, comme des témoins silencieux de son voyage. Un sourire, bien que tremblant, étira ses lèvres alors qu'elle contemplait leur éclat.

- Un jour, chuchota-t-elle, presque comme une promesse, un jour je serai enfin libre de ce fardeau !

Les larmes montèrent à nouveau dans ses yeux, mais cette fois, elles étaient accompagnées d'une étrange paix. Une sorte de résolution, un apaisement face à son destin. Elle baissa les yeux, regardant son propre reflet dans l'eau, et dans un murmure, comme pour s'adresser à une ombre du passé, elle prononça :

- Pardon, Alaric Brumenoire... Mais je dois accomplir ma destinée.

Le ton était doux, mais déterminé. Elle savait ce qui devait être fait. Scarlet serra la poignée de son sabre, le levant pour désigner l'océan devant elle, ses yeux brillants d'une intensité nouvelle, d'un mauve profond, presque mystique.

- Notre combat n'est pas terminé, Alaric. Je t'enverrai toi et tes sbires dans le Triangle des Bermudes, là où tu n'auras plus d'échappatoire. Une fois pour toutes.

Comme pour répondre à cette promesse, l'océan se mit à bouger à nouveau, avec une douceur inédite, une vague venant soulever légèrement son chapeau. Elle se mit à rire doucement, un rire cristallin, presque libérateur, sentant l'eau jouer avec elle, comme pour la taquiner. Le lien qu'elle avait avec les éléments semblait la comprendre mieux que quiconque, et dans ce moment intime entre elle et la mer, Scarlet trouva une nouvelle force.

Les yeux encore brillants de larmes mêlées de résignation et de détermination, elle fit glisser son sabre dans son fourreau avec soin. Elle observa un moment la mer qui s'étendait devant elle, comme une amante fidèle mais capricieuse. Elle ne pouvait nier les sentiments confus qui bouillonnaient encore en elle.

- J'ai peut-être des sentiments pour toi, murmura-t-elle doucement, sa voix se perdant dans le vent marin.

D'un geste assuré, elle rejeta ses longs cheveux en arrière, un sourire taquin étirant ses lèvres. Ses yeux s'illuminèrent d'une lueur malicieuse, celle de la femme pirate invincible qu'elle était toujours. Elle se tourna finalement, ses bottes frappant la roche sous ses pieds, et d'un ton moqueur, elle laissa échapper une réplique pleine d'ironie :

- Désolé, mon amour, mais il ne peut pas y avoir deux rois des océans sur le même territoire !

Son sourire s'élargit, prenant des allures de défi. Elle était la reine des océans, libre et indomptable. Tout ce qu'elle avait traversé, toutes les trahisons et les blessures, n'avaient fait que la renforcer.

Avec une confiance renouvelée, elle fit demi-tour, s'éloignant de la falaise où elle avait laissé ses doutes et ses regrets. Ses pas, décidés, la menaient vers son vaisseau, son royaume flottant. Elle sentait une nouvelle foi naître en elle, une énergie fraîche et indomptable. Chaque pas résonnait comme une promesse, celle de conquérir son destin, de vaincre les ombres du passé et d'embrasser pleinement son rôle.

Le vent soufflait toujours autour d'elle, accompagnant sa marche vers le port. Ses cheveux flottaient dans l'air, son regard fixé droit devant, là où l'attendait son équipage, son navire, et sa destinée.

Elle était la reine des océans, et rien ni personne ne pourrait l'arrêter.

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Capitaine Scarlet avançait tranquillement dans les rues désertes du marché, son pas léger résonnant contre les pavés. Autour d'elle, les étals autrefois animés étaient à présent fermés et vides, laissant place à une quiétude presque apaisante. Elle inspira profondément l'air frais de la nuit, le goût salé de l'océan toujours présent, en murmurant pour elle-même, presque comme une prière :

- Et dire que mes parents ont bâti cet endroit avec leurs compagnons...

Un sourire joyeux illumina soudain son visage, et dans un élan spontané de bonheur, elle tourna sur elle-même, ses bras ouverts à la brise. Ses cheveux volèrent autour d'elle tandis qu'elle ajoutait, avec un éclat de défi dans les yeux :

- Même si je ne les ai jamais connus, je n'ai pas perdu une seule seconde à les venger !

Son visage s'assombrit alors, son sourire devenant plus cruel. Une lueur de fureur et de malice traversa son regard tandis qu'un rire sombre s'échappa de ses lèvres, résonnant comme celui d'un véritable pirate :

- Maudit pirate fantôme...Mon maudit pirate fantôme, je te tuerai de mes propres mains !

Elle éclata de rire, son rire rauque s'élevant dans la nuit calme, résonnant comme une promesse sinistre. Puis, elle reprit sa marche, apercevant au loin la silhouette d'Elena, sa demi-sœur, en pleine discussion avec les marins sur le navire. Un doux sourire remplaça l'ombre de sa cruauté, son cœur se réchauffant à l'idée qu'elle n'était pas complètement seule dans cette bataille.

- Heureusement que j'ai quelqu'un de ma famille avec moi...murmura-t-elle, ses yeux fixés sur Elena, remplis d'une tendresse rare.

Quand elle atteignit enfin son navire, son royaume flottant, elle caressa doucement le bois du pont, ses doigts glissant sur les veines usées du bois. Elle s'arrêta un instant, réfléchissant, avant de murmurer à mi-voix, comme si elle parlait au vaisseau lui-même :

- Je devrais peut-être te donner un nom, mon fidèle compagnon... Que dirais-tu de...Red Dragon ?

Elle recula d'un pas pour admirer son navire, un sourire fier sur les lèvres. Ce nom lui semblait puissant, digne du vaisseau qui l'accompagnerait dans cette ultime bataille. Le vent souffla doucement sur elle, comme une approbation silencieuse de l'océan lui-même.

Capitaine Scarlet était perdue dans ses pensées, les yeux fixés sur l'horizon sombre où l'océan et le ciel semblaient se fondre en une seule masse noire, illuminée par le reflet argenté de la lune. Le doux bruissement des vagues la berçait, et dans cet instant de calme, elle sentait une étrange paix l'envahir malgré les tempêtes à venir. Elle effleura une dernière fois la rambarde du Red Dragon, son regard empli de douceur.

Soudain, la voix familière et rassurante d'Elena la tira de ses pensées.

- Scarlet, le dîner est prêt !

Scarlet leva les yeux et aperçut sa demi-sœur à quelques pas, un sourire chaleureux illuminant son visage sous les étoiles. Un léger vent nocturne fit onduler les cheveux d'Elena, tandis que la lumière des lanternes du navire ajoutait un éclat doré à la scène.

Scarlet, touchée par cette simplicité fraternelle au milieu des plans et des batailles, lui répondit avec un sourire tendre :

- J'arrive, Elena.

Elle se tourna une dernière fois vers l'océan, son regard doux fixé sur l'immensité devant elle. Le vent marin caressait son visage comme une promesse silencieuse. Murmurant pour elle-même, presque en prière, elle dit d'une voix basse mais déterminée :

- La bataille finale arrive bientôt...

Avec cette pensée en tête, elle prit une grande inspiration, prête à affronter ce qui viendrait. Puis, avec grâce et force, elle monta sur son vaisseau, laissant derrière elle les mystères de la mer, et rejoignant sa sœur pour partager un moment de répit avant la tempête qui approchait.

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Sous la douce lumière des lanternes qui balançaient doucement au gré du vent marin, Elena tendit une assiette à sa demi-sœur. La nuit, paisible et étoilée, semblait offrir un bref répit avant les tempêtes à venir. Capitaine Scarlet, assise à la table modeste installée sur le pont du Red Dragon, prit doucement la main d'Elena. Son regard, d'ordinaire perçant et plein de détermination, était plus doux, presque vulnérable.

- Elena...murmura-t-elle, ses doigts serrant légèrement ceux de sa sœur cadette, je pense qu'il est temps pour moi de te raconter tout... Mon passé, celui que j'ai partagé avec le capitaine Alaric Brumenoire.

Elena écarquilla les yeux, surprise. Ce n'était pas souvent que Scarlet se montrait ouverte sur son passé. Elle posa doucement son assiette sur la table, son cœur battant plus vite à l'idée de découvrir enfin la vérité derrière les ombres qui pesaient sur sa sœur. Elle savait que ce passé cachait des cicatrices profondes, des souvenirs douloureux. Pourtant, il y avait dans les yeux de Scarlet une lueur de résolution.

Impatiente et un peu nerveuse, Elena s'installa en face d'elle, son regard fixé sur sa grande sœur. Elle sentait que ce moment serait chargé de révélations, et qu'il ne serait pas facile à entendre.

- Je suis prête, Isabelle, dit-elle en prenant une profonde inspiration, bien qu'une partie d'elle pressentait que cette histoire ne se terminerait pas bien.

Scarlet baissa les yeux un instant, comme pour rassembler ses pensées, puis releva la tête, le regard empli de souvenirs lointains. Elle caressa machinalement la table de bois devant elle, comme si elle sentait le poids des années passées peser sur ses épaules.

- Tu te rappelle la fois, où je vous ai raconté que Mickael Dubois m'avait poignardé au ventre à mes quinze ans, car j'étais enceinte ?

Elena hocha la tête, incertaine de comprendre le lien.

- Et bien, le capitaine fantôme, m'avait trouvé presque mourante sur le sol du village, qu'il était entrain de piller avec son équipage. Il avait eu pitié de moi, il avait donc décidé de me soigner et de me recueillir comme l'un des leurs !

La jeune bourgeoise était stupéfaite, avant de commencer à manger.

- Tout a commencé lorsque j'avais à peine dix-huit ans, commença Scarlet, sa voix basse et chargée d'émotion. C'était trois ans, après avoir rejoint l'équipage du capitaine Alaric Brumenoire. À l'époque, je pensais que j'étais enfin libre, enfin vivante. Je me souviens de ces jours...Je l'admirais, je le voyais comme un mentor, un guide. Et lui...Lui me considérait presque comme sa fille. Mais...Tout ça n'était qu'une illusion.

Elena écoutait attentivement, son cœur se serrant à chaque mot.Elle voyait les larmes briller dans les yeux de Scarlet, même si celle-ci se battait pour les retenir. Elle comprenait que ce récit était bien plus qu'une simple histoire : c'était un fardeau que sa sœur avait porté pendant trop longtemps.

- Alaric avait ses propres plans, poursuivit Scarlet, la voix tremblante. Il m'a recueillie, m'a formée, mais en réalité, il n'avait jamais cessé de me manipuler. Tout n'était qu'un stratagème pour me contrôler, pour exploiter ce que je ne savais même pas que j'avais...

Elena sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle se pencha légèrement en avant, son regard cherchant celui de Scarlet, essayant de comprendre.

-Qu'est-ce qu'il voulait de toi ? demanda Elena d'une voix hésitante.

Capitaine Scarlet ferma un instant les yeux avant de répondre, sa voix devenant plus grave.

- Il voulait les bagues de notre famille, Elena ! Celles qui appartenaient à nos parents. Et il pensait qu'en m'ayant sous son contrôle, il pourrait mettre la main dessus et se libérer de sa malédiction. Mais je ne savais rien à l'époque. Je ne voyais pas ses véritables intentions.

Elle marqua une pause, reprenant son souffle, ses poings se serrant légèrement sous la table.

- Et puis, le lendemain de mon anniversaire, j'ai tout découvert, par accident. J'ai entendu une conversation entre Alaric et l'un de ses hommes...Ils parlaient de ma mère, de notre passé...Et c'est là que j'ai compris. Il ne m'avait jamais vraiment vue comme sa fille. J'étais un outil pour lui, un moyen de parvenir à ses fins.

Elena sentit son cœur se briser un peu pour sa sœur. Elle avait toujours vu Scarlet comme une femme forte, indestructible. Mais entendre cette histoire révélait à quel point elle avait souffert, trahie par quelqu'un en qui elle avait cru.

Capitaine Scarlet continua, sa voix plus calme maintenant, comme si elle se libérait enfin de ce poids :

- Ce jour-là, sous le coup de la colère et de la haine, j'ai pris sa boussole...La boussole maudite qui contient son âme. Je me suis enfuie, et depuis, je me bats pour me débarrasser de cette malédiction, et de lui...Enfin, jusqu'à maintenant !

Elena serra doucement la main de sa sœur, ses yeux brillants d'émotion.

- Capitaine Scarlet, vous n'êtes plus seule dans ce combat. Je suis là, avec vous. Nous irons jusqu'au bout ensemble ! Je vous promets, que nous allions vaincre enfin ce maudit capitaine fantôme.

- Hé ! C'est mon surnom, petite voleuse, dit-elle joyeusement.

- Plus maintenant, répliqua-t-elle en rigolant avec sa demi-sœur.

Scarlet sourit doucement, reconnaissante. Pour la première fois depuis longtemps, elle sentait qu'elle n'était plus seule face à son passé. Et avec Elena à ses côtés, elle avait l'espoir qu'un jour, elle serait enfin libre.

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