Chapitre 25 : Origine {3ème partie}

Les soldats attrapèrent fermement Élisabeth, lui liant les mains derrière le dos avec une corde rugueuse et serrée. Elle ne fit aucun effort pour se débattre, gardant son regard fixé sur l'horizon où le panier contenant Isabelle flottait encore, une petite tache de promesse et d'espoir dans l'immensité de l'océan.

Ses yeux, autrefois brillants et pleins de vie, étaient maintenant assombris par la douleur et la détermination. Elle ne disait pas un mot, ses lèvres fermement scellées, mais son regard noir parlait pour elle, lançant des éclairs de défi et de colère envers ses ravisseurs. Chaque pas qu'elle faisait était lourd de peine, mais elle refusait de montrer la moindre faiblesse devant eux.

Sous les yeux horrifiés des pirates de l'île, Élisabeth fut forcée de marcher vers le navire. Les murmures et les cris de protestation montaient parmi les hommes et les femmes qui avaient appris à respecter et à aimer la femme forte et douce qui avait su gagner leur cœur. Quelques-uns tentèrent de s'approcher, les poings serrés de rage, mais furent repoussés par les soldats armés, leurs lames étincelant au soleil.

Élisabeth marchait tête haute, malgré l'humiliation et la douleur. Elle sentit le poids des regards de ses amis, de sa nouvelle famille, posés sur elle, et cela renforça sa détermination. Chaque pas la rapprochait du navire, de l'inconnu, mais elle tenait bon, se promettant intérieurement de survivre, de se battre pour revoir un jour Tritanus et Isabelle.

Alors que les soldats la poussaient sur le pont du navire, elle entendit soudainement une voix familière percer le tumulte des vagues et des cris.

- ÉLISABETH !

L'appel résonna dans l'air, empli d'urgence et de fureur. Elle se redressa brusquement, son cœur bondissant de joie et d'espoir. Se retournant, elle aperçut son mari, le capitaine Tritanus Blackthorn, se frayer un chemin à travers la foule, son visage marqué par une colère intense et une détermination farouche.

- Élisabeth !? cria-t-il à nouveau, ses yeux violets flamboyant de rage.

Il se tenait près du navire, entouré de ses hommes, prêt à tout pour sauver sa femme. Élisabeth tenta de s'approcher, mais les soldats la retenaient fermement. Elle ouvrit la bouche pour crier son nom, mais l'un des soldats plaça brutalement sa main sur sa bouche, étouffant ses paroles.

Le capitaine Tritanus, voyant ce geste, entra dans une fureur noire.

- Lâchez-la IMMÉDIATEMENT ! hurla-t-il, sa voix tonnant comme un coup de canon.

Il fit un pas en avant, sa main se portant à la garde de son épée, prêt à se battre pour libérer Élisabeth. Ses hommes, loyaux et déterminés, se mirent en position, prêts à affronter les soldats pour récupérer leur dame.

Élisabeth, les yeux remplis de larmes, lutta contre la poigne des soldats. Elle voulait tant crier le nom de Tritanus, lui dire qu'elle l'aimait, mais les mots restaient bloqués, étouffés par la main impitoyable du soldat. Elle le regarda, ses yeux implorants cherchant à communiquer ce que ses lèvres ne pouvaient pas dire.Tritanus, sentant l'injustice et la cruauté de la situation, serra les poings si fort que ses jointures blanchirent.

- Je jure sur mon honneur de capitaine, je viendrai vous chercher, Élisabeth. Rien ni personne ne pourra nous séparer ! cria-t-il, sa voix tremblante de colère et de détermination.

Tritanus Blackthorn, le visage dur
et le cœur brûlant de colère, ne
pouvait tolérer plus longtemps
l'injustice qui se déroulait sous
ses yeux. Son épouse, son amour
était en train d'être arrachée à lui,
et il n'avait pas l'intention de
rester les bras croisés. ll se tourna
vers ses hommes, ses fidèles
moussaillons, et aboya des ordres
sa voix tonnant comme une
tempête en mer.

- À lattaque, mes braves ! Ne
laissez pas ces chiens nous voler
notre dame! Libérez Élisabeth !
ordonna-t-il, sa main tirant son
épée, le métal brillant sous le
soleil.

Les pirates, galvanisés par la
détermination de leur capitaine
crièrent en retour et dégainèrent
leurs armes. Ils se ruèrent vers les
soldats du gouverneur, la rage et
la détermination inscrites sur
leurs visages. Le fracas des sabres
résonna dans l'air tandis que le
combat éclata avec une violence
inouïe.

Tritanus, en tête, fendait l'air avec
son épée, chaque coup porté avec
précision et force. Il abattait ses
ennemis avec une fureur que
seule la protection de son amour
pouvait inspirer. Les soldats, bien
que nombreux, étaient
déstabilisés par l'attaque
soudaine et la férocité des pirates.

Élisabeth, retenue à bord du
navire, entendit le tumulte de la
bataille. Son cœur s'accéléra
d'espoir. Elle savait que Tritanus
ferait tout pour la sauver. Elle
lutta contre ses liens, les larmes
de rage et de frustration roulant
sur ses joues.

Les moussaillons se battirent avec
une détermination farouche
utilisant leur connaissance du
terrain et leur esprit d'équipe
pour submerger les soldats. Les
cris de guerre et le cliquetis des
lames remplissaient l'air tandis
que le sol se tachait de sang.

Tritanus repéra finalement
Élisabeth, maintenue à bord du
navire. Il fonça à travers les rangs
ennemis, balayant tout sur son
passage.

- ÉLISABETH ! cria-t-il, son
regard fixé sur elle.

Les soldats, voyant leur capitaine
en difficulté, tentèrent de
resserrer les rangs, mais les
pirates, encouragés par la vision
de leur capitaine si près de son
but, redoublèrent d'efforts
Tritanus sauta sur le pont du
navire, son épée tranchant les
liens qui retenaient Élisabeth.
Elle se jeta dans ses bras, ses
larmes mêlées de soulagement et
de gratitude.

- Je savais que vous viendriez ! murmura-t-elle, sa
voix tremblante.

Le capitaine Tritanus Blackthorn, le visage pâle et tendu, regarda Élisabeth droit dans les yeux, son regard brûlant d'une anxiété croissante. Il la secoua légèrement, ses mains serrant fermement ses épaules, comme pour s'assurer qu'elle était bien réelle et non un produit de son imagination.

- Élisabeth, où est Isabelle ? Est-ce que les soldats l'ont capturée !? demanda-t-il, la panique transperçant sa voix habituellement calme et autoritaire.

Élisabeth, les larmes inondant ses joues, baissa les yeux, incapable de supporter la douleur dans le regard de son mari. Sa voix était à peine un murmure lorsqu'elle répondit.

- Non, ils ne l'ont pas capturée. J-e je l'ai mise dans un panier et l'ai laissée à la mer. C'était le seul moyen de la protéger, Tritanus ! J'ai senti que l'océan était le seul endroit où elle serait en sécurité...murmura-t-elle tristement, en sanglotant encore plus.

Le visage de Tritanus se figea, la compréhension et le choc se mélangeant dans ses yeux.

- VOUS AVEZ FAIT QUOI ?

Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait d'entendre. Leurs ennemis tout autour d'eux semblaient s'effacer tandis que sa concentration se focalisait entièrement sur les paroles d'Élisabeth.

- Vous avez confié notre bébé à la mer ! répéta-t-il sur le choque.

Élisabeth hocha la tête, les larmes ne cessant de couler.

- Je n'avais pas le choix, Tritanus ! Les soldats étaient si proches...Je ne pouvais pas les laisser l'emmener. J'ai pensé que la mer, notre mer, veillerait sur elle.

Tritanus vacilla légèrement sous l'impact de cette révélation. L'idée que leur enfant puisse être quelque part, dérivant seule sur l'océan, le frappait avec une force inouïe.

- Élisabeth...dit-il, sa voix se brisant. Vous avez vraiment cru que c'était la meilleure chose à faire ?demanda-t-il d'une voix neutre, toujours sur le choque.

Élisabeth releva la tête, ses yeux pleins de détermination et de douleur.

- Oui, Tritanus. J'ai fait ce que je devais faire pour la protéger. Si elle était restée ici, elle aurait été capturée, ou pire ! J'ai confiance en l'océan, tout comme j'ai confiance en vous.

Le capitaine Tritanus sentit la colère et la panique se mêler à un profond respect pour le courage de sa femme.

- Alors nous la retrouverons. Nous trouverons Isabelle. Je vous le promets, Élisabeth, dit-il avec une conviction inébranlable.

Il se tourna vers ses hommes, encore engagés dans des combats sporadiques avec les soldats du gouverneur.

- Nous devons retrouver Isabelle ! Cherchez chaque recoin de l'île, chaque centimètre de rivage. Ne laissez rien au hasard ! hurla-t-il, sa voix résonnant avec autorité.

Les pirates répondirent par un cri de ralliement, redoublant d'efforts pour repousser les soldats et commencer la recherche de l'enfant. Tritanus, ses yeux rivés sur l'horizon, savait que le temps était compté. L'océan était vaste et impitoyable, mais il avait foi en la mer, tout comme il avait foi en l'amour inébranlable qu'il partageait avec Élisabeth.

Le capitaine Tritanus Blackthorn
se tourna vers Élisabeth, tendant
la main pour l'aider à descendre
du pont du navire. Élisabeth
accepta avec joie, bien que ses
yeux trahissaient un soupir
silencieux en raison de la
situation. Tritanus, bien que
bouleversé par les récents
événements, s'efforçait de
maintenir une façade calme pour
sa femme.

Ils descendirent ensemble
Élisabeth serrant la main de son
mari avec gratitude. Cependant, le
regard de Tritanus se posa
soudainement sur une silhouette
menaçante. Un soldat, l'épée en
main, se précipitait vers le dos
d'Élisabeth. Le cœur de Tritanus
se serra d'angoisse en cherchant
désespérément son sabre, mais il
réalisa qu'il ne l'avait pas sur lui.

- ÉLISABETH ! cria-t-il, sa voix empreinte de terreur.

Sans hésitation, il attrapa les épaules de sa femme et la fit pivoter
interposant son propre corps
entre elle et l'assaillant. L'épée du
soldat s'enfonça profondément
dans sa poitrine, juste au-dessus
de son cœur.

- TRITANUS !?

Élisabeth, horrifiée, écarquilla les
yeux en voyant son mari se faire
poignarder à sa place. Un cri de
douleur et de désespoir s'échappa
de ses lèvres. Tritanus, le visage
déformé par la douleur, parvint à
sourire faiblement à sa femme.

- Élisabeth...murmura-t-il, la
voix étouffée. Ma vie de pirate a
été merveilleuse, mais rien ne
vaut notre rencontre et la
naissance de notre fille. C'est le
plus beau trésor qu'un pirate
puisse rêver d'avoir...Retrouvez notre enfant...chuchota-t-il, en fermant ses yeux.

Ces mots, pleins d'amour et de
tendresse, furent ses derniers
Tritanus s'effondra sur le sol, ses
forces l'abandonnant. Élisabeth
resta figée un instant, incapable
de comprendre l'horreur de ce qui
venait de se passer. Puis, avec un
cri de détresse, elle tomba à
genoux à côté de son mari, ses
mains tremblantes essayant
désespérément de le maintenir en
vie.

- TRITANUS, NON ! Restez avec moi, JE VOUS EN SUPPLIE ! sanglota-t-elle, les
larmes inondant ses joues. Elle
pressa ses mains sur la blessure
essayant vainement d'arrêter le
flot de sang. VOUS NE POUVEZ PAS ME LAISSER ! Pas maintenant ! PAS COMME ÇA ?!

Mais il était déjà trop tard. Le
regard de Tritanus devint vitreux,
sa poitrine cessa de se soulever
Élisabeth, accablée par la douleur
et le chagrin, se pencha sur son
corps inerte, secouée de sanglots
incontrôlables. Tout autour d'elle,
le chaos régnait, mais elle ne
pouvait se concentrer que sur la
perte écrasante de l'homme
qu'elle aimait plus que tout.

Le monde avait perdu ses couleurs,
ses bruits, sa raison d'être. Seul
restait un vide béant, un chagrin
insondable, et la promesse fragile
de retrouver un jour leur fille,
désormais tout ce qui lui restait
de Tritanus.

Elle resta à genoux, ses
larmes tombant sur le visage sans
vie de Tritanus. Ses mains
caressaient doucement ses
cheveux, refusant d'accepter la
réalité brutale de sa perte. Le
monde autour d'elle semblait
s'effondrer, mais son esprit était
fixé sur une seule pensée :elle
devait survivre, pour Isabelle
Pour leur fille, le trésor le plus
précieux qu'ils aient jamais eu

La mort du capitaine Tritanus Blackthorn provoqua une onde de choc parmi les pirates de l'île. Alors qu'Élisabeth, effondrée de douleur, pleurait sur le corps sans vie de son mari, les pirates rassemblés autour d'elle fixaient la scène avec une rage croissante. La colère et le chagrin se mêlaient dans leurs regards, transformant leur tristesse en une soif de vengeance dévorante.L'un des lieutenants de Tritanus, un homme robuste et intimidant nommé Bartholomew, s'avança vers le centre de la mêlée, le visage déformé par la colère. D'une voix tonitruante, il hurla :

- ILS ONT TUÉ notre capitaine ! Les maudits SOLDATS DU BOURGEOIS ON TUÉ LE CAPITAINE TRITANUS BLACKTHORN !?

Les pirates, galvanisés par ces mots, levèrent leurs armes en criant des jurons et des cris de guerre. Bartholomew continua, sa voix résonnant au-dessus du tumulte :

- Nous ne laisserons pas cet acte impuni ! À partir de maintenant, la guerre entre les riches bourgeois et les pirates est déclarée officiellement en l'honneur de notre capitaine mort !

Un cri unanime s'éleva de la foule des pirates, leurs voix se mêlant en une clameur furieuse.

- POUR TRITANUS ! POUR NOTRE CHEF ! POUR NOTRE CAPITAINE ?!

Les hommes et les femmes se préparaient à une bataille acharnée, déterminés à venger la mort de leur leader bien-aimé. Les soldats du gouverneur, bien que disciplinés, furent pris de court par la soudaineté et la férocité de l'attaque. Les pirates, désormais poussés par une rage incontrôlable, se jetèrent sur eux avec une force renouvelée. Le choc des épées, les détonations des pistolets et les cris de guerre remplirent l'air, transformant l'île en un champ de bataille chaotique.

Élisabeth écarquilla les yeux, le choc gravé sur son visage, en observant les pirates et les soldats de son père se battre jusqu'à la mort. Son monde de rêve s'effondrait autour d'elle en 6 mois seulement de manière tragique : son mariage, la perte de son enfant, les pirates qu'elle avait appris à apprécier malgré les stéréotypes. Tout était parti en fumée. Elle baissa les yeux vers le corps sans vie de Tritanus, les larmes coulant librement sur ses joues.

S'efforçant de rester debout, elle s'agenouilla près de son mari et, d'une main tremblante, saisit la lame enfoncée dans son cœur.

- Je vais vous rejoindre mon amour, murmura-t-elle, sa voix brisée par la douleur.

Elle retira lentement l'épée, la plaçant contre sa propre poitrine.

- JE NE PEUX PLUS CONTINUER DANS CE MONSE CRUEL ! cria-t-elle douloureusement, en pleurant toujours.

Alors qu'elle s'apprêtait à se donner la mort, le même soldat qui avait tué Tritanus surgit derrière elle. Il attrapa la lame, l'arrachant de ses mains.

- NON ! cria Élisabeth, se débattant désespérément.

Le soldat, implacable, la saisit fermement et la traîna vers le navire. Élisabeth se débattait, hurlant et pleurant, sa douleur et son désespoir résonnant dans ses cris.

- LÂCHEZ-MOI ! JE NE VEUX PLUS VIVRE SANS LUI !? VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT DE NOUS SÉPARER !?

Ses tentatives de se libérer étaient vaines contre la poigne de fer du soldat. Autour d'eux, le combat continuait, les pirates et les soldats s'affrontant avec une férocité aveugle. Le sol était jonché de corps, les cris de guerre et les bruits des épées résonnaient dans l'air. Mais pour Élisabeth, tout cela n'était qu'un bruit de fond. Tout ce qu'elle voyait, c'était la fin de son rêve, la perte de tout ce qu'elle avait chéri.

Les pirates, voyant la femme de leur chef emmenée de force, redoublèrent d'efforts, mais ils étaient submergés par le nombre et la détermination des soldats. Bartholomew, blessé mais déterminé, hurla des ordres, essayant de rallier ses hommes pour un dernier effort désespéré.
Mais la situation était désespérée.

Élisabeth, enchaînée et traînée vers le navire de son père, savait que sa vie, telle qu'elle la connaissait, était terminée. Elle jeta un dernier regard vers son mari, étendu sur le sol, et son cœur se brisa une fois de plus.

- Je suis désolée...murmura-t-elle, avant que le soldat ne la pousse brutalement à bord du navire. Les pirates, voyant leur cause perdue, commencèrent à se retirer, emportant leurs blessés et leurs morts.

Bartholomew, les yeux remplis de rage et de chagrin, jura de venger Tritanus et de sauver Élisabeth, peu importe le prix. Mais à cet instant, il savait qu'ils avaient perdu bien plus qu'une bataille. Ils avaient perdu leur chef, leur espoir, et pour Élisabeth, son rêve était à jamais brisé.

🏴‍☠️✨️🏴‍☠️

Élisabeth était assise sur le pont
du navire, ses yeux rougis et gonflés par les larmes incessantes. Cinq soldats se tenaient autour d'elle, leurs visages impassibles et durs,
témoignant de leur manque de
compassion pour la jeune femme
brisée devant eux. Elle fixait le
sol, submergée par un sentiment
d'inutilité et de honte.

Les pensées tourbillonnaient dans
son esprit, chacune plus sombre
que la précédente.

- Je suis la pire mère du monde...se répétait-elle sans cesse.

Son enfant, Isabelle était probablement morte de faim, dévorée par un animal marin
ou emportée par les courants.
L'image de Tritanus, son mari,
étendu sans vie sur le sol de leur
ile paradisiaque, hantait ses
pensées. Ses larmes se
renouvelaient, silencieuses mais
dévastatrices.

Élisabeth ferma les yeux, essayant
de trouver un peu de paix dans
ses prières silencieuses.

- Pardonnez-moi, Tritanus !Pardonnez-moi, Isabelle ! murmurait-elle, espérant que ses
mots atteindraient les âmes de
ceux qu'elle avait perdus.

Soudain, un soldat la bouscula
brutalement, la tirant de ses
pensées.

- Nous sommes arrivés à
destination, annonça-t-il d'un ton
sec.

Élisabeth soupira profondément, se levantl entement. Les chaînes
cliquetèrent alors que lun des
soldats les resserrait autour de
ses poignets. Elle savait que le
moment de confronter son père
approchait, et elle n'était pas
prête.

Elle fut forcée de marcher
les épaules affaissées, vers le
manoir de son père. Les regards
des passants, curieux et
inquisiteurs, se posaient sur elle,
mais elle ne les voyait pas. Son
esprit était toujours dans un état
de tourment, oscillant entre la
douleur de ses pertes et la terreur
de ce qui l'attendait.

En arrivant devant le manoir, les
souvenirs de son ancienne vie
affluent. Chaque pierre, chaque
arbre lui rappelait une époque
plus simple, avant que tout ne
bascule. Son cœur se serra alors
qu'elle approchait de l'entrée, les
portes massives se dressant
comme un symbole de la prison
qu'elle redoutait.

Les soldats la poussèrent à
l'intérieur, et elle se retrouva face
à une grande salle, vide et
résonnante. Son père, le
gouverneur Richard, l'attendait
assis derrière son bureau. Ses
yeux étaient sévères, emplis de
déception et de colère.

Élisabeth resta silencieuse, ses
chaînes tirant sur ses poignets
Elle sentait le poids du jugement
imminent, mais elle était trop
fatiguée pour résister.

- Père...murmura-t-elle finalement,
la voix brisée, je suis désolée !

Le gouverneur Richard la regarda
les traits de son visage se
durcissant encore plus

- Élisabeth, dit-il d'une voix
froide, Vous avez trahi, notre famille,
notre NOM ! Et maintenant, vous devez en assumer l'immense conséquence ! dit-il d'une voix lugubre.

Les mots résonnèrent dans la
salle, marquant la fin d'un rêve et
le début d'un cauchemar pour
Élisabeth.

Elle releva la tête, les yeux emplis de détresse.

- Quelle est ma conséquence, père ? demanda-t-elle, sa voix tremblante d'angoisse.

Richard soupira profondément, se levant de derrière son bureau pour la regarder droit dans les yeux.

- Vous serez mariée de force à Nicolas Green dans un an, annonça-t-il d'un ton implacable. C'est un homme puissant, idéal pour nos alliances politiques et économiques. Mais avant cela, vous devrez subir une rééducation intense et sans pitié !

Élisabeth écarquilla les yeux, horrifiée par ce qu'elle venait d'entendre.

- NON, PÈRE ! Je vous en supplie, ne me faites pas ça ! cria-t-elle, sa voix brisée par le désespoir. Elle tomba à genoux, levant les mains dans une prière désespérée.

Le gouverneur Richard resta impassible, les traits de son visage durs et inflexibles. Sans un mot, il s'approcha de sa fille et, d'un geste brusque, la gifla au visage. Le bruit sec résonna dans la grande salle. Élisabeth s'arrêta net, la joue brûlante, fixant son père avec des yeux pleins de choc et de douleur. Jamais il ne l'avait frappée auparavant.

Les soldats saisirent Élisabeth par les bras, la relevant brutalement. Elle se débattit faiblement, encore sous le coup de la gifle et de la trahison. Ils la traînèrent hors de la salle, ignorant ses pleurs et ses supplications.

Élisabeth fut emmenée de force dans sa chambre, les souvenirs de son enfance maintenant transformés en chaînes oppressantes. Les soldats la jetèrent sur le lit, fermant la porte derrière eux avec un claquement sinistre. Elle resta là, immobile, les larmes roulant sur ses joues.

Les jours suivants furent un tourment sans fin. La "rééducation" imposée par son père était cruelle et inhumaine. Chaque journée était remplie de leçons strictes, de punitions sévères et d'une surveillance constante. Élisabeth était isolée de tout ce qui pouvait lui apporter un réconfort ou un espoir.

Elle pensait constamment à Tritanus et à leur fille Isabelle. Le souvenir de leurs moments heureux sur l'île des pirates était son seul refuge mental. Mais ces souvenirs étaient aussi une source de douleur intense, un rappel constant de tout ce qu'elle avait perdu.

Élisabeth se sentait prisonnière, non seulement de son père et de sa maison, mais aussi de son propre chagrin et de sa culpabilité. Elle se demandait chaque jour si elle aurait pu faire quelque chose de différent, si elle aurait pu sauver sa famille. Mais ces pensées ne faisaient que creuser plus profondément son désespoir.

Le temps passait lentement, chaque jour se fondant dans le suivant, sans aucun espoir en vue. La perspective de son mariage forcé avec Nicolas Green lui semblait une condamnation à mort. Elle savait qu'elle n'éprouverait jamais pour lui les sentiments qu'elle avait pour Tritanus.

Élisabeth se résigna peu à peu à son sort, une ombre de l'ancienne femme pleine de vie et de joie qu'elle avait été. La rééducation brisait son esprit autant que son corps. Elle ne connaissait plus le véritable bonheur. Le monde qu'elle avait espéré construire avec Tritanus et Isabelle n'existait plus que dans ses souvenirs, des échos d'un rêve brisé à jamais.

🏴‍☠️✨️🏴‍☠️

La grande salle de la mairie était somptueusement décorée, remplie d'invités vêtus de leurs plus beaux habits. Les murmures excités s'éteignirent lorsque le prêtre prononça solennellement les mots :

- Je vous déclare mari et femme !

Un an s'était écoulé depuis la rééducation impitoyable d'Élisabeth et son retour dans le monde des riches bourgeois. La cérémonie touchait à sa fin, et elle se tenait aux côtés de son nouvel époux, Nicolas Green. Il était charmant et bienveillant, et pourtant, malgré son sourire aimant, Élisabeth ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond mal-être en elle.

Elle lui souria doucement, le tenant dans ses bras. Son sourire semblait sincère, mais cachait la douleur et les souvenirs d'un passé qu'elle ne pouvait oublier. Elle revoyait son mariage avec Tritanus, simple et modeste, mais rempli d'un bonheur authentique. La mer, les étoiles, les rires de l'équipage, et la promesse d'une vie de liberté. Rien dans cette cérémonie luxueuse ne pouvait égaler ce qu'elle avait vécu sur l'île des pirates.

Élisabeth avait pris soin de cacher son ancienne bague de mariage dans un endroit sûr, un lieu connu d'elle seule. Chaque soir, elle y pensait, un symbole de l'amour qu'elle portait toujours en elle. Personne ne devait jamais la retrouver, car c'était tout ce qu'il lui restait de Tritanus.

Nicolas Green la regarda avec tendresse, ignorant la lutte intérieure de sa nouvelle épouse. Il la serra dans ses bras, lui souriant avec une affection sincère.

- Vous êtes magnifique, Élisabeth Green, murmura-t-il à son oreille, sans se douter des souvenirs et des regrets qui habitaient son esprit.

Les invités applaudirent, et les nouveaux mariés descendirent l'allée, saluant les visages souriants et bienveillants autour d'eux. Élisabeth continuait de sourire, jouant son rôle de nouvelle épouse dévouée. Elle savait qu'elle devait désormais accepter cette nouvelle vie, même si son cœur appartenait à un autre temps, à un autre homme, à une autre vie qui lui semblait maintenant si lointaine.

Au milieu des festivités, alors qu'ils s'apprêtaient à entrer dans la calèche qui les conduirait à leur nouvelle maison, Élisabeth jeta un dernier regard en arrière. Elle ne pouvait s'empêcher de murmurer une prière silencieuse pour Tritanus et Isabelle, espérant qu'ils trouveraient la paix où qu'ils soient.

- Prête ? demanda Nicolas, prenant sa main avec douceur.

Elle hocha la tête, rassemblant tout son courage.

- Oui, prête, répondit-elle avec un sourire qui cachait la tempête de ses émotions.

Ils montèrent dans la calèche, se dirigeant vers un avenir incertain, Élisabeth portant en elle les souvenirs d'un amour perdu, à jamais gravés dans son cœur.

🏴‍☠️✨️🏴‍☠️

La chambre d'accouchement était plongée dans une tension palpable. Élisabeth, allongée sur le lit, luttait pour donner naissance à son deuxième enfant. Quatre années s'étaient écoulées depuis son mariage avec Nicolas Green, et bien qu'elle ait appris à l'aimer, les fantômes de son passé ne cessaient de la hanter.

La douleur était bien plus intense que lors de son premier accouchement avec Isabelle. Sa maladie, qu'elle avait dissimulée à son mari actuel, rendait chaque contraction insupportable. Nicolas se tenait à ses côtés, la soutenant et l'encourageant de toutes ses forces.

- Vous pouvez le faire, Élisabeth, murmurait-il, serrant sa main. Je suis là avec vous !

Enfin, après une lutte acharnée, Élisabeth donna naissance à une fille. Elle la regarda avec des larmes non de joie, mais de tristesse, se remémorant Isabelle. La nouvelle-née était différente d'Isabelle, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus comme ceux de sa mère. Nicolas, rayonnant de bonheur, prit leur enfant dans ses bras.

- Elle s'appellera Elena, Elena Green ! déclara-t-il, en hommage à sa propre mère décédée.

Élisabeth souria faiblement, mais son souffle se faisait de plus en plus court. Elle voyait en Nicolas et Elena une image déformée de son ancien mari et de sa fille perdue. Les souvenirs de Tritanus et d'Isabelle l'envahissaient, mêlés à la douleur insupportable de son corps.

Nicolas, sans se rendre compte de la gravité de la situation, continuait de sourire joyeusement, présentant leur fille à sa mère.

- Regardez comme elle est belle, Élisabeth. Elle vous ressemble comme deux gouttes d'eau !

Elle tenta de répondre, mais les mots lui manquaient. Sa respiration devint laborieuse, et elle sentit ses forces la quitter. Les larmes coulant sur ses joues, elle murmura des paroles douces, presque inaudibles.

- Je vais enfin pouvoir vous rejoindre, dit-elle, ses pensées tournées vers Tritanus et Isabelle.

Nicolas, pris de panique, se pencha vers elle.

- Élisabeth ? ÉLISABETH, reste avec moi !

Elle ferma les yeux une dernière fois, un léger sourire sur les lèvres. Son corps s'affaissa, son souffle s'arrêta. Nicolas, horrifié, la secoua doucement.

- ÉLISABETH, NON !

La chambre se remplit d'une lourde tristesse. Nicolas, tenant leur fille dans ses bras, se tourna vers le médecin, cherchant désespérément une réponse. Mais il n'y avait rien à faire. Élisabeth était partie, emportée par sa maladie et les douleurs de l'accouchement.

Le silence s'installa, seulement interrompu par les premiers cris d'Elena. Nicolas, les larmes aux yeux, embrassa doucement le front de sa fille.

- Je prendrai soin de vous, ma petite Elena, je vous fais la promesse...murmura-t-il, le cœur brisé par la perte de sa femme.

Élisabeth, maintenant en paix, avait rejoint ses êtres chers. Mais pour ceux qu'elle laissait derrière, la douleur de son absence serait difficile à surmonter.

🏴‍☠️✨️🏴‍☠️

La fontaine cessa soudainement de projeter les images, les laissant face à un silence lourd et chargé d'émotions. Capitaine Scarlet, habituellement stoïque et résolu, écoutait attentivement, les mots résonnant encore dans son esprit. Elena, à ses côtés, était sans voix, les révélations sur leur passé la laissant désemparée. Les deux femmes restaient immobiles, incertaines de comment réagir à ces informations bouleversantes.

Même Eve, souvent si assurée, restait silencieuse, une main devant sa bouche. Elle murmura doucement, à peine audible,

- C'est horrible et triste comme histoire...

Des larmes commencèrent à couler des yeux du capitaine Scarlet, impuissante face à l'immensité de ce qu'elle venait d'apprendre. Elle ne savait quoi répondre à Eve. Les émotions qu'elle avait toujours contenues menaçaient de la submerger.

Elena, secouée par le choc, cria soudainement,

- C'EST HORRIBLE ! cria-t-elle douloureusement, en sanglotant encore plus.

Incapable de contenir ses émotions, elle courut se réfugier dans les bras de capitaine Scarlet. Elle murmura à quel point elle était désolée, sa voix tremblante de chagrin.

Capitaine Scarlet, d'abord stupéfaite par cette réaction, regarda Elena avec une profonde tristesse. Lentement, elle entoura Elena de ses bras, la tenant fermement. Pour la première fois de sa vie, Scarlet pleura véritablement, ses larmes se mêlant à celles d'Elena. Elles restèrent ainsi, deux âmes en peine trouvant un réconfort mutuel dans cette étreinte, tandis qu'Eve, toujours silencieuse, les observait avec une compassion palpable.

Elena releva doucement la tête, ses yeux encore embués de larmes, et chercha le regard de capitaine Scarlet. Elle leva une main tremblante pour essuyer les larmes qui coulaient sur les joues de Scarlet, son toucher empreint de douceur et de réconfort.

- Au moins, murmura-t-elle, sa voix brisée mais sincère, je suis heureuse d'avoir un membre de ma famille dans mes bras actuellement.

Capitaine Scarlet hocha la tête, reconnaissante pour ces mots, même au milieu de leur douleur commune. Elle s'éloigna de quelques pas, prenant un moment pour retrouver son calme. Elle passa rapidement une main sur son visage, essuyant les traces de larmes avec une détermination farouche de reprendre le contrôle de ses émotions.

Elena l'observa, sentant à quel point cette révélation avait ébranlé Scarlet. Après tout, elle vient d'apprendre comment son père et leur mère sont morts.

Capitaine Scarlet se tenait droite, sa silhouette imposante se découpant. Ses poings étaient serrés avec une telle force que ses articulations en blanchissaient, témoignant de la bataille intérieure qu'elle menait. Elle inspira profondément, cherchant à rassembler son courage. Puis, avec une résolution féroce, elle tourna la tête vers la fontaine magique, son regard perçant les reflets scintillants de l'eau.

- Montre-leur les images après que ma mère m'a mise dans le fameux panier sur la mer ! ordonna-t-elle d'une voix ferme, teintée d'émotion contenue.

Eve, debout à quelques pas, écarquilla les yeux, une expression de choc et de réalisation traversant son visage.

- Bien sûr ! s'exclama-t-elle. Puisque vous êtes Isabelle et que vous êtes parmi nous, il s'est passé des choses avant la naissance d'Elena et après !

Scarlet hocha lentement la tête, ses yeux brillants d'une tristesse résignée.

- Il y a certaines choses dont je ne suis pas fière, avoua-t-elle, sa voix se brisant légèrement. Mais je dois accepter mon passé.

Elena, silencieuse jusqu'alors, s'approcha de Scarlet. Elle déposa une main légère et réconfortante sur son épaule, ses doigts exerçant une pression rassurante.

- Nous allons le confronter ensemble, ma sœur, murmura-t-elle, sa voix douce et apaisante.

Ignorant le poids du dernier mot, Scarlet tourna son regard vers la fontaine, un petit sourire naissant sur ses lèvres, adouci par la présence de sa sœur.

Eve observait cette scène avec un sourire empreint de tendresse. La solidarité et la force qui émanaient des deux sœurs étaient palpables, illuminant l'obscurité de la nuit. Elle s'approcha d'elles, se tenant à leurs côtés, prête à affronter les révélations à venir.

L'eau de la fontaine commença à s'agiter, les reflets ondulant et se transformant. Lentement, des images émergèrent, des fragments du passé du capitaine Scarlet se formant dans l'eau scintillante. Les trois femmes regardaient attentivement, leurs visages illuminés par la lueur changeante de la fontaine, prêtes à découvrir les secrets enfouis et à affronter ensemble les ombres du passé.

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