Épilogue

Cinq mois plus tard

Pdv omniscient

La jeune rousse avait longuement réfléchis à supprimer son passage sur les réseaux sociaux. Elle s'est même faite conseiller par sa famille, et tous en sont revenus à la même conclusion : suis ton cœur. Ce qui n'aida pas beaucoup Lucy en juger -selon elle- qu'elle n'en a pas, ou du moins pas avec toutes les utilités qu'il devrait. Finalement, elle en est venu à la conclusion de tout arrêter, de tout supprimer sauf un compte : Vine. Celui qui lui a permis tout ça, elle se disait aussi que peut-être on pourrait les regarder comme ça en passant par là sans réellement savoir pourquoi ni comment on a filmé ça, juste pour le plaisir.
Elle avait posté un vine, son dernier. La rousse avait fait un montage de tous ses Vines défilant rapidement les uns après les autres pour finir avec son visage en fin tenant une pancarte écrit dessus This is the end. En légende, elle avait marqué Thank you for everything...

De nombreuses réactions ont suivis, mais elle supprima tout dès l'instant où elle le posta.

Peu de temps après, Lauren et Chris ont radicalement changé. Ce qu'elle craignait était arrivé. Ils ne se voyaient plus, n'avaient plus les mêmes centres d'intérêt. Petit à petit, elle redevenait la Lucy d'avant : sans cœur doté d'un sarcasme hors du commun. Sa famille n'y pouvait rien. Pas même son père. Ses deux meilleurs amis étant partis, elle se disait que ce qu'elle pensait cinq mois plus tôt était un mensonge : que ce soit l'amour ou l'amitié tout n'est qu'artifice, rien n'est éternel.

-"Lucy..., appelle-t-elle sa fille d'une petite voix.

Elle descend les marches quatre à quatre se doutant de la situation. Lorsqu'elle voit le visage de sa mère et ses yeux brillants, elle comprend instantanément.

-Ne t'inquiètes pas maman, tente-t-elle de la rassurer.

Elle n'en pense pas un mot pour autant mais s'efforce de montrer le contraire. Elle retourne dans sa chambre, ouvre le tiroir de sa commode et y sort la lettre. Durant plusieurs secondes, elle la fixe, la trifouille. La jeune souffle un long moment avant de l'ouvrir d'un coup et de la lire.

"Chère Bernadette,

Ne m'en veux pas de t'appeler ainsi. Je t'écris ce que je n'aurais jamais le courage de te dire et ceux malgré les nombreuses fois où je me suis torturé l'esprit. Je ne saurais dire dans quel état tu es actuellement, même si au fond j'espère te manquer un peu.

Je te dois énormément d'explications, peut-être que je n'apporterai qu'une infime partie des réponses que tu attends. Pour commencer, je regrette chaque seconde de ma vie, la nuit où tu as failli perdre la vie. Tu étais sous ma responsabilité et je t'ai ignoré comme je le faisais toujours. Par je ne sais quel miracle, tu t'en ai sortie et je prie chaque jour dieu de t'avoir laissé la vie sauve. Depuis ce jour, j'ai changé. Je me devais de retrouver ceux qui t'ont fait ça. C'est pourquoi je suis parti, à exercer ce métier plus que risqué. Et ça a payé puisque j'ai retrouvé la plupart d'entre eux, sauf un. Le principal. Je m'en veux d'avoir -encore- échoué. Je sais que cette nuit t'as changé. Du jour au lendemain tu n'as plus été la même et c'est encore de ma faute. J'ai refusé d'en parler à ta mère, ni même pris des dispositions pour savoir comment tu gérais ça. De ce que j'ai appris elle ne le sait toujours pas. Je sais ce que tu deviens, et j'ai vu en te voyant que ce voyage t'as permis de t'évader un peu. En espérant que ça dure...

En tout cas, sache que je vous aime toi et tout le monde. Je pense toujours à vous, à m'en hanter mes nuits. Et, ce n'est pas parce que tu ne me vois pas que je suis pas là, je te suis depuis toujours, chaque joie que t'as eu j'ai souris, chaque déception, je l'ai ressenti, tout.

J'espère avoir répondu à tes principales questions.

L'idée vient de ton ami Nash. Je me suis permis de me mêler de ta vie une dernière fois : j'ai incité Nash à t'ignorer. Pour ton bien. N'essaie pas de comprendre pourquoi, dis-toi simplement que c'est mieux ainsi. À moins que tu ne l'ai déjà compris. Je vieille aussi sur lui, de loin comme avec toi. Donc ne lui en veux pas de n'avoir donné aucune nouvelle.

Je t'aime jusqu'à Vénus,

Papa. "

Une larme coule sur sa joue. Un ensemble de tristesse, de colère, de mélancolie se mélangent en elle. Elle ne comprend toujours pas pourquoi. Surtout venant de lui, qui disait que la vengeance ne servait à rien. Elle décide de prendre la lettre et de sortir sur son balcon.

Elle prend le briquet de son frère et allume la flamme. Lentement, elle le rapproche du papier, laissant la braise ne faire qu'un avec la feuille. Aucune autre larme n'a coulé, la déception est trop grande et surtout l'incompréhension. Elle se devait d'épargner ça à sa famille. Tout deux leur avaient causé déjà trop de peine. Elle ferme la fenêtre ainsi que ses yeux. Lucyne sait comment réagir, alors elle préfère oublier. C'est ce qu'elle a fait avec tout le reste, de son agression à ses dix ans, à ses meilleurs amis en passant par son séjour aux USA. Elle préfère tout oublier, ne garder aucune trace d'eux, juste de vagues souvenirs d'un passé joyeux désormais envolé pour l'éternité.

Cette jeune femme rousse n'est désormais qu'un corps sans vie. Toutes ces années à se battre pour ce en quoi elle croyait s'arrête là. Elle ne veut pas en finir, ce serait trop stupide à son goût. Elle veut fuir, pour une fois dans sa vie. Elle ne veut plus affronter les cernes fatigués de sa mère ou les cris incessant de sa sœur ou encore la récente ignorance de son jumeaux. Elle ne leur manquera pas, elle le sait. Ils ont tous leur vie, Corine fréquente un homme et consacre ses journées à son travail ; Mike a sa petite vie de lycéen, prêt à faire sa vie loin de sa famille ; et Summer grandit en compagnie de ses futures grandes amies. Ils n'ont pas besoin d'elle. C'est une certitude.

Elle rassemble toute trace de son passage, en passant par les photos, ses dossiers scolaires, tout avant de partir comme un vulgaire voleur en quête d'une vie un peu moins douloureuse.

En fouillant un peu, elle tombe sur son ancien journal intime. Celui qu'elle avait commencé après son agression mais dont elle a vite abandonné l'idée. Elle relit quelques pages puis les arrache toutes une à une. Lucy saisit un stylo et décide elle aussi à son tour de laissé une lettre, mais particulière. Pas de souvenirs douloureux, pas d'émotions, juste des explications qui pourront permettre à son ancienne famille de comprendre son départ et surtout de l'accepter.

"Ici la lettre d'un fantôme qui justifie son départ. C'est ce que je suis parmi la population qui m'entoure. Je me suis voilée la face durant six ans, il est temps d'arrêter. Vous pensiez beaucoup de choses sur moi, en bien, mais elles son fausses. Vous avez espérés le meilleur sur moi, vous avez eu faux aussi. Malheureusement, je suis le corps sans vie que l'on rencontre au moins une fois dans sa vie. Tout à une raison mais certaines vaut mieux ne pas être révélé. Un jour vous m'aviez demandé quelle est la différence entre un psychopathe et nous, en voici la réponse : je pense qu'au fond tout le monde serai tenter d'assouvir ses plus grandes pars d'obscurité mais ce qui différencie l'homme d'un psychopathe c'est justement l'acte. J'avais un début de sociopathie, personne n'a vu. Je vous dis adieux et j'ai le regret de vous apprendre à vous, maman, Mike et Summer, que je suis une psychopathe et que je suis prête à satisfaire mes désirs obscures."

Sa faiblesse était son agression, désormais sa seule faiblesse n'est qu'un pieux planté dans le cœur. Son voyage a été décisif pour elle. Son but était de la faire devenir qui elle était vraiment, soit effacer toute trace de sociopathie, soit le devenir irrévocablement. Le choix est fait.

Et comme si elle brisait une promesse, elle supprime la dernière trace de son passage : sa chaîne vine. Elle avait définitivement raillé toute trace d'humanité en elle, et se rend compte une dernière fois que tous ces sourires, tous ces rires et larmes n'ont été qu'une vulgaire mascarade cachant incontestablement sa véritable nature.

Tout était faux.

Personne après ça, ne pourrait soupçonner l'existence de Bernadette Dos Santos alias Lucy, Bernadette étant l'ancienne petite fille et Lucy.... la psychopathe nouvellement née. Après tout, elle avait déjà du sang sur les mains.

The end.

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