Chapitre 11 part 2
Durant un long moment je tente de les épier, mais l'animateur annonce aux de retrouver leur place. Lorsque nos yeux se croisent, je ressens pour la première fois son regard paternel. Et pour la première fois, je m'inquiète pour lui, pour ce qu'il compte faire. Son supérieur ou collègue ne manque pas de mentionner que je les fixais depuis un moment. Avant de rentrer, je crois entendre mon père lui clamer de se taire.
Dès mon arrivée, Matthew me saute dessus.
"-Alors Bernadette comment vas-tu ?
Je fronce les sourcils et le menace du regard, ainsi que tous les autres.
-C'est Lucy.
-Ne t'inquiètes pas, tu resteras Lucy pour nous. Mais je crois que tes parents ne t'aimaient pas beaucoup pour t'appeler comme ça" dit-il sur le ton de la plaisanterie.
Je souris légèrement vexée et me reconcentre sur les nominés.
C'est au tour de la catégorie du meilleur viner. Avec Cameron et Nash, on se tient fermement la main. D'ailleurs je crois que je leur ai broyé les leurs. Le présentateur ouvre l'enveloppe et marque une pause.
"-Le gagnant est...Lucy !, annonce t-il.
-Quoi ?, m'exclame-je un peu perdue.
Tout le monde m'enlace avant que je comprenne que j'avais gagné. C'est satisfaisant comme sensation, même très ! Cameron me fait signe de récupérer mon trophée.
Je marche désormais le long des sièges. Plus j'avance, plus l'atmosphère change. Le regard des gens présents sont vides. La bonne humeur s'est transformé en noirceur l'espace d'une seconde. Je ne sais pas pourquoi je ressens ça. À la montée des escaliers, une lumière aveuglante est braquée sur moi, m'obligeant à fermer les yeux. Une main se pose sur mon épaule et me tire vers un endroit précis. J'ouvre enfin les yeux et vois mon trophée entre mes mains. Un large sourire illumine mon visage. Je sens l'impatiente des invités qui veulent un discours. Seulement j'en ai pas préparé. Je ne pensais pas gagné. J'espère que mes années d'improvisation de mensonges me serviront. Je réajuste le micro et pose nerveusement une main sur mon ventre.
"-Euh, je rigole nerveusement, je n'ai pas vraiment préparer de speech, donc je vais tout simplement vous remercier. Que ce soit ceux qui ont voté pour moi ou ceux qui m'ont accueilli dans leur pays avec sourire.
Je marque un temps de pause et essaie de trouver quelque chose d'autre à dire. Le stresse omniprésent m'empêche de réfléchir.
-Voilà. Encore merci et bravo aux autres nominés car ils le méritent."
Je descends des estrades cependant la sensation n'est pas la même, elle est normale. Comme si je venais simplement de descendre les escaliers de chez moi. Je reprends ma place et Taylor m'annonce que je m'en suis pas trop mal sortie pour une débutante.
Jusqu'à la fin de la cérémonie, je regarde mon père, intriguée par ce que j'ai entendu. Malgré ça j'ai profité de la soirée. Juste avant de clôturer la cérémonie il nous invite à l'after. Ils n'ont pas l'air prêts à y aller.
Le chemin du retour est noir et mystérieux, Aaron semble avoir peur puisqu'il est collé à Cameron. J'ai presque envie de dire qu'ils sont mignons. On marche encore pendant dix minutes et nous arrivons devant une maison en fête. Je n'ai jamais fait autant de fête que maintenant. On rentre et juste trois-quatre personne sont présentes. Ça doit être une fête en petit comité. Jacob est énervé et s'isole dehors. Personne ne semble l'avoir vu donc je m'y rends. Il est assis dans l'herbe qu'il arrache. Je me pose à côté de lui.
Pdv Jacob
Je n'ai vraiment pas envie de profiter de la soirée. Je veux juste la retrouver et la blottir dans mes bras. Puis l'embrasser lui faire l'amour comme jamais. J'entends des pas et je présume que c'est Lucy. Elle est trop curieuse parfois. Elle se pose à mes côtés. On reste ainsi une dizaine de minutes, jusqu'à ce qu'elle pose la question. Je ne sais même pas si je dois lui mentir ou tout simplement lui dire. Cependant elle reste une fille, elle peut peut-être m'aider.
Je lui révèle que je ne suis plus avec Bea et lui demande quelques conseils. Elle pianote sur son téléphone et ses yeux verts me regardent longuement. J'ai beau aimé Bea comme un fou, cette fille a un charme. J'espère juste que cela ne causera pas de nouvelles disputes...
La rousse m'explique l'état "psychologique" dans lequel mon ex future copine se trouve actuellement. Je ne savais pas qu'elle pouvait analyser aussi vite le caractère d'une personne. Elle me conseil ensuite de la surprendre, de lui prouver à quel point je tiens à elle. Je la remercie et elle retourne voir les autres. Je sors mon téléphone, prend la guitare de Shawn - sans sa permission- et compose ma chanson.
Je la finis enfin et je suis assez fièr de moi pour le coup. Euphorique, je cherche Lucy pour lui demander son avis. Mais mademoiselle est introuvable. Je vois Matthew au loin mais il semble ne plus avoir les idées très claires. C'est également le cas d'Aaron. D'habitude ce sont Cameron et Nash les ivrognes des soirées mais faut croire qu'ils ont passé le flambeau.
Je serpente à travers les invités inconnus, à la base c'était une fête en petit comité puis c'est partie en couille... Le fait de voir tout ces "couples" se galocher me mets hors de moi. En plus la plupart d'entre eux ne sont même pas conscients de ce qu'ils font. Triste réalité. Près de la cuisine, une chevelure rousse vole dans le vent. Je pose ma main sur son épaule et Mahogany se retourne. Un petit malaise se créer et je m'excuse. Pourquoi ? Je ne sais pas. Au passage je lui demande si elle l'avait vu mais négatif. Je n'ai malheureusement pas son numéro et ne peux donc l'appeler; sauf que je sais qui l'a. Je me dirige vers lui qui n'est toujours pas bourré à ma grande surprise. Je crois que ça fait deux fêtes d'affilées d'ailleurs. Nash est suspicieux à ma demande. Je crois qu'il l'a dans le viseur, je n'aimerais pas être à sa place. Malgré tout il me le donne et je l'appelle instantanément. Elle ne décroche pas mais j'insiste tout de même. Au bout de la quatrième sonnerie elle décroche.
"-Que veux-tu Jacob, je suis pas d'humeur là ?
Sa voix est rauque et elle renifle. Elle pleure... Je ne sais pas si c'est une bonne idée de lui dire.
-Euh, je....voulais juste te demander ton avis....pour la chanson mais ça peut attendre.
-Déjà ? C'est pas en quelques jours normalement ?
-Si mais j'étais inspiré. Ça va ? T'as l'air... triste, tente-je pour l'aider
-Non, j'ai juste attrapé mal. Écoute, j'arrive dans dix minutes. Attends-moi dehors."
Attraper mal ? Ça doit être calqué sur le français.
Puis elle raccroche. À vrai dire, je ne l'ai jamais réellement comprise. Je me positionne à l'endroit prévu et l'attends.
Pdv Lucy
J'ouvre enfin le portail de la villa et me dirige vers le jardin. Jacob est là, une guitare à la main. Je m'assoie à ses côtés et me tends une feuille.
Il commence à gratter sa guitare et me chante ce qu'il a produit. C'est magnifique. Je n'ai jamais aimé quelqu'un de la sorte mais j'aimerais, enfin façon de parler. Il l'aime sincèrement et je suis sûre que c'est réciproque. Je l'espère, il ne mérite pas d'avoir le cœur brisé. Quand j'y repense, je dois avoir un problème. Tout ceux que je connais ont déjà eu une relation aussi passionné que celle de Bea et Jacob. Et si.... Mauvaises pensées. Je me reconcentre sur ce qu'il chante et l'admire.
Shawn pointe son nez, visiblement pompette et se place devant Jacob. Il fredonne son air en se balançant de gauche à droite. Sa tête finit par toucher le sol. Il s'installe et continue d'écouter. Matthew, complètement déchiré arrive et tombe sur le portugais. Celui-ci ne dit rien, passionné par la voix de Jacob. Le dinosaure s'apprête à répéter la même chose sur moi mais le pousse de l'index sur le sol. Je pose ma tête sur mes genoux, mon portable à la main.
Dès qu'il finit sa chanson, Cash arrive une bombe de peinture et des pancartes prédessinées dans les mains. Ils nous proposent de redécorer la ville. L'idée plaît beaucoup aux ivrognes qui se jettent sur le matériel et partent en courant. Visiblement, ils ne veulent pas les surveiller donc je me lève. À leur hauteur je dis manque pas de daire une réflexion qui ne passe pas aupré de Nash qui m'attrape le bras et me lance un regard noir. Là il fait vraiment peur. Je me détache de son emprise et vais à la recherche des deux thugs. Ils sont en train d'escalader un arbre pour pouvoir tagger un pont. Vraiment Matthew devient un athlète étant bourré. Je le film quelques secondes sur snap et les incite à descendre. Shawn obéit tout de suite mais Matthew est plus récalcitrant.
Je souffle longuement et le menace telle une mère, qu'il n'aurait pas de pizza. Il proteste en hurlant et saute de l'arbre. Il tombe lourdement sur moi, Shawn le relève et m'aide ensuite. Je crois que les hurlements de Matthew l'ont fait désoûler. Il se masse les tempes tandis que que le chataint fait...le dinosaure, comme d'habitude.
Sur le chemin, on croise un gang énervé et s'avance dangereusement vers nous à la vue des bombes. J'interroge le chanteur du regard, cela ne présage rien de bon puisqu'il a le visage décomposer. Ils ont dû tagguer leur propriété.
"-Matthew ?
-Sjeishhe ?, répond-il.
-Ça te dit on fait une course ? Le premier arriver à la villa a gagné.
-Mais t'es sûre qu'il retrouvera le chemin ?, s'inquiète Shawn.
-On a pas trop le choix. Fallait pas se prendre pour Picasso les gars.
-Une course ? Je vais...perde. Non ! Je suis plus rapide qu'une licorne unijambiste atteint de Ebola.
Le gang nous siffle. Je regarde Shawn qui est prêt à lancer Matthew.
-Vous êtes prêts ? Partez !"
On se met à partir en flèche. Nos poursuivants sont musclés pour la plupart et donc ont dû mal à tenir la distance. À une intersection je tourne à droite et saute avant de me prendre les déchets. Au bout de la ruelle, je débouche sur une rue inconnue. On ne peut entendre que le bruit des voitures passer. Je sors mon téléphone mais celui-ci n'a plus de batterie. Évidemment. Ta race. Je fais demi-tour en évitant de faire trop de bruit en branchant ma batterie portable. Je m'accroupis près de la benne à ordure avant de reprendre le bon chemin. La voie est libre.
Dans un élan je commence à courir mais je suis stoppée net par un obstacle qui me propulse au sol. La personne ricane d'une voix rauque. Mes yeux se dirigent lentement vers son visage. Cependant la lumière du lampadaire m'empêche de bien le voir. À une main il me remet sur pied. Le bout de ses doigts relève mon menton et nos yeux se croisent. Lui. L'un des agresseurs de Nash, et maintenant le mien...
D'un geste violent, il me colle au mur me tenant le coup.
-"Tu as bien grandis ma petite Lucy. Ou devrais-je dire Bernadette, il replace lentement sa veste, ce qui lui donne un air plus effrayant. M'as-tu reconnu depuis la dernière fois ?
J'ai les mains moites. Les battements de mon cœur tambourinent dans mes tempes, ma respiration se fait de plus en plus saccadée. Je suis faible. Aujourd'hui depuis huit ans je suis tétanisée. J'essaie d'articuler quelques mots mais aucun son ne se produit. Nos regards ne se sont pas décrochés depuis, le sien essaie de me dominer tandis que je résiste malgré moi.
-Tu es toujours aussi têtue. Voyons voir si ton corps est resté inchangé.
À ces paroles, mon cœur rate un battement. Je m'étouffe quelques secondes avec ma salive, ce qui lui provoque un rire jaune. Il passe ensuite sa main sur ma hanche gauche et y fait une légère pression; assez suffisante pour décupler mon angoisse. Je secoue à peine la tête négativement mais rien n'y fait. Je sens mes yeux se remplir du liquide salé que sont les larmes et tente de les empêcher à couler. Mes efforts ne suffisent pas, mes larmes enveloppent désormais la plus grande partie de mes joues. La distance entre nos corps se diminue petit à petit.
Il descend sa main de mon coup vers ma jambe. Je serre les poings et planifie une stratégie pour m'en sortir. Mon agresseur baisse la tête puis la relève en fixant mes seins sous ma veste. Dès qu'il approche sa tête, je la saisit de mes deux mains et la pousse sur mon genou maintenant relever. J'entends un crack puis un hurlement provenant de sa bouche. Il se tient le nez puis recule de quelques pas. Ces quelques pas de distance me permette de prendre la fuite. Je cours encore dans une direction inconnue, essuyant rageusement mes larmes chaque minute.
À bout de souffle, je tombe à genou puis en arrière et engouffre ma tête dans mes bras. Et je pleure. Si mes amis me voyais dans cette état, ils me prendraient sûrement pour une autre personne. Sauf Lauren et Chris, même s'il ne savent pas. Et j'espère jamais. Une main s'abat sur mon épaule et me tire vers l'arrière. Je hurle à la mort et me débat tant bien que mal.
-Tu ne croyais pas t'en sortir aussi facilement, il me replace au mur face à lui. Tu vois ça, il désigne son nez, tu vas le regretter.
En une fraction de secondes je me reçois plein de coup dans la tête, sur le ventre, de partout... Ma tête me fait affreusement mal et son emprise sur ma gorge limite le passage de l'oxygène. Il s'arrête brusquement et ouvre ma veste, qui dissimule un tee-shirt écrit 'Bitches suck' dessus. Sa main se retire de mon coup pour violemment déchirer mon haut. Instinctivement je me protège de mes bras, puis baisse la tête.
-Tu n'as pas fait toutes ses années de boxe pour rien, me murmure-je à moi-même.
-Tu dis tes dernières prières ?
-J'ai dit que je n'avais pas fait toutes ses années de boxe pour rien !, hurle-je.
Je lui donne un crochet puis un autre et finis par me battre comme sur le ring. À ce moment précis, je n'ai même plus l'impression d'être dehors dans la rue, avec un haut déchiré mais dans ma salle de boxe habituelle défiant un nouveau combattant. Je sais quels sont mes atouts et mes points faibles contre un type plus costaud que moi. Tous les conseils de mon coach me reviennent en mémoire et je les utilise sans plus tardé. Il tombe lourdement sur le sol se recroquevillant sur lui-même.
-Pauvre conne, tu vas le regretter... On te retrouvera ! Toi et ton pauvre a...ami."
En temps normal, lorsqu'un adversaire ne se relève pas après un laps de temps, le combat est fini et plus aucun coup n'est autorisé. Mais mon agressivité prend le dessus et je le roue de coup. Ma tête me dit de stopper mais mes actions ne suivent pas. Je continue et continue. Ma jambe s'arrête et mon corps entier se pétrifie avant de partir en courant dans la direction opposée. Mon être tombe lourdement sur le sol un demi-kilomètre plus loin. J'essaie une nouvelle fois d'allumer mon téléphone. Ça fonctionne et je tente de passer un appel. Je ne sais pas pourquoi mais mon choix se porte sur lui.
-"Allô ?
-S'il te plaît aide-moi. Nash..., les larmes recommencent à couler.
-Oh calme-toi. T'es où là ? Sa voix n'est pas la même que d'habitude, je ne saurais dire quel sentiment le traverse en ce moment.
-Je..je sais pas. Il y a une grande intersection et...et une boutique de chau...ssures. Je suis à un kilomètre du...du pont...."
Puis mon téléphone se coupe, c'est certain je n'ai plus du tout de batterie. Je m'allonge au sol et espère qu'il me retrouve. En attendant, je tremble et continue lâchement de pleurer. Le vent qui provient d'en face me provoque d'horribles frissons. Je ferme ma veste et ramène mes jambes à ma poitrine. Une dizaine de minutes plus tard, des pas résonnent dans la rue. Au fond, je pris pour que ce soit Nash. J'entends les pas s'éloigner puis soupire. Une main se pose brusquement sur mon épaule et j'attrape le col du propriétaire, prête à refrapper. Nash me fixe avec ses grands yeux bleus et me relève doucement. Il me murmure des choses mais mon esprit recherche désespérément de la sécurité dans ses yeux. Seulement il est aussi effrayé que moi. On traverse la route et on monte dans sa voiture. Le trajet se fait rapidement. Arrivés à la villa, il veut me débarrasser de ma veste mais je l'évite. Il ne va pas plus loin puis m'amène dans ma chambre. Je m'assoie, lui en face. Ses lèvres meurent d'envie de poser sa question. Je réponds avant de l'entendre "Les toxicos". C'est ainsi que nous les avons renommé. Il se tait puis me pris dans ses bras. De nature je ne serais rester pas longtemps mais j'en avait besoin. Il desserre son étreinte puis me demande :
-Quest-ce qu'ils t'ont fait ?
-Quest-ce qu'il m'a fait. Il était seul. Je détourne le regard, fixant un point invisible. Il m'a d'abord frappé... puis... Je secoue la tête et reprend celle-ci entre mes mains.
Je peux sentir le malaise de Nash à des kilomètres. Il pose sa main sur mon dos, comme pour me rassurer.
-Et... avant ?
Il a hésité en la prononçant. Surprise, je le fixe. Comment a-t-il su ?
-Comment ? Je ne cherche même plus à démentir, il semble si sûr de lui.
-Tu caches forcément quelque chose, tout le monde en cache. Tu sais ce que je cache à toi de me le dire. J'ai l'impression que ça te ronge."
Je pars dans la salle de bain et m'y enferme. À l'autre bout, je sens son cœur s'accélérer. Il tente de me faire sortir. Mais je ne veux rien lui dire. Pas maintenant. Même dans cinquante ans. Si on se parle toujours. Je glisse de simples mots. Il comprend et s'excuse. Je déverouille la porte.
Il me borde au lit tel un parent. Juste avant de sortir, je l'interpelle afin qu'il reste. Je n'ai pas la force de rester seule ce soir. Il se glisse dans le lit et je pose ma tête sur son torse. Ses mains jouent avec mes cheveux. Après deux heures de vide totale d'esprit, mes yeux se ferment et je m'endors nerveusement sur lui.
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