Chapitre 3
24 octobre 2034. 06h34.
Je me relève dans mon lit et m'étire. Je me mets debout, et vais à la petite fenêtre de ma chambre. Je m'aide de ma marche et ouvre les volets, je n'ai jamais été assez grande pour le faire sans la marche, encore moins avec la mangathèque qui m'éloigne de la fenêtre.
Je referme cette fenêtre, puis je vais à ma grande fenêtre. Je l'ouvre en grand, attache mes volets, et m'appuies sur la barrière. L'air du matin est un peu frais, mais il est agréable. Le paysage qui s'étend devant est égal à lui-même, je le connais depuis mon plus jeune âge.
La même colline, la même petite ville. Le magnifique lever de soleil, qui devrait arriver d'ici une heure et demie. Je peux déjà me l'imaginer.
J'étais rentrée chez moi vers la fin de juillet, je ne pouvais pas rester indéfiniment à l'auberge, même si Henry appréciait beaucoup ma compagnie, et que c'était réciproque. Je lui ai quand même promis de revenir, et je le ferais.
J'avais repris un entraînement régulier, j'allais courir au moins cinq matins par semaine, pendant au moins deux heures, observant le magnifique paysage entourant l'auberge. Puis j'entretenais ma musculation, ma souplesse, comme je le faisais avant. Et comme je le fais toujours. Enfin, ce matin je n'irais pas courir, je ne veux pas réveiller ma famille.
Je finis par refermer la fenêtre, je ne vais pas laisser ma chambre se rafraîchir. Je me tourne vers mon bureau et m'assois. Il est presque vide, bien rangé. C'était rare qu'il le soit lorsque j'étais enfant ou adolescente. Actuellement, il n'y a qu'une feuille dessus.
"Vivre pour survivre ou survivre pour vivre ?"
J'y ai apporté ma réponse, lors de mes nombreux après-midi. Amara a trouvé une bonne question, pour m'occuper.
Enfin, j'ai finis par écrire une conclusion de ce que je pense.
De manière courte, tout dépend du sujet.
De manière détaillée, voici mes pensées :
Il s'agirait de la première possibilité si le sujet de tout les verbes et "je". "Je dois vivre pour survivre, ou je dois survivre pour vivre ?" Ou encore "Je vis pour que je survive, ou je survis pour que je vive ?".
Mais si le sujet change, la réponse pourrait être différente, en fonction du sujet que l'on met devant chaque verbe. Une des possibilité pourrait être "Ils vivent pour que je survive, ou je dois survivre pour qu'ils vivent". "Ils" désignant l'être humain, ou au moins les civils de l'État pour lequel je travaille. Mais la première proposition n'a pas vraiment de sens, si l'on change le sujet de cette manière.
En fait, la première possibilité n'a de sens que si le sujet reste le même pour les deux verbes. Ce qui amène à une question, dont je ne saurai décider de la réponse. "Je vis pour que je survive, ou je dois survivre pour qu'ils vivent"
Il est vrai qu'au vu de mes activités, lors de mes missions, la réponse la plus logique est la première possibilité. Je dois survivre en permanence. Et c'est peut-être même la partie de mon travaille que je préfère.
Quelle ironie ! Je sais que je peux être blessée mortellement à n'importe quel moment, et pourtant je continue d'exercer cette profession, parce que j'apprécie ce danger. Mais il semblerait que je n'ai pas songé un seul instant que ce danger était aussi réel pour ma camarade.
Enfin, ce qui amène au fait que je dois toujours apprécier mon métier. Après tout, j'ai comme l'impression d'avoir envie de repartir en mission. J'ai juste un vide dans mon cœur, parce que je sais que si je retourne en mission, ce sera sans Amara.
Mais je pense que ce métier était ma raison de vivre, et ce doit toujours l'être. Alors oui, je vis pour survivre. Je dois vivre pour avoir à survivre lors d'une de mes missions. La première possibilité peut être la bonne réponse si on observe la question de ce point de vue.
Mais la deuxième possibilité peut aussi être correcte, avec différents sujets, car après tout, mes missions servent à sauver des millions de vies. Si je passe mon temps à survivre, c'est pour empêcher de nombreuses batailles ou guerres, ou bien c'est pour rapatriés des civils. Dans tous les cas, chaque mission sauve des vies, d'une manière ou d'une autre. Que ce soit directement ou non.
Donc, pour moi, la dernière possibilité de question ne possède pas de réponse. Je ne peux en aucun cas en donner une. Mais bien entendu, c'est si on parle de moi. Car c'est ma réponse, ma pensée, ma vision.
La réponse sera différente dès qu'un élément changera. Que ce soit le sujet, comme je l'ai déjà expliqué, que ce soit la personne qui apporte la réponse, ou que ce soit l'élément sur lequel on s'appuie pour répondre.
Toute réponse sera différente, et toute réponse sera correcte. Il n'y a pas de fausse réponse à ce genre de question.
Voilà ma réponse. J'espère qu'elle saura satisfaire Amara.
Maintenant je ne sais pas comment m'occuper. Je voudrais bien jouer un peu de flûte, je m'y suis remis récemment, mais je vais réveiller ma famille. Alors je suppose que je vais juste attendre qu'ils se réveillent en dessinant.
J'attrape mon téléphone, mes écouteurs, et met de la musque. Ce matin, j'ai bien envie d'écouter toutes les musiques de la comédie musicale "1789, les amants de la Bastille". J'adorais ses musique quand j'étais enfant, et même maintenant je les aime. Elles portent différents sens, tous très importants.
Je lance la playlist, attrape une feuille blanche que je positionne en format paysage, un crayon, une gomme, et je me lance.
OK, ce n'était peut-être pas la meilleure playlist à choisir, je connais toutes les chansons par cœur, et dès la première je la chante. Enfin, pas trop fort, mon frère et ma sœur dorment à côté.
J'ai l'impression de retomber à quatorze ans, laissant mon talent s'exprimer à travers le dessin.
Ma main écrit ces mots au centre de la feuille. Puis je les efface. Il faut que je les imprime dans une calligraphie bien particulière. Au bout d'un moment, je les écris de nouveau, tels qu'Amara les avait écrit.
"Vivre pour survivre ou survivre pour vivre ?"
Après avoir dessiné de merveilleuses lettres, je pars du coin gauche, au bas de la feuille, et je remonte sur le bord en dessinant des motifs floraux, sans vraiment détailler les éléments. Je remplis la feuille, dessinant un perroquet en bas vers la gauche. Ajoutant un tigre des neiges au coin droit du bas de la feuille.
Je finis le premier croquis en dessinant de magnifiques fleurs dans le coin haut droit.
Arrive alors la chanson "Ça ira mon amour". Je ne peux pas m'empêcher de penser à Amara. Toutes ces paroles, j'aurai voulu les lui dire, lui promettre de passer le reste de ma vie avec elle. "Je t'offrirai mes nuits, pour la vie, c'est promis". C'est une phrase de la chanson, que j'avais en tête lorsque je l'ai embrassé... j'aurai tellement voulu lui dire le titre de cette chanson...
Je ne peux pas empêcher ces larmes de couler. Même si j'ai réussi à avancer, je pense à elle tous les jours. Je pleure pour elle tous les jours. Elle a laissé un vide dans mon cœur, qui ne se rebouchera jamais, je le sais. Elle a laissé cette solitude qui ne me quitteras jamais.
J'essuie mes larmes avant qu'elles ne viennent s'écraser sur mon dessin. Puis je pousse ma chaise en arrière, pour qu'elle roule assez, afin que je puisse regarder par la fenêtre. La lumière commence à apparaître petit à petit. Je n'ai jamais pu voir la lune depuis ma chambre, le matin, mais les étoiles sont visibles.
J'ai toujours eu une imagination débordante, mais je crois que cette fois c'est une hallucination. Je peux visualiser des traits entre les étoiles, formant la silhouette d'Amara. dessinant tous les traits de son visage.
Je me remets face à mon bureau et continue mon dessin.
Je repasse alors les contours à l'encre, commençant à ajoutant tous les détails, faisant travailler ma gomme. Mais très vite, la dernière chanson de la playlist arrive. C'était toujours celle qui provoquait le plus d'émotions, même quand tout aller bien.
"Le temps s'en va".
Rien que les premières paroles m'arrachent des larmes. "Je dévirais le vent, c'est juré j'irais de l'avant, esquivant les coups, vivant debout, en vainqueur pour l'honneur, et jusqu'au bout."
Puis je commence à me parler à moi-même, à répondre aux phrases de la chanson. Comment suis-je censée aller de l'avant, après m'être reçu un si gros coup ? Comment suis-je censée vivre debout, jusqu'au bout, en ayant perdu une si grosse part de moi-même ?
Les larmes s'écrasent sur mes genoux, heureusement je me suis éloignée de mon bureau, mon dessin est en sécurité.
"J'inverserai les choses, acculant les puissants si j'ose, à leurs vieux discours dans ce nouveau jour, ça ira mon amour pour toi".
Inverser les choses ? Comment est-ce possible d'inverser une mort ? Ou même d'inverser des sentiments ?
"ça ira mon amour pour toi"
Il est bien là le problème, je n'ai rien pu faire pour la sauver... tout est de ma faute... j'aurai dû la rejoindre plus vite... l'empêcher de se prendre ces balles...
J'aurais dû la laisser aller à la basilique, me charger moi de faire le tour de la ville.
C'est moi qui aurais dû prendre ces balles.
C'est moi qui aurais dû mourir ce jour-là.
La musique s'arrête, j'empêche la prochaine chanson de débuter, et enlève mes écouteurs.
Il est presque huit heures et demies, j'entends du mouvement dans la chambre de ma sœur. Elle non plus elle ne traîne pas au lit. Enfin, elle a dû y traîner depuis six heures, avant de se résigner à se lever.
Je me lève, sors de ma chambre, et me retrouve nez à nez avec ma sœur, qui vient de sortir de la sienne. Elle m'entoure immédiatement les épaules avec son bras droit, et m'appuies sur la tête avec son bras gauche.
- Bon anniversaire sœurette !!!
Je m'échappe rapidement de son étreinte et me mets face à elle, croisant les bras.
- Vraiment Alexia, t'en as pas marre de me prendre d'assaut de la sorte ?
- Roh, allez viens là !
Elle m'ouvre ses bras, et je finis par y aller, avec résignation.
Puis nous allons prendre le petit déjeuner ensemble. Mon frère ne risque pas de se réveiller avant au moins deux heures, et mes parents se réveilleront probablement dans moins d'une heure. En attendant, je laisse le silence gouverner.
Ma sœur est déjà remontée dans sa chambre. Quant à moi, j'ouvre la porte fenêtre de la cuisine et je sors dans le jardin. Je me dirige vers la balançoire et m'assois.
Au bout d'un moment, je plonge ma main dans ma poche et en sort mon paquet de cigarettes. J'en prends une et la place entre mes dents, lentement. C'est la première que je sors depuis ce jour, même si mon paquet était constamment dans ma poche.
"Tu dois être au courant à force, que ces machins te détruisent la santé."
C'était ce qu'elle m'avait dit ce matin-là. Ce à quoi j'avais répondu, d'un air philosophique, que fumer n'était dangereux que si on allumait la cigarette.
Ça a un air bien provocateur. Il s'agirait de placer le facteur destructeur là où il ferait le plus de dégâts, mais on ne le laisse pas agir. On ne lui donne pas le pouvoir de nous détruire.
Je reste cinq bonnes minutes assise à contempler mon jardin, puis je range la cigarette, avant de remonter dans ma chambre.
Je reprends mes écouteurs, et mets une nouvelle musique dans mes oreilles. Cette fois-ci, je vais passer le temps avec un album de Innerspace. Mon père m'avait fait découvrir ce groupe quand je devais avoir onze ans, et depuis j'adore ses musiques, surtout l'album Rise.
Je continue alors les détails de mon dessin, arrivant enfin au dernier élément. Je suis assez convaincue du résultats, alors je finalise le tout, en ombrant les différents motifs. Je ne mets pas de couleur sur ce dessin, je ne veux pas le gâcher.
Je l'éloigne alors de moi en tendant mes bras, observant mon œuvre.
Il n'est pas trop mal réussi, considérant que c'est mon premier gros dessin depuis des années.
Je regarde de nouveau l'heure, il est bientôt onze heures, je suppose que tout le monde est maintenant réveillé. Enfin, je n'ai pas envie d'aller vérifier, je ne veux pas sortir de ma chambre. je suppose que je vais attendre avant de jouer de la flûte.
Je vais alors me poser sur mon lit, la musique dans les oreilles, laissant le temps passer. Laissant mes pensées se balader. Laissant mon imagination créer quelque chose de nouveau.
Aux alentours de treize heures, mes parents m'appellent pour le repas. Je sors de ma chambre et descends les escaliers, pour arriver dans la cuisine. Une enveloppe est posée sur ma chaise.
Dès que j'arrive, mes parents et mon frère me souhaitent un joyeux anniversaire. Je les remercie avec un sourire à moitié faux, enfin je pense que c'est déjà un progrès.
Je saisis alors l'enveloppe, après que ma mère me l'ai demandé, et je l'ouvre. Bien entendu c'est une carte d'anniversaire. Je la lit, sans vraiment y prêter beaucoup d'attention, c'est juste un anniversaire de plus. "Joyeux 27 ans" et tout le blabla.
J'arrive à la fin, et je découvre mon cadeau. Comme on est pendant la première semaine des vacances scolaires, mes parents m'ont inscris au stage de patinage artistique qui a lieu la deuxième semaine. J'ai fait du patinage pendant mes trois années de lycée, et j'en ai fait à toutes les vacances scolaires pendant mes études. Autant que je le pouvais. J'avais finis par atteindre un niveau convenable. C'était ma passion, et ça l'est toujours.
Alors forcément, ce cadeau me fait plaisir. Je vais enfin avoir l'occasion de rechausser mes patins.
- Merci beaucoup pour ce cadeau, vous n'auriez pas pu trouver mieux.
- Donc tu restes au moins jusqu'à la fin de la semaine prochaine ?
- Bien sûr que oui maman !
Ma mère nous sert l'entrée et nous commençons à manger. Puis mon père aborde un sujet un peu sensible.
- Ce n'est pas un peu étrange que tu n'aies pas repris le travail après six mois ? Ils doivent bien savoir que tu n'es plus blessée.
Je prends une grande inspiration, je suppose que je vais devoir enfin leur dire.
- Savez-vous quel est mon travail ? Non, bien sûr que non vous ne le savez pas, puisque je ne vous l'ai jamais dit.
Mon père me regarde alors étrangement, comme s'il trouvait inimaginable que je ne lui ai pas dit la vérité.
- Tu n'es pas militaire ?
- Non. Enfin, si en quelque sorte, mais ça ne s'arrête pas là.
Je leur explique alors l'intégralité de mon métier, de mes missions. Et je termine avec ce qu'il s'est passé lors de la dernière mission.
- Vous ne trouvez pas bizarre que la guerre se soit arrêtée juste après avoir commencé ? C'est grâce à moi, et surtout à Amara, ma camarade de mission depuis le début. C'est elle qui a trouvé le document, mettant fin à la guerre. Le sang n'a pas trop coulé grâce à elle, les larmes n'ont pas autant coulées grâce à elle. La mort n'a pas ravagé grâce à elle.
Je fais un silence dans mon récit, les larmes recommencent à couler.
- Mais la guerre m'a dévasté. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle m'a épargné physiquement, pour me ravager mentalement. Elle m'a arrachée cette grande partie de moi. Elle m'a arrachée ma compagne.
Tout cela est vrai. La guerre est supposée arracher du sang, des larmes. Poser de la poussière sur des cadavres, instaurer le vide et la peur dans les cœurs. Propager l'odeur de la mort, inculquer l'horreur et l'atroce dans nos mémoires. Elle est supposée s'inscrire dans nos âmes, à tous, à nous tous, à tous les êtres humains concernés.
Et pourtant, j'ai l'affreuse impression qu'elle n'est apparue qu'une journée, pour fissurer mon esprit, moi et moi seule. Comme si j'étais la seule être humaine à être concernée par cette guerre.
J'essaie d'essuyer mes larmes, mais elles sont trop nombreuses. Ma famille est bouche bée, mais mon père finis par prendre la parole.
- Tu veux dire ta camarade de combat ?
Je le regarde alors droit dans les yeux.
- Non papa, tu ne comprends pas. J'aimais Amara. Je l'aime toujours. Voilà pourquoi je suis autant dévastée par son décès.
Je vois alors la colère dans ses yeux, mais d'une certaine manière, ma mère arrive à le calmer. Et mon frère prend la parole pour changer de sujet, à sa manière.
- Donc en gros t'es un peu The Scarlet Warrior c'est ça ?
Je le regarde alors d'un air de dire "What the fuck".
- Explications ?
- Bah en mode Scarlet Witch mais comme t'es une guerrière bah Scarlet Warrior.
Ok, je crois qu'il fait référence aux Marvel, mais je ne comprends toujours pas son point de vue. Et il le voit bien à ma tête.
- Wanda, on l'appelle The Scarlet Witch parce qu'elle a fait le mal, elle a en quelque sorte fait couler le sang, qui est rouge écarlate, d'où son nom nan ?
Ok j'ai compris ce qu'il voulait dire, mais il est vraiment maladroit, et ne dis même pas la vérité sur Wanda !
- Et toi tu fais aussi couler le sang de tes ennemis, ce qui fait de toi The Scarlet Warrior !
- Elros, je crois qu'on avait tous compris.
Je remercie ma mère et nous continuons de manger dans le silence.
Je prends la parole pour la dernière fois.
- Je ne sais pas quand mes supérieurs vont me contacter, pour me confier de nouvelles missions. Je ne sais pas si à présent je vais agir seule, ou si je vais avoir un ou une camarade de mission. Je ne sais pas ce que sera mon futur, mais je vais continuer à exercer ce métier.
Le lundi 30 octobre arrive enfin, je vais pouvoir retourner sur la glace. Je n'ai pas reparlé de mon travail avec ma famille, à vrai dire je suis restée muette pendant les repas, et j'ai évité au maximum mes parents, le reste du temps. Je ne crains rien avec mon frère et ma sœur.
Raconter tout cela à ravivé des souvenirs et des émotions que j'ai eu du mal à contrôler.
Je me suis défoulée, j'ai exprimé mes sentiments grâce à ma flûte. J'ai sorti d'anciens morceaux, et je les ai joué. Avec tout mon cœur, avec mon corps et mon âme. Avec toute la musicalité que je possède, et avec toute ma technique. C'était à la fois bouleversant, dans ma tête, et merveilleux pour le reste. Je suis sûre qu'Amara aurait aimé. elle voulait m'entendre joué de la flûte, elle me l'avait demandé plusieurs fois.
Si je n'étais pas dans ma chambre, j'étais dans mon jardin, à me défouler physiquement, ou à m'entraîner pour mon stage de patinage artistique. Je me suis entraînée aux sauts. J'arrive toujours facilement à faire mes doubles sauts, hors de la glace. Et je pense que j'y arrive toujours sur la glace.
J'ai aussi réussi une fois à faire une double axel, et ses deux tours et demis. Malheureusement, mon équilibre sur celui-ci n'est pas très stable, je ne vais sûrement pas y arriver avec mes patins.
Enfin, maintenant je vais pouvoir retourner sur la glace après un long moment, ça devrait me changer les idées.
En arrivant devant la patinoire, le soir, je me souviens avoir parlé du patinage avec Amara. Je lui avais dit que lorsque nous aurions de nouvelles vacances, ou assez de temps entre deux missions, je l'emmènerais sur la glace avec moi. je n'aurai pas pu tenir cette promesse non plus.
Enfin, je suppose qu'elle va suivre mes mouvements de près, je ne peux pas me permettre de rater des sauts ou des pirouettes à cause de ce chagrin qui me suit depuis six mois.
Je rentre enfin dans la bâtiment, et je vais chausser mes patins. Ils me vont toujours, et j'adore toujours les lacer. Ça m'avait beaucoup manqué.
Dès que les professeurs nous le permettent, je rentre sur la glace et commence à patiner. Ça fait tellement de bien. Ça me permet de m'évader pour un cours moment.
Je fait alors mes pas habituels pour m'échauffer avant que le cours ne commence, quelques trois, et quelques mohawks. Je fais quelques pirouettes aussi, debout pour commencer, puis assises ou allongées. Je m'en sors toujours, et elle me paraissent plutôt belles de l'extérieur. Même si je ne peux pas les voir.
Puis je finis le tout par quelques sauts. Un Salchow simple, suivit d'un boucle piqué. J'y arrive toujours, et je tiens mes réceptions. Il me reste plus qu'à voir si j'arrive toujours à faire mon axel et mes doubles sauts. Mais je n'ai pas le temps de les essayer, le cours commence enfin.
À la fin du premier cours, je suis épuisée, mais ravie. Ça m'avait beaucoup manqué, tous ces pas, toutes ces pirouettes et tous ces sauts.
Je rentre alors chez moi, attendant avec impatience le lendemain, et le deuxième cours.
Je passe toujours mes journées dehors, allant aussi voir quelques anciens amis datant du collège, qui sont rentrés pour les vacances.
J'arrive aussi à passer quelques après-midi à jouer au volley, avec mon frère et certains de ses potes. Il a fini par être professeur, comme mes parents, alors il est resté jusqu'à la rentrée scolaire de novembre. Je suis contente, j'aime beaucoup jouer avec mon frère, même s'il passe son temps à se vanter qu'il est le plus fort. Ça pour le coup, ça n'a pas changé du temps où il avait dix-sept ans.
Le vendredi arrive enfin, et je fais mon dernier cours, je ne peux pas être plus heureuse, j'ai enfin réussi mon double axel, je le dois certainement à mon métier sportif, qui m'a aidé à avoir une bonne détente. Et à mon entraînement, repris durement depuis quelques mois.
Je rentre chez moi, à l'arrière de ma voiture, conduite par mon père. Je regrette seulement d'avoir été seule sur cette glace, de ne pas avoir été accompagnée par Amara. Elle voudrait probablement que je continue de patiner, vu mes progrès, toujours visible, et mon épanouissement.
Malheureusement je ne peux pas.
En arrivant chez moi, je vois une femme. Celle qui nous avait expliqué la dernière mission. Le travail va reprendre.
Apparemment je serais seule. Selon mes supérieurs je suis assez forte. Et dans le pire des cas, je pourrais enfin retrouver Amara.
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