Chapitre 2

Stiles peina à ouvrir les yeux. Son alarme stridente retentissait depuis une dizaine de minutes et il venait à peine de commencer à l'entendre. Le son lui apparaissait fort flou, tout d'abord diablement lointain, puis de plus en plus proche et net. Au départ, il ne put rien faire de plus que distinguer quelques notes différentes, une mélodie familière, qu'il avait l'habitude d'entendre chaque matin.

Baboum. Baboum.

Encore embourbé dans ce sommeil de plomb dont il était en train de sortir, l'hyperactif fronça un tantinet les sourcils. Musique. Matin. Matin. Musique. Matin.

Alarme.

Lycée.

L'hyperactif réussit d'un coup à trouver la motivation nécessaire pour soulever ses paupières, avant de les refermer brutalement. Dans la pénombre, l'écran de son téléphone l'aveuglait, écran qui s'allumait à chaque fois que son alarme reprenait. L'adolescent jura, ou du moins il essaya, car il ne perçut pas lui-même les mots qu'il avait sans doute prononcés. Enfin, ses yeux se rouvrirent et il fit de gros efforts pour s'habituer à cette luminosité qu'il aurait dû baisser avant de dormir. Dormir. Le verbe résonna étrangement en lui et lorsque sa main eut attrapé son cellulaire et qu'il eut allumé la lampe de celui-ci, plusieurs choses lui sautèrent aux yeux. Déjà... Qu'est-ce qu'il faisait, à moitié en pyjama, non pas dans son lit mais au-dessus ? Encore groggy mais reprenant peu à peu ses forces, il se redressa sur ses coudes. Sous son corps – qu'il avait un peu de mal à bouger –, les draps étaient pourtant défaits, si ce n'est carrément en désordre. Quelles folies avait-il fait dans ce lit, la veille au soir ? Avait-il eu chaud au point de se découvrir en pleine nuit et faire de son lit un champ de bataille ? Cela expliquerait sa tenue... Partielle. Stiles frissonna. La fraîcheur ambiante de la pièce commençait à le gagner, si bien qu'il ressentit tout de suite le besoin de se couvrir. Simplement vêtu de son caleçon et de son haut de pyjama, il entreprit de se lever pour attraper son pantalon qui, pour une raison obscure, se trouvait sur sa chaise de bureau. Mais une douleur fulgurante au niveau du bas de son dos le fit s'écrouler au sol en gémissant. Pas parce qu'elle était beaucoup trop forte : simplement parce qu'il ne s'y attendait pas. A cela s'ajoutait la faiblesse manifeste de ses jambes.

La confusion le gagna d'autant plus qu'il était dans le flou concernant à peu près toutes ses sensations, ses ressentis mais également sa mémoire. Stiles ne se souvenait même plus à quelle heure il n'était couché. En se redressant péniblement, l'hyperactif se demanda comment il avait fait pour se faire mal à un tel endroit. Le bas du dos, c'était particulier... Bon, il avait l'habitude de s'endormir dans des positions abracadabrantes, peut-être l'une d'elles lui avait pincé un nerf, ou quelque chose comme ça... Dans tous les cas, ce n'était pas le moment de traîner : il devait se préparer pour aller en cours, même si l'envie qui le prenait actuellement était de rester au lit. Il était si fatigué... Et même si envoyer un message à son père pour lui dire qu'il n'était pas très bien et ainsi éviter le lycée était tentant, il ne le fit pas.

Ce mois-ci, il avait déjà séché les cours à deux reprises parce qu'il avait préféré s'occuper d'affaires surnaturelles et le shérif ne l'avait pas vraiment bien pris... Puisqu'il avait appris les absences de son fils par le biais du lycée. Après lui avoir passé un savon dont il gardait le souvenir de chaque seconde, Noah l'avait prévenu : sa scolarité passait en priorité. Tant pis si Beacon Hills explosait entre temps. Au pire, Derek et Peter Hale étaient là pour assurer le relais quand la majorité adolescente de la meute était en cours.

Si Stiles lui expliquait la situation et lui décrivait ce qu'il ressentait, sans doute Noah aurait-il été compréhensif. Les cours, c'était bien, mais que son fils garde la santé, c'était encore mieux. Mais l'hyperactif choisit de ne pas l'embêter avec ça. Au pire, il avait juste du mal à se réveiller et une fois qu'il aurait pris un bon café... Stiles grimaça : il oubliait parfois que dans son cas, c'était proscrit. Bon, eh bien... Il se réveillerait petit à petit.

Malgré sa faiblesse lancinante, Stiles s'activa et de longues minutes plus tard, il était habillé, son sac, préparé, ses cours, en bordel dans ses classeurs, et le voilà dans la cuisine, en train de se forcer à déjeuner, histoire de ne pas partir le ventre vide et s'affaiblir d'autant plus. Chaque bouchée augmenta la nausée qui lui tordait l'estomac et pour cette raison, il n'insista pas trop et s'arrêta bien vite de manger. Il s'avachit complètement alors qu'une chose le frappait.

Dans cet état, il ne peut pas conduire. Enfin, techniquement si, mais ce n'était pas prudent. Stiles avait toujours été un peu foufou, jouait parfois avec sa vie lorsqu'il jugeait avoir plus de six chances sur dix de s'en sortir. Là, il était certain de foncer dans le premier arbre qu'il croiserait. Ou la première voiture qui lui ferait face. Autant dire qu'aucune des deux options n'était préférable à l'autre. En fait... Non, il ne pouvait pas prendre le volant dans ces conditions. C'était suicidaire. Stiles l'avait déjà été dans nombre de situations, mais cette fois, il n'allait pas tenter le diable. C'était tout sauf prudent. Alors, il prit son téléphone, et appela directement son meilleur ami, en espérant qu'il soit d'accord pour lui rendre service. Avec Scott, on ne savait jamais : s'il avait déjà d'autres plans, impossible de compter sur son aide, souvent inexistante. Il était adorable, un vrai petit ange, mais... Oui, parfois, il avait sa propre définition du terme « priorité ».


Etonnamment, il répondit plutôt vite et c'était d'autant plus surprenant qu'il avait tendance à traîner au lit jusqu'à la dernière minute et à parler au moins de monde possible – hormis les filles qu'il comptait conquérir – tant qu'il n'était pas au lycée. Stiles regarda l'heure. Non, il ne pouvait pas y être déjà : il était bien trop tôt. Enfin, pas tant que ça, mais Scott avait l'habitude d'arriver deux pauvres minutes avant la fermeture du portail, quand Stiles préférait être là un quart d'heure en avance. Deux salles, deux ambiances.

- Salut bro, comment ça va ? Entendit-il au bout du fil.

La voix de Scott ne semblait pas endormie, comme s'il était réveillé depuis un moment. Toujours fatigué, Stiles choisit de ne pas se poser trop de questions pour l'instant, les réservant pour un moment où il aurait l'esprit plus clair. L'hyperactif prit son temps et décida d'avaler rapidement son traitement quotidien avant de répondre à son meilleur ami.

- Bof, je suis pas en forme. Est-ce que tu penses pouvoir passer me chercher ?

- Tu ne peux pas conduire ?

- Non, enfin si, mais... Je suis vraiment fatigué, j'ai peur de faire une connerie.

- Ne prends pas de risques, si tu ne le sens pas. Je peux venir te chercher sans problèmes.

Stiles soupira. Il détestait dépendre des autres mais pour cette fois... Il n'avait pas vraiment le choix. Outre le côté suicidaire de conduire sa voiture dans cet état, c'était l'accident qu'il risquait d'avoir. Roscoe et lui pouvaient avoir mal : les frais pouvaient être très chers, que ce soit l'hospitalisation de l'humain ou la réparation de la voiture. L'argent et la santé, voilà ce qui motivait Stiles à faire attention, pour une fois. Son père peinait à rembourser ce qu'il devait à Eichen House, alors autant ne pas en rajouter...

- Je suis désolé, Scott, mais je me sens vraiment pas... Vraiment pas d'attaque, termina-t-il avant de bâiller.

- Aucun souci, bro. Je me prépare et j'arrive, à tout de suite !

Et il raccrocha. Stiles posa son téléphone sur la table et soupira en se frottant les yeux. Bordel, heureusement que Scott était là. Sans lui... Peut-être qu'il aurait finalement tenté de prendre la voiture et aurait ainsi fait une connerie monumentale. Enfin, il aurait pu avoir de la chance et arriver au lycée sans encombre mais ça, c'était peu probable. Parce qu'il était vraiment, mais alors vraiment fatigué. Garder les yeux ouverts était difficile et maintenant... Il se sentait un peu essoufflé d'avoir tenu cette conversation avec son meilleur ami. Elle était courte, mais elle avait fait son effet. Stiles se leva et, d'un pas lourd, se dirigea vers le salon après avoir déverrouillé la porte d'entrée par avance. Il se laissa tomber sur le canapé et ferma les yeux. Se reposer une petite minute ne lui ferait pas de mal... Et peut-être même que ça lui permettrait d'être en forme. Il se toucha vite fait le front : difficile de prendre sa température soi-même, toutefois il ne se trouva pas chaud outre mesure. Doucement, il laissa sa main retomber alors qu'il sombrait étonnamment vite dans l'inconscience.

Un instant plus tard, des secousses un peu poussées et une voix qu'il connaissait bien le sortirent de sa torpeur. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Stiles vit son meilleur ami le regarder, inquiet.

- Hey, bro... Fit-il en souriant faiblement.

- Stiles, mon pote, ça va ? Demanda l'alpha d'un air préoccupé.

- Ouais, je... Je te dis, je suis fatigué. Mais qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais là ?

Scott eut l'air un peu surpris.

- Tu m'as appelé il y a quelques minutes, pour que je vienne te chercher, lui rappela-t-il.

Stiles fronça légèrement les sourcils et puis, ça lui revint. Tous les évènements mineurs de cette courte matinée se rappelèrent à lui. Merde... Je suis vraiment atteint, songea-t-il. La fatigue qu'il ressentait ne l'aidait pas du tout.

- Ouah j'suis désolé Scotty, fit-il, penaud.

- C'est pas grave, bro.

Sans se départir de son sourire doux et bienveillant, Scott aida Stiles à se lever, s'empara de son sac et rit lorsque Stiles se plaignit de douleurs en bas du dos. En chemin vers la voiture de sa mère, il se moqua gentiment de lui :

- Eh ben alors, on a fait des folies hier soir ?

Stiles soupira.

- Arrête, c'est pas drôle, j'ai vraiment l'impression de m'être pris... Je sais pas, une pelleteuse dans le cul.

Scott éclata carrément de rire à cause des mots employés par son meilleur ami. Meilleur ami qui ne se départit pas de son air à la fois sérieux et concentré.

- Pourtant, j'ai couché avec personne, continua l'hyperactif en forçant un peu sur sa voix. Je le sais. Bon, y a un moment, j'avais envie de... Non, laisse.

- Allez, dis-moi, rit encore Scott alors que son regard avait légèrement changé.

Mais c'était si discret que la version fatiguée de Stiles ne fit pas la différence. Il laissa son ami l'aider à monter dans la voiture et lorsque le latino se retrouva devant le volant, l'hyperactif reprit :

- Te moque pas... J'avais envie de... Enfin, j'étais curieux.

- Tu sais que je te jugerais jamais. Alors, qui tu voulais te faire ?

La mâchoire de Scott était légèrement contractée. Très légèrement. De son côté, Stiles se ratatina sur son siège.

- J'avais envie de... De tenter des trucs avec Isaac. J'avais pas envie de me le faire à proprement parler... J'aime pas cette manière de dire les choses. Je voulais juste... Essayer des choses avec lui.

- Ah, il te plaît ? Demanda Scott en s'efforçant de ne pas quitter la route des yeux.

- Je dirais pas ça... Soupira Stiles. Disons... Qu'il est disponible.

- Je le suis aussi, fit le latino d'un air innocent.

- Mais toi t'es mon frère... Jamais j'irais penser à toi de cette manière.

Une image traversa l'esprit de Scott. Une image fort plaisante. Par chance pour lui, la fatigue de son meilleur ami l'empêcha de se griller complètement à ses yeux. Enfin, dans son état, il n'était pas capable de remarquer grand-chose, d'autant plus que la drogue continuait de couler dans ses veines. Ce n'était pas la même que la veille. Disons que celle-ci avait le mérite d'être plus discrète et moins forte. Juste de quoi empêcher Stiles d'être aussi vif qu'il avait l'habitude de l'être.

- Plus sérieusement... Qu'est-ce que j'ai fait ? Désespéra l'hyperactif, qui commençait doucement à s'essouffler à force de parler.

- Tu veux que je sois honnête avec toi ?

Le fils du shérif hocha doucement la tête. Il voulait savoir, réellement. Comment pouvait-il se sentir aussi mal et ne pas se souvenir de la veille ?

- T'as un peu bu hier, lui apprit Scott sans quitter la route des yeux.

Il entendit Stiles hoqueter et perçut la surprise dans son odeur. Plus que ça : l'incrédulité.

- Mais pourquoi ? Demanda-t-il après avoir digéré l'information.

- C'était la réunion de la meute. Il y avait de tout, comme d'habitude. Au départ, t'as commencé avec un verre. Tu disais vouloir te détendre.

Stiles fronça les sourcils. Le pire... C'était que c'était totalement son genre. La chose lui était arrivé il n'y a pas si longtemps que cela mais cette fois... Il s'en souvenait, sans doute parce qu'il avait énormément bu, mais pas assez pour oublier. Il allait vraiment falloir qu'il abandonne ce genre d'habitudes.

- Merde, souffla-t-il avant de brusquement tourner la tête vers son meilleur ami. Est-ce que j'ai fait des conneries ? Scotty, sois honnête. Si tu m'as vu... Faire quelque chose de... De profondément ridicule ou de pas bien, dis-le-moi, il faut vraiment que je sache.

- En vrai t'as été soft, t'en fais pas, le rassura le loup en tournant à un virage. Tu t'es juste endormi très vite.

- Eh bah...

Stiles se ratatina sur son siège, empli de honte. Ce qu'il était idiot... Quand pourrait-il, une fois dans sa vie, arrêter de faire des choses aussi stupides ? Dans un sens, il s'était donné en spectacle, et il n'aimait pas ça du tout. Forcément, il perdait en crédibilité : comment il pourrait essayer d'empêcher son meilleur ami de faire des bêtises s'il en faisait de telles de son côté ? Ce n'était pas grave en soi, mais le but était d'éviter de réitérer la chose.

- Des fois je te trouve con tellement tu fonces dans le tas, mais parfois, je le suis plus que toi, maugréa-t-il.

Scott rit aux éclats et Stiles sentit un étrange frisson le parcourir avant de se mettre à rire à son tour par mimétisme.

Il était avec son meilleur ami. Tout allait bien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top