👑 CHAPITRE 21 👑

Il y a bien des façons de se battre et il ne fut nul doute que nous nous serions battu si de plus grands enjeux ne se cachaient pas derrière notre dos. Cette soirée était l'occasion pour Ivory de rappeler à tous ceux et celles ici rassemblés, sa supériorité : aussi bien par son rang, que par le titre qu'elle espère avoir, que par l'étalage de fortune dont elle fait démonstration et ainsi de suite. Cette supériorité n'était menacé que par un seul et unique élément : moi.

Sans que je ne comprenne pourquoi, et ce, depuis l'enfance, j'ai toujours été vue comme étant une menace pour mes aînés et tandis qu'ils s'écharpaient pour gagner les faveurs du Roi, celle qui les avaient réellement sans les avoir demandées été devenue le nouveau jouet favoris des plus grands. J'étais petite, impuissante et ignorante. J'ai grandis dans le secret, sans la moindre éducation sous couvert de protection. Je ne sais pas réellement d'où je viens, ni qui je suis si ce n'est une tête couronnée de plus. Chose que je n'ai jamais demandé. Dans le peu de souvenirs que j'ai de ma mère remontant à ma petite enfance, je ne vois qu'un visage doux et un large sourire. Elle passait son temps à me sourire en me disant pour seuls mots «Un jour viendra, tu comprendras». Sauf que je ne comprends toujours pas. Je grandis et évolue dans un milieu qui m'est hostile, qui me menace constamment, qui me mets en danger, qui me blesse et me rejette perpétuellement et je suis censé avoir l'illumination divine un jour ?

C'est ridicule. Alors au lieu d'attendre ce jour, j'ai décidé de riposter, de réclamer mon droit de vie, mon droit de survie et surtout mon droit sur le trône étant légitiment une héritière de la dynastie des Boùrbon. Lassée d'être le jouet, je suis devenue la joueuse et bien qu'au départ tout cela ne m'intéressait guère, je me rends compte que de plus grandes choses sont en jeu et en marche. Il y a dans l'ombre de notre querelle familiale des forces qui tirent les ficelles et influencent nos vies à un point dont on ne se rends même pas compte.

Il y a bien des façons de se battre et il ne fut nul doute que nous nous serions battu si de plus grands enjeux ne se cachaient pas derrière notre dos et le mien est de faire de ma sœur aînée la dernière des catins. Je présume que je devrais m'en tenir au plan et à la promesse faite à Valerian, mais comment rester tranquille quand la simple présence de votre plus grand cauchemar vous rappelle à l'ordre ? Je ne me suis pas lancé dans le Ruler Game pour gouverner le royaume de Nettivia, je n'en ai pas les capacités, ni les moyens, mais je ne me suis pas lancé pour laisser le royaume sombrer aux mains d'individus méprisants et méprisables tels qu'elle et son cher frère bien aimé. Nettivia mérite mieux qu'eux. Mieux que moi. Notre famille est pourrie, corrompue, tordue et pour ce que je sais... elle est également foutue. Alors ce soir est l'occasion pour moi de montrer aux sujets de Sa Majesté qu'ils vaillent mieux que d'être attachés à des cages flottantes.

- Bienvenue, Magdalena. Je t'attendais.

Elle se tient juste là, de toute sa hauteur dans sa robe transparente dévoilant des parties de son corps que je ne préférais ne pas voir mais dont je ne peux détacher le regard par peur. Je dois bien le reconnaître, il y avait quelque chose d'indéniablement attirant et envoûtant chez cette femme. Dans sa main trônait un petit boîtier noir qu'elle agitait avec un grand sourire satisfait.

- Sais-tu ce que c'est ? Un brouilleur. En appuyant sur ce minuscule petit bouton, juste là, j'éteins tout ce qui est électronique dans un certain périmètre. Il n'y a donc ni drones pour filmer. Ni jolie robe pour te protéger. Pensais-tu vraiment pouvoir venir jusqu'ici en toute impunité ? As-tu perdu la tête ?

- Je suis venue récupérer quelque chose qui m'appartient et conformément à la règle de l'Echange, si un participant réclame le retour de l'Echangé alors...

- Alors celui ou celle qui est en sa possession doit le rendre, mais cela se fait sur la condition de celui qui en est dépouillé. Ne me dis pas que tu as oublié une partie du règlement quand même ? En outre, je doute que tu sois en mesure de remplir disons...ma condition.

- Tu veux parier ? lancé-je alors

- Ma pauvre Magdalena, toujours à croire que tu peux affronter vents et marées. Mais soit ! Je suis bonne joueuse et je ne veux pas perturber la fête. Divertis donc mes invités ! Je suis certaine que tu sauras rendre la soirée...mémorable.

- Tu sais quoi ? Je suis plutôt d'humeur à jouer...à cache-cache !

Me baissant pour attraper deux petites sphères accrochées aux lanières de mes talons en guise de décoration, je les active avant de les lancer dans la foule, avant qu'un flash aveuglant ne vienne perturber l'assemblée, profitant du désordre pour me faufiler ailleurs, rampant à quatre pattes à même le sol.

Owen n'est pas là. Maintenant que c'est confirmé, il faut que je sorte de là.

- Eh bien, eh bien, vous avez tous entendu la Princesse ? Jouons ! J'offre une grande récompense à quiconque trouvera ma sœur en premier ! Que la partie commence !

Ce n'était qu'une question de temps avant que l'ensemble des invités ne me trouve et profitant de l'attroupant, je me glisse subtilement hors de la pièce, repartant dans le hall et attrapant le boîtier que Valerian m'avait précédemment donné, ce dernier discrètement caché entre mes deux seins.

A l'intérieur, une oreillette qui s'active dès que cette dernière se trouve en position.

- La fête est-elle plaisante ? siffle une voix amicale tandis qu'un sourire m'échappe.

- Horrible ! Cela ne te plairait certainement pas, mais l'important c'est que l'orgueil d'Ivory m'a permis de sortir de la salle de réception comme on l'espérait. Guide-moi maintenant, où est-ce que je dois aller ?

- Le Duc n'était-il pas présent ? me demande Valerian

- Nullement. Elle se douterait que cela me faciliterait probablement trop la chose, soufflé-je en grimpant des marches d'escaliers entendant des pas arrivant derrière moi

Me glissant derrière un pan de mur, je vois deux individus passer à proximité et je doute alors que ma sœur ait lancé ses invités à ma poursuite. Quelle plaie. Les gardes et eux ? Cela fait beaucoup, même pour moi.

- La chambre de la Princesse se trouve au cinquième étage du château. Au bout du couloir, tu as un ascenseur sur ta droite.

- Des escaliers ?

- Tu as envie de faire ton sport durant cette soirée ?

- Nullement, mais je n'ai pas envie de me laisser attraper car j'ai été assez idiote pour prendre l'ascenseur principal. Donc ? Je t'écoute.

- Troisième porte sur ta gauche.

- Merci !

- Elle est là !

Me retournant en apercevant un groupe d'hommes m'arrivant droit dessus, je quitte mes chaussures que j'abandonne à mi chemin, me précipitant dans la cage d'escalier. Soudain, un garde m'arrive droit dessus et par réflexe, je me baisse alors que ce dernier tente de m'attraper, le faisant basculer par dessus la rambarde avant de l'entendre s'écraser plus bas.

- Aïe...Désolée...

Je continue ma progression au pas de course. Un étage. Puis un autre et...

- Princesse Magdalena, arrêtez !

- Des ennuis ? m'interroge Valerian de l'autre côté de l'oreillette

- Oh tu me connais ! Qu'est-ce que c'est un problème ? blagué-je en tentant de trouver une issue

- Magdalena, n'oublie pas la promesse que tu m'as faite : pas de vagues.

- J'aimerais bien, mais, il y a un petit peu de remous là ! Tu me donnes cinq minutes ?

Faisant face à deux autres gardes, je ne trouve pas d'issus immédiates autre que le combat et je ne peux qu'espèrer que l'entraînement de ces dernières semaines de Valerian porte ses fruits.

- Honnêtement, j'aime beaucoup cette robe et je trouverais cela tout à fait navrant de l'abîmer.

Néanmoins, entre deux coups de poings, trois ou quatre baffes, des griffures et mon lot de coups reçus, je réussis à me débarrasser de mes deux opposants non sans mal.

- Je te sens à bout de souffle, est-ce que ça va ?

- Les choses se compliquent. Valerian, je ne suis pas un soldat, lancé-je en prenant quelques minutes en m'asseyant sur les marches pour me remettre de l'échange précédemment, quelque peu sonnée

- Plan B ?

- Non ! Je peux y arriver ! Laisse-moi juste...juste quelques minutes.

- Magdalena...

- Je ne quitterais pas ce château sans lui, tu m'entends ? Lui, ne m'a pas abandonné malgré tout ce que j'ai pu lui faire subir alors si je veux, un jour, pouvoir me regarder dans un miroir, je dois le faire et puis n'était-ce pas le plan ? Que j'attire un maximum l'attention pendant qu'Alison et les hommes du Duc s'occupent ?

- Et tu sais que ce plan ne me ravie pas.

- Néanmoins, c'est notre grand coup d'éclat !

Repartant, je continue de monter les étages jusqu'à arriver au cinquième, débarquant comme une furie dans la chambre d'Ivory tandis que je trouve une pièce vide.

- Valerian..

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Il n'y a personne. Il n'est pas là.

- Quoi ? Mais...

Il y a des chaînes attachées au lit. Il y a des tâches de sang sur ces dernières. Il y a ...

- Magdalena..Parle-moi...

- Que lui a-t-elle fait ? grincé-je en serrant les chaînes contre moi dans mes mains tremblantes

- Arrête. Je te vois venir. N'imagine pas le pire. Ne fait pas ça...Ecoute-moi.

- Je suis désolée...Je suis tellement désolée...sifflé-je alors qu'une larme de colère dévale la pente de mes joues.

- Magdalena...Non.

- Tu avais raison sur un point au moins : C'était un mauvais plan.

Enlevant l'oreillette pour l'écraser à même le sol d'un coup de talon, je m'apprête à quitter la pièce quand un groupe d'une vingtaine de gardes et d'invités semblent arriver à ma hauteur, se tenant même sur le pas de la porte.

Je ne les passerais pas.

- C'est fini Princesse. Le jeu est terminé.

Non.

Non.

Non.

- Dites-moi, braves hommes, de quel côté de la demeure sommes-nous ? demandé-je en reculant progressivement

- Je vous demande pardon ?

- Est ? Ouest ?

- Qu'est-ce que...

- Prions pour qu'on soit du côté ouest ! sourié-je

Attrapant la chaise et la jetant par la fenêtre, je passe par cette dernière en enjambant avant de me retrouver cramponnée aux murs même du château, marchant en crabe pour atteindre la pièce suivante tandis que tous les regards me suivent.

- Princesse arrêtez !

- Quelle belle vue, cela serait dommage de ne pas en profiter !

Peut-être qu'on aurait dû effectivement passer au Plan B.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top