👑 CHAPITRE 15 👑
Avant de me faire enfermer dans ma chambre, le Roi s'était assuré de me dépouiller de tous moyens de communication ou d'information : Téléphone et tablette confisqués en attendant que vienne le jour. J'étais donc assise sur le bord de mon lit, fixant inlassablement ce même plafond à la charpente apparente, tentant de comprendre encore une fois ce qu'il venait de se passer comme si, ressasser les souvenirs de la soirée allait me permettre d'apercevoir un détail à côté duquel j'étais passé. Sauf que rien ne me vient si ce n'est le douloureux souvenirs des ongles de Calice entrant dans ma chair et je présume que ce genre de démonstration de force est passée inaperçu aux yeux de tous ceux s'étant refait les images de la soirée.
Peut-être était-ce ma fin ou peut-être que le procès allait mettre en lumière certaines choses, personne ne pouvait dorénavant prédire ce qui allait se passer. Comme personne n'aurait penser que la Reine se ferait assassinée à Celestia. Quiconque soit derrière une telle manœuvre, l'entreprise n'est pas anodine. Tuer la Reine en profitant aussi bien du peu de moyens déployés ici et de ma haine notoire pour elle, faisait d'une pierre deux coups, mais cela induit également qu'un petit cercle restreint de personnes soit présumé coupable. Peu de gens savaient pour les abus de la Reine ou bien d'Ivory parmi ceux présent et impliqué dans le Ruler Game. Sur cette même poignée d'individus seulement quelques uns sont ici présents. Donc cela m'amène à penser que j'ai trahis par un proche. Mais qui ? Voilà qui me semble bien difficile à déterminer si je reste enfermée ici plus longtemps.
Quittant mon lit pour m'approcher de la fenêtre, mon premier réflexe est d'essayer de déduire la hauteur qui me séparait du sol. Je ne suis qu'au premier étage, je pourrais aisément sauter, mais je finirais alors devant les gardes patrouillant devant le château et me ferait remarquer. Un sourire m'échappe quand je me rends compte de ma pensée. Fuir n'est pas une option. Si je fuis maintenant, autant être reconnue coupable. Cela leur donnerait raison et je suis presque persuadée que le Roi serait bien content de trouver une tête à faire rouler. Car voilà tout ce qu'il cherche présentement. Une tête à faire rouler. Son mariage avec Calice était un arrangement et à présent que celui-ci est brisé, certains dignitaires d'un certain royaume voisin ne tarderont pas à demander un responsable si ce n'est déjà fait et je présume que pour l'instant, tous les doigts sont pointés sur moi.
- Je présume que tout se jouera demain matin.
Retournant sous mes draps, je me couvre, tentant de trouver de le sommeil, essayant de ne pas penser à ce qui peut bien m'attendre. Je ne voulais pas donner satisfaction en montrant mon appréhension à Ambrose, mais ce n'est pas non plus quelque chose que je peux dissimuler. Depuis le début de ce jeu, tout me fait peur, mais rien ne doit transmettre de moi car si, moi, j'ai peur, alors pourquoi tous ceux me faisant confiance n'auraient pas peur également ? Comment inspirer la confiance quand vous transpirer le doute ? C'est impossible. Alors j'ai fais semblant. J'ai prétendue être forte, j'ai prétendue savoir ce que je faisais ou avoir enfin un éclair de génie, mais si récemment la chance semblait me sourire, on dirait bien que cette dernière me tourne une nouvelle fois le dos.
Plus tard dans la nuit, ce sont les craquements répétés du plancher qui me sortirent de mon sommeil tandis que ma main glissait délicatement sous l'oreiller voisin, attrapant l'arme que le Duc m'avait laissé. Sentant quelque chose s'approcher, je bondis hors de mon lit, tombant et roulant sur une silhouette encapuchonnée tandis que l'arme roula quelques mètres plus loin, m'échappant totalement des mains. Les bras immobilisés au-dessus de la tête, je sentis une force faire pression contre mes poignets avant d'entendre un râle s'échapper alors que mon genou venait faire pression sur son entrejambe.
- Autant je n'ai jamais été contre une nuit d'amour, autant être reçu avec autant de sauvagerie m'avait presque manqué. Bonsoir, Princesse.
Enlevant la capuche couvrant son visage de sa main libre, le visage familier d'un ami se laisse découvrir progressivement.
- Votre Excellence.
Un sourire transcendant mon visage apparaît tandis que je peine à réaliser ce qui était entrain de se passer. Owen était là ? Réellement ? N'était-ce pas un rêve ?
- Comment... soufflé-je à haute voix tentant de comprendre les raisons de sa présence
- J'aurais aimé avoir le temps de m'attarder sur ma présence, mais malheureusement il va falloir remettre cela à plus tard. Il faut vous enfuir. Maintenant.
- M'enfuir ? Pourquoi ? Que se passe-t-il ?
- Dois-je vous rappeler ce qu'il s'est passé ? Êtes-vous encore endormie ? se presse-t-il en rassemblant mes affaires, Allons dépêchons !
Je le regarde s'agiter alors que mon corps reste planté là, incapable de bouger tandis qu'il procède encore à enregistrer l'information. J'avais mille et une questions en tête : Comment Owen avait-il réussit à quitter Eldford ? Comment est-il entré dans le château alors qu'il doit probablement y avoir des gardes et des drônes de surveillance ?
- Très bien, mais je ne sors pas dans cette tenue.. Auriez-vous l'amabilité de me défaire des boutons encombrant ma tenue pour que je puisse me changer ?
- Bien sûr, laissez-moi faire.
Me retournant afin de lui donner accès à mon dos, je profite de cet instant de distraction pour saisir la lampe de chevet se trouvant juste à portée de ma main droite.
- Cela me rappelle la première nuit où nous nous sommes rencontrés. Vous en souvenez-vous ?
- Bien évidemment, comment pourrais-je oublier ?
- La situation actuelle, nous donne un air de déjà vue, n'est-ce pas ? Vous et moi...tandis que vous m'aidez encore une fois à me défaire des boutons de ma robe.
- Les derniers furent particulièrement tenaces, je dois dire !
Brusquement, je me retourne et lui assène un grand coup, éclatant la lampe sur son crâne tandis qu'il s'effondre au sol, un filet de sang s'écoulant sur son visage.
- Comment...vous... souffle-t-il alors en tentant de se redresser
- « Autant je n'ai jamais été contre une nuit d'amour» ? Sérieusement ? Je ne sais pas qui vous êtes, mais sachez une chose : Owen de Norlia n'a jamais été intéressé par mon corps, et ce, dès notre première rencontre. En outre, je ne portais pas une robe avec des boutons lors de cette soirée, mais une robe avec une fermeture éclair. Deux fautes en si peu de temps...c'est mauvais. Cet homme est bien des choses, mais il ne serait pas là, paniqué à me dire de fuir. Il se tiendrait à mes côtés et me dirait de me battre pour leur prouver à tous. Donc, je vais poser une seule et unique question et j'attends une réponse convaincante : Qui vous envoie ?
Qui aurait la technologie nécessaire pour faire de cette marionnette une parfaite copie conforme du Duc ? J'avais ouïe dire que le Royaume utilisé ce genre de technologie à l'aide de puces et de nanotechnologie mais ce n'était qu'au stade expérimental et très peu développée car cela demandait...une empreinte génétique à copier. Du sang.
Ivory.
- Je devine à votre visage que vous avez trouvé la réponse que vous cherchiez, ricane-t-il en se traînant au sol.
- Bien évidemment. Il n'y a qu'elle pour s'abaisser à utiliser de telles méthodes. Quelle va être sa déception en apprenant que vous avez lamentablement échoué. Je présume que le plan était de me convaincre de fuir, de m'entraîner dans la forêt et de me tuer dès que l'occasion s'en présentait ? Si peu original de la part de ma soeur bien qu'elle ait eu une approche intéressante pour une fois en pensant qu'un jumeau maléfique du Duc ferait l'affaire pour me convaincre. Et je dois dire que ça a faillit marcher. Vraiment.
- La Princesse vous fait dire que jamais vous ne remettrez la main sur ce qui est légitiment à elle. Vous pouvez être assuré qu'à l'heure actuelle, le Duc de Norlia n'est probablement plus que l'ombre de l'homme qu'il était jadis. Soir après soir elle y a veillé. Nuit après nuit, elle s'en est chargé. Avec soins et précautions. Au début on l'a entendu crier, mais après...oh après...tout ça n'était plus qu'un lointain souvenir.
L'image qui me traversa l'esprit suffit à me donner la nausée.
Jamais, je n'aurais dû le laisser partir. J'aurais dû m'y opposer, lui briser les deux jambes ou que sais-je encore ! J'aurais dû le retenir. J'aurais dû...car j'étais la mieux placée pour savoir ce dont elle était capable. Sa folie et ses penchants ne connaissent de limites que son imagination. Que lui a-t-elle donc fait ? J'ai besoin de savoir.
J'ai besoin de le voir. J'ai besoin de...
- Eh bien, nous verrons ça.
Ramassant l'arme gisant à mes pieds, je tire pratiquement à bout portant tandis que la déflagration se fait entendre dans tout le château poussant les gardes à intervenir en quelques secondes à peine. Avec le bruit du fracas de la lampe et tout ce qu'il s'est passé, je suis presque étonnée que cette fois ils aient entendus quelque chose.
Très vite, la chambre se remplit et Valerian rejoint le groupe poussant un léger cri en voyant le corps se trouvant au sol, la cervelle explosée.
- Ce n'est pas lui, soufflé-je en le regardant. Ce n'est pas lui.
Je me serais attendue à avoir le cœur en morceau d'avoir a tiré sur «Owen» ou bien même d'être choquée par mon geste, mais au lieu de ça, ce même petit sentiment de satisfaction refait surface. Tel un soulagement. «Tuer» m'a fait du bien, ça m'a apaisé et j'ai peur de réaliser que progressivement ce plaisir m'emmène dans un endroit que je ne suis pas réellement certaine d'apprécier.
- Par contre, rajouté-je en jetant l'arme et en retournant m'asseoir sur mon lit, Là si cela vous plaît, vous pouvez m'accuser de meurtre.Quant à savoir qui était-ce ? Pas la moindre idée, mais je suis certaine que cet incident mettant en lumière l'incapacité brillante des gardes royaux à ne pas savoir protéger convenablement un membre de la famille royal, sera éclipsé des événements de cette douce et belle soirée ?
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