👑 CHAPITRE 7 📱

Etant incapable de trouver le sommeil malgré l'envie irrémédiable de sombrer, je me retrouve plongée dans le silence, emmitouflée dans mes draps, regardant la silhouette d'un homme un inconnu se trouvant à proximité de ma fenêtre. Sa main gauche tient à peine le rideau comme pour l'en écarter légèrement afin de voir ce qu'il se passe par delà l'horizon. A ce propos, je ne sais pas ce qui attire et capte autant son attention, mais il n'a pas détourné l'oeil depuis une bonne dizaine de minutes. Il reste simplement figé là dans le noir à observer.

- Je doute fortement que Son Altesse puisse trouver le sommeil en me dévisageant de la sorte.

Sa remarque a le mérite de me faire sourire. Il n'a pas regardé une seule fois en ma direction et pourtant il sait que je l'observe également, et ce, avec la plus grande fascination. N'est-il pas fatigué ? N'a-t-il pas envie de se reposer avant demain ? Car peu importe ce qui se passera, au lever du jour, les rumeurs parcourons chaque parcelle du palais et toutes seront à notre propos. Je présume que nous aurons maintes à faire.

- Vous seriez surpris, Votre Excellence, de l'aspect soporifique que peut avoir votre silhouette se tenant ainsi fixement près de ma fenêtre. Le paysage vous plaît-il donc tant que cela ?

- A vrai dire, je le trouve tout à fait désolant.

Évidemment, ma chambre n'est pas positionnée de sortes à ce que je puisse profiter d'une vue sur la cour extérieure, les jardins ou bien même la ville par delà les remparts. Non loin de tout ça. La vue qui m'a été offerte donne sur une serre complètement abandonnée et une forêt bien trop dense qui s'avère quelque fois lugubre dans certains moments.

- Donc, je doute fortement que ce soit ce dernier qui vous fascine autant.

- Pas le moins du monde même.

- Dans ce cas, que faites-vous ainsi planté là ?

- Rien...je me demande combien de temps encore allons-nous être surveillés ?

Pardon ?

Je me lève en toute hâte tandis que le duc s'empresse de refermer le rideau avant même que je ne puisse atteindre la fenêtre.

- Qu'est-ce que vous faites ? lui demandé-je.

- Je nous évite des ennuis supplémentaires. Vous n'êtes pas vraiment dans une tenue disons...dès plus décente et en bon gentleman, j'évite à un quelconque pervers de se délecter de la vue.

Suivant son regard qui porte sur ma poitrine, je m'aperçois que cette dernière est presque découverte dans cette chemise de nuit et que les bretelles ne sont plus sur mes épaules, mais ont bel et bien glisser sur mes bras.

- Vous êtes ignoble.

- Vous remarquerez que je n'ai absolument rien dit. Vous devriez retourner vous coucher.

- Figurez-vous que je ne trouve pas le sommeil.

- Comme c'est étrange, désirez-vous que je vous chante une berceuse ? Je suis un excellent ténor figurez-vous.

- Je me passerais de vos services.

- Ou alors vous faut-il un quelconque "doudou" pour vous endormir ? Je peux également combler cette position.

- Duc ? Vous n'irez pas dans mon lit.

Il rit avant de retourner s'asseoir sur le sofa lui servant de lit pour la nuit tandis que je regagne le mien à mon tour, m'enveloppant des draps tout en le fixant du regard.

- Ne me regardez pas ainsi, je ne vais pas vous sauter dessus.

- Je sais. Vous avez été parfaitement clair quant à vos intentions.

Et là encore, j'ai du mal à y croire. Une promesse ? Soyons réalistes deux minutes. Nous ne vivons pas dans un monde suffisamment bon pour que les gens aient réellement de bonnes intentions sans rien cacher. Sans rien attendre en retour. Cette promesse n'est qu'une excuse bidon qui sert un dessein plus vaste à mon avis. Il ne me reste qu'à découvrir quoi. On dirait bien que je vais devoir jouer le jeu si je veux découvrir ce que ce cher Duc Owen me cache. Qu'est-ce qu'un homme comme lui peut y gagner à participer au Ruler Game ?

- Duc, je peux vous poser une question ?

- Vous êtes déjà en train de le faire, mais je vous écoute.

Je veux savoir. Pour la première fois de ma vie, je me retrouve à être particulièrement intéressée par la vie d'un autre individu que la mienne. Pour la première fois de ma vie, je suis curieuse.

- Allez-vous rester ainsi toute la nuit durant ? Simplement assis à me regarder, je veux dire...

Il ne me le dira pas. Quand bien même je venais à lui poser la question, je présume qu'il trouverait alors une pirouette et ne me répondrait pas. Au mieux, il réussirait à détourner la conversation afin qu'il puisse ravoir le contrôler de celle-ci et finirait par capter mon intention sur autre chose me faisant ainsi totalement oublier mon but premier. Si je veux une réponse, il faut que je puisse aborder ceci autrement.

- Pour tout vous dire, je n'en sais rien. Je ne me sens pas d'humeur à me détendre.

- Pourquoi ? A cause de ce que vous avez vu par la fenêtre ?

- Je présume qu'il est tout naturel que les gens se posent des questions après nous avoir vu partir ensemble, mais je n'imaginais pas que...

- Que Byron irait jusque-là. Le connaissez-vous aussi mal que cela ?

- Si je devais être totalement honnête avec vous, je dirais que je ne le connais pas du tout. Mes rapports avec le Premier Prince sont plutôt limités.

- Je vous pensais amis.

- Comme je vous l'ai déjà dit Princesse, nous vivons dans une société superficielle et jouant énormément sur les apparences. Malgré tout ce que je peux dire sur ça, je ne fais malheureusement pas exception à la règle. Je profite de certaines choses tant que les gens restent loin de mes affaires. Obéir à deux ou trois ordres de votre frère pour lui faire croire qu'il a le dessus sur moi, l'éloigne ainsi de mes propres projets. Il ne questionnera pas un fidèle et loyal sujet.

- Dans ce cas, quels sont-ils ? Vos projets.

Il sourit et se laisse tomber en arrière afin de s'allonger de tout son long, croisant les bras derrière sa tête allant jusqu'à soupirer.

- Honnêtement, il vaut mieux pour vous de ne rien savoir à ce propos.

- Vous venez de gâcher mes propres plans concernant "The Ruler Game" donc je vous prierais d'y mettre un peu du vôtre et de m'informer sur le champ de ce que vous préparer car cela semble m'inclure et honnêtement ? Je n'aime pas beaucoup l'idée d'être utilisée.

- A votre ton je devine aisément le caractère autoritaire de votre requête. Mais croyez-moi, moins vous en savez et mieux vous vous porterez.

- Et qui êtes-vous au juste pour savoir ce qui est bon pour moi ou non ? En outre, il ne me semble pas avoir donné l'impression d'être une frêle et fragile Princesse. Dites-moi la vérité Duc. Dans le cas contraire, vous me verrez contrainte de vous empêcher, par tous moyens nécessaires, de quitter cette pièce.

- Vous savez que cela à un nom et que ça s'appelle de la séquestration ? Je doute que vous soyez quelqu'un aimant se salir les mains.

- La peinture rouge encore présente sous mes ongles me dit le contraire. Vous n'avez pas la moindre idée à qui vous avez réellement à faire, n'est-ce pas ?

J'ai pour habitude d'être légèrement plus entêtée que le commun des mortels.

- Il faut croire que je suis actuellement en train de l'apprendre, dit-il amusé avec un sourire suspendu au coin des lèvres. Mais dites-moi Votre Altesse... Savez-vous à quel point il est dangereux de rester seule, enfermée dans une pièce avec un homme ?

- Ne vous donnez pas des airs que vous n'avez pas. Cela ne vous va pas.

- Et que fais-je selon vous ?

- Vous essayez d'avoir le rôle du méchant pour m'effrayer, mais ça ne prends pas. Je suis plus que sérieuse. Dites-moi ce que vous prévoyez de faire et si cela satisfait suffisamment ma curiosité alors peut-être et je dis bien peut-être que j'accepterais de vous aider.

- Vous venez d'inverser les rôles en prétextant m'apporter votre soutien, n'est-ce pas ?

- Totalement et je l'ai fait de façon si subtile que maintenant, vous ne pouvez plus prétendre être le preux chevalier venant au secours de la demoiselle sur son bel étalon blanc.

- Princesse. Délinquante et Maline. Je retiens. Il se peut que j'ai sous-estimé mon adversaire cette fois-ci.

- Vous n'êtes pas le premier et vous ne serez probablement pas le dernier.

Malgré toutes les avancées technologiques, les grandes prouesses techniques, les bonds scientifiques, nous vivons encore dans un monde où le fait d'être une femme suffit à ce que l'on ne nous considère pas comme l'égal de l'homme. Pourtant, s'il y a bien une chose que nous avons pu prouver avec le temps, c'est que sans nous, ces derniers auraient probablement précipité la fin des temps .

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