👑 CHAPITRE 55 📱
Au petit matin, l'annonce fut tombée, amenant avec elle, son lot de surprises. Il n'aura fallut qu'une nuit et une seule pour que la règle de l'Echange soit appliquée et qu'ainsi les sujets du royaume de Nettivia sachent quelle tête couronnée héritera de quelle aide. Malgré l'infime espoir que je pouvais porter en moi, je ne fus guère surprise de voir que le Duc allait partir au service d'Ivory. Nous le savions. Elle était, après tout, celle se cachant derrière une telle manœuvre. En revanche, ma surprise fut toute autre quand je découvris avec mes deux compagnons que pour le remplacer, Ambrose avait été choisi. Un dicton populaire dit que le hasard fait bien les choses, mais je n'y crois nullement. Il n'y a pas de hasard ou bien de coïncidence dans ce jeu, dans ce monde, c'est impossible. Je soupçonne alors le Roi d'être derrière ce coup-ci comme si ça portait sa signature. Je le soupçonne même de m'avoir fait venir au château de Byron uniquement dans le but que je le rencontre. Il a toujours su pour l'affection que j'éprouvais pour lui et pourtant, il n'a jamais rien dit. Bien des rumeurs couraient sur nous, mais étrangement, il laissait les choses se dérouler. Quel intérêt pouvait-il avoir dans nos histoires après tout ? Nous n'étions que des enfants légèrement épris l'un de l'autre. Nous ne méritions pas son attention et pourtant nous y voilà. Tout ceci n'est guère un hasard, il se passe quelque chose, quelque chose que je ne comprends pas, mais quelque chose que je perçois. J'ai le doigt dessus, ça me titille et me gêne, mais je n'arrive pas à identifier tous les pourtours de ce qui se trame : Les constantes mises en garde d'Ambrose. La rencontre prématurée avec mon père. La promesse du précédent Duc de Norlia faite à ma mère. Ils savent quelque chose. Tous autant qu'ils sont et m'en protègent sans que je ne sache de quoi il en retourne. Malheureusement, j'ai une fâcheuse tendance à mater les secrets.
L'échange devait se faire en début d'après-midi ce qui ne nous laissa guère beaucoup de temps pour rajouter quoique ce soit d'autres. Au lieu de ça, nous mangeons, nous discutons, nous rions et pendant un court moment : nous oublions. Nous oublions que d'ici la tombée de la nuit, l'un de nous aura quitter cette table. Nous oublions que d'ici la tombée de la nuit, l'un de nous ne rira plus.
J'aurais aimé le mettre en garde, lui dire tout ce dont Ivory était capable, mais à quoi bon ? Il doit être au courant et je présume que cela ne ferait qu'accentuer l'appréhension que nous éprouvons tous. Nous ne savons pas ce qu'il se passera, ce qu'elle lui fera et comment il reviendra, mais une chose est sûre : Il reviendra. Que représente un mois dans une vie après tout si ce n'est une infime partie ? Nous venons d'en vivre un et c'est à peine si nous avons pu compter les jours. Le temps passera et il reviendra.
- Vous êtes d'un rare silence aujourd'hui. Seriez-vous contrariée ?
Assise dans l'herbe fraîche, devant le château, je contemple le ciel gris qui ne laisse aucun rayon passer. Le temps paraît menaçant et pourtant, il ne pleut pas. Il ne pleut pas, mais je sens qu'une tempête approche. Pas au dessus de ma tête, mais à l'intérieur de mon coeur. Brutallement, je prends conscience que durant ce dernier mois, une infinité de choses se sont passées entre nous. Je repense à chacun de ces moments, à chaque mot échangé, à chaque parole qui nous a dépassé et à chaque instant de complicité. Je ne veux pas le sacrifier. Je ne veux pas qu'il s'en aille. Je ne veux pas qu'Ivory profite d'une façon ou d'une autre de sa présence, mais en même temps j'ai promis. J'ai promis d'attendre et de rester tranquille. J'ai promis d'avoir foi en lui. Donc pendant qu'il s'assoit à côté de moi, je regarde silencieusement la tempête approcher en espérant qu'il ne la remarque pas et qu'elle fasse tous les dégâts qu'elle souhaite à l'intérieur de moi du moment qu'elle le fait calmement.
- Vous m'avez dit à maintes reprises que j'avais le droit le plus strict d'avoir peur. D'être effrayée. Sachez que je le suis.
- Je sais. Vous ne vous muez dans le silence que lorsque vous en avez gros sur le cœur. L'air de rien, un mois suffirait presque pour apprendre à connaître quelqu'un quand nous vivons quotidiennement avec.
- Hier soir vous m'avez fait part de votre requête... puis-je en formuler une également ?
- Qui suis-je pour vous refuser cela ?
- Revenez-moi Owen. Revenez-moi en entier. Quoi qu'il se passe, quoi qu'il advienne, ne laissez pas Ivory vous briser comme elle sait le faire. Ne la laissez pas gagner ce combat et jouer avec votre esprit. Les caméras ne tournent pas toujours et les zones blanches sont nombreuses. En outre, je sais que ma sœur profitera de certains moments pour s'adonner à certains de ses passe-temps favoris, battez-vous quand ce moment viendra. Même si elle doit y perdre un œil ou un bras ou que sais-je ! Ne la laissez pas vous toucher !
- Avez-vous si peu confiance en moi pour croire que je laisserais une autre femme faire de moi son pantin ?
- Je connais ma sœur.
- Et vous me connaissez aussi, non ?
J'aimerais croire que oui. J'aimerais me dire que je sais tout de l'homme se tenant devant moi, mais je sais très bien que ce n'est pas le cas. Malgré tout, Owen porte encore en lui de nombreux secrets et certaines zones d'ombres que je n'ai pas réussis à éclaircir.
Tandis que je le regarde, lui et son sourire confiant que je lui connais si bien, une larme m'échappe. Puis une autre et encore une autre. Son front vient se poser sur le mien délicatement alors qu'une de ses mains se saisit des miennes et celle de libre vient essuyer la rivière venue inonder mon visage. Ce n'est que maintenant que je réalise à quel point ses mains sont grandes pour y tenir les deux miennes. Ce n'est que maintenant que je réalise à quel point son corps est chaud tant je suis capable de ressentir sa chaleur de là où je me trouve. Ce n'est que maintenant que je comprends que cet homme va me manquer et que je n'ai aucune envie d'en être séparée.
- Ça va aller. Je vous promets qu'il ne m'arrivera rien et que je reviendrais entier. Ce n'est qu'un échange, pas une condamnation à mort. Je ne pars pas définitivement et vous ne risquez pas de me perdre. Je vous ai promis Magdalena de mettre mon être tout entier à votre service et je compte bel et bien respecter cette promesse. Alors ayez foi en moi. Croyez en moi car cela serait une pensée bien rassurante pour moi. Vous allez avoir bien des choses à faire et à présent, tous les regards sont braqués sur vous alors ce n'est pas le moment de pleurer. Ne montrez aucune faiblesse. Ne montrez aucune larme. Ne montrez aucune chose qui pourrait vous porter préjudice. Soyez forte. Soyez fière. Je regarderais. Je vous regarderais être encore plus extraordinaire que vous ne l'êtes présentement.
Il m'embrasse sur la joue et se lève, quittant progressivement mes côtés. Avant même que je n'eus le temps de remarquer son absence, le Duc était partit et pendant son absence, je me suis relevée. C'est tout ce qu'il me restait à faire maintenant, me relever sans jamais reposer genou à terre. Me relever en faisant face en attendant que la tempête passe.
- Princesse ! Princesse ! Princesse !
Nora débarque comme une fusée, courant à grande vitesse pour arriver épuisée à ma hauteur, le souffle court.
- Que se passe-t-il ? demandé-je en toute hâte.
- C'est le Baron ! Il faut que vous alliez le voir !
Retournant au château, je retrouve Valerian pâle et paniqué s'agitant dans tous les sens derrière son écran. Il ne s'arrête que quand son regard terrorisé croise le mien.
- Magdalena...
- Qu'y a-t-il ?
- Magdalena, c'est...c'est ma fille...
A sa voix tremblante, je devine le reste de son histoire. A ses yeux effrayés, je sais ce qu'il me reste à faire. Je ne peux penser à moi dans un moment pareil. Je ne peux finalement pas être cette souveraine là.
- Vas-y, coupé-je sur un ton sec.
- Mais, je ...
- Baron Valerian Decloff, ordonné-je en haussant la voix, je vous relève temporairement de vos fonctions et vous ordonne en tant que haute autorité de ces terres de retourner chez vous.
- Magdalena si je pars....Ne comprends-tu dont pas ce qu'il adviendra de toi ?
Alors je serais seule et il en sera probablement fini de moi. Je serais là, enfermée dans mon château, attendant que la mort vienne toquer à ma porte. Je serais là en sachant que le jeu s'arrêtera pour moi.
- Vas. Ne te retourne pas. Vas sans penser à moi. Il y a des choses plus importantes dans la vie. Ta fille est importante. Ta famille est importante. Vas à présent.
- Je reviendrais, je te le promets. Dès que j'en saurais plus sur son état de santé, je reviendrais. Je reviendrais aussi vite que possible alors tout ce que je te demande...C'est de tenir bon.
- Tu sais mieux que quiconque que je suis une princesse atypique, mon ami. Je suis le dragon qui garde le château et non la princesse enfermée dans sa geôle. A présent, vas.
Récupérant brièvement quelques effets, il franchit la porte en toute hâte et pendant un bref instant, quelques regards se sont posés sur moi. La nuit s'apprête à tomber sur Celestia.
- Fermez toutes les fenêtres, les portes de toutes les pièces, tirez tous les rideaux restants et une fois que c'est chose faite : rentrez au village.
- Votre Altresse ! protestent-ils tous en cœur
- Rentrez. Je n'ai plus besoin de vos services, insisté-je.
- Votre Altesse !
- Partez, c'est un ordre !
Je me débrouillerais. Non, je survivrais. Peu importe ce que je dois faire et la manière dont je m'y prendrais. Je le ferais. Le départ d'Owen et les problèmes de santé de la fille de Valerian ne sont guère une coïncidence, quelqu'un se cache derrière tout ça et cette personne se donne un bien grand mal pour réussir à m'isoler. Maintenant que c'est chose faite, je présume que je n'ai qu'à me tenir ici bien sagement en attendant que l'on vienne me chercher.
Mais mon avertissement a été plus que clair : Si je dois tomber, j'emporterais alors tout avec moi. Même si pour cela, je dois entraîner la nation toute entière dans mon sillon. Je le ferais. Sans éprouver aucun regret.
- Je présume qu'il est grand temps d'en finir une bonne fois pour toute, n'est-ce pas ?
FIN DU PREMIER TOME DE "THE RULER GAME"
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Pour être prévenu de la suite, deux endroits magiques :
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Instagram : @ les_mondes_de_manon
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