👑CHAPITRE 53 📱

Il est vrai que je m'attendais à ce genre de mesure. Non je l'espérais même. Bien que je n'avais pas la moindre idée des effets que pourrait produire mon petit moment de gloire diffusé en direct sur des millions d'écrans, je savais que les principaux concernés par mon discours ne tarderaient pas à réagir et il me fallait bien admettre que ces derniers furent des plus rapides. Alors tandis que deux gardes royaux se tiennent devant la porte tout en me dévisageant, mon regard se perd sur la pièce. Un coup d'oeil n'est visiblement pas suffisant pour faire un tour du propriétaire et la décoration luxueuse me rapelle sans aucun doute celle du Palais Royal. Sauf ce n'est pas le Palais. C'est l'antre du dragon. La tanière du loup. Le château dans lequel se cache mon frère aîné, le premier prince du royaume de Nettivia, Byron Maximus Boùrbon.

Peu de temps après mon message, une petite poignée de gardes sont arrivés directement par le portail de téléportation à Celestia. Personne n'a rien demandé et leur seul requête fut «Le Roi désire vous voir» et bien sûr, hors de question de faire attendre Sa Majesté. Sur le coup, je me serais presque attendue à voir ces mêmes gardes arrêter le Baron ou bien le Duc, mais non. Il n'en fut rien alors je présume que ce que j'ai dis n'a pas eu les conséquences que j'espérais. Néanmoins, je vais présentement me considérer d'avoir un entretien privilégié avec Sa Majesté le Roi et m'en tenir à ce qu'il va me dire. De sa part, je m'attends presque à tout et à rien à la fois, c'est troublant.

- Sa Majesté, le Roi !

Tout le monde se mets au garde à vous et s'aligne bien sagement sur une rangé propre et net tandis que mon royal fessier demeure encore dans le fauteuil dans lequel j'ai trouvé refuge pour passer le temps.

- Laissez-nous.

D'un geste de la main, il chasse toute l'assemblée tandis que mes yeux cherchent Byron du regard. Ou Ambrose. Tous deux visiblement aux abonnés absents.

- Je présume que je devrais te féliciter d'avoir réussi à détourner la diffusion du programme, annonce-t-il sur un ton dès plus sec.

- Si seulement j'avais été l'auteure des faits, cela aurait été un honneur, mais je tâcherais de faire passer le compliment.

- A quoi pouvais-tu bien penser en entreprenant une telle démarche ? Sais-tu seulement ce que tu as dit ?

- Il me semble, si je ne m'abuse, arriver à un âge où j'arrive à comprendre les mots de ma bouche faute d'être particulièrement sage. Mais vous ne vous êtes pas donné tout ce mal de me faire venir jusqu'ici, de l'autre côté du continent, uniquement pour m gronder, n'est-ce pas ? Ce n'est pas réellement votre genre de jouer le parent autoritaire.

- Tu as la langue bien pendue.

- Elle l'a toujours été, mais peut-être ne le remarquez-vous que maintenant ?

- Il faut dire que j'apprends encore à te connaître Magdalena.

Je n'ai jamais vraiment eu d'échanges avec cet homme et bien que cela fasse un mois depuis la dernière fois, je lui trouve les traits tirés. A-t-il sur la conscience l'ignominie qu'il a commit en envoyant ses enfants, la chair de sa chair, se battre les uns avec les autres ? J'en doute fort. Il ne m'a pas l'air d'etre le genre d'homme à éprouver le moindre remords dans ce qu'il fait.

- Tu sais, je suis ce que tu fais avec grande attention, m'informe-t-il en attendant une quelconque réaction de ma part.

- Vous m'en direz tant, soufflé-je en m'étirant.

- Tu éprouves une certaine méfiance envers moi.

- Elle est naturelle. Mes poils se hérissent tous seuls à la simple évocation du nom «Boùrbon».

- Pourtant, tu as su démontrer que tu en étais une. Que cela te plaise ou non.

- Oh pitié. Allez-vous me sortir le fait que nous sommes liés par le sang ? Que nous sommes une famille ? Ou allez-vous vous attribuer tous mes mérites en faisant de moi la nouvelle enfant chérie du pays ?

- Nullement. J'ai fais de toi ce que j'avais besoin que tu sois. Te tenir à l'écart n'a pas été facile et tu peux m'en vouloir, mais je l'ai fait pour te protéger de multiples dangers.

- Est-ce maintenant que je sors mon mouchoir et que je vous remercie du plus profond de mon cœur ? Je n'avais pas besoin de ça. Je n'avais pas besoin d'être tenue à l'écart et je n'en aurais jamais eu besoin si j'avais eu une figure paternelle sachant se tenir au lieu de céder constamment à ses pulsions en donnant ainsi naissance à tout un tas de rejetons.

- Magdalena ! Surveille ton langage. Je suis ton Roi.

- Vous êtes le Roi, mais pas mon Roi. Je n'ai jamais prêté allégeance à votre nom, je n'ai jamais juré fidélité et croyez-moi cette dernière ne vous ai pas acquise. Honnêtement, je ne sais pas ce que vous espériez en me faisant venir ici, mais c'est une perte de temps.

- Le crois-tu ? Dis-moi Magdalena, sais-tu quelle heure est-il ?

- Je dirais un peu plus de cinq heures du soir, pourquoi ?

Et soudain, ça fait «tilt» dans mon esprit. A cinq heures, l'annonce du gage accordé par le Roi à Byron est censée se faire.

Alors mon regard paniqué se porte soudainement sur l'homme aux cheveux grisonnants se tenant devant moi tandis que ce dernier aborde un léger sourire en coin.

- Je t'invite à regarder les dernières nouvelles.

Sur l'instant, je sors mon téléphone et en quelques glissement voit apparaître la nouvelle.

« Une règle oubliée ? Le Prince Byron fait appelle à la règle de l'Echange».

Je rêve. Dites-moi que c'est une plaisanterie ? Ce n'est pas réel. Ça ne peut pas l'être.

- Vous l'avez approuvée, soufflé-je

- Bien sûr. Tu sais que je ne peux refuser les requêtes des candidats et j'ai estimé que sa demande, bien que surprenante et singulière, allait ajouter du piment au jeu. Le premier mois fut bien calme.

- Sommes-nous une plaisanterie pour vous ? Cela ne vous fait-il rien que vos propres enfants soient entrain de se battre ? N'avez-vous pas envie de mettre un terme à ce jeu ridicule ?

- Ce n'est pas à moi d'en décider. Je n'ai plus réellement mon mot à dire dans cette histoire.

- Vous êtes le Roi bon sang de bonsoir ! Il serait peut-être temps d'agir comme tel et d'arrêter tout ça !

- J'occupe uniquement le trône en attendant que le ou la prochaine souveraine de Nettivia ne s'illustre à travers le jeu. Rien de plus. Nous pouvons à présent dire que je sers de figure publique, rien de plus.

- Alors pourquoi m'avoir fait venir jusqu'ici ? Dans le château de Byron ?

- Pour te punir. Ce que tu as fait est considéré comme un crime, mais je te fais une faveur en te privant d'une quelconque sanction.

- Vous savez aussi bien que moi que c'est faux. Elle est là ma punition : Vous allez me prendre le Duc de Norlia.

Il hausse des épaules sans rien dire de plus, sans ajouter un seul mot et pendant un court instant, l'envie de m'en prendre à lui me traverse l'esprit. Mais c'est le Roi. Je sais ce qu'il cherche à faire et cela n'est qu'une preuve supplémentaire à mon argumentaire : Cette société est perdue. Ses dirigeants sont corrompus et les quelques cerveaux restants se sont fait avaler tout cru par l'immense machine à argent qui nous sert de rouages.

- Prenez-le, lâché-je. J'ai confiance. En outre cette règle n'autorise l'échange des Aides de chaque participant que pour une certaine durée. Et puis, à ce que je sais du «Ruler Game» un participant à le droit de récupérer son Aide s'il en fait la demande auprès de celui qui l'a sur l'instant.

- Vraiment ? N'est-il pas le dernier rempart qui empêche ta soeur de faire quoique ce soit ?

- J'aimerais voir ça. Ne me sous-estimez pas, Votre Majesté, vous pourriez être surpris.

- Je le suis déjà face à tant désinvolture de ta part.

- Vous attendiez-vous à ce que je me jette à vos pieds et vous supplie de ne pas me le prendre ? Navrée de vous décevoir, mais je ne m'abaisserais pas à ce genre de comportement dégradant et puis j'ai cru comprendre que vous n'alliez pas intervenir dans le jeu alors que pourriez-vous bien faire pour moi ? Très honnêtement, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais je me débrouille à merveille sans vous. Cela fait quinze ans maintenant que je le fais et ce n'est pas présentement que je risque de m'arrêter.

- J'admets que je m'attendais à une toute autre réaction de ta part, mais celle-ci n'est pas déplaisante à voir non plus.

- Je vous l'ai dit : Je ne suis pas vôtre marionnette.Si vous voulez jouer à la poupée, je vous conseille vivement de retourner voir la Reine.

A son regard je devine que mon propos dépasse les bornes, mais je n'ai que faire de sa sensibilité et je ne m'excuserais certainement pas si j'heurte cette dernière. D'ailleurs, il ne m'aurait pas fait venir jusqu'ici dans le cas contraire. Les raisons de ma venue ne m'ont toujours pas été expliquées et il ne me tarde déjà d'être mise au courant pour que je puisse dès à présent envisager de retourner chez moi. A Celestia.

- Ta langue est véritablement ton arme favorite. J'espère de tout cœur que tu sauras l'utiliser à bon escient.

- Jusqu'à présent, elle ne m'a jamais fait défaut.

- Il semblerait en effet, mais tu ferais des merveilles si tu la combinait à ton esprit. Tu es vive Magdalena, ne perds pas cet aspect-là car dès que tu t'en iras d'ici, aucun de tes frères et sœurs ne te fera de cadeaux.

Je me relève, prête à partir ou devrais-je dire à m'enfuir d'ici quand mon corps marque de lui-même un arrêt. Cette conversation n'aurait jamais dû avoir lieu et j'en ai plus qu'assez que l'on me dise quoi faire ou que l'on me fasse certains sous-entendus. Assez que l'on puisse me penser ou m'imaginer suffisamment fragile pour donner l'image de quelqu'un qui pourrait éventuellement abandonner le jeu. Je n'abandonnerais pas. Pas avant d'avoir fait tomber tout ça avec moi et s'il faut que je sois l'étincelle pour mettre le feu aux poudres, alors je le serais.

- Petite question pour vous, Votre Majesté. Vous qui visiblement avez constamment les yeux sur nous : M'en ont-ils déjà fait ? Par ailleurs, il y a une différence entre le chien qui aboi constamment et celui qui mords silencieusement. Enfin, dans notre cas, ne serait-il pas plus juste de parler de bâtards ?  

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