👑CHAPITRE 41 📱

Cela fait des années que je ne lui ai pas parlé et à tout bien y réfléchir, je me demande même si nous avons auparavant déjà échangés elle et moi, si ce n'est certainement quelques formalités dès qu'elle venait au palais. De rares occasions et qui n'ont apparemment pas marquées mon esprit. Je ne faisais, comme beaucoup, qu'entendre parler d'elle. Par curiosité, je regardais ce qui se disait sur les réseaux, mais cela se limitait à quelques publications toutes faites et certainement programmées. Isidora a toujours su demeurer discrète et cela faisait d'elle une des têtes couronnées les plus appréciées du Royaume. Elle ne sortait que rarement et faisait son maximum pour éviter les bains de foules ne se donnant ainsi jamais en spectacle sauf si cela été prévu. Elle était quelque part, la Princesse que toute petite fille rêverait d'être : Discrète, mais là dans les causes à défendre. Soignée, mais pas surfaite. Brillante. J'ai quelque part, je crois, toujours eu beaucoup d'admiration pour elle et petite, j'aspirais à marcher dans ses pas, mais il faut croire que mon chemin a dérivé quelque part faisant de moi la personne que je suis aujourd'hui : Son complet et total opposé. Alors oui, je redoute mon appel. Je redoute notre échange car elle a toujours été celle capable, en usant de seulement deux mots, de remettre quelqu'un à sa place et de l'y figer.

Encadrée de part et d'autre du canapé par Owen et Valerian, je lance l'appel après une bonne dizaine de respiration, prête à affronter quoique ma sœur puisse avoir à me reprocher.

Alors c'est en voyant son hologramme apparaître devant nous qu'un léger cri de surprise m'échappe.

- Tel un animal, je constate avec regret que tu préfères encore crier plutôt que de t'exprimer. N'as-tu dont pas été dotée de la parole à la naissance Magdalena ?

- Bonjour à toi aussi Isidora, bafouillé-je. Je suis désolée que tu ai été témoin d'un tel comportement, mais je ne m'attendais pas à ce que tu répondes.

- Mensonge. Tu l'espérais, non ? Sinon, pourquoi m'appellerais-tu ?

- Peux-tu parler en toute liberté ou est-ce que je te dérange ?

- Crois-tu que j'aurais pris la peine de répondre si tel est le cas ? Magdalena, va droit au but : tu ne te donnerais pas la peine de m'appeler si ce n'était pas pour quelque chose, n'est-ce pas ?

- J'ai besoin de ton aide Isidora. J'ai vraiment et désespérément besoin de ton aide. Peux-tu écouter mon offre ?

Un soupire lui échappe tandis qu'elle se masse le front avant de me regarder sévèrement. Cela a toujours été son truc à elle à chaque fois qu'elle posait les yeux sur moi : Ce regard plein de sévérité. Néanmoins, jamais elle ne s'est permise de montrer une quelconque forme d'autorité sur moi. A dire vrai, elle n'a même jamais essayé. J'ai toujours cru que plus elle se tenait loin de moi, mieux elle se portait, mais la vérité c'est qu'ils ont tous été élevés avec cette arrière pensée.

Car contrairement à eux, je ne suis que la moitié d'une Princesse.

- Tu sais qu'il est particulièrement difficile de passer à côté de tes hauts faits depuis peu ? Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, ni même à prouver Magdalena, mais je refuse d'y prendre part.

- S'il te plaît ! Tu es une des rares personnes qui...

- Je n'entrerais pas en guerre inutilement contre mon frère ou ma sœur uniquement pour assouvir les besoins de la gouverneur d'une terre qui n'a rien à m'offrir. Il faut voir la réalité en face : Celestia est pauvre. Toi-même en tant que personne ne détient aucune qualité particulièrement remarquante. Ta seule valeur repose sur les deux aides qui se tiennent présentement silencieux à tes côtés. Je ne sais pas ce que tu espères faire et honnêtement, tout ceci me dépasse.

- Alors c'est tout ? Tu vas ainsi me laisser toute seule ? Me laisser me faire marcher dessus par Byron et Ivory sans même me prêter une oreille au préalable ?

- Sois réaliste, veux-tu ? Je ne dénigre en rien ton courage apparent et je ne suis pas la seule à avoir remarqué tes efforts, mais Magdalena, du départ ton cas est voué à échouer. Que crois-tu ? Que si l'on t'as offert la Province la plus misérable du Royaume c'était pour que tu puisses secouer tes petits bras et y accomplir un miracle ? Réveille-toi de ce doux rêve qui est le tien, tu n'es pas taillée pour ça. Tu es seule et tu le demeuras. Aucun de nous ne voudra s'allier à toi car cela serait du suicide et nous savons tous que quand le moment viendra, on fera ce que l'on a toujours fait avec toi : Nous fermerons les yeux. Maintenant, si tu n'as rien d'autres à ajouter, je vais me retirer car contrairement à toi, j'ai à faire ici et je n'ai pas plus de temps à t'accorder.

La communication s'arrête brutalement laissant un vide que je ne pensais pas ressentir. A quoi m'attendais-je ? Isidora a raison : Je n'ai rien à offrir. Mais, elle a également tort sur un autre point : Ce n'est pas mes petits bras que je vais secouer.

- Bon, sifflé-je en me redressant brutalement du canapé pendant que deux regards malheureusement sympathiques me suivre sans dire mots certainement par peur de me brusquer d'autant plus. Cela fut un merveilleux échec !

- Probablement pas le dernier, rétorque Valerian

Pour le coup, Owen s'est vivement retourné vers lui comme pour lui signifier de ne rien ajouter de plus, mais que pouvait-il y faire ? Il a, lui aussi, raison. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais, ni même ce que j'espérais tirer de mes pseudos liens familiaux en sachant que jamais ils ne m'ont été d'une grande utilité, néanmoins ma conversation avec Isidora m'a rappelé quelque chose d'essentiel : J'ai deux aides merveilleuses à mes côtés.

- Je présume que nous passons au plan B alors ? me demande le Baron en croisant mon regard.

- Cela serait effectivement une excellente idée, suggéré-je.

- A vos désirs sont mes ordres Votre Altesse.

Il nous quitte pour s'installer plus loin, de nouveau à son poste de travail, le visage caché par un écran. Quand bien même ma sœur serait parfaite, nous savons tous que les réseaux sociaux servent bien souvent de façade, de couverture pour des personnes bien plus brisées et détraquées qu'elles ne le sont et malheureusement pour elle...c'est pour dénicher ce genre de petit secret bien cachés que j'ai à mes côtés Valerian Decloff qui a pour seul passe-temps cracher sur les membres de la famille royale en déterrant tous leurs torts et leurs travers et ainsi les exposer ou les revendre au plus offrant.

- Est-ce que ça va ? Je veux dire, elle n'y a pas été de main morte, s'inquiète le Duc en s'approchant de moi.

- Je présume que oui. En fait, je ne sais pas trop. J'ai toujours été habituée à ce genre de traitement, mais là, c'est différent.

- Parce que vous attendiez quelque chose d'elle. Vous avez espéré.

- Et voilà donc mon plus grand pêché : Espérer.

- Non, c'est une qualité d'une grande beauté. Vous n'êtes pas tout ce qu'ils pensent que vous soyez et je le sais mieux que personne. Ce jeu, vous allez le remporter. Dans trois mois, vous serez couronnée reine du Royaume de Nettivia laissant bouche bée des millions de personnes.

- Parfois, je ne suis plus si certaine que ça que de vouloir monter sur le trône. C'est probablement idiot, mais il y a des moments où...j'ai peur.

- Et c'est tout à fait normal. Je me serais inquiété du cas contraire. Je vous l'ai dit, vous avez le droit de trembler comme vous avez le droit de pleurer. La seule chose que je vous demanderais c'est de rester vous-même, quoi qu'il puisse arriver.

- Personne ne reste jamais le même et vous le savez aussi bien que moi. On change. On s'adapte et par moment, il peut arriver que l'on se perde. Que l'on s'égare alors qu'on semblait marcher sur une voie toute tracée.

- Il faut savoir se perdre pour se retrouver. S'écarter de la voie toute tracée n'est pas une mauvaise chose, elle nous permet ainsi de créer notre propre chemin. Ce que vous êtes actuellement en train de faire. Vous n'êtes pas que la petite princesse du royaume. Vous êtes à juste titre, comme tous les autres, la potentielle future souveraine de ce dernier. Alors s'il vous plaît, ne faites plus ce genre de tête.

- Quelle tête ? demandé-je curieuse

- Celle qui semble défaite.

Par moment, j'ai dû mal à voir ma vie autrement qu'ici, entourée par Valerian et Owen. A quoi aurait ressembler ma participation s'ils n'avaient pas été là et je sais que malgré mon égoïsme certain, je leur dois énormément. Tous deux ont sacrifiés pour moi. L'un a laissé sa fille malade derrière lui et l'autre, bien qu'il ait les poings liés, s'est permit de m'avoir comme boulet.

- J'aurais une question pour vous Owen, soulève-je soudainement en me perdant dans mes souvenirs.

- Quelle est-elle ?

- Vous souvenez-vous de notre première véritable rencontre ? De cette soirée ?

- Au Palais ? Bien sûr, ce n'est pas si vieux que ça, cela ne fait que quelques semaines qu'elle s'est passée. Pourquoi ?

- Vous souvenez-vous de ce que vous m'avez dit ?

- Il me semble avoir dit beaucoup de choses ce soir-là. En outre, je fus grandement distrait quand Son Altesse a requit mon secours.

- Votre secours ? repris-je. Nous n'avons pas les mêmes souvenirs de la soirée.

- Pourtant, je me souviens encore de votre dos nu et de...

- Ah !

Pressant la paume de ma main contre ses lèvres que je scelle, je me retourne vivement pour croiser brièvement le regard de Valerian qui semble sourire. A-t-il entendu ?

- Chercheriez-vous à rencontrer la mort Duc ?

- Vous ne pouvez malheureusement pas me tuer, Princesse.

- Et pourquoi donc ? Êtes-vous comme l'un de ces monstres de conte de fées, invincible ?

- Non...

Se penchant à mon oreille, il chuchote alors ces quelques mots.

- Vous avez besoin de moi, n'est-ce pas ?

Rechignant à avouer cette vérité, je m'éloigne de quelques pas afin de me diriger vers la fenêtre la plus proche, constatant avec désolation que la pluie sévit toujours à l'extérieur.

- Et donc ? Vous n'avez pas évoqué les souvenirs de cette douce soirée en votre compagnie pour me rappeler cette amusante scène, n'est-ce pas ?

- Vous m'avez dit de croire en vous et que vous feriez de moi une Reine si j'acceptais, soufflé-je en restant concentrée sur l'extérieur.

- C'est bel et bien le cas.

- Répondez honnêtement à présent, j'ai besoin de savoir : Votre volonté de me voir sur le trône est-elle liée à Ivory et votre mariage ?

- Malheureusement, soupire-t-il à son tour, j'aurai aimé mentir et vous dire que non, mais je n'ai plus le coeur à mentir. Il est vrai que je vous ai approché pour fuir Ivory principalement, mais je ne le regrette absolument pas. Vous m'intriguez, m'amusez et seulement vous semblez maîtriser l'art de me faire tourner en bourrique.

Alors un sourire m'est arraché tandis que je le sens pratiquement dans mon dos, se tenant juste là.

- Mais tout ceci, vous en avez conscience il me semble sinon, vous n'en tireriez pas profit, non ? rajoute-t-il alors tandis que je peux percevoir son reflet dans la vitre embuée

- Parce qu'à vos yeux je tire profit de la situation ?

- N'est-ce pas ce qui vous rends si particulière ? Cette faculté que vous avez à vous adapter et à réussir, malgré les difficultés, à tirer votre épingle du jeu.

- Est-ce moi ou venez-vous de me faire un compliment déguisé ?

- Peut-être bien, allez savoir ? Pour moi, ce ne sont que des mots.

Me retournant, je me rends compte de notre proximité qu'au moment où mes yeux se retrouvent happés, pris, captivés par les siens.

- Alors il est peut-être temps de passer aux choses sérieuses, non ?

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