👑CHAPITRE 4 📱
Comme je l'escomptais, nous fûmes le centre de l'attention avant même d'avoir atteint la piste de danse. Tous les regards, les messes basses et les ricanements emplis de jalousie furent au rendez-vous. En soi, rien de fondamentalement différent du traitement que je recevais au quotidien au sein même du palais. Les membres de la cour n'ayant jamais cherché à dissimuler leur mépris envers moi. Je n'en attendait pas moins de la part de gens ayant jeté le respect de leur propre personne par la fenêtre pour mieux cirer les chaussures de mes deux aînés.
- Eh bien, eh bien, cela n'aura donc pas traîné, souffle le Duc en échangeant un regard complice et amusé avec moi. Ne trouvez-vous pas tout ceci très excitant Votre Altesse ?
- Son Excellence a l'air de croire que je prends un quelconque plaisir à être le centre de l'attention, mais ce n'est guère le cas. A vrai dire, je ne suis pas très à l'aise avec tous ces regards braqués sur nous présentement.
- Pourquoi donc ? Avez-vous quelque chose à craindre de ces personnes qui vous regarde avec envie ?
- Disons que je risque de passer un sale quart d'heure au petit matin, mais je présume que Son Excellence vivant loin de la capitale n'a aucune idée du traitement que l'on réserve aux gens qui ne rentrent guère dans le moule de notre bonne société.
- Effectivement, je suis un pauvre exilé vivant reclus dans son domaine et je compte bien sur cette délicieuse soirée pour que vous fassiez mon éducation et ainsi palliez à mon manque de connaissance. Que feraient un groupe de harpies jalouses à la huitième princesse de notre bon royaume ? Dites-moi, je dois avoué que vous venez de piquer ma curiosité.
Probablement rien qui ne me tuerait. Néanmoins, les demoiselles de la cour se sont montrées particulièrement agiles quand il en revenait à l'utilisation des réseaux sociaux pour refaire la réputation d'une personne. Ce qui est formidable avec ce genre de pratique, c'est que nous avons pu constater qu'une blessure physique guérissait plus rapidement qu'une blessure psychologique. Brisé quelqu'un en quelques clics seulement est devenu un réel jeu d'enfants.
Un soupire de lassitude m'échappe tandis qu'il pose sa main sur ma taille se mettant en position pour mener notre danse alors que soudainement, la piste se vide comme pour nous signifier de prendre tout l'espace nécessaire.
- Vous ne répondez pas à ma question Votre Altesse, s'entête-t-il.
- Je préfère faire vœu de silence et ne guère vous encombrer avec de telles futilités. Après tout, une fois les festivités terminées, vous allez vous en retourner chez vous. Est-ce que je me trompe ?
- Suis-je déjà chassé alors que je viens à peine d'arriver ? Savez-vous que le voyage fut long ?
- Long, mais pas inconfortable. Aux dernières nouvelles, votre dernière acquisition est de tout confort, non ?
- Donc vous avez bel et bien votre attention braqué sur moi. Cela me touche. Peut-être Son Altesse Royale serait-elle intéressée par une promenade ?
- En votre compagnie ? Plutôt me casser une jambe, pouffé-je en levant les yeux au ciel.
- Je vais finir par croire que vous prenez un malin plaisir à me briser le cœur.
- Et je vais finir par croire que votre comportement déplacé n'a qu'unique but de me placer dans vos draps avant la fin de la soirée.
Son éclat de rire si soudain mérite de provoquer le retournement de l'ensemble de la salle, qui cette fois, nous observe. Dans la foule, confortablement assis sur un sofa, je remarque mes aînés qui sont loin d'être les plus souriants de la soirée. Byron doit probablement se douter qu'il me doit son nouveau portrait sur la place publique, mais se retrouve pieds et poings liés tant que je suis dans les bras du Duc. Quant à Ivory, son regard perçant pourrait presque me faire froid dans le dos. Je les vois se chuchoter dans les oreilles de l'un et de l'autre tout en me dévisageant et je devine aisément qu'ils ne comptent pas tolérer un instant de plus que je leur vole la vedette. C'était censé être une fête en leur honneur et voilà qu'après cette danse, on ne parlera probablement que de moi pendant un petit moment.
A l'idée de les voir comploter l'un avec l'autre, je ne peux m'empêcher de sentir un frisson me parcourir tout le corps. Il n'y a rien de plus terrifiant que deux esprits malveillants faisant équipe.
- Vous ne devriez pas leur prêter attention.
Sa voix me rappelle à l'ordre tandis que ses lèvres se trouvent à proximité de mon oreille. Ses yeux viennent chercher les miens et les invitent à rester concentrés quittent à ne pas s'en détacher.
- Ils ne feront rien tant que je suis là. De plus, nous sommes en public.
- Son Excellence semble croire que j'ai besoin de sa protection, mais elle devrait savoir que je ne suis pas le genre de Princesse en danger qui attends bien sagement d'être sauvée. Si j'ai appris une chose dans ce monde, c'est qu'on ne peut compter que sur soi-même.
- Et je n'en ai jamais douté. Vous avez certainement entendu des choses sur moi, Votre Altesse, mais les informations vont à double sens. J'ai également beaucoup entendu parlé de vous ces derniers temps. Jusqu'à présent, nous n'avons fait que nous croiser durant quelques occasions dû à nos devoirs respectifs, mais j'ai toujours éprouvé une grande curiosité à votre égard.
- Vous m'en direz tant, Duc. Avez-vous donc satisfait cette curiosité qui est la vôtre durant cette soirée ?
- Hélas ! Je crains que cette dernière n'est fait que grandir.
- Tout à fait entre nous, vous ne vous êtes pas donné toute cette peine à garder ces photos et à m'approcher uniquement pour me faire danser à vos côtés, n'est-ce pas ? Vous vouliez qu'on nous voit ensemble.
- Voilà le retour de cet esprit éclairé que j'aime tant. Vous pouvez presque lire en moi. Dites-moi...Princesse...Avez-vous réussi à deviner ce que je voulais réellement ?
- Malheureusement, je crains l'avoir deviné.
- Alors peut-être devrions-nous nous excuser et discuter dans un endroit plus intime ?
Il n'est pas tout à fait minuit quand nous quittons la salle des fêtes sous les regards avides d'obtenir des informations concernant notre rencontre. Personne n'aurait un jour parié sur cette dernière. Le Duc Owen est issu d'une des plus grandes familles du Royaume. Le soutien de ce dernier au sein du Royaume est sans borne et sa loyauté envers le Prince Byron est vu sans faille. Néanmoins, cet homme, a une double personnalité que peu de gens connaissent. Les sourires, les compliments, le comportement irréprochable, tout ça ce n'est que pour les apparences. Il y a un autre homme qui se dissimule dans l'ombre de ce costume turquoise bien trop taillé.
Des rumeurs circulent sur son côté manipulateur, coureur de jupons et autoritaire. On dit qu'il obtient ses informations de ses nombreuses conquêtes d'un soir. Qu'il doit être plaisant d'être doté de toutes les qualités du monde et de savoir en tirer ainsi profit. Quelle vie facile cet homme doit mener !
Nous marchons silencieusement le long des couloirs, saluant les quelques invités complètement ivres que nous croisons et qui semblent bondir de stupeur à chaque fois qu'ils nous voient tous deux ensemble. Enfin, nous atteignons la bibliothèque de l'aile ouest du palais. A cette heure-ci, cette dernière n'est pas fréquentée si ce n'est par quelques araignées.
- La bibliothèque, hein ? Et moi qui espérais aller directement dans vos appartements. Suis-je si mauvais danseur pour n'avoir le droit à aucune récompense ?
- Vous êtes un trop grand rêveur plutôt pour croire que je vous ferais cet honneur. En outre, je ne vous permettrais pas d'être vu entrant dans mes appartements. Je sais ce que vous voulez faire.
Il déboutonne la veste de son costume, la laissant tombée sur une chaise avant de s'affaler dans un fauteuil croisant les jambes tandis que je me plante devant lui.
- Donc ? Je présume que nous allons parler affaire vous et moi.
- Je ne serais pas votre maîtresse Duc. N'y comptez pas.
- Ma... ?
A nouveau ce rire. Depuis le début de la soirée, il n'a cessé de rire ou de sourire. Tout l'amusait et il arrivait à s'amuser de tout tel un grand enfant d'une vingtaine d'années. Je suis presque jalouse de ce comportement. Comment faisait-il pour avoir l'air de ne se soucier de rien ?
- Avec tout le respect que je vous dois Votre Altesse, vous n'êtes pas mon genre et je ne souhaiterais pour rien au monde vous avoir dans mon lit.
- Pour votre information, je suis un excellent parti.
- Je n'en doute pas, mais je ne suis pas venu pour soulever vos jupons.
Je suis coincée entre le fait d'être à la fois reconnaissante de son honnêteté, mais également légèrement vexée.
- Donc votre petit numéro de charme n'est-il pas fait pour vous attirer mes faveurs ?
- Pourquoi ? Les ai-je déjà gagnées ?
- Nullement.
En effet, je suis vexée. Ne voit-il en moi qu'une enfant ? Pourtant, il ne me semble pas que nous ayons tant de différence dans l'âge si ce n'est peut-être cinq petites années.
- Je n'ai que faire d'une enfant.
- M'insultez-vous Duc ?
- Dois-je faire la liste de vos récentes actions pour que vous compreniez ? Sans oublier de rajouter votre récent méfait. Seul les enfants repeignent aussi vulgairement le portrait de leur aîné sur des écrans. Qu'avez-vous chercher à faire en diabolisant votre frère ?
- Même si je prenais le temps de vous l'expliquer, vous ne comprendriez pas.
- Vous pouvez toujours essayer. Je suis un homme d'une grande patience.
- Duc...Vous n'êtes pas là pour que je vous raconte des histoires, alors ne perdons pas plus de temps voulez-vous ? Que me voulez-vous ?
- Droit au but, hein ? J'aime ça.
Il se lève soudainement du fauteuil et se retrouve devant moi, presque au garde à vous portant un léger sourire en coin.
- J'ai une une proposition à vous faire et je crois, qu'il est dans votre plus grand intérêt, de l'accepter.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top