👑CHAPITRE 37 📱
Comment en sommes-nous arrivés là ? Je n'arrive pas vraiment à m'en souvenir. Mon esprit est peuplé d'un blanc que je ne parviens pas à compléter. Je ne...
- Vous devriez essuyer votre visage, vous avez encore du...enfin...
On me tends un bout de tissu probablement déchiré d'une jupe ou d'un jupon et je ne sais même pas qui me parle. Je ne mets aucun nom sur ce visage. Pourquoi me regardent-ils tous comme ça ? Comme si j'avais quelque chose sur...ah. Du sang. La main que je tends pour me saisir du chiffon est tâchée de sang. Est-ce le mien ? Je n'en sais rien. Je suis incapable de savoir ce que je ressens, si j'éprouve une quelconque douleur quelque part.
Parce que je n'arrive subitement pas à me souvenir des événements qui viennent de se passer. Tout ce que je vois est trouble. Tout ce que je sens n'est qu'un immense vide à l'intérieur de moi comme s'il me manquait quelque chose. Quelque chose que je ne saurais pas pointer du doigt.
Pourquoi n'arrivais-je pas à me souvenir ?
- Vous...Vous voulez qu'on vous laisse seule un instant ? On peut s'occuper d'eux si vous le souhaitez.
D'eux ? Qui sont-ils ? Est-ce que je les connais ?
J'aperçois brusquement, derrière le petit groupe alors réunis autour de moi, deux corps gisant à même le sol, baignant dans leur propre jus, le crâne défoncé, ouvert, explosé par à ce qui s'apparente à un acte dès plus sauvage. Soudain un haut-le-coeur et un flash. Je me souviens. Je me souviens de ce qu'il s'est passé. Je me souviens de ce que j'ai fais.
Je me souviens de ce qu'ils ont essayés de me faire.
Ce n'était pas moi. Je n'ai jamais voulu leur faire ça. Je n'ai jamais voulu en arriver jusque-là. Je ne voulais pas ça.
- Je crois que j'ai besoin...que j'ai besoin...
De quoi ai-je besoin au juste ? J'ai cette bile amer au fond de la gorge qui me brûle. J'ai ces crampes dans l'estomac qui me le tourne et le retourne. J'ai ces tremblements qui parcourent l'intégralité de mon corps que je peine à maintenir sur ses deux jambes.
J'ai peur. J'ai peur de ne pas réussir à rentrer. J'ai peur de devoir leur dire. J'ai peur de ce qu'ils vont alors me dire...J'ai peur de...de sa réaction. Il avait raison. Je ne savais rien.
Je n'aurais jamais dû venir ici...Pas seule...Je n'aurais jamais dû...pas sans lui...
Seigneur, mais qu'ai-je fait ?
Depuis combien de temps suis-je assise sur ce rocher ? Depuis combien de temps le soleil est-il levé ? Il fait jour et pourtant dans mon esprit c'est l'obscurité la plus totale.
- ...cesse. Princesse !
- Votre Altesse !
Perdue dans mes propres pensées, je n'ai même pas remarqué les deux visages se tenant à proximité du mien. Je reconnais ces traits remplis d'inquiétude et d'angoisse. Comment sont-ils arrivés jusque-là ? Depuis combien de temps sont-ils en face de moi ?
- Je peux te confier les villageois ? Je ramène la Princesse au château.
- Je vous rejoindrais dès que j'en aurais terminé là-bas.
Je ne sais même plus faire la distinction dans les voix. A qui appartiennent ces bras qui se saisissent de moi ? Je ne le sais pas. Tout est si noir. Si...terrifiant.
Je n'aurais jamais dû...Je n'aurais jamais dû...Je n'aurais jamais dû...
- Non !
Me relevant violemment comme sortant d'un horrible cauchemar, mon corps est immédiatement rattrapé par les mains du Duc resté assis au bord du lit, une serviette humide égouttant sur son genoux. Pendant un bref instant, mes yeux larmoyants sont restés comme paralysés, happés par les siens. Alors sans dire un mot, ses bras sont venus entourés mon corps transpirant et l'une de ses mains se pose délicatement sur le haut de mon crâne, passant ses doigts dans mes mèches rousses.
- Tout va bien, je suis là. Tout va bien.
Non, tout ne va pas bien. Je ne vais pas bien. J'ai toutes ces images en tête, toutes ces impressions. Je peux encore sentir leurs mains sur ma peau, leurs regards sur mon corps. Je peux encore entendre leurs voix sifflant dans mes oreilles. Je peux...
Et il le sait probablement. Ils le savent tous les deux, mais ils ne m'ont rien dit. Personne n'a dit un mot. Nous n'en n'avons pas parlé.
Qu'est-ce qu'il y aurait à dire ? Rex m'a laissé tomber. Je me suis retrouvée seule. Il est partit me laissant avec eux. A l'instant où nous avons été repérés, il m'a abandonné.
Cette province est effectivement peuplée de monstres.
- Est-ce que vous voulez que je vous laisse seule ?
Oui. Non. Je n'en sais rien. Je ne sais pas ce que je veux. Alors je secoue la tête instinctivement en me disant que si je n'arrive pas à me décider, peut-être que mon corps le fera pour moi mais en voyant son sourcil droit levé dans l'incompréhension de mon geste, je devine que lui-même n'a pas compris le message.
- Je ne veux pas dormir...murmuré-je en repensant à tout ce que je venais de voir. Je veux...Je suis désolée ! bredouillé-je.
Je suis sincèrement désolée.
La voix tremblante explose en sanglot que je ne maîtrise plus tel un torrent qui a toujours voulu sortir. Etait-ce pour ça que Robin m'avait prévenu de faire attention sur le «ras-de-marée» ? Est-ce qu'il le savait ? Qu'il l'avait deviné ? Qu'un moment ou un autre je finirais dans un tel état ?
Je veux sincèrement quitter ce jeu. Je veux profondément et sincèrement quitter ce jeu. Peut-être qu'ils avaient tous raison à mon sujet.
Peut-être que je ne suis pas faite pour ça finalement.
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