👑CHAPITRE 35📱
Malgré le fait d'être enfouie sous la couette, complètement recroquevillée sur moi-même, mon esprit semble avoir fait une croix sur la possibilité de trouver le repos, échangeant l'idée alléchante que de dormir pour ne penser qu'à la main d'Owen sur mon épaule ainsi qu'à ses mots. Il y a pour moi tant de mystères qui entourent cet homme. Quand je pense le comprendre ou bien savoir ce qu'il pense, je m'aperçois que je me trompe et une nouvelle facette de sa personnalité éclate au grand jour. Si j'écoutais Robin, je présume que je me lèverais d'un bond, me précipiterait de l'autre côté du couloir et utiliserait tous les moyens nécessaires pour obtenir satisfaction et ainsi assouvir ma petite curiosité personnelle et bien qu'une part de moi trouve cette idée alléchante, une autre prépondérante hésite. Peut-être que chacun a le droit d'avoir son jardin secret, même si ce dernier m'implique. Peut-être que je devrais me focaliser sur autre chose et que les dieux m'en soient témoins, j'ai bien assez à penser comme ça pour me permettre d'avoir l'esprit distrait par les agissements d'un seul individu. Normalement, je ne suis pas du genre à mettre mon nez partout, mais les avertissements de Roxan et d'Ambrose à son sujet me laisse à penser que le Duc de Norlia me cache des choses. Des choses qui pourraient alors remettre en cause l'utilité de ce partenariat.
Mais j'ai besoin de lui. J'ai besoin de l'homme, du Duc et du symbole qu'il représente pour le peuple. J'ai besoin de son image pour arranger la mienne et bien que je sois contre l'idée que ce jeu ne soit qu'une grande opération de séduction, je ne peux pas aller à l'encontre de ce dernier. J'ai besoin de ce jeu ridicule si je veux le trône.
Décidant de me lever, enveloppée dans la couverture, je glisse mes pieds à l'intérieur de mes bottes, traversant le couloir soudainement attirée par le crépitement du feu et de cette voix. La voix d'Owen. Un des hommes de Robin serait-il déjà venu nous dire qu'il était l'heure ?
- Nous en avons discutés toi et moi. Je ne reviendrais pas sur ce que j'ai dis. Pour moi, rien ne change, tu le sais.
M'approchant à petit pas, je le découvre assis seul sur un vieux banc en bois, maintenant son poignet à hauteur de son visage tandis que je découvre avec stupeur l'hologramme lui faisant face. Celui d'Ivory. Owen est présentement en train d'avoir une discussion avec ma sœur aînée ? Pourquoi ? Ne la déteste-t-il pas ?
«Ils sont fiancés». Voilà la première pensée qui m'est venue à l'esprit. Forcément. Ils sont fiancés et jamais ô grand jamais il n'a cherché à démentir ceci ou même à prétendre que sa participation était effectivement pour fuir la date promise.
- Owen, n'oublie pas que tu m'as promis des certaines choses.
- Je sais et je ne compte pas me défiler. Si tu tiens ta parole alors je tiendrais la mienne. N'avons-nous pas trouvé un accord tous les deux ?
- Tu appelles cela un accord ? Il me semble que tu es le plus avantagé par la situation actuelle, non ? Qu'ai-je à y gagner à jouer ainsi ?
- Je te suis très sincèrement reconnaissant Ivory de tenir ainsi à l'écart de ta soeur, c'est ce que tu veux entendre ? Je sais que tu pourrais la sortir du jeu d'un claquement de doigts et que par égard pour notre accord et pour moi...
- Donc tu as conscience de la situation. Bien. Mais sache que ma patience a des limites, accord ou pas, Owen. En temps de guerre, aucun souverain qui se respecte ne se réfréne de la sorte. Ta seule participation suffit à ce que je t'intervienne pas à Celestia. Néanmoins, je ne compte pas passer les trois mois du jeu à fermer les yeux sur l'existence du potentielle menace.
- Menace ? Est-ce ainsi que tu vois ta sœur ?
- Elle n'est pas...ma sœur. Elle n'est qu'une enfant indésirable et indésirée. Plus tôt elle sortira du jeu, mieux ça sera pour tout le monde. Je suis peut-être la seule qui me montrera clémente envers elle.
- Tu l'as dit toi-même, ce n'est qu'une enfant.
- Oh crois-moi, elle a l'habitude d'apprendre dans la douleur.
Pendant un instant, mon corps tremblant a eu un bref mouvement de recul, faisant craquer les planches se trouvant derrière moi et ce simple son alerta le Duc qui se redressa brusquement, comprenant que toute sa conversation venait d'être écoutée à son insu. Prise de panique, je finis par trébucher avant de finir les fesses à même le sol tandis que ce dernier ouvre complètement la porte de la pièce jusqu'à présent entrouverte. Ses yeux croisent les miens et comprennent alors toute la problématique de la situation.
Je l'ai entendu. J'ai absolument tout entendu.
Non seulement c'est un menteur, mais c'est un traître également et ça, j'aurais dû le voir venir.
Ses lèvres tremblent comme si elles cherchaient à produire un son alors que je me relève, laissant tomber la couverture dans laquelle je me trouvais à mes pieds. Mes tremblements ne sont que des pulsations de colère. D'incompréhension. De rage. Et j'ai grande peine à contenir ce qui ne demande qu'à exploser.
- Je peux sincèrement tout vous expliquer...
- Expliquer ? relevé-je la voix tremblante. Il n'y a rien à expliquer.
- Princesse, je...commence-t-il à balbutiner en approchant vers moi.
- Pas un pas de plus ! crié-je subitement
Je pensais pouvoir lui faire confiance. Je pensais qu'il serait le seul à ne pas me tromper. A ne pas me trahir. Je pensais qu'il serait différent des autres et qu'il me traiterait différemment. Je pensais...ah...à quoi pensais-je sérieusement ? Depuis quand suis-je devenue naïve au point de m'en remettre à un beau visage et quelques mots et quelques délicates attentions ?
Le dépassant en le bousculant volontairement, j'entre dans la pièce principale et attrape l'arme alors posée sur le bord de la cheminée que j'enclenche et pointe en sa direction.
- Wow ! Attendez, attendez ! Vous voulez sérieusement me tirer dessus ?
- Honnêtement, je n'en ai pas très envie, mais...coupé-je en adressant un sourire moqueur, aucun souverain qui se respecte ne se réfréne de punir un crime lorsqu'il est commit.
- Princesse...
- Vous vouliez que je sois reine, Duc Owen de Norlia, voilà que je vais en devenir une.
- Ecoutez-moi d'abord, je vous en prie ! Nous pouvons régler cela.
- Je ne suis plus d'humeur à écouter. Votre chance est passée.
- Vous n'allez quand même pas...
- Ce que tu crois !
Je tire sans une once d'hésitation avant de regarder son corps s'effondrer au sol, pris de spasmes violents aboutissant à la perte de connaissance. Pendant un bref instant, j'ai aimé ça. Pendant un bref instant, j'eus envie de recommencer, savourant l'idée de voir que de toutes les armes, la paralysante était probablement celle que je préférais.
- J'espère que vous avez eu mal, soufflé-je en essuyant une larme solitaire roulant sur ma joue.
Soudainement, Robin et deux de ses hommes arrivèrent dans la maison, s'arrêtant net devant la scène de crime.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande ce dernier prit de surprise
- Rien. Est-ce que tout est prêt ?
- Oui, comme nous en avions discuté, vous allez pouvoir vous mettre en route, mais...Votre Altesse...vous n'oubliez personne ?
Il pointe du doigt le Duc inconscient gisant à terre.
- Attachez-le et mettez-le dans une cave bien humide ou ce qui vous sert de prison. Peu m'importe. Je m'en occuperais quand je reviendrais.
Attachant l'arme à ma ceinture, je m'attache les cheveux et me mets en route tandis que le petit groupe portant le corps inanimé du traître me suive.
- Vous aviez raison tout à l'heure, parfois il y a du bon dans le fait d'être une vague, souligné-je en accordant au cortège un bref regard.
- Il y a «vague» et «ras-de-marée». Faites attention.
- Je serais ce que j'ai besoin d'être pour gagner ce jeu et s'il faut, par le plus grand des hasard, détruire certaines choses pour avancer, je le ferais sans aucun regret. Je leur montrerait à tous qui je suis et ce qu'il en coûte à ceux se dressant sur ma route.
- C'est un comportement bien dangereux que vous vous apprêtez à avoir. «Détruire» c'est une chose, se détruire au passage...s'en est une autre. Prenez garde car une fois que vous êtes sur cette pente-là, cette dernière se trouve être bien glissante.
Peu m'importe. Je ferais ce que j'ai à faire. Et ils payeront. Tous autant qu'ils sont.
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