👑CHAPITRE 29 📱
Il y a bien des choses que j'aurai aimé dire au Duc, mais ce sont des mots silencieux restés coincés au bord de mes lèvres et n'ayant jamais eu l'occasion d'être entendus. Je présume que la réponse que je lui ai fourni concernant mon objectif lui a suffit étant donné que ce dernier s'en est retourné auprès du Baron Decloff sans rien ajouter de plus. Je savais d'ores et déjà que ce genre de conversation viendrait à se répéter, m'attendant même à ce qu'il désapprouve certains de mes choix. Malheureusement pour lui, je ne fais que commencer et nous n'obtiendrons aucun résultat si nous essayons bien malgré nous de jouer dans les règles. De ce que je sais, aucun de mes frères et aucune de mes sœurs n'envisageant de jouer dans les règles, bien au contraire. Après tout, ces dernières n'existent que pour être violées sinon à quoi bon en avoir fait figurer ? Le Roi nous a tous intiment invité à nous battre et à défendre chacun de nos territoires comme si nous étions en guerre, allant à traiter nos voisins comme nos ennemis et c'est le plan de la majorité de la fratrie. Nous n'envisageons pas de nous faire de cadeaux.
M'apprêtant à rejoindre mes deux collaborateurs, voilà que ma montre connectée m'informe d'un appel vidéo. Je connais ce numéro, mais je ne pensais pas le voir de ci-tôt. M'enfermant dans une pièce annexe, je finis par décrocher en me laissant tomber dans un fauteuil, prenant mon air le moins surpris.
- Tu es seule ?
- Pour le moment. Parle. Dis-moi ce que tu veux, cela ne te ressemble pas de m'appeler de ton propre chef. Ou alors as-tu décidé de voir par toi-même si je suis toujours en vie ?
- Ne commence pas s'il te plaît. Je ne t'appelle pas pour me battre avec toi Magda.
Voilà qu'il recommence à m'appeler de la sorte. Je ne sais pas à quel Ambrose ai-je à faire ? Celui qui a toujours eu une place dans mon cœur ou l'espion de mon frère ? J'ai un doute.
- Je venais aux nouvelles. Je voulais...
- Ambrose, tu sais pertinemment que toi et moi ne pouvons pas entretenir ce genre de relation. Plus maintenant. Tu ne peux pas m'appeler soudainement sous prétexte de vouloir des nouvelles. Si tu veux savoir ce que je fais, regarde l'émission. C'est en direct, non ?
- Je ne suis pas intéressé par les faits et gestes de la Princesse. Je suis intéressé par la femme. Dis-moi franchement comment tu vas.
- Comme tu peux le constater, je me porte comme un charme.
- Sois sérieuse. Je sais quand tu mens Magdalena. Tu ne peux pas prétendre devant moi. Pas même de cette façon. Je te connais par cœur.
- Je fais au mieux. Que veux-tu que je te dise de plus ? Je ne peux pas dire que la situation me ravie, mais je refuse de rester derrière. D'être la dernière. Je l'ai été trop longtemps.
- Quoique tu fasses, sois prudente. Promets-le moi. Promets-moi que tu ne ferras rien d'intrépide, rien de stupide. Je sais ce que tu veux faire, mais si tu t'engages dans cette voie, tu pourrais perdre tellement...Tu pourrais te perdre toi-même.
- Depuis quand tu es le mieux placé pour me juger ? En outre, si tu ne voulais pas que je fasse de bêtises Ambrose, il ne fallait pas me laisser seule. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.
- Je sais. Crois-moi, je l'ai sur la conscience et si j'avais pu, j'aurais fait les choses différemment. Mais je n'ai pas eu le choix.
Un rire, bien que bref et froid, m'échappe en l'entendant me sortir cette rengaine pour la énième fois.
- Tu sais ce qui est formidable dans le fait d'être un être humain ? C'est notre grande capacité à pouvoir faire des choix. Dire que nous n'avons aucun, c'est refuser de voir que nous aurons à vivre avec certaines conséquences. Mais tu as fait le tiens et tu sais quoi ? Je le respecte. Je te l'ai dis avant le départ : Je gagnerais le trône de la façon qui me semble la plus directe qui soit. Je ne perdrais pas de temps. Alors cesse ce genre de fausses intentions. Tu dis me connaître, mais c'est valable dans les deux sens. Tu ne peux pas prétendre devant moi Ambrose.
- Si vraiment tu n'avais pas envie de m'entendre, tu n'aurais pas décrocher. Mais tu l'as fait alors j'ose espérer que toi et moi, malgré ce qui s'est passé et ce qui se passera dorénavant, nous pourrons garder un lien. Crois-moi Magdalena, ma position me rebute. Mais c'est la seule façon de...
- De quoi ? Vas-y, termine ta phrase. Tu as toute mon attention. Je serais curieuse de savoir quelles sont tes motivations.
- Faut-il nécessairement que tu sois toujours dans le conflit ? Ne peut-on plus parler comme on le faisait auparavant ?
- Nous n'avons jamais parlé. Tu me grondais comme une enfant.
- Parce que tu m'inquiétais et tu continues de le faire.
- Et je continuerais probablement de le faire et tu le sais. Tu dis me connaître alors tu sais que cet échange équivaut à un courant d'air. Une brise sur la peau. Nous n'avons rien à nous dire Ambrose. Nous sommes ennemis.
- Nous ne sommes pas dans l'obligation de l'être. Ne viens-tu pas de dire que nous avions le choix ? Pourquoi choisis-tu de me voir comme ton ennemi ?
- Parce qu'il est ainsi plus facile de te détester que de t'aimer.
Sincèrement, j'aurai souhaité proclamer que je ne ressentais plus rien pour Ambrose si ce n'est haine, dégoût et trahison, malheureusement nous ne commandons guère nos sentiments. J'ai de l'affection pour lui. De l'amour même ou du moins un brin restant et qui refuse de se détacher de moi. Je pensais pouvoir l'oublier et honnêtement sur ces dernières vingt-quatre heures, j'avais réussie. Je n'avais pas eu une pensée pour lui, mais maintenant que je le vois, que je l'entends, je me languis de le prendre dans mes bras. Je me languis de ses mains, de ses doigts entremêlés aux miens. Je me languis de ses yeux qui eux seuls me font me sentir comme si je représentais son monde. Suis-je la seule à devoir souffrir de notre séparation ? Pourquoi ai-je l'impression qu'il ne semble pas du tout affecté ?
- Dis-moi Ambrose, je peux te poser une question ?
- Je t'en prie.
- Pourquoi Byron ? Je sais que tu es à son service et que ta famille lui a prêtée allégeance, mais... pourquoi vouloir en faire un roi ? Tu sais aussi bien que moi qu'il n'en a pas les qualifications. Mon frère est un débauché ne jurant que par l'argent, le sexe et la gloire.
- La loyauté est une chose rare dans ce royaume.
- Je le sais peut-être mieux que personne. Réponds-moi.
- Je ne peux pas. Il y a des choses que je ne peux pas te dire Magdalena et crois-moi, je comprends ta colère sur ces points précis, mais c'est ainsi. Tu comprendras que parfois, il y a des choses qui doivent être faites afin de servir certains intérêts personnels disons.
- Dans ce cas, je te souhaite bon courage car quand le moment viendra, tu sais que je ne me retiendrait pas.
- Et je n'en attends pas moins de toi. Néanmoins, promets-moi de faire attention. Il y a des forces en mouvement dans ce jeu et certaines ne voient pas d'un très bon œil ta participation.
- Mon existence entière est méprisée alors merci pour le conseil, mais je n'en ai que faire. Je suis la mieux placée pour savoir quoi faire à partir de maintenant. Ceux qui voudront la guerre n'auront qu'à s'aligner devant ma porte, je les prendrais. Un par un. Et je les descendrais.
Ses yeux s'abaissent comme s'il prenait soudainement conscience de la gravité de mes paroles mais qu'il se refusait à les entendre. Ambrose doit probablement croire que je suis toujours cette petite fille de onze ans qui pleurait éperdument dans ses bras jusqu'à s'endormir. Je ne le suis plus. Pleurer est un luxe que je ne peux plus me permettre. Compter sur une tierce personne, lui accorder toute ma confiance, est un risque que je ne peux plus prendre non plus. Bien que cela me coûte.
- Magdalena, tu veux bien me promettre quelque chose ? A chacun de mes appels, réponds-moi.
- C'est malheureusement une promesse que je ne peux pas tenir. Je ne sais pas ce que tu cherches à faire Ambrose et honnêtement, je crains ne pas savoir ce que tu penses non plus, mais nous sommes tous deux engagés dans une voie qui va tout faire sauf nous rapprocher. Si tu voulais que je sois docile, il fallait que tu restes de mon côté.
- J'ai toujours été de ton côté.
- C'est drôle, je ne te vois pas dans cette pièce présentement. Tu es juste un appel, une image et rien d'autre. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai à faire et tu devrais également te concentrer sur ce qui t'attends. Je doute que Byron ferme les yeux sur ce genre de comportement. Soucies-toi de toi avant de t'occuper de moi. Si cela peut te rassurer, j'ai assez à faire avec un gardien.
- Le Duc de Norlia ? Méfies-toi de lui Magdalena. Cet homme, il n'est pas celui que tu crois.
C'est drôle, ce n'est pas la première fois que j'entends ce genre de choses de la part d'une bouche étrangère.
- Qui qu'il soit, crois-moi, j'en fais mon affaire. Cela ne te regarde en rien. Au revoir Ambrose.
- Attends !
Coupant la communication, je reste un moment dans ma solitude, réfléchissant à la discussion et aux mots d'Ambrose. Il ne se donnerait pas la peine d'appeler pour juste prendre des nouvelles, cela ne lui ressemble pas et puis il y a ces sous-entendus également. Quelque chose ne tourne définitivement pas ronds et je serais bien curieuse de savoir ce que le Duc de Norlia me cache avec tant d'ardeur.
Il est peut-ête temps d'aller à la chasse aux réponses.
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