👑CHAPITRE 27 📱
- Encore !
Cela faisait bien cinq minutes que j'étais étendue à même le sol, le souffle court, presque coupé par le dernier coup reçu à hauteur de la poitrine me clouant définitivement au sol. Incapable de distinguer les zones douloureuses, mes yeux ne font que suivre l'homme faisant le tour de ma personne allongée alors que ce dernier me dévisage avec sévérité. Je ne m'attendais pas à finir dans un tel état dès notre première séance et j'eus même bonne espoir que le Duc me ménage, mais ce ne fut nullement le cas. En quelques secondes, il m'a mit à terre en utilisant pratiquement toute sa force brute contre moi. Ses coups portés à mon encontre étaient d'une étrange précision que je lui devine acquise depuis ses classes dans l'armée.
Mise devant le fait que je ne serais sans doute jamais en mesure de battre son expérience, même en recevant des heures de leçons volées à l'abri des caméras du jeu, une part de moi reste intiment convaincue que le cour d'aujourd'hui n'est qu'un sombre déguisement pour une quelconque punition que le Duc m'infligerait lui-même. Qu'essaye-t-il de me faire comprendre ? Que je suis une jeune femme et que par conséquent jamais je ne pourrais être en mesure de battre un homme ? Parce que je suis faible ? Essaye-t-il d'utiliser ce prétexte pour me montrer que j'ai indéniablement besoin de protection ? Laissez-moi rire.
- Son Altesse serait-elle déjà fatiguée ? siffle t-il en levant les yeux au ciel
- Je vous trouve particulièrement acerbe depuis que nous sommes arrivés hier, Duc. Vous ai-je fait quelque chose pour mériter un tel sort ? lâché-je en me redressant légèrement
- C'est juste que...
Que quoi ? Va-t-il finir par dire ce qui se passe ou va-t-il encore jouer la carte des mystères ?
- Ce que vous avez fait hier est extrêmement impulsif et dangereux et...
- J'en ai conscience.
- Et j'espère que vous n'allez pas le refaire. Princesse, nous avons fait un marché vous et moi, il y a de cela quelques jours et combien est-il excitant de se retrouver dans le feu de l'action, je prie tous les dieux pour qu'une idée pareille ne puisse pas vous retraverser l'esprit.
- Je sais. Néanmoins, comme je vous l'ai précédemment dit également, je suis une personne stupide et j'entreprends de jouer à ce petit jeu navrant en suivant mes propres règles. Vous me décevrez énormément si vous ne réalisiez que maintenant quel genre de personne je suis.
- Croyez-moi, je commence à en prendre douloureusement conscience. De toute évidence, vous n'êtes pas tout à fait ce que l'on pourrait appeler une Princesse conventionnelle.
- Princesse n'est qu'un titre et un titre n'est pas fait, selon moi, pour définir une personne. Cela la cantonne à un rôle bien précis avec des attentes particulières certes, mais je ne vois pas les choses comme ça. Je ne pense pas qu'une personne doit être définie selon son rang dans la société car souvent ce sont les plus riches les plus malhonnêtes.
Cela a toujours été le cas et l'exemple de la province de Celestia n'en est qu'une illustration. Les petits bourgeois ont tirés profits des richesses terrestre, exploitant les familles dans le besoin pour les aider dans leur quête, s'en mettant plein les poches et déguerpissant au plus vite dès que les choses se sont gâtées. Abandonnant usines, mines et gens dans le besoin. Ainsi ils vivent dans l'opulence à la capitale ou à la cour, profitant de tout, se baignant dans l'avidité et la luxure, n'ayant pour seul plaisir et refuge ultime ce que les technologies du Royaume ont à leur offrir : jeux, télé-réalités, immersion totale dans un monde virtuel où plus rien ne compte si ce n'est l'extase. Le plaisir.
Ça a toujours été la façon de faire du Royaume. Bandés les yeux dès plus gros portes-monnaies pour s'assurer que leur seule consommation soit dans l'intérêt des dirigeants.
- Je salue votre façon de pensée Votre Altesse, vraiment, mais ce ne sont pas vos idéaux qui vous sauveront la vie. Vous le savez, n'est-ce pas ?
- Peut-être pas, vous avez raison, mais c'est ce qui me permet de garder une certaine ligne de conduite. Si je m'en écarte, alors que me restera-t-il ? Moi qui n'ai pas grand chose...
- Vous avez plus que ce que vous voulez bien voir, croyez-moi.
- Permettez-moi d'en douter.
- Alors permettez-moi de vous le démontrer.
- Vous venez déjà de me démontrer que je ne vaux pas grand chose dans un combat à mains nues, alors ...
Constatant que j'ai toujours les fesses au sol, il s'approche de moi et m'offre sa main qu'il présente devant moi tout sourire.
- Chère Princesse, vous avez tant à apprendre, dit-il en riant
- Ne vous en faites pas, j'apprends vite.
Attrapant cette dernière, j'enroule mes jambes autour des siennes de sorte à lui faire perdre son équilibre, le faisant ainsi basculer en arrière jusqu'à pousser de tout mon poids pour le mettre au sol. Assise alors à califourchon à hauteur de son bassin, je le regarde tout sourire, fière, mais surtout satisfaite.
- Vous avez raison, ce ne sont pas mes idéaux qui me sauveront et je suis bien consciente que je ne gagnerais jamais tant qu'il sera question de force brute. Je n'en ai peut-être pas l'air pour vous et il est probable que vous continuiez à me voir comme une petite fille, mais je sais me débrouiller. Je saurais me débrouiller. L'avantage quand on a été seule pendant si longtemps, c'est que de la solitude fait naître une force différente.
- Essayez-vous d'insinuer que vous seriez le cerveau et moi les muscles ?
- Pourquoi l'insinuer quand vous le comprenez si facilement ?
- Je serais presque vexé par votre remarque si je ne vous connaissez pas.
- Mon pauvre Duc, votre égo est-il comparable à celui de n'importe quel homme ? Aussi petit et délicat ?
Je le vois me tirer la langue comme un enfant tandis qu'un léger sourire en coin apparaît sur ses lèvres.
- Mon égo c'est une chose Votre Altesse, mais...
Se redressant subitement, il inverse la situation dans laquelle nous nous trouvions tous deux, me remettant dos au sol, tandis que sa main gauche vient soutenir ma nuque.
- Qu'en est-il du vôtre ? Dites-moi.
- Il se porte comme un charme ! sifflé-je en essayant de me dégager
- Oh, c'est mignon. Vous savez que vous ne m'échapperez pas ? Après tout, n'est-ce pas vous qui m'avez conseillé de garder les yeux bien ouverts sur votre personne ? Je ne fais que suivre ce dernier.
- Depuis quand m'écoutez-vous ?
- Vous seriez surprise. Je n'ai d'yeux et d'oreilles que pour votre personne.
Un éclat de rire m'échappe à sa plus grande surprise.
- Est-ce que ça marche souvent ?
- De quoi ?
- Ce genre de réplique ? Est-ce que vous sortez ça à toutes les femmes que vous avez à votre...portée disons ?
- Princesse, tout à fait entre nous, si je vous séduisais, vous le sauriez. Je vous l'ai dit, non ? Je n'ai que faire de...
- Moi ? N'est-ce pas ?
- Ce n'est pas ce que je comptais dire et d'ailleurs, je ne ressens pas à votre égard ce genre d'affection.
- Vous aimeriez vous en convaincre, non ?
- Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je n'ai pas l'habitude d'aimer la première personne qui me tombe sous la main. Les sentiments Princesse, ça prends du temps. Ça n'explosent pas, ça se cultivent.
Pourtant, je ne peux m'empêcher de sentir son pouce caressant délicatement ma nuque. S'en rendait-il compte au moins ? Se rendait-il compte de la façon dont il me regardait, dont ses yeux ont happés les miens qui connaissent la plus grande peine à s'en détacher tandis que nul mot ne semble s'échapper de nos lèvres. D'ailleurs, les siennes sont légèrement entrouvertes, tremblantes comme s'il s'apprêtait à briser le silence s'étant installé entre nous, mais en était bien incapable.
- Au fait Duc ? Je gagne.
Profitant de son état de béatitude, j'assène un coup de genou à hauteur de son entre-jambe, tandis qu'il se laisse tomber à côté de moi, recroquevillé en deux.
- Je pense que nous pouvons passer à la leçon suivante, n'êtes-vous pas d'accord ?
- Je vous déteste, grince t-il en serrant des dents tandis que tous les traits de son visage s'étaient contractés sous la douleur du coup.
Me baissant alors à sa hauteur pour lui poser une main sur la joue, je me penche pour lui murmurer quelques mots doux :
- Leçon numéro un Votre Excellence : Ne prenez jamais rien pour acquis. Un bon chasseur sachant chasser sait pertinemment sa proie n'est pas si évidente à avoir. Et puis, c'est de bonne guerre, non ?
Les femmes ne sont pas que le sexe faible mon ami, elles sont ce que la nature a su faire de mieux : elles sont la force qui porte ce monde et sans qui ce dernier s'écroulerait.
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