👑CHAPITRE 25 📱
Malgré la fatigue présente, j'eus bien du mal à trouver le sommeil. Mon esprit me jouait tour sur tour en me repassant sans cesse les événements précédents finissant sur l'échange avec le Duc. C'était son regard dont je n'arrivais pas à me défaire. Il avait l'air...déçu. Je présume que je ne suis que déception et que cela n'est qu'un début avant qu'il ne s'aperçoive que je suis de loin la meilleure coéquipière qu'on puisse rêver avoir. Cela ne m'étonnerait même pas qu'à un moment donné il tourne sa veste et décide de rejoindre Ivory, comme Ambrose. Après tout n'est-il pas le fiancé de ma sœur ? N'est-il pas promis à elle depuis leur plus jeune âge ? J'ai accepté de faire abstraction de ce fait en le mettant dans un coin de ma tête, pensant que faire équipe avec lui me permettrait en quelque sorte de faire un doigt à mon aînée. Chose réussie étant donné ses précédentes réactions, néanmoins, le Duc a l'air de vouloir mener les choses comme il l'entends et son idée du jeu n'est guère conforme à mon idée. Naïvement, j'ai pensé qu'il me comprenait et qu'il réalisait toute la différence qui me sépare d'Ivory qui préféra mille fois rester à l'abri de tout ça plutôt que de se salir les mains.
En outre, comment pourrais-je dormir dans un endroit fréquenté par des criminels ? Peut-être devrais-je faire un brin de ménage, changer les parures de draps, disposer de l'espace comme je l'entends. J'ai tant à faire et si peu de temps. Seulement trois mois. Que puis-je réaliser en trois mois ?
Malgré l'inconfort de la situation, il y a bien une chose que j'appréciais particulièrement dans ce château : la solitude. Me promenant dans les couloirs avec pour seule lumière un chandelier décroché du mur, je savourais silencieusement le calme ambiant. Pas un garde. Pas un domestique. Personne. Juste moi déambulant ici et là, arpentant les murs à la recherche de mon sommeil.
- Il n'est pas prudent pour une jeune femme de se promener seule dans la nuit, souffle une voix tenue dans l'obscurité.
- Ai-je subitement changer de chaperon pour cela soit à votre tour ?
- De chaperon ? Est-ce ainsi que vous me voyez Votre Altesse ?
Se rapprochant de moi, la silhouette du Baron se dégage des ombres pour se tenir à devant à seulement quelques mètres. Il a cet air suspendu au visage et pourtant il porte également un fin sourire bienveillant.
- Vous n'êtes pas la seule à ne pas trouver le sommeil, rajoute-t-il tandis que je me retrouve à le dévisager me demandant si c'était réellement son excuse
- Je suis désolée. Je vous ai demandé de participer et de m'accompagner et voilà que je m'en prends à vous également.
- Je comprends, la journée a été longue et éprouvante. Si jamais vous avez besoin d'une oreille... Après tout, ne suis-je pas le doyen de notre folle équipe ?
Et quelle équipe est-ce là ? Chaque participant a une raison bien personnelle le poussant à être présent et visiblement, aucun n'est dans le partage. Le Duc n'est pas prêt de me dire ce qu'il me cache, le Baron s'est laissé convaincre bien trop facilement à mon goût pour que je ne trouve pas ça louche et moi... eh bien, mes motivations sont dès plus claires. Je veux mettre un terme à ce système.
Descendant les escaliers l'un à côté de l'autre, mon regard se perd sur les marches qui se présentent à moi tandis que le Baron semble siffler un air que je ne connais pas.
- On dirait presque...une berceuse, soufflé-je à moi-même
- J'avais pour l'habitude de chanter une chanson à ma fille chaque soir. Sa maladie rendait ses nuits assez...mouvementées et étrangement les airs que je lui sifflais avaient l'air de l'apaiser.
- Sifflez-vous dans l'espoir de m'apaiser Baron ?
- Il se pourrait bien que je vous sente troublée Votre Altesse.
Je me souviens encore aujourd'hui de notre entretien au palais royal. De certains de ses mots plus particulièrement : «Cet endroit arrache l'innocence et la naïveté de quiconque s'y aventurant». Dieu que c'est vrai. Malgré ses airs, l'homme a côté de moi est un pirate informatique dont on ne fait plus la réputation, père d'une petite fille de trois ans atteinte d'une maladie que l'on peine à guérir et qui se retrouve embarqué bien malgré lui dans une aventure qui ne le regarde guère. Je me demande quel avis il a de moi.
- Je ne dirais pas que je suis troublée, lancé-je pour couper le silence ambiant, c'est juste... un sentiment d'impuissance.
- Avec tout le respect que je vous dois Votre Altesse, puis-je savoir d'où provient un tel sentiment ? Vous venez à vous seule de confronter une bande peu recommandable, vous vous êtes battus contre un homme qui en aurait fait fuir d'autres et en l'espace d'une journée, vous venez de reprendre un château dont personne n'osait s'approcher. Tout ça bien évidemment du haut de vos quinze années et ayant pour seule arme votre esprit. Tout à fait entre nous, j'avoue peiner à vous comprendre.
- Vous saluez mon geste alors que le Duc semble d'un avis tout à fait opposé.
- Donc en réalité, c'est ce que pense Son Excellence qui vous chagrine, n'est-ce pas ? Ce n'est pas réellement un sentiment d'impuissance, seulement une légère frustration. Est-ce que je me trompe ?
Moi-même je ne sais pas pourquoi j'accorde autant d'importance à ses mots subitement. Dans mon plus grand intérêt, je devrais l'ignorer et continuer à vivre comme je l'entends, mais je ne sais pas, il y a quelque chose dans sa soudaine colère à mon égard que je ne comprends pas. Et je n'aime pas ça. Je n'aime pas ne pas comprendre et ne pas avoir de réponse appropriée.
- Vous pensez que je réfléchis trop ? Que je devrais passer outre ?
- Je pense surtout que vous êtes bien trop jeune pour vous laisser affecter par tout ceci. La journée a été longue pour tout le monde et je ne doute pas que demain, le Duc et vous aurez une conversation. Peut-être se rendra-t-il compte de certaines choses durant la nuit ? Qui sait ? Après tout, il est vrai que cette dernière porte conseil.
- Quelque fois, je vous trouve étrangement sage Baron.
- Valerian. Je vous l'ai dit la première fois que nous nous sommes rencontrés, je ne suis pas très à l'aise avec l'étiquette et les codes et honnêtement à quoi bon me servir d'un titre en ce lieu ? Il ne m'apportera que des emmerdes. Alors si vous pouviez m'appeler par mon prénom plutôt que par mon rang, je vous en serais reconnaissant Votre Altesse.
- Seulement si vous promettez d'en faire de même alors !
- Pourquoi pas, se résigne-t-il en haussant des épaules, Magdalena est un beau prénom.
- Il y a pourtant des jours où j'en viens à le détester, soupiré-je
- Pourtant, n'est-il pas tout ce qu'il vous reste de votre mère ?
Si. Avant j'avais mes souvenirs et mon nom pour me rappeler d'elle, mais plus le temps passe et plus ce dernier balaye allègrement le peu de choses dont je me souvenais. Son sourire, les traits de son visage ne sont qu'une vague de plus dans la mer de mes souvenirs à présent. Parfois j'oublie également que tout ce que je fais, je le fais pour elle.
Je veux détruire la famille Boùrbon comme ils ont détruit la mienne. Je veux leur montrer que la bâtarde que je suis n'est pas seulement qu'une tête couronnée de plus que l'on compterait comme un trophée supplémentaire sur l'étagère familiale.
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