👑CHAPITRE 24 📱
A l'instant où nous avons pu récupérer le château, les drones caméras de l'émission se sont invités sans attendre à l'intérieur même des murs. Nous avons donc gardés nos rôles respectifs, faisant le tour de ce dernier afin de nous familiariser avec les lieux puis quand vingt heures venu enfin, conformément au règlement du Ruler Game, les caméras se sont enfin éteintes, nous laissant, pour la première fois depuis notre arrivée, être nous-mêmes. Nous nous sommes donc tous les trois laissés tomber sur un fauteuil, un canapé ou une banquette, sans dire un mot, vidés de toute énergie.
Il venait de se passer tellement de choses en si peu de temps et malgré tout ce que je pouvais imaginer sur le commencement du jeu, ce dernier fut bien loin de la réalité à laquelle j'ai été confrontée. J'avais conscience que m'installer à Celestia allait être une tâche dès plus difficile, à ce sujet je pense que tout le monde m'a prévenu, mais je n'imaginais pas que dès le premier jour cela allait être à ce point compliqué et éprouvant. A quoi vont ressembler les jours suivants ? Vais-je être en mesure de surmonter chaque difficulté ? Honnêtement, j'en doute. J'en doute fortement. La seule chose que mes aînés puissent espérer, c'est d'attendre tranquillement que je déclare forfait chose qui pourrait tout à fait arriver.
- Ce fut une longue journée, souffla le Baron comme pour essayer de casser ce silence pesant. Honnêtement, la dernière fois que j'ai été aussi épuisé, je crois que c'est quand j'ai été chargé d'effacer le scandale des bijoux volés impliquant la Princesse Ivory. Des nuits blanches j'en ai passé sur ce dossier. Mais là...ce fut carrément intense. Je dois reconnaître que sans votre idée Votre Altesse, certaines choses auraient pu traîner davantage.
- C'était une très mauvaise idée, lâche le Duc en me regardant sévèrement. J'espère bien que ce fut la première et la dernière fois que Son Altesse pense à un plan tel que celui-ci.
- Ne pourriez-vous pas reconnaître, pour une fois que Son Altesse a bien agit ? La féliciter ne serait guère de trop.
- Je ne félicite pas les idées peu brillantes et dangereuses comme celle-ci.
- A ce que je sache, vous n'avez guère pu proposer mieux. Certes, ce fut délicat, je l'accorde, mais cela nous a permit de prendre le château avec seulement trois personnes contre ce qui me semblait être une armée.
- Et à quel prix ? Voyez comment est Son Altesse !
Je me contente de les entendre se disputer à mon propos, incapable de réagir ayant à me battre moi-même contre les flashbacks de mon entretien avec Roxan. Même maintenant, je peux encore entendre leurs murmures, je peux sentir leurs regards sur moi, ceux en disant bien trop long sur leurs intentions si je restais plus longtemps que prévu parmi eux. Un frisson me parcoure le corps et me sort de là tandis que le silence, une nouvelle fois retombé, me ramène à l'instant présents et à leurs regards inquiets.
- Peut-être que l'on devrait aller se reposer. Demain est un autre jour, siffle le Duc en quittant la pièce
Mon regard le suit, mais aucun mot ne me vient. Je ne saurais quoi dire de plus. D'ailleurs y'a-t-il quoi que ce soit à rajouter ? Ce qui fait est fait. Je ne regrette pas mon idée, mais il y a une part de moi qui ne s'attendait juste pas à ce que ça se passe comme ça. Suis-je à ce point une enfant naïve qui espérait vivre dans le monde des licornes et des paillettes toute sa vie ? Quand est-ce que l'on m'a mit un bandeau sur les yeux pour que je ne sois plus en mesure de me rendre compte de la réalité ? J'ai beau critiquer le système dans lequel on s'est enfermé, au final, je ne vaux pas mieux que tous ces gens penchés sur leurs écrans.
- Je suis certain que ce n'était que de l'inquiétude mal exprimée, vous ne devriez pas vous en faire, me chuchote le Baron avec un grand sourire qui se voulait probablement rassurant.
- Je sais. Néanmoins, je ne peux promettre que ce genre de situation ne se reproduira pas. Nous savons pas ce que nous serons amenés à affronter dorénavant et je présume que Roxan n'est pas le dernier de nos soucis non plus. Nous allons avoir beaucoup à faire.
- Vous ne devriez pas trop vous inquiéter, je suis certain que tout se passera bien.
- Oh Baron Decloff, si vous saviez. J'ai toutes les raisons du monde de m'inquiétier.
Après tout, je ne connais trop bien que ma famille pour savoir comment cette dernière va agir à compter de demain. Personne ne se fera de cadeaux. Il n'y aura aucune pitié et aucune hésitation dans leurs actes. Tout ce qu'ils feront, ils le feront dans l'espoir de gagner car à chaque adversaire éliminé, cela les rapprochera d'autant plus du trône et du pouvoir. Il n'y a aucun lien fraternel qui pourrait stopper la machine qui vient de se mettre en route.
Errant dans les couloirs à la recherche d'une chambre pour passer la nuit, je tombe nez à nez avec le Duc attendant, les bras croisés, appuyé contre un pan de mur à peine éclairé. S'il n'y avait pas quelques chandeliers pour dévoiler sa silhouette silencieuse, je lui serais probablement passé devant sans même m'en rendre compte. Depuis combien de temps est-il ici ? M'attendait-il ?
- Quoique Son Excellence ait à me dire, je suis certaine que cela peut attendre le levé du soleil, l'informé-je en approchant de sa hauteur.
- Je ne suis pas d'humeur patiente.
Encore ce ton froid avec lequel il s'adresse à moi depuis la fin des hostilités et de cette journée. Quelle mouche l'a piqué ?
- Et moi je ne suis guère d'humeur attentive, sifflé-je en m'arrêtant devant lui, me plantant de toute ma hauteur.
- Dans ce cas, je serais bref, continue t-il en se détachant du mur.
- Est-ce une répétition ? Car si tel est le cas, sachez que je passe mon tour.
- Ce fut un risque inconsidéré et vous vous êtes mise en danger.
- Merci. Je suis au courant, j'étais là. Je sais ce que j'ai fait. Mais il serait temps que cela entre dans votre tête Duc. Je ne suis pas une Princesse qui mérite petits soins et grande attention. Ce que je fais, je le fais en mon âme et conscience que vous soyez d'accord ou non.
- Est-ce votre façon de m'informer de votre attrait particulier pour le danger ?
- Nullement. Je ne sais pas ce que vous pensez présentement de moi, mais je n'aime pas particulièrement me mettre en danger. Je n'aime pas avoir à gérer ce genre de situation non plus, mais ce que je déteste particulièrement, c'est de laisser les choses se dérouler sans que je ne puisse intervenir. Tant que je pourrais faire quelque chose pour tourner une situation à notre avantage, bien que ce dernier soit minime, sachez que je le ferais.
- Alors dans ce cas, pourquoi avoir accepté que je vous accompagne ?
- N'est-ce pas vous qui avez insisté en me sortant de grands et beaux discours sur la protection. Faites donc votre travail. Protégez-moi.
Ses yeux sont plantés dans les miens et je peux presque sentir son souffle chaud sur moi tant nous sommes proches. Je peux voir la colère et la frustration danser dans son regard comme danse la détermination et l'obstination dans le mien. Je n'ai rien contre le Duc Owen, bien au contraire, je l'apprécie et c'est peut-être bien la première fois que nous sommes tous deux sur un terrain de mésentente, mais je n'en attendais pas moins de nos deux caractères. Il sait ce qu'il fait et moi de même ou du moins, j'aime à croire que j'en donne la parfaite illusion. Jusque là deux forts caractères sont voués à entrer en conflit. Il ne peut pas constamment remplir son rôle de bâton de soutien et je ne peux pas constamment être la petite fille de quinze ans se laissant prendre par la main.
Je ne veux pas être choyée et protégée. Je veux être confrontée au danger. Je veux le côtoyer. Je veux être blessée. Je veux tomber et je veux apprendre à me relever. Je veux faire des erreurs et apprendre à ne pas les répéter. Je veux me tromper et réaliser que je me suis fourvoyer. Il y a tant de choses que j'ai besoin de réaliser, d'accomplir par moi-même et je sais que le Duc est susceptible de m'empêcher de faire tout ceci. Comme beaucoup, il me veut dans une bulle saine et sauve, mais après avoir vécue dans une cage dorée pendant quinze ans, je mérite d'apprendre à voler de mes propres ailes.
- Je n'apprécie guère votre vision des choses, sachez-le, dit-il en détournant le regard.
- Et je n'apprécie guère avoir quelqu'un sur le dos, retenez-le.
- J'ai fais une promesse, celle de vous protéger lors du Ruler Game et durant toute sa durée. Que cela vous plaise ou non, vous m'aurez sur le dos si cela me permet de garder cette dernière intacte.
- Je ne suis guère intéressée par les promesses faites aux fantômes du passé. Vivez dans le présent Duc, car si votre tête est ailleurs ou si vous détournez le regard, vous seriez bien capable de le regretter.
- Oh croyez-moi, quoi qu'il arrive... Je saurais n'avoir d'yeux que pour vous, Votre Altesse.
Nous nous quittons sur cet échange que je qualifierais de tumultueux tandis que le Duc s'en retourne dans une des pièces de ce couloir qui me paraît subitement bien froid.
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