👑CHAPITRE 23 📱

J'ai eu beaucoup de mauvaises idées dans ma vie, mais je n'en doute en rien que celle-ci est peut-être la pire d'entre elles. Je n'arrive toujours pas à savoir comment j'ai pu estimer et calculer qu'il soit tout à fait convenable que je me sépare de mes deux gardes tandis que je m'approche à petit pas de la porte principale du château de Celestia. J'ai entendu bien des choses grâce au Baron sur les occupants de ce château et je fus grandement surprise de constater au fur et à mesure de mon avancée qu'il n'y avait pas l'ombre d'un garde. Bien au contraire. Les alentours semblaient dégagés pour une raison qui m'échappait mais qui ne me rassurait pas. A l'entrée, sur la gauche se trouvait ce qui semblait être un interphone dès plus démodé. Prenant une grande inspiration, je le fis sonner et immédiatement, sans aucune question, la porte s'ouvrit.

Je savais ce que j'avais à faire et qu'il n'était pas concevable que je puisse échouer maintenant alors, gardant en tête ma promesse faite au Duc avant notre séparation, je ravalais ma salive et pénétrais ce qui m'avait tout l'air d'être l'entre du diable si tentait que ce dernier ait un visage.

De l'autre côté de la porte, des gardes. Une multitude. Des hommes armés jusqu'au dent dont ma signifiante petite taille m'informait rapidement que la fuite n'était guère une option. J'étais entré en connaissance de cause. J'étais venue jusqu'ici, les pieds en feu, la peur au ventre, les larmes aux yeux et les mains tremblantes pour une raison : Récupérer cette propriété. Dieu que cette idée est stupide. Comment une enfant pourrait convaincre une bande de bandits de prendre leurs clics et leurs clacs et de quitter les lieux ? Ils vont me rire au nez. Peut-être rient-ils déjà, mais le moindre contact visuel me ferait perdre le peu de composition que j'ai réussi à rassembler. Néanmoins, le nœud que j'ai à l'estomac et les palpitations s'accélérant au fur et à mesure de mes pas trahissent le peu de confiance que j'ai l'air d'avoir. Tout ceci n'est qu'un rôle. Une farce vulgaire que je m'apprête à jouer.

Je ne peux pas faire demi-tour. Il me faut ce bâtiment pour le jeu. Il me le faut et ce que je veux, je finis toujours par l'obtenir d'une manière ou d'une autre. Qu'importe ce que je dois faire ou endurer pour cela. Les regards lourds d'intentions malsaines à mon égard, les sifflements, les caresses sur mon passage, ce ne sont que des formalités. Les hommes ont toujours été des animaux agissant en fonction de leurs instincts primaires et bestiaux.

- Son Altesse était attendue, suivez moi.

Visiblement, l'effet de surprise n'aurait servit à rien. Bien-sûr qu'ils devaient savoir que nous étions déjà présents. Nous avons marché des heures durant pour atteindre directement le château sans attendre. Aucune hâte, aucun repos ou quelques minutes volées ici et là.

A chaque pas, je sais que je m'engouffre toujours plus profondément dans la tanière de l'animal. Les couloirs perdent en lumière et certains sont à peine dotés de quelques chandeliers. Tout ici est dépassé depuis des années. Certains murs tombent en lambeaux et menacent de s'effondrer à tout moment, à la moindre pression ou au moindre souffle. Des travaux de restauration seraient d'une grande nécessité.

Mais je ne suis pas venue ici pour construire un château.

- Roxan vous attends.

On me laisse au détour d'un couloir, derrière une porte en bois qui tient par je ne sais quel miracle. Et de l'autre côté de cette même porte se tient Roxan le Juste. Selon le Baron Decloff, Roxan était un ancien soldat ayant servit la famille royale dans plus d'une guerre et ayant accompli pour le Roi de sombres choses. Alors capturé par un pays voisin, le Roi a renié toute implication avec son unité et a demandé la simple exécution du groupe. Roxan est le seul à s'en être sortit vivant et à être revenu à Nettivia. Aujourd'hui, il est suspecté d'être le commanditaire de plusieurs attentats, vols, enlèvements et assassinats de plusieurs petits bourgeois. Et c'est ce même homme au portrait peu glorieux que je dois déloger de son siège préféré. Le moindre faux pas me fera condamné. La moindre fausse parole trahira mon idée. Je ne peux pas me tromper.

Poussant la porte, j'entre dans ce qui semble être une salle de banquet avec plusieurs tables, toutes occupées par des hommes de statures comme ceux croisés précédemment. Peu d'hommes de bonne foi je dirais.

- Messieurs ! Regardez donc ce que la couronne nous envoie en cadeau ! La Huitième Princesse du Royaume ! Je vous attendais Votre Altesse.

Il mime une brève référence comme pour se moquer et cela en fait rire plus d'un tandis que je continue mon avancée jusqu'à son fauteuil dorée. Le roi des brigands et des fripouilles.

- Que puis-je faire pour vous Votre Altesse ?

- Je suis certaine qu'un homme tel que vous n'a guère de temps à perdre, alors je ne vais guère monopoliser ce dernier.

- Dites-moi pourquoi je devrais subitement me mettre à vous écouter alors que je pourrais tout simplement vous gardez et demander à Sa Bonne Majesté une petite compensation ?

- Vous êtes un homme intelligent Sir Roxan. Vous savez pertinemment que je ne suis pas l'enfant préféré du Roi. Ma capture ne vous apportera rien.

- Et vous voilà seule au beau milieu de mon domaine. Je ne sais pas si je dois saluer votre courage ou votre stupidité.

Étonnement, je conviens que ce n'est pas l'idée la plus brillante, mais je ne peux pas éviter cet homme longtemps si je veux récupérer Celestia et en faire quelque chose en l'espace de trois mois. Je ne peux perdre de temps. Néanmoins, pour certaines choses, je peux en gagner.

- Je ne suis guère brillante non plus, cela j'en conviens également. Néanmoins je requiers votre attention sur ma requête.

- Quoique vous ayez à dire, Princesse, je doute que cela m'intéresse. Avez-vous été choyée au point de venir ici seule, désarmée et abandonnée par toute raison ?

- Non, je suis venue ici avec pour seul arme mon espoir que vous me prêtiez votre oreille.

- Voilà bien longtemps que nous n'avons pas été séduit par une jeune femme mes hommes et moi. La compagnie et la chaleur d'un corps nous manque. Je pourrais me montrer clairement si vous arrivez à nous ...divertir disons.

- Je ne suis pas venue ici pour satisfaire vos désirs les plus sordides.

- Alors vous ne nous servez à rien. Messieurs...Faites en sorte que la Princesse se souvienne de sa royale visite parmi nous. Amusez-vous.

Voyant l'assemblée se lever de bon coeur et se diriger vers moi, j'attrape une pomme posée sur la table près de moi et la lance de telle sorte qu'elle frôle le visage de Roxan s'apprêtant à partir.

- Avez-vous perdu la tête ?

- Vous l'avez déjà remarqué non ? Je ne suis pas d'une grande intelligence, néanmoins, si vous vous montriez moins barbare et que vous seriez plus prompt à m'écouter, je promets de vous annoncer une nouvelle grandement satisfaisante.

- Je doute qu'une gamine ai quoique ce soit qui m'intéresse.

- Pas même si cela peut encourager votre activité ? Vous avez raison, je suis une enfant et je ne sais rien. Je n'ai su que récemment ce pour quoi vous vous battiez. Vous voulez vous venger du Roi. Très bien, c'est vous que ça regarde. Cependant, si c'est vraiment ce que vous souhaitez, je peux largement contribué à cela.

- Et comment ? Regardez-vous, vous n'avez rien. Bien que vous piquiez ma curiosité car j'ai toujours eu un brin de sympathie pour la fille oubliée... n'escomptez pas profiter de cette dernière.

- Nullement. Je vous jure que ce que j'avance peu vous être favorable. Si vraiment je ne voulais guère vous aider, vous pensez sincèrement que je serais venue seule ? Non accompagnée par le Duc de Norlia.

- Donc vous faites équipe avec Norlia, hein ? Je vous plains Princesse. Vous n'avez pas idée du malheur que vous avez apporté dans vos valises.

- Croyez-moi... Entre nous deux, il n'est pas celui qu'il faut redouter.

- Et qui devrais-je redouter le plus selon vous ?

- Celui qui n'a rien à perdre dans cette histoire. En l'occurrence...moi.

Un éclat de rire général et partagé se disperse dans la pièce tandis que je tente tant bien que mal de me joindre à eux, gardant les mains légèrement relevées, à hauteur de mon ventre.

- Sir Roxan, je vous en conjure, écoutez-moi.

- Vous êtes une drôle de petite femme. Vous avez une minute pour me convaincre et pas une de plus. Choisissez bien vos mots Votre Altesse.

C'est tout ce que je demandais. Une minute d'attention.

- Vous voulez la tête du Roi, je peux vous l'offrir sur un plateau d'argent à la fin de ce jeu. Tout ce que je vous demande, c'est que vous et vos amis fassiez vos bagages et partiez d'ici me laissant bien évidemment le château. Cela serait fort aimable de votre part.

Nouvel éclat de rire tandis que Roxan descend de son estrade pour se mettre face à moi, me dévisageant de toute sa grandeur. Il devait bien faire presque deux mètres pour une centaine de kilos. Je me casserais le bras si je venais à tenter quoi que ce soit contre lui.

- Princesse, Princesse, Princesse... Vous pensez sérieusement ce que vous dites ?

- Non, j'essayais de gagner du temps !

Sentant la vibration sous mes pieds, je me jette au sol tandis que le mur arrière de la pièce explose, laissant apparaître dans un écran de poussière monstres en tout genres. L'agitation pousse les hommes de Roxan à déguerpir en vitesse tandis que ce dernier me récupère à même le sol, me soulevant par le bras, me l'arrachant presque dans le processus.

- J'aurai dû m'en douter. Vous avez la perfidie de votre père.

- Je suis pire que lui.

Fourchette en main, je la lui plante dans l'oeil tandis qu'il me laisse tomber, alors qu'en quelques secondes, le Baron et le Duc apparaissent, menaçant Roxan au sol se tenant le visage.

- Cela fait bien longtemps...Roxan.

- Duc de Norlia... La dernière fois que nous nous sommes vus, vous étiez caché derrière votre père. Aujourd'hui vous vous cachez dans les jupons d'une fillette.

- Croyez-moi, j'étais loin d'approuver cette idée, mais la majorité l'a emporté. Dégagez d'ici Roxan. Prenez vos hommes et tirez-vous.

- Vous savez que vous ne pouvez pas me chasser de Celestia.

- Nous verrons cela. Vous avez sous-estimez la Princesse, évitez de répéter cette erreur la prochaine fois.

- Ce n'est que partie remise Duc...

- Je n'en doute pas, je n'en doute pas.

Faisant signe à ces hommes de quitter la pièce nous laissant derrière, mes jambes tremblantes s'abandonnent tandis que je me laisse allègrement tomber par terre, le bras pulsant sous la douleur de sa poigne.

- Votre Altesse !

Le Duc se précipite à mes côtés tandis que Valerian Decloff s'occupe de chasser les derniers rats du bâtiment, nous laissant seuls dans les gravas et la poussière.

- Je vous avez pourtant prévenu que ce n'était pas une bonne idée ! Laissez-moi voir votre bras.

- Je n'ai rien...Je suis juste...c'est juste que...

Inconsciemment, des larmes se mirent à rouler sur mes joues. Des larmes que je retiens depuis trop longtemps pour réussir à les contenir davantage. Elles roulent et s'écoulent une à une alors que je me retrouve au milieu d'une scène que je peine à réaliser.

C'était un coup de bluff et probablement un gain de temps avant que Roxan ne revienne à la charge car il reviendra forcément. Je le sais. Cet homme n'abandonnera pas et ce qu'il s'est dit ici finira par ressortir à un moment ou un autre alors le Royaume de Nettivia saura à quel point je veux la chute de la famille royale autant que n'importe quel brigand de la bande à Roxan. Je serais considérée probablement comme une traîtresse en plus d'être une paria et je perdrais toute crédibilité aux yeux du peuple. Mais j'ai gagné du temps pour le reste. Du temps pour établir un plan. Du temps pour me préparer. Du temps pour me dire que tout compte fait, après une bataille de gagner, la guerre, elle, ne fait que commencer.

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