👑 CHAPITRE 20 📱

Bien des rumeurs couraient sur la province de Celestia. Des histoires de fantômes et de monstres censées effrayer les enfants à la nuit tombée. Seuls les plus fous s'étaient donné le cœur à y croire tandis que les autres se sont tout bonnement contentés de mettre Celestia de côté. Pourquoi cette province en particulier ne faisait-elle pas l'attrait particulier de la personne ? Parce que personne ne veut croire qu'il existe un endroit plus miséreux et misérable que chez soi. Dans une ère toute technologique, les réseaux sont devenus des lieux de complaintes et de jérémiades bonnes à attirer l'attention. Une sorte de concours gigantesque où l'on se battait pour savoir qui était le plus malheureux de tous. Certains y allaient de bon cœur en mettant tous les jours quelque chose, d'autres laissaient un unique message avant de disparaître des jours durant, revenant un beau matin. L'utilisation de cette technologie menant à l'abus personnel à tout doucement commencer à écarter les hommes de leur semblable. Chacun vit dans sa bulle. Chacun ne regarde que ce qui se passe dans sa bulle. Ce qu'il y a ailleurs, bien que cela soit l'horreur, ça n'intéresse pas.

Pourquoi ?

Dans le but précis du Ruler Game, le Roi et son administration se sont retirés de la gestion de huit provinces pendant près d'un an. Un geste impactant les habitants de chaque villages et bourgs concernés. Certains ont fait comme ils ont pu, d'autres s'en sont bien tirés...et d'autres sont tout simplement tombés dans l'oubli. Le Roi n'avait que faire des lettres de suppliques. Le jeu devait servir d'exemple. Le jeu devait être grandiose, sensationnelle et ainsi captiver la foule. Personne ne s'occupe des problèmes d'une nation, de sa dette, de ses conflits quand on vous asperge le cerveau d'informations créées dans l'unique but de vous distraite. De vous absorber. C'était un plan bien sombre, mais c'était ainsi que fonctionnait Nettivia. On fermait les yeux sur les malheureux, ne laissant la vie sourire qu'aux plus audacieux et bien heureux.

- Son Altesse semble perdue dans ses pensées depuis que nous sommes arrivés. Puis-je connaître le fond de ces dernières ?

Un instant mes yeux quittent le sol boueux dans lequel nos pas s'enfoncent tandis que nous progressons vers le château de Celestia pour se perdre sur le Duc de Norlia et le Baron Decloff tous deux s'étant retournés vers moi. Je sens l'inquiétude dans leur regard.

- Je m'interroge seulement. Y'a-t-il toujours fait aussi sombre ici ? lancé-je en levant mon menton vers un ciel dès plus noir

- Il y a quelques années, Celestia était une province industrielle extrêmement riche. Ses sols étaient couverts de richesses attirant alors plus d'un, explique le Baron en continuant sa progression. L'idée de s'enrichir facilement grâce à l'exploitation des ressources terrestres a vite été le rêve d'une large communauté et pendant un temps, cette dernière fut prospère. Mais les industries, les machines...Tout ça à engendrer un large couvert de pollution. C'est le nuage de ces gaz qui rend le ciel si sombre à votre goût Votre Altesse.

- Un nuage de gaz ? N'est-il pas dangereux de respirer alors ?

- Oh probablement. La maladie a déjà atteinte la population des environs. Quand Mère Nature n'eut plus rien à offrir, tous ont désertés en laissant les usines complètement abandonnées, mais laissant aussi le soin à ceux qui ne pouvaient pas partir, de vivre dans cet enfer.

- Et ceux qui ont pu partir ? Que sont-ils devenus ?

- Des membres de la cour pour la plupart. Des familles ayant fait fortune dans l'exploitation des terres au détriment de petits exploitants. Aujourd'hui ils vivent au crochet du Roi tel des pique-assiettes toujours plus gourmands d'argent et de gloire. Il ne reste à Celestia que ses mines abandonnées, ses sols boueux, son ciel noir et cette particulière fâcheuse d'être devenu le nid pour les criminels du Royaume.

Alors immédiatement un frisson me parcours l'échine. Réalisant l'ampleur des dégâts causés par la production de masse, cette province était déjà à l'abandon bien avant que le Ruler Game ne soit décidé. Ce n'est plus un challenge pour moi, c'est une guerre impossible.

Sans compter sur le fait que depuis que nous sommes arrivés tous les trois, je ne peux que me sentir nue et observée. J'ai conscience que la production du jeu a très certainement quadrillée la zone de drones pour filmer le tout et je me doute bien qu'à l'instant présent, le moindre de nos faits et gestes est alors projetés sur un écran géant ou sur une tablette tandis que des centaines d'yeux sont sur nous. Il y a quelque chose de malsain dans le fait de prendre du plaisir à ainsi observer les gens dans leur quotidien.

- Je vous trouve bien silencieux Duc de Norlia. Quelque chose vous rends t-il nerveux ? s'inquiète le Baron en le regardant.

- Nullement, mais n'avez-vous rien remarqué ?

Remarquer quoi au juste ?

On s'arrête sur son ordre tandis qu'il garde sa main levée comme pour signifier de nous taire. Attendant un complet silence, il se retourne plusieurs fois sur lui-même avant de me dévisager gravement. Je n'apprécie guère le regard qu'il porte actuellement.

- Le silence, chuchote-t-il. Dans une province où chaos est le maître mot, pourquoi n'y a-t-il aucun bruit ?

Nous avons échangés un regard sans dire un mot comprenant subitement que sur notre chemin à travers ce bosquet, nous n'étions probablement pas les seuls.

- Votre Altesse devrait aller se cacher, me signifie le Baron en sortant une arme de son sac

- Hey ! Aucune arme n'était tolérée dans le voyage, reprend le Duc mécontent de voir que l'un n'a pas respecté le règlement.

- Que Son...Excellence me pardonne, mais je ne comptais pas jouer selon les règles dès le départ. Venir dans une région aussi éloignée et connue pour être les portes de l'enfer sans rien en poche ? Je suis peut-être fous, mais pas suicidaire. Et puis, vous allez me faire croire que vous n'avez rien pris non plus ?

Sortant à son tour la sienne, les deux hommes se regardent comme s'ils concluaient silencieusement une sorte d'accord commun qu'ils se gardent bien de partager avec moi.

- Princesse, j'insiste, allez-vous cacher.

- Pourquoi n'aurais-je pas le droit à une arme moi aussi ? souligné-je avec une moue vexée de ne pas être conviée dans la bataille s'annonçant.

- Pour l'amour de Dieu faites ce que l'on vous dit pour une fois ! Ce n'est pas un terrain de jeu.

J'essaye de capter le soutien du Duc, mais ce dernier me fit signe de la tête d'aller voir plus loin.

Donc, je suis visiblement bonne pour avoir le rôle de la princesse en danger ? Vraiment ? Faut-il tout de suite souligner le fait que nous sommes dans une époque moderne et que les femmes aussi savent se défendre ? Même les femmes miniatures ?

Néanmoins, me forçant la main, je trouve refuge dans le branchage d'un arbre, gardant un œil ouvert et attentif à la scène se présentant devant moi.

- Ils ne savent vraiment pas ce qu'ils ratent. Je peux être d'une aide exceptionnelle !

Je présume que je ne suis bonne qu'à attendre silencieusement dans mon coin en espérant que mon équipe ne se fasse pas décimer alors que le Ruler Game ne fait que commencer. Super ! 

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