👑CHAPITRE 17📱
Revenant de mon entretien avec le Baron Decloff, j'aperçus un groupe de domestiques réunis dans un couloir tandis que certains s'écartèrent brusquement ou se baissèrent pour laisser passer un vase venant s'écraser au sol. Escortée par les hommes du Duc, je marque un arrêt devant l'attroupement attendant que l'on remarque ma présence ce qui finit par arriver au bout de plusieurs minutes alors que l'on pouvait entendre d'ici la voix montante et les cris hystériques d'Ivory.
Je ne sais pas quel est le pauvre bougre se trouvant face à elle et ce qu'il a bien pu faire pour la mettre dans cet état. Quelque part, je compatis même s'il n'est pas difficile de faire sortir Ivory de ses gonds. Ma sœur aînée n'est pas connue pour son calme et sa grande bonté. Bien au contraire.
- Que se passe-t-il au juste ? demandé-je en me mêlant au public sans aucun mal
- Son Altesse s'entretient avec Son Excellence le Duc de Norlia.
Guère étonnant. Je présume qu'avec l'annonce public de notre partenariat vis à vis du jeu, elle a voulu discuter avec lui. Que j'aimerais alors être une petite souris pour me glisser à l'intérieur et voir ce qu'une «discussion» entre deux fiancés peut bien donner. J'imagine un Duc calmement assis dans un coin et une Princesse bien trop en colère. Quelque part, cette simple vision me mets le sourire aux lèvres. Je présume qu'il n'est pas bien de faire part de ma satisfaction à les savoir se querellant mais imaginer le Duc s'opposer à ma sœur me réjouis. Le dicton populaire du «Il en faut peu pour être heureux» est donc bien réel.
- Peut-être devrions-nous intervenir ? avance un domestique en regardant ses comparses
- Et être exécutés au petit matin car nous aurions déranger la Princesse ? Non merci. Je passe mon tour, répond l'une d'entre eux.
- Mais il serait mal vu que la Princesse Ivory maltraite son futur mari, non ?
Je ne la vois pas dans ce rôle là. Elle pourrait effectivement intenté une action contre lui, mais quelque chose me laisse présumer que le Duc est un grand garçon et qu'à l'heure actuelle, il n'a guère besoin d'être sauvé des griffes de cette harpie. Ainsi, je devrais rebrousser chemin et m'en retourner à mes occupations, mais cela fait tellement longtemps que je n'ai pas été témoin d'une scène que le côté «dramatique» de la vie de cour me manque.
Quelques minutes plus tard, le Duc sort de la pièce s'arrêtant net en voyant l'assemblée s'étant formée devant la porte tandis que ses yeux viennent se poser vers moi esquissant le plus grand des sourires que j'avais à lui offrir. Je présume que je compatis à ce qu'il vient de se passer même si j'ignore quel était le sujet de leur conversation. Quoique, j'ai bien une petite idée.
- Je suis surpris de voir que Son Altesse se plaît devant ce genre de spectacle, siffle-t-il sèchement tandis que le petit groupe n'a pas bougé reportant alors leurs regards sur nous.
- Son Excellence serait surpris de constater que je me satisfait de presque un rien. La preuve, une simple querelle entre amants fait mon plus grand bonheur.
- Ne vous a-t-on jamais appris qu'il ne fallait pas trouver son bonheur dans le malheur d'autrui ?
- Tout dépend. Êtes-vous actuellement malheureux Duc ? Dois-je vous prêter un mouchoir ou bien ma frêle épaule pour vous épancher dessus ?
- De toute évidence, votre verve habituelle ne vous a guère quittée.
- Nullement, elle m'a d'ailleurs été d'une grande aide pour discuter affaire. Je reviens de mon entretien avec le Baron Decloff.
- Vous m'en direz tant.
M'attrapant par le bras, il ordonne à ses hommes de déguerpir tout en jetant un regard noir aux domestiques qui décampent sur le champ sans même demander leur reste. M'entraînant à sa suite, cette scène a pour moi un léger goût de déjà-vu tandis que nos positions étaient inversées il n'y a pas si longtemps que cela.
- Je ne sais pas à quel jeu vous jouez Princesse, mais vous venez d'en secouer plus d'un avec votre choix de premier gage. Que nous soyons dans la même équipe c'est une chose, mais le Baron Decloff ?
- Si je ne vous connaissais pas, je dirais que je sens une pointe de méfiance envers sa personne ? A raison je l'espère. Ou alors... est-ce là de la jalousie ? Je vous rassure Duc, ironisé-je alors, vous serez toujours le premier homme dans mon cœur.
- Ce n'est guère le moment de plaisanter.
- Est-ce l'entretien musclé que vous venez d'avoir avec votre prétendu fiancée qui vous mets dans un tel état ? Il serait peut-être sage de vous retirer et de vous reposer si vous n'êtes pas capable d'affronter plus que vipère.
- Parce que vous allez me faire croire que vous êtes prête pour beaucoup plus ?
- Vous seriez surpris.
Prête, je l'ai été dès que j'ai eu l'âge de comprendre ce qu'était le mot «méchanceté». La cruauté d'Ivory combinée à la fourberie de Byron ont été mes fardeaux pendant de très nombreuses années. Une infime partie de moi leur est d'ailleurs reconnaissante car sans eux, je ne serais probablement pas comme ça aujourd'hui. Je n'aurais probablement pas cette rage au ventre qui est la seule chose capable de me tenir chaud la nuit.
- Parfois, je me demande si je vois en vous un grand courage ou une grande témérité ?
- Peut-être un juste milieu de ces deux choses-là. Rappelez-vous une chose Duc, c'est vous qui avez voulu participer à mes côtés. Vous qui m'avez convaincu de viser le trône. Alors ne soyez pas secoué par quelques mots lancés en l'air.
- Je ne le suis guère. Je ferais face. Mon inquiétude néanmoins, est tourné vers vous Princesse. Je crains qu'avant même que nous commencions, vous fassiez quelque chose de regrettable. Comme cela a déjà été le cas en demandant votre premier gage au Roi.
- N'est-ce pas le propre des humains ? De faire des erreurs et de vivre avec une valise de regrets ? Quant à mes choix Duc, si vous ne me faites pas confiance, alors détournez les yeux.
- Là n'est pas la question. Je peine seulement à deviner vos pensées et cela me perturbe. J'ai pour habitude d'être bon juge de caractère et ai une grande facilité à cerner les gens, mais vous...Princesse...vous êtes un phénomène que je peine à déchiffrer.
Et ce pour mon plus grand plaisir !
- C'est que vous n'avez tout simplement pas toutes les clés en main pour.
- Rassurez-moi sur un point : Qu'êtes-vous prête à faire pour monter sur le trône de Nettivia ?
- Le nécessaire Duc... le nécessaire.
J'ai toujours été celle qui s'est salit les mains et je n'en ai jamais eu peur. Ce n'est pas maintenant que ça va commencer d'ailleurs.
- Vous devriez vous ressaisir Duc Owen. Le jeu s'apprête à commencer et cela serait dommage que mon seul allié de valeur soit bancal.
- Il y a parfois des jours où je vois déjà en vous l'attitude d'une reine. Intransigeante. Déterminée. Détachée. Cela me plaît que de constater que je suis entre de bonnes mains pour ces trois prochains mois.
- J'espère seulement qu'il en va de même pour moi. Il serait dommage que vous ne respectiez pas votre promesse, n'est-ce pas ?
- Croyez-moi, la victoire sera vôtre, je m'en assurerais personnellement.
- Alors me voilà rassurée.
Que le Ruler Game commence dans ce cas.
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