👑 CHAPITRE 12 📱
J'étais en colère, mais pas que. J'étais aussi frustrée et profondément triste, mais malgré ma tristesse aucune larme ne me vient. Pas une seule de coincée au coin de mon œil. Rien. Rien à part ce brusque mélange d'émotions avec lequel je devais présentement me débrouiller sans être certaine de savoir ce que je ressentais très exactement.
Sincèrement, j'aurai aimé montrer une autre part de moi à Ambrose, mais j'en ai été incapable car outre la colère ressentie sur le moment, à l'instant où mes yeux se sont posés sur lui, je n'ai pu voir que le visage de la déception et de la trahison. Je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il a préféré Byron et que par conséquent cela implique notre rivalité. Jamais, je n'aurais cru que j'aurais à me battre contre lui. Pire encore ! Notre affrontement déboucherait nécessairement sur ma victoire car je ne compte pas perdre. Je peine à me résoudre à penser à un tel scénario.
Et pourtant ... Les dès sont jetés et faire marche arrière est tout bonnement impossible.
Arrivant dans ma chambre d'un pas décidé et allant jusqu'à claquer la porte, je sursaute quand j'aperçois deux silhouettes se tenant près de la fenêtre se retournent brusquement vers moi.
Un soupire m'échappe tandis qu'elles s'approchent dans une synchronisation presque effrayante.
- Tu sais que ce n'est pas très correct de frapper sur les membres de la cour Mag' ?
- Tu pourrais avoir des ennuis, du moins... plus que d'habitude.
- Cybele, Kybele. Êtes-vous venus jusqu'ici pour me faire la morale ? Si c'est le cas, vous pouvez de ce pas retourner d'où vous venez. Je ne suis guère d'humeur pour la leçon.
- Ce n'est pas le cas. Nous venons voir comment tu vas Magdalena. Quel genre de frères serions-nous si nous ne venions pas te voir de temps à autre ? rigole Kybele en s'asseyant dans la fauteuil le plus proche.
- Je vous connais tous les deux, vous n'êtes pas là pour savoir comment je vais. Vous chercher seulement à vous mettre quelque chose sous la dent.
En voyant le large sourire qui traverse leurs deux visages, je présume que j'ai mis dans les milles. Entre mon rapprochement soudain avec le Duc Owen et l'incident avec la Comtesse Baptista, Cybele et Kybele ont certainement de quoi se faire plaisir.
- Ma chère sœur, tu es parfois d'une perspicacité incroyable, rit Cybele à son tour en venant s'asseoir sur le lit près de moi.
- Je ne le dirais qu'une fois pour que cela soit bien clair entre vous et moi : Je n'ai rien à vous dire à tous les deux.
- Oh allez ! Nous sommes peut-être les seules personnes dans cet immonde palais qui avons un minimum de respect pour ta personne.
- Du respect ? Vous cherchez juste à avoir des informations. Mais c'est non. Et puis, n'êtes-vous pas censés, mes très chers frères, vous préparer au Ruler Game ? Avez-vous déjà trouver vos partenaires respectifs ?
- Bien évidemment, pour qui nous prends-tu ? siffle Kybele en se balançant depuis le fauteuil.
- Évidemment, oui. Cela va de soit.
- Et toi sœurette ? relance Cybele. As-tu trouvé chaussure à ton pied ? On dit qu'il y a de l'eau dans le gaz entre Ambrose et toi. Te voilà dans de beaux draps sans sa compagnie. Il était peut-être le dernier rempart entre la colère de ce fou de Byron et cette harpie de Ivory et toi-même. Que comptes-tu faire ?
- Je n'ai guère besoin d'un homme pour me protéger de nos aînés. Jusqu'à présent, j'ai toujours avisée seule et seule je continuerais.
- Pauvre Magdalena, la vie n'est en rien juste et facile avec toi. Néanmoins, tu ne nous la ferras pas...pas à nous. C'est le duc ton partenaire pour le jeu, n'est-ce pas ?
- Quand bien même se serait le cas, cela ne vous regarde pas. N'allez pas alimenter les réseaux avec des rumeurs abracadabrantes.
- Voyons Mag, tu sais bien que nous ne sommes pas comme ça Kybele et moi !
Mais bien sûr. Bien qu'ils soient tous deux de trois ans mes aînés, les jumeaux ont rendu fous plus d'un domestique, faisant du palais leur terrain de jeu préféré. Ils sont un peu ce qui sert de "journal people" au royaume tout entier. Leurs réseaux ne leurs servent qu'à créer la discorde ou alimenter de fausses rumeurs car tant qu'ils se font des "likes" et que leurs publications sont partagées, alors ils sont heureux. Comme on dit "Le malheur des uns, fait le bonheur des autres" et mes frères sont rois dans le commerce de la fausse information.
- Écoutez, si vous n'avez rien d'autre à faire, je vous prie de quitter ma chambre.
- Il fut un temps, tu étais beaucoup...
- Docile ? repris-je immédiatement en arquant les sourcils
- J'allais dire gentille...avec nous, mais nous comprenons. Nous allons te laisser et puis de toute façon...Nous finissons toujours par savoir ce que nous voulons alors nous allons embêter quelqu'un d'autre !
- Certainement une domestique ou une de ces bourgeoises ayant accompagnée la Comtesse tout à l'heure.
- Tu nous connais si bien c'est fou ! Bébé Magy a bel et bien grandis.
Je jure que ce n'est pas l'envie qui me manque de leur envoyer un oreiller dans leur figure afin d'effacer ce parfait sourire qu'ils portent tous les deux, mais je crois avoir dépasser mon quota de pic de colère pour aujourd'hui et même si les jumeaux sont une plaie, ils n'ont jamais été réellement méchants avec moi. Bien au contraire. Ce fut peut-être les seuls au palais à me voir comme leur sœur et à me traiter par conséquent. Quand Ivory essayait de passer ses colères sur moi, ils venaient me chercher dans ma chambre et m'emmenaient avec eux en me cachant dans un coin. Quand la responsable des domestiques cherchaient à me punir injustement, ils me servaient de bouclier en trouvant toujours le véritable coupable des crimes desquels j'étais supposée accusée. Je dois à ces deux-là plus que ce que je ne voudrais bien admettre.
Pour combler le silence laissé par le départ de mes aînés, je m'installe contre la tête de lit, oreiller sur les jambes et décide de faire un tour sur les réseaux sociaux, faisant défiler mon écran de mon pouce. Je ne sais pas ce que je m'attends à voir, mais je sais que j'ai des centaines de commentaires et de messages en attente. Je présume que je vais simplement continuer à les ignorer.
"Tu ne devrais pas exister."
"Tu es une disgrâce pour la famille royale"
"Meurt"
"Ta mort apaiserait bien du monde"
"Tu ne sers à rien"
"Quand je pense que tu oses encore t'afficher en public"
"Si j'étais toi, demain je n'envierais même pas de sortir de ma chambre"
"Pends-toi"
"Inutile"
Et ainsi la liste peut continuer pendant près de ... Ah oui tout de même : 984 messages haineux. Sans compter les commentaires ici et là dissimulés sous le peu de publication que je peux avoir.
"Ne participe pas au Ruler Game"
"Ta mort est assurée si tu entres dans le jeu"
"Tu n'es que malheur"
"Abandonnes l'idée."
Comme si. Rien que ce genre de petits mots doux laissés avec toute l'attention du monde me motive d'autant plus à participer. J'ai toujours voulu participer sans pour autant envisager de gagner, mais à présent, j'ai une toute autre vision du jeu et je n'ai qu'une hâte : que ce dernier commence.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top