Wonwoo se rendit à la buanderie, les bras chargés de draps. Il y avait trois femmes dans un coin de la pièce qui frottaient le linge, le visage creusé par la fatigue. Elles portaient chacune un ensemble gris délavé, déchiré par endroit.

« Déposes les draps dans le bac là-bas, elles s'en chargeront. »

Wonwoo se retourna en entendant une voix douce appartenant à un homme. C'était l'homme d'hier ! Il portait toujours son tissu noir, ses yeux étaient réellement hypnotisant. C'était un bleu iceberg, ils semblaient même briller, s'illuminer de l'intérieur par quelque chose, quelqu'un, un petit truc qui les rendaient vivant. L'ange lui murmura un remerciement avant de se diriger vers le bac. Le noiraud le suivait de regard, le yeux plissés par le sourire qu'il cachait derrière son masque improvisé. Lorsque l'ange fût à nouveau à sa hauteur, il s'approcha d'un pas.

« Je m'appelle Eksi, toi, tu es Wonwoo ? Tessa m'a parlée de toi. »

Wonwoo lui sourit, gêné. Il ressortit de la buanderie, accompagné d'Eksi. Il avait un corps plutôt chétif, rien de très impressionnant mais l'ange remarqua dans son regard une grande détermination, une part importante de rage de se battre. Eksi le conduisit jusqu'au cuisine, Tessa s'y trouvait. Elle essuyait soigneusement un verre en cristal. Elle se tourna vers les deux hommes, un sourire éclatant apparu sur son visage.

« Vous voilà ! Le repas est prêt, nous allons pouvoir commencer à servir. Elle se tourna vers Wonwoo. Pour aujourd'hui, tu t'occuperas simplement d'apporter les assiettes, une dans chaque mains, mais après tu devras être capable d'en prendre trois sur chaque bras, on t'entraînera pour ça. Elle regarda ensuite Eksi. Toi, tu serviras les boissons, ce soir, vous ferez pareil, d'accord ? »

Les deux hommes acquiescèrent d'un hochement de tête synchronisé. Le service se fit sans encombres, ou presque. Wonwoo avait failli faire tomber l'une des deux assiettes pendant qu'il déposait l'autre devant Lilith. Ses mains tremblaient trop.

« Mingyu, veille à ce qu'il soit capable de pouvoir au moins déposer deux assiettes sans manquer de tout renverser. Nous recevons mon frère et ses hommes de mains ce soir, je ne tiens pas à ce que ton esclave nous ridiculise. » Asmodeus replia sa serviette sur le côté de son assiette, le visage fermé à toute émotion.

Cet après-midi là, Eksi lui montra comment servir, comment se tenir, comment demeurer impassible devant les critiques, les regards insistants, sous les caresses incongrues.

« Il se peut qu'ils aient les mains baladeuses, tu ne devras rien montrer, d'accord ? Un bon esclave est un esclave qui ne dit rien, qui ne se rebelle pas.

- Mais il faut l'accord de Mingyu, non ?

- Normalement, oui. Mais certaines ordures trouvent toujours le moyen de te toucher, crois-moi ils ont pas mal d'imagination. »

Ce fût une nouvelle douche froide pour Wonwoo.

Aux alentours de dix-sept heures, Wonwoo regagna sa chambre suivit par Tessa qui était habillée d'une longue robe noire, arrivant à ses chevilles. Le tissu était fluide, si fluide qu'elle semblait flotter. Ses cheveux couper court avaient été retravaillés leurs donnant plus de volume. Elle n'était pas maquillée, un esclave n'avait pas le droit au plaisir du maquillage, mais elle rayonnait. Wonwoo lui, allait porter un bas de costume noir et une veste en velours rouge bordeaux. Il serait alors en accord parfait avec son maître qui posséderait une tenue similaire mais plus travaillée, avec une sophistication déroutante. Tessa avait coiffé les cheveux bruns de l'ange en arrière, dévoilant son front. Elle retira soigneusement les fines particules de poussières qui avaient eu le temps de s'installer sur le costume puis et fit le tour de Wonwoo, le détaillant de la tête aux pieds, le regard pus sérieux que jamais avant de se reculer d'un pas et de sourire franchement.

« C'est bon, tu es splendide. Le jeune maître sera satisfait.

- Tu pense qu'il, Wonwoo marqua une pause avant de finalement détourner le regard, oublie ce que j'allais dire. »

Il poussa un soupire en se tournant vers un miroir, les épaules lourdes. Tessa n'insista pas, ça ne la regardait pas tant que ça. Elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie.

« Le jeune maître ne va plus tarder. »

Elle sortie en fermant lentement la porte derrière elle. De son côté, Wonwoo se rongeait de l'intérieur. Il avait tant d'espoir... Il repensa à sa rencontre avec le démon, un sourire stupide apparut sur son visage. Il était beau, simple, sans danger. Il ne se serai jamais douté un seul instant de tout ce qui allait se produire, de toutes les répercutions que cette maudite sortie allait avoir sur sa vie. Il n'avait pas écouté ses amis, il pensait maîtriser la situation, la contrôler, il se pensait assez fort. Il avait été si fort qu'il avait été condamné à mort, en voilà de la force. Putain de fierté, d'ego, misérable lui, foutue mélodie. Il avait été envoûté par le démon, plongeant tête baissée dans son piège. Il avait été aveuglé par l'amour. L'amour, en était-ce réellement ? Était-ce réellement ça l'amour ?

Pour sûr, le héros du livre de son enfance connaissait le vrai amour, l'amour sans peur, sans douleur. L'amour beau, l'amour sincère, l'amour que toutes les petites filles souhaitaient, l'amour que chaque petit garçon voulait vivre, voulait donner. Mais un amour de la sorte n'existait pas. C'était un mythe, une chose inventée pour soulager les cœurs meurtris.

Un jour quelqu'un t'aimeras. Il t'aimera plus que tout, il te protégera, t'aidera. Tu seras heureux.

Tout n'était que mensonge, pas vrai ?

Il ressentait cette chose intense en lui, oui, cette tempête déchaînée qui arrivait à chaque entrée du démon. Il sentait ses fourmillements intense lorsque Mingyu était près de lui, le rythme effréné de son cœur, la hâte, la joie, l'envie. Il le voulait à ses côtés, pour l'éternité. Mais leurs amours, n'avait rien de beau. Ce n'était pas un voyage paisible, fait de « Mon enfant, Ma soeur » il n'y avait pas « Les riches plafonds, Les miroirs profonds. ». Il n'y avait pas de coucher de soleil somptueux, de voyage vers des terres dont ce soit-disant amour devait ouvrir les portes.

Il avait aimé et été mort.

Aimer et mourir...

La porte s'ouvrit sur Mingyu qui passa une main dans ses cheveux ébène. Il releva le regard vers Wonwoo qui lui tournait le dos. Il se rapprocha calmement avant de faire se retourner l'ange qui sursauta lorsque la main du démon vint emprisonner son bras droit.

« Ne me fait pas honte. Sinon je te détruirai.

- Oui, maître. »

Le démon eu un rictus. Il tapota le crâne de Wonwoo comme il l'aurait sans doute fait à un chien d'une obéissance impeccable. Le démon le regarda de haut en bas puis se dirigea vers son armoire.

Le démon se changea, dos à Wonwoo qui le regardait, le rouge aux joues. Enfin, le démon se tourna vers lui, rencontrant son regard. L'ange baissa directement les yeux, la tête basse. Il n'avait reçu aucun compliment. Mingyu prit une boîte déposée sur son bureau, il l'ouvrit, tirant sur le ruban en satin rouge sang. Il en sorti un collier épais, un ras de cou bien plus épais, plus sophistiqué. Il était en cuir noir il y avait des pierres grenat incrustées dans la matière, chaque pierre était espacée de quelques millimètre. À l'avant se trouvait un anneau en fer. Mingyu se tourna vers Wonwoo, le collier tendu dans ses paumes.

« C'est pour toi. Le grenat est une pierre qui représente notre famille. Dans le monde des vivants tu connaissait l'existence de bannières, de sceaux, le grenat est notre emblème, notre représentation. Ça prouvera que tu es un esclave attribué, ils sauront que tu es à moi. » sans un mots de plus, le démon vint se placer derrière Wonwoo et lui mit le collier, une fierté ravageante bouillonnait dans ses veines. Cet ange était à lui, il lui appartenait. Une fois mit, il se décala et se plaça devant Wonwoo.

« Regardes moi. »

L'ange releva les yeux vers le démon. Mingyu failli perdre la tête. Ce n'était pas un ange, il ne l'était plus. Il n'avait rien d'angélique, c'était une invitation à la luxure. Le démon ne se sentit que plus fier encore, fier de sa possession. Wonwoo n'était plus qu'un objet, une chose pour prouver au reste de démon que Mingyu, après son père serait le démon le plus puissant et qu'un jour ce serait lui au pouvoir, lui le maître de tout.

« Lorsque tu auras finit de servir, à la fin du repas, je te veux agenouillé à côté de moi. »

Wonwoo ouvrit la bouche pour protester. Il n'allait pas s'agenouiller.

« C'est hors de question. » Il fronça les sourcils. Il était peut-être réduit au rang d'esclave mais il n'avait pas perdu sa fierté d'humain. Être agenouillé serait une humiliation. Le démon le dévisagea.

« Pardon ?

- Je ne veux pas être agenouillé, je refuse. » Mingyu se mit à rire avant reprendre un air dangereusement sérieux, les yeux noirs.

« Je ne te demande pas ton avis. Tu seras agenouillé à mes pieds, point final. Tu mériterais une correction pour me répondre et pour contester un de mes ordres. Nous n'avons plus le temps, mais je me chargerai de toi après tout ça. »

Wonwoo déglutit, les yeux rivés sur le visage crispé du démon. Il y avait cette étincelle, encore.

« Tu ne feras qu'un service. Tu passeras la soirée entière agenouillé. C'est compris ?

- Oui, maître. »

Mingyu lui attrapa l'arrière du crâne, lui tenant fermement les cheveux. Il le regarda dans les yeux quelques instants avant de fondre sur les lèvres si tentatrices de l'ange. Wonwoo tenta de garder le dessus, mais lorsque le démon tira plus ses cheveux en arrière, il céda toute tentative de dominance dans ce baiser. Enfin, s'il pouvait considérer ça ainsi. Le démon lui mordit la lèvre inférieur, le faisant couiner. Des larmes apparurent dans ses yeux, il n'avait plus aucune résistance face à la douleur. Le démon se recula ensuite, relâchant sa prise. Il passa sa langue sur ses lèvres tintées par le sang, un sourire en coin.

« Allons-y. »

Cette soirée allait probablement être la pire que Wonwoo n'ai jamais vécu. Même lors de la soirée pendant laquelle il avait finit nu devant une centaine de personnes avaient été moins difficile à supporter. L'idée de rester agenouillé lui donnait la nausée. Il se dit alors que dans les jours à venir, il allait vraiment savoir ce qu'était la vie d'un esclave comme lui.