Chapitre 5. Au menu du jour ... Leçon féminine
SOPHIA
Il vient un moment où il est impossible de reculer l'échéance. On ne peut pas éviter l'inévitable alors je fais claquer l'élastique de mon soutif, réajuste mon pantalon en cuir et je fonce droit vers ma cible. J'ai le cœur qui bat la chamade en traversant la cours mais je ne vais pas faire demi-tour. Je vais l'affronter droit dans les yeux pour lui parler. On est plus des gamins et je crois qu'il est temps de tourner la page sur cette histoire avortée.
—Salut Reckless.
Une manière impersonnelle de l'appeler, il ne mérite pas plus. Autant mettre des barrières tout de suite pour que nos relations soient claires. Diesel relève la tête et me regarde avec les yeux ronds comme des soucoupes. Ça commence sur les chapeaux de roues.
—Soph, t'es rentrée, me demande-t-il en lâchant par mégarde, ce qu'il a dans les mains.
Il a toujours eu ce côté maladroit qui le rend hyper craquant. On dirait un chiot pelucheux qui a du mal à marcher droit et balance son petit derrière cahin-caha.
Je me reprend vite, pas de ça. Il ne faut pas que je retombe dans mes travers.
Si je suis présente devant ses mirettes, je ne suis pas ailleurs. Moche sens de la répartie, de sa part.
Quel fourbe pour jouer la carte de l'innocence, mon retour à bien dû lui parvenir aux oreilles. Ça m'énerve ! Pourtant, je me retiens de lui faire ravaler.
—Comme tu peux le voir, je lui répond cordiale, avec un poil d'hypocrisie dans la voix. J'ai prévu de passer l'été à Lakeside.
C'est annoncé ! Il devra faire avec, en sachant que nous allons souvent nous croiser. Je ne vais pas me priver des miens parce que la situation est tendue entre nous et encore moins de passer du temps au bastion. Diesel finit par ramasser ses outils pour les poser sur la selle de sa moto. Il n'a pas l'air bien dans ses bottes.
—Je suis content pour toi.
Il est content ? C'est tout ce qu'il trouve à me dire alors que nous avons passé un an à nous faire la gueule. Sa réponse ne me satisfait pas et je me retiens de flanquer un coup de pied dans ses bourses pour lui remettre les idées en place.
Note à moi-même que c'était peut-être la solution. La vérité peut faire mal.
Dire que j'ai passé au moins cinq ans à tout essayer pour lui faire comprendre que je n'étais pas qu'une simple gamine. J'ai investi mon temps mais par-dessus tout, mon cœur avec ce gars. Je pensais que ses révélations hautement sensible nous avait rapproché et qu'il comprenait que je ne ferais rien contre lui, que j'étais son meilleur soutien et aussi que je nourrissais plus d'ambition sur nous. Il est bouché comme un coin.
Dans le fond de mon cœur, je l'ai toujours su. Je ferais ma vie avec un biker, un Reckless. C'était une certitude que je rencontrais un jeune membre ou un prospect à la limite. Il aurait les joues rouges encore un peu potelé mais je le verrais devenir un homme tandis que pour moi, il me découvrirait un soir dans une robe blanche et il comprendrait que j'étais elle, la femme de sa vie. On s'aimerait à la vie à la mort.
Ouais je sais que c'est cliché à mort mais en même temps j'avais seize ans quand je rêvais de ça. Et faut bien l'avouer, à l'adolescence, on est pas fufute avec des pensées qui frôlent le ras de pâquerettes. Le coup est survenu sans que je m'y attende en revanche.
Un jour d'été, trop chaud, je me faisais chier comme un rat mort alors j'ai décidé de traîner au bastion et supplié mon beau père de mettre une piscine, même une petite en plastique. Il m'a renvoyé de son bureau en me disant qu'il avait autre chose à foutre puis dehors j'ai découvert un spectacle. Les prospects étaient chargés de reboucher les trous dans le gravier à l'entrée du bastion pour éviter aux motos de se casser la gueule.
Sauf que forcément tout est parti en sucette avec eux et ça a fini en bataille d'eau. C'est là que je l'ai vu et surtout étendu, son rire. Diesel venait de s'écrouler au sol sur les cailloux détrempés, le dos labouré mais il riait à gorge déployée. C'était tellement fort que ça venait percuter les montagnes pour tout couvrir.
Je me suis dit qu'un mec capable de rire de lui, ne pouvait pas avoir un mauvais fond. Sans parler de son physique qui n'est pas quantité négligeable. Un putain de beau gosse aux yeux bleus. Diesel a le physique des mannequins qui en prenant des années, se révèle devenir de plus en plus beau. Un cut sur le dos, dévoué à la meute qui m'a vu naître et grandir. Tout pour être désigné comme l'être qui m'était destiné, mon âme sœur. Bref, j'ai eu un coup de foudre, je savais que c'était lui et pas un autre.
Cet été-là, j'ai commencé à traîner avec les prospects Diesel et Anton, à les suivre comme un petit chien. Je n'ai pas lésiné sur les moyens pour me faire remarquer. Je ne suis pas Sophia pour rien, la princesse des Reckless.
Diesel et moi, nous nous sommes rapprochés, beaucoup. Une forme de complicité s'est créée mais j'en avais marre d'attendre qu'il m'embrasse ou face le premier pas alors j'ai pris les devants en lui sautant dessus. Sauf qu'il n'a pas voulu de moi, littéralement.
—T'en a toujours pas parlé avec eux, je le provoque.
J'ai très envie de le voir sortir de ses gonds, le provoquer pour toute la douleur que j'ai ressenti à cause de son rejet. Un prêté pour un rendu. Je voudrais qu'il réagisse, exprime une réaction autre que son imperméabilité légendaire mais niet.
—De quoi?
Rien n'a changé, c'est la même rengaine. Je ne devrais pas être étonnée mais je reste déçue de son comportement.
—Joue pas à l'innocent, Finnan. S'ils l'apprennent sans que ça vienne de ta bouche, tu vas avoir des problèmes.
Je connais son terrible secret et je suis persuadée qu'avant trente ans, il va se coller un infarctus à force de se retenir mais allez lui faire comprendre. Il est aussi entêté qu'une mule.
C'est pas faute d'avoir essayé mais il ne veut pas en entendre parler et je suis certaine que c'est une des raisons de notre relation avortée. Lui, jure ne pas vouloir, avoir de problèmes avec Ice et Decker. Mon beau-père et mon presque frère sont le sacro-saint gardien de ma vertu. Sauf que le loup est déjà passé par là.
—Y a rien à dire à personne, okay, il s'énerve. Si t'es venue ici pour me faire chier, retourne à Denver.
À chaque fois qu'il a eu besoin de moi, j'ai répondu présente, quitte à m'égratigner le cœur. Et là je retombe dans mes travers en provoquant une dispute. Je suis conne sur les bords et je mérite sa hargne.
Je vais pas mentir en disant que je ne ressens plus rien pour lui. Depuis le premier jour où je l'ai vu, j'ai craqué pour sa gueule, son genre mauvais garçon. Forcément, j'ai baigné dans ce monde. Je me suis toujours mal vu vivre avec un gars des beaux quartiers en polo, fils à maman. Même pas en rêve mais voilà, à la fac, la donne n'est pas la même. Puis vu la déception subie avec Finnan, j'ai décidé d'élargir mon horizon. Les trois quarts du temps, tout se passe bien mais le reste, je dois me mordre la langue pour me contrôler.
—Fais comme ça te chante. C'est ta vie que tu gâches après tout. Au revoir Finnan.
Les mêmes mots que l'an dernier. Le soir où nous nous sommes embrassés, il m'a dit non. Le lendemain, j'ai essayé de comprendre sa réaction, d'en discuter mais il a décidé pour moi, sans entendre mes arguments. La sentence est tombée, amis mais rien d'autre. Premier chagrin d'amour mais je l'ai accepté. Ou du moins j' ai ravalé mon amertume et je me suis enfuie à Denver après son « aurevoir Sophia ». Depuis, on joue à cache-cache lui et moi.
Je continue ma route en entrant dans le bastion mais putain, elle me reste en travers de la gorge celle-là.
Je ronge mon frein en regardant par la fenêtre. Mon regard est attiré par les hommes dans la cour qui discutent à bâtons rompus. Ils doivent être en train de fomenter un nouveau plan et Diesel est avec eux. Il reste dehors, loin de moi.
—Sophia, je te vois, murmure la voix de Harley.
Elle se colle à moi comme une sangsue et souffle dans mon oreille. Difficile d'ignorer sa présence.
—Moi aussi Harley et je t'ai déjà dit que je ne broute pas les minous.
Si ma répartie pouvait la faire fuir. Je suis allée à bonne école avec elle et la furie brune est capable de dire pire.
—Et moi que je n'avale pas de couleuvres, elle réplique. Tu craques toujours sur Diesel ? T'as bon goût, rien à dire, rien à jeter, tout est bon chez lui. Ce petit cul....
—Je ne vois pas ce qui te permet de penser ça, je m'exclame en me retournant.
Il n'y a pas que Diesel dans ma vie. Je pourrais en admirer un autre.
Bon ok, en face de moi se trouve Decker, Diesel, Ghost et Pack. Là c'est carrément dégueulasse que je puisse baver sur la barbe blanche de ce dernier. Je ne peux pas faire illusion mais je pourrais tout aussi bien me faire un trip sur les arbres.
—Tu me prends pour un lapin de trois semaines, elle me sort tout en continuant à louvoyer vers l'extérieur.
Il a fallu peu de temps pour que Harley se transforme en docker au regard lubrique prenant le genre humain pour de la viande fraîche. Je suis grillée et elle est dégueulasse.
—C'est répugnant, je m'offusque en l'observant faire. T'es pas censée être une femme mariée et mère de famille respectable ?
—Et alors, elle me balance. C'est pas parce qu' on sait ce qu'on va manger qu'on peut pas lire la carte ! Mes yeux sont faits pour voir. Après ça, je rentre à la maison toute émoustillée pour retrouver mon Mister Freeze que je croque à volonté.
Elle en roucoule à l'avance et je retiens un vomissement mais je dois avouer que ses propos se défendent dans un sens. Sauf que Harley étant Harley, il faut qu'elle enfonce le clou jusqu'à ce que je cède.
—Sienna viens voir, gueule Harley aussi discrète qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Non mais là, toutes les trois dans cette position, si les gars tournent la tête, on est certaine de se faire gauler et fini mon quart d'heure où je m'abreuve du beau gosse à distance raisonnable. Ca n'arrête pas l'oiseau qui virevolte jusqu'à nous.
—T'en pense quoi de Diesel, demande la mère salace, dégainant plus vite que son ombre.
—Si j'avais quelques années de moins, j'en ferais mon goûter, réplique Sienna. Pas de regard regardant Sophia. Je suis au régime spécial mais j'aime lire le menu. Souvent même, c'est inspirant.
C'est quoi le délire avec la bouffe. Après, elle va comparer son mec avec une pâtisserie. Quel goût pourrait avoir Jester ? Oh la catastrophe, elles déteignent sur moi.
—Tu vois Sophia, argumente Harley en haussant les sourcils de manière trop suggestive.
J'ai saisi le concept, je ne suis pas un cul coincé. Je suis plutôt du genre à soutenir et prendre ma carte d'adhérente du club de lecture des cartes de restaurants si ça pouvait abonder dans mon sens. Mais il y a un défaut majeur, le garçon ne souhaite pas s'inscrire sur la liste potentiel du menu.
—Y me trouve jolie mais pas de ça entre nous. C'est la réponse de Diesel, j'avoue du bout des lèvres.
Je suis encore honteuse de m'être pris un vent qui s'apparente à un ouragan en plein dans la tronche. Des bourrasques terriblement violentes, mortelles même et l'impression de se noyer sous les pluies diluviennes qui ne cessent pas de tomber sur ma tête sans me laisser le temps de reprendre mon souffle.
Par la force des choses et cette année d'éloignement, je m'en suis remise mais ça refroidit les ardeurs et délave le cœur de ses plus belles couleurs.
J'ose un regard vers les deux femmes qui m'observent à leur tour, pleines de malices. Elles ont capté un truc qui ne m'a pas effleuré l'esprit, sans doute. Je pensais voir des mines tristes, exprimant la pitié et j'étais prête à me rebiffer mais que nenni. Je reste silencieuse, attendant qu'une des deux ouvrent le bec pour éclairer ma lanterne.
—Y te reste une solution, le remède miracle, concède la furie brune.
J'attends la suite mais rien ne vient. Cette fois Harley me regarde comme une demeurée pur jus. La lumière est pâlotte dans ma tête. Je ne suis pas mieux renseigner. Qu'elle me file l'ingrédient secret et qu'on en parle plus !
On a vraiment des problèmes avec la bouffe dans cette famille.
—Le rendre jaloux, s'exclame Sienna en levant les bras au ciel. En général ça réveille leurs instincts de chasseur.
Oh le cliché !
—Ça marche encore ce truc, je demande, pas convaincue.
—Sans parler du reste, ajoute Harley. Ice a failli envoyer à l'hôpital un mec qui s'est un peu trop collé à moi dans une file d'attente, y a deux jours. Sienna ?
—Tu poses la question ? Sorën a tué mon ex-mari pour défendre mon honneur et m'avoir rien que pour lui. Ces gars ont un instinct de chasseur bien plus développé que la moyenne. Il suffit d'agiter le foulard rouge devant leurs yeux et paf, ça ne rate jamais.
Harley acquiesce à coup de grand hochement de la tête.
Vu sous cet angle.
Je ne vais peut-être pas partir dans l'extrême non plus. J'ai passé l'âge de rêver au chevalier servant en armure et épée au bout du bras. Je me contenterais d'un garçon propre sur lui. Notons que je ne suis pas trop exigeante. Plus simple que moi, tu meurs. Toutefois, il faudrait que je me fasse une liste d'exigences. Savoir ce que l'on veut, c'est bien mais ce que l'on ne veut pas, c'est encore mieux et évite les désagréments. Et j'en sais quelque chose.
—Vous faites quoi, demande Rachel.
Le quatuor est au complet. On est dans les choux, les bottes bien crottées, là. Rachel a une tendance lubrique du genre de son frère.
—On se demandait quel goût peuvent avoir ces délicieux garçons là- bas, répond Sienna rieuse en désignant l'extérieur.
D'autres Reckless sont arrivés entre temps et papotent joyeusement.
Pour ce qui est de la gente féminine du club, les voilà parties dans un délire. Rien ne les arrête. Elles sont pires que leurs hommes et sortent des blagues graveleuses à tour de bras. J'ai les oreilles qui saignent d'horreur et je stoppe leurs babillages.
—Ça ira merci, je m'énerve. Si j'ai besoin de conseils, je vous sonne mais lâchez moi la grappe.
Le message est sans équivoque.
—Quelle est grognon, la petite. On disait ça pour t'aider nous, réfute Harley.
Je suis une grande fille et je sais très bien m'occuper de ma cuisine. Je vais lui démontrer en montant au créneau mais on me coupe la chique, encore.
—Que de belles plantes qui s'épanouissent aujourd'hui !
Cette formulation fallacieuse ne peut venir que d'un seul membre de la meute. Il ne manquait plus que Priest pour ouvrir le salon de l'érotisme. Il arrive de je ne sais où sans savoir depuis quand il épie notre conversation. C'est bien son genre de surgir de nulle part pour faire des commentaires.
—Isaac, occupe-toi de ton propre jardin, l'épingle sa sœur.
—Ma douce enfant. Ma fleur est plus belle que jamais, je te remercie. Un avis masculin est toujours à prendre en compte ...
En clair, il a tout entendu et je préfère les laisser à leur dispute fraternelle. Je mets les voiles plus loin, histoire de ne pas faire un massacre. Je suis plus tendue qu'un fil de linge par jour de grand vent.
****
Un chapitre extrêmement drôle à écrire 🤣😁
Ces nanas alors, elles n'ont pas leurs langues dans leurs poches, je plaindrais presque les gars du MC.
Mais quel genre de dessert pourrait être ces garçons ?
Ice: un dessert glacé, un sorbet citron arrosée de vodka avec une pointe de chantilly pour contrebalancer l'acidité
Jester: Une tarte aux pommes avec sa boule de glace vanille. Subtil mélange de sucre et de douceur.
Priest: Les profiteroles, une décadence pleine de chocolat fondue, so sexy!
Diesel: un cheese-cake avec son coulis. Une valeur sûre, typiquement américaine.
Je m'égare là, maintenant j'ai faim
🤣🤣🤣🤣🤣
A la prochaine, les vilaines !!!!
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