2.Un diable en nous
Les chants résonnent au son de l'élocution de la chorale. Leurs voix sont pures, angéliques et éclatent dans les cœurs pour couvrir d'amour sacré l'assemblée. Se sont des paroles de réconfort et de force qui m'emplissent de joie habituellement. Nous sommes debout, les fidèles sont nombreux en ce dimanche matin comme à l'accoutumée. Le père Hernandez face au monde sourit en agitant sa tête prit par le chant aux voix pures et cristallines. Je pourrais simplement écouter ou me concentrer sur la foule tout comme lui mais je ne peux pas. Sans cesse mes yeux sont attirés vers une présence et ils ne se détachent pas d'elle encore une fois.
Ses propres pensées sont absentes de là où nous nous trouvons comme toujours quand elle est présente à l'église. Ses yeux noires préfèrent se braquer sur un vitrail qui diffuse la lumière dans un camaïeu de couleur. Le symbolisme de la lumière divine, notre dieu se faisant présent parmi nous. Peut-être est-ce sa manière à elle de se bercer dans la foi ? On ne pourrait pas lui en vouloir car l'austérité de la chrétienté peut faire peur à beaucoup. Elle apparaît sombre et inquiétante aux plus jeunes. Je l'ai ressentis aussi à un moment mais j'en ai dépassé mes peurs, je me suis laissé bercer par les couleurs qui sont apparues puis par la spiritualité.
La scène que Gabriela observe est la représentation Marie Madeleine et Jésus. Lui qui l'a délivré de ses démons. Elle, première témoin de sa résurrection, une de ses disciples, recevant la mission d'annoncer son retour. Je suis au faite que pour certains théologiens, elle aurait été aussi son épouse en esprit et peut être bien plus. Une passion serait née entre eux et il aurait lui aussi cédé à la tentation pour une vie plus simple. Il s'agit là de théories dites farfelues, vivant sur des interprétations. Je ne peux être juge des écrits mais je me pose tout un tas de questions. Lui aussi a laissé se dissiper sa voix alors ? Comment cela se peut-il ? Cela doit-il être ?
Mes yeux ne peuvent s'empêcher de revenir sur Gabriela. Je me refuse à ce qu'elle soit ma Marie Madeleine. Elle possède la beauté du diable, sans une once de maquillage, elle a l'air si lumineuse. Sa jeunesse lui offre une étincelante nature. Sa peau sans défaut est parfaite. Et ce nom si plein d'innocence, celui des anges. Elle est dérangée dans sa contemplation par sa mère qui la fustige de ne pas entonner les paroles et sa bouche rosée se tord de frustration. Je le suis tout autant car j'ai été défais de ma propre vision.
Je reporte mon attention sur le prête qui n'a rien vu et je finis par l'écouter. Je me laisse trop souvent détourné de mes prérogatives ces dernier temps ce qui n'est pas bon. Il parle de la tentation du mal. Celle qui nous possède, nous dévore de sa grande bouche aux crocs acérés. Le diable prend de multiples facettes.
Il me faut lutter plus fort pour ne plus la regarder pourtant sa présence est comme un phare dans la nuit pour les bateaux perdus. Un appel, un soulagement mais si je me contente de seulement la regarder, je ne fais de mal à personne. Même pas à moi. Pourtant, je ne dois pas, parce que je sais que je voudrais le faire plus et plus souvent alors viendrait peut-être l'envie de la toucher.
Non, je ne dois pas y penser. Mon choix de vie est fait. Je dois me refuser à la possession, à la richesse et surtout à la tentation de la chair. Alors je décide que je ne la regarderai plus. Je garderais la tête basse. L'épreuve est dure mais elle sera bonne pour moi.
Arrivé à la soirée, enfermé dans ma cellule, je reprend ma concentration, je suis exclu du monde, connecté à mes seules pensées. Dans l'ombre pourtant s'évertue à cohabiter cette ébauche d'un corps qui danse dans la lumière diffuse de la flamme d'une bougie. Ses bras montent vers le ciel tandis que le reste de sa silhouette vacille. Elle suit son propre rythme, une mesure lente et lascive. Ses vêtements faits de coton léger laissent passer la lumière venir et je vois tout. Toujours plus loin elle prend le pas de se confondre dans l'embrasement du soleil qui déverse ses dernières lueurs. C'est un supplice pour mes yeux, une trop belle vision. Je m'enflamme et je m'enfonce dans ses ténèbres qui seront mon salut.
Gabriela ... je ne me perdrais pas pour ton nom.
***
Quatre-vingt mille dollars s'étalent devant moi. Des billets en petites coupures parfois tachés de sang. Récupérer notre dû a été difficile. Nous avons bien essayé de les nettoyer à une période mais le sang tâche à jamais alors nous avons cessé cette comédie. L'argent est à prendre où à laisser après tout et moi je prend. Mon arme a servi, absolvant nos ennemis. Je les ai envoyé directement en enfer sans passer par la case départ et à nous la fortune.
—Priest, tu me colles ça au coffre avec la recette de la semaine dernière, s'exclame mon président. On paiera les hommes demain.
Une série de bonnes nouvelles pour mon plus grand plaisir.
—J'en ai plein les bottes, il continue de se plaindre. Pourquoi faut-il toujours, qu'ils se pensent mieux que nous et essayent de nous doubler ?
—Les voies du seigneur sont impénétrables, je propose.
Ce qui ne satisfait pas le président qui gargouille des boniments comme de quoi, ma folie atteint des sommets ou quelque chose comme ça. Comme il y va, je ne suis pas omniscient, sans aucun accès aux pensées des gens. Je ne suis qu'un humain dans toute son imperfection, capable de succomber comme à nul autre à la tentation.
—Je ne sais même pas pourquoi je te le demande, grogne Decker.
Peut-être que le nez dans un verre, je pourrais lui trouver une meilleure réponse. Lui n'a pas attendu qu'il passe déjà les portes pour rejoindre le reste de la meute. De l'argent, des centaines de billets pour s'offrir whisky, femme et en claquer un peu au jeu, c'est parfait. J'accède aux ordres du président après avoir noté les comptes. Je range le tout en sûreté. Le verrou du coffre résonne comme la roulette d'une arme. Il ne vaut mieux pas tenter de le forcer au risque de finir la peau trouée, une jolie nuance de rouge sur les habits du dimanche.
Il est temps de fêter dignement cette victoire écrasante, encore un club ennemi parti aux oubliettes. Je rejoins mes frères qui sont tous dans la grande salle du bastion. Ils n'attendent plus que moi et je m'en réjouis. Ils fourmillent dans la salle heureux alors que les brebis ont déjà rappliqué pour se joindre à la fête je n'aurais qu'à faire mon choix un peu plus tard. Elles vont et viennent sur des période plus où moins longue ce qui promet d'avoir de la chair fraiche à toute heure, un réel délice. Il est temps de lancer la fête pour célébrer cette victoire écrasante.
—Au nom du père, du Sexe et du Saint Whisky! Amen.
Les verres s'entrechoquent faisant couler le long de nos bras, le breuvage ambré. La fête est lancée, jusqu'au bout de la nuit, nous vivrons d'ambroisie et de nectar. Jusqu'au bout de la nuit, je tenterais d'oublier les songes d'une vie devenue funeste. Je ne suis plus cet homme torturé. J'ai tiré un trait sur la prêtrise et cette vie dans laquelle je n'ai fait qu'exister sans la vivre. Le sursaut de couleur dans ce monde austère que j'ai vécu a été dévastateur, jetant un peu plus le trouble. Alors à l'heure du choix, je n'ai pas pris le chemin invoqué, j'ai créé ma propre route car elle m'a rendu fou de chagrin, d'amour et de douleur.
Et pourtant dans le liquide ambré entre mes mains, je jurerais y voir une lueur vacillante et un corps qui danse pour moi. J'ai bu beaucoup et je bois encore ce verre afin que l'image disparaisse.
Je reporte mon attention sur celles qui sont face à nous. Elles ne sont pas des illusions qui s'enfuient telles des inconstantes mais réelles. Faites de chair délicieuses et de sang chaud, aux joues colorées de plaisir. Sans pudeur, elles agitent leurs corps faisant rouler leurs hanches exagérément et je ne m'en lassent pas, attiré comme un papillon et curieux de connaître le moindre de leurs secrets torrides chuchotés à la faveur de la nuit. Bien au contraire, je plonge les yeux grands ouverts alors que leurs mains viennent se poser sur moi et qu'elles me vénèrent en gloussant pour que je leur offre un peu d'attention. Chaque fantasme murmuré à mon oreille sera joué dans une passion des plus scrupuleuses avec ardeur. Je le jure, le déclame haut et fort.
Mais chaque femme qui viendra se perdre avec moi sera une Gabriela que je quitterai à mon tour. Leurs seins blancs pesant lourd dans mes mains seront abandonnés, leurs attentes balayées dans les rayons de l'aube naissant et je ne me retournais plus jamais.
Gabriela ... Je ne me perdrais plus pour ton nom. C'est impossible, cela ne pourra plus exister.
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2ème chapitre pour Priest, ça vous plait ?
Il reste hanté par son passé des plus mystérieux. Alors vos idées sur sa vie d'avant se précisent ?
Bises les moches 😘
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