Lydia Martin n'avait pas de patience, lorsqu'elle devait écouter Stiles parler à rallonge, et Ava l'avait très bien compris. Alors, lorsque Stiles débuta son monologue devant Scott, Lydia et Ava, elle se dépêcha de le couper :

- Mais si les deux morts victimes de la créature étaient bouddhistes, pourquoi le jeune garçon qui a été attaqué hier, et que vous avez réussi à sauver, ne l'était pas ? Ce n'est pas logique.

- Ava a raison, déclara Lydia. Si le garçon d'hier n'est pas bouddhiste, cela signifie soit que la créature qui a tué le chauffeur de taxi et Elias n'est pas la même qui a attaqué le garçon, soit que la créature vise tout le monde. 

Scott soupira. Il semblait particulièrement préoccupé, comme s'il savait quelque-chose que les autres ne savaient pas. Ava ne lui posa pas de questions, mais lui jeta un regard qui en disait long.

- Le garçon qu'on a sauvé, Liam, reprit Stiles, nous a dit qu'il ne savait pas ce qui ce trouvait dans la forêt, ce soir-là, qu'il n'a rien vu. Et ensuit, il a commencé à vomir sur mes chaussures, alors on l'a ramené chez lui. Mais il a ruiné mes chaussures, en plus de rien nous avoir appris.

- Mais Ava a tout vu en rêvant, elle, et elle n'étais pas soûle, suggéra Lydia.

Un silence s'installa, puisqu'ils attendaient tous qu'Ava parle d'elle-même. Elle hésita une seconde, puis se mit à raconter ce qu'elle avait vu.

- J'étais dans sa tête, je voyais ce qu'il voyait, ce qu'il ressentait, alors c'était comme si j'avais autant bu que lui. Il y avait quelque-chose derrière les buissons, et ça l'a surpris. Il est tombé en arrière, et a commencé à trembler.

Ava se remémorait exactement ce qu'elle avait ressenti ce soir-là, et cela lui donnait des frissons par milliers.

- Il avait tellement peur, déclara-t-elle dans un soupire. Il n'y avait que ça qui régnait autour de lui : la terreur, et cette ombre informe qui lévitait devant lui. Pourtant, il a dû être courageux jusqu'à votre arrivé, car à sa place, je me serais effondrée. 

- Une ombre ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Il y avait quelqu'un ?

- Non, mais c'était flou et immatériel. Comme un nuage de fumée noire.

- Stiles, où est-ce que Elias est mort ? demanda Lydia.

- A la lisière de la forêt, pourquoi tu ... ? Oh, je vois.

- Là, on a un point commun entre toutes les attaques, elles ont toutes eu lieu près de la forêt. Le chauffeur de taxi, sur la route qui la traverse, Liam, à l'intérieur, et Elias, à la lisière. Ça doit forcément dire que la créature vit dans la forêt. 

Lydia s'arrêta pour réfléchir, puis se tourna vers Scott.

- Tu devrais aller voir Malia et Derek, ils ont tous les deux vécus dans la forêt pendant longtemps, d'une certaine façon. Peut-être qu'ils savent quelque-chose.

- Tu as raison, dit Scott. Nous allons fouiller la forêt, voir si la créature a laissé une odeur.

- Je viens avec vous, déclara Ava. 

Scott hocha la tête et fit briller ses yeux rouges devant elle. Ava se braqua, mais se détendit rapidement lorsque le souvenir d'Allison dans les bras de Scott lui revint en mémoire. Elle se concentra sur ces yeux rouges, mais ne vit que de la tristesse, du désespoir. Si Scott était un monstre, comment pourrais-t-il ressentir de la tristesse ? Est-ce que les monstres avaient des sentiments ?

Scott et Ava laissèrent Lydia et Stiles derrière eux, et Ava monta sur la moto de Scott, qui lui tendit un casque. De nature calme, elle n'était jamais montée sur une moto, cela la faisait frissonner. 

- Accroche-toi, dit-il en ricanant.

Ava passa ses bras autour de la taille de Scott et posa sa tête sur son dos lorsqu'il démarra l'engin d'un coup sec. Puis, ils partirent en direction du loft de Derek. 

Alors que le vent claquait contre les cheveux d'Ava qui dépassaient du casque, elle s'empêchait vainement de penser à la façon dont ses jambes saigneraient si Scott perdait le contrôle. Pourtant, elle savait au fond que, étant un loup-garou, sa précision était presque parfaite. A la place, elle se concentra sur le battement de cœur de Scott qu'elle parvenait étrangement à entendre. 

Puis, la moteur s'arrêta, et Ava descendit de la moto. Elle retira son casque en secouant ses cheveux, et le lui tendit.

- C'était cool ? lui demanda Scott avec un sourire aux lèvres.

- Etrangement, oui, mais ça ne veut pas dire que j'ai apprécié.

Elle lui sourit, puis ils entrèrent ensemble chez Derek. Le loup-garou - puisqu'Ava avait deviné qu'il en était un - n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Sa barbe légère ne semblait pas avoir bougé d'un poil, et son air renfrogné non plus. Il posa ses yeux brûlant sur elle, et elle ne pu s'empêcher de frissonner de peur. Il devait l'avoir senti, puisqu'il sourit.

- Salut, Derek.

- Scott, qu'est-ce qui t'amène ?

Alors que Scott racontait ce qu'ils avaient découvert en détails, Ava détailla le loft du regard. Elle sursauta lorsqu'elle vit une jeune fille aux cheveux courts sauter de l'escalier en colimaçon, et atterrir en roulade sur le sol. Elle avait un teint halé et une bouche fine. Elle était si jolie, mais son air sauvage trahissait sa férocité. Ava n'eut pas de mal à deviner qu'elle aussi était un loup-garou.

- Ava, je te présente Malia, lui dit Scott. C'est une coyote-garou.

- Coyote ? s'étonna Ava. Est-ce que tous les animaux ont le droit à leur "garou" derrière eux ? 

- Ce serait génial, dit Malia en s'approchant d'elle.

Quelques centimètres les séparaient, et Ava pouvait sentir l'odeur de sueur émaner de la coyote-garou. D'ailleurs, son nez se fronça et elle aspira un grand bol d'air, comme si elle la reniflait.

- Tu pues, lui dit-elle.

Surprise et vexée, Ava répondit d'une façon défensive :

- C'est ironique venant de la part d'une personne qui n'a sûrement pas pris de douche depuis plus d'une semaine.

Malia ria à son sarcasme et lui frappa l'épaule du poing.

- Je l'adore déjà ! s'exclama-t-elle. Elle est quoi ?

- Je suis un corbeau.

- Un corbeau-garou ?

- Non, Malia, dit Derek. Un corbeau peut rentrer dans tes rêves et tes pires cauchemars. Il peut te retourner le cerveau d'une façon presque simple, et te pousser à un acte de désespoir qui te forcerait à mettre fin à tes jours. 

La bouche d'Ava tomba entrouverte, sous le regard froid de Derek. Il ajouta d'une voix pensive :

- On ne peut pas faire confiance aux corbeaux.