84 - Atsugi

          Taiju tendit finalement la clé de sa voiture à Hayate à contrecœur.

Une seule rayure dessus, dit-il, et je t'arrache la tête.

– Il n'y a pas à dire, lui répondit Hayate. Toi, tu sais motiver tes troupes.

Elle se mit au volant et examina l'habitacle avant d'ajuster la position du siège.

Il lui fallut plusieurs secondes pour réussir à l'adapter à sa taille ainsi que parvenir à régler la hauteur du volant.

Ce type est gigantesque...!

Elle l'avait bien vu, mais c'était autre chose d'être confronté à son gabarit en tant que conducteur.

Une fois que ce fut fait, elle se familiarisa rapidement avec l'intérieur de la voiture.

Cet engin était une véritable merveille. Tout y avait été pensé pour simplifier le travail du pilote.

Si je devais vraiment critiquer un truc, songea-t-elle, ce serait la ceinture de sécurité.

Elle avait toujours préféré les harnais. Elle trouvait que leur maintien était meilleur à grande vitesse.

En dehors de cela, c'était un bijou.

Sans compter le monstre qu'il y a sous le capot.

Elle mit le contact et savoura le grondement du moteur qui lui donna la chair de poule.

D'après ses souvenirs, ce modèle passait de zéro à cent kilomètres heure en deux secondes sept et il avait été chronométré en vitesse de pointe à plus de trois cents kilomètres heure.

Autant dire que ces branleurs à néons ne font pas le poids, se dit-elle en jetant un œil du côté des autres concurrents.

Shin se pencha à la portière, son mégot de cigarette, à présent éteint, fiché au coin de la bouche.

 Il avait l'air inquiet.

– Tu es sûre de toi ? Lui demanda-t-il.

Il jeta un œil aux voitures qui avaient commencé à se rassembler en bout de piste.

– Cette voiture est taillée pour la course, lui assura-t-elle. Il n'y en a pas une ici qui peut lui tenir tête. Ça va être du gâteau.

– C'est une conduite à gauche, lui fit-il remarquer, et tu ne connais pas le parcours.

Hayate nota le pli entre ses yeux. Il était préoccupé.

Elle se redressa à demi et posa ses lèvres sur les siennes.

– Je ferai attention, lui promit-elle. Pendant les premiers tours, je me contenterai de me familiariser avec la voiture et je reconnaîtrai le terrain, ok ?

– Ok, dit-il enfin. Fais gaffe d'accord ? S'il y a le moindre problème, abandonne, ils trouveront bien un autre moyen de récupérer leur club.

Tous les deux lancèrent un regard du côté des frères Haitani. Ces derniers la suivaient des yeux, l'air de ne pas savoir quoi en penser.

– D'accord, dit-elle.

Tous avaient plus ou moins compris maintenant que c'était les yakuzas qui avaient estropié leur pilote. L'Inagawa kai ne comptait pas laisser aux Haitani la moindre chance de remporter cette course.

Sauf que, comme c'est parti, je vais gagner.

Ce n'était pas de la vantardise. Hayate avait eu le temps de voir le niveau des autres coureurs. Il n'y avait là que des gamins aux voitures plus impressionnantes que réellement puissantes, dans le lot il n'y en avait pas un seul qui avait de véritables compétences de pilote.

À part faire des drifts d'un bout à l'autre de la route, ils n'y connaissent rien. Ils se feraient bouffer tout crus dans une course en montagne. Cela dit, c'est peut-être fait exprès...

En choisissant des coureurs qui savaient seulement parader, les yakuzas gardaient la main sur la course tout en offrant au public le spectacle qu'il voulait.

Sauf cette année.

Shin s'écarta et Hayate ferma la portière.

Malgré la situation, elle avait du mal à réfréner son impatience. Sous ses doigts, la voiture grondait comme un fauve et elle cacha un sourire.

J'ai hâte de voir ce qu'elle a dans le ventre ! Quand je dirai à oncle Bunta que j'ai pu piloter une 911 turbo, il va être vert de jalousie !

L'un des organisateurs fit signe aux derniers participants de s'approcher et Hayate les rejoignit.

Elle rangea la Porsche en bout de fil, au milieu des autres concurrents. Inutile de partir en tête, elle ne connaissait pas le circuit et les commandes de la voiture lui étaient encore trop peu familières.

Elle se pencha une nouvelle fois sur le levier de vitesse pour le mémoriser. C'était la première fois qu'elle utilisait une boîte à huit rapports, et de la main droite en plus, mais le passage des vitesses lui avait semblé plutôt instinctif jusque-là. Il ne devrait pas lui poser longtemps de problème.

Devant eux, une fille en mini-short outrageusement maquillée vint se placer sur la ligne de départ, les bras levés, et les moteurs rugirent.

Lorsqu'elle donna le signal, les véhicules s'élancèrent dans un hurlement de pneus.

Hayate laissa les autres concurrents lui passer devant pour voir quel genre de conduite ils allaient adopter. Il y avait quinze tours de piste à effectuer, avait dit Ran. Elle aurait largement le temps de remonter à la fin.

Tout à l'avant, une Lan Evo à quatre roues motrices soulevait des gerbes de poussière sur son passage. La voiture négociait les virages en se déportant largement sur le bas-côté, faisant reculer des spectateurs effrayés. De toute évidence, son pilote ne maîtrisait pas le terrain, un mélange de terre battue et de bitume en mauvais état.

Quel est l'intérêt de rouler comme ça dès le début de la course ? Se demanda Hayate en les regardant faire toutes ces manœuvres plus spectaculaires qu'utiles.

Plutôt que de chercher à comprendre, elle se maintint en queue de peloton.

Pas besoin de se presser, se raisonna-t-elle. La course ne fait que commencer. Si je me mêlais à ces types-là maintenant, ils pourraient faire des choses stupides pour se garantir la victoire. L'autre grand baraqué – elle pensait à Taiju – ne me le pardonnerait pas si j'égratignais son bébé.

Elle ne se le pardonnerait pas non plus pour être honnête.

Je la lui rendrai en aussi bon état qu'il me l'a confiée.





Debout sur une pile de gravats qui se dressait non loin de la ligne d'arrivée, Taiju, mais aussi les frères Haitani, Koko, Kisaki, Shin ainsi que les autres, suivaient la course du regard.

– Ta copine s'est déjà fait distancer, fit remarquer Ran à Shin, l'air déçu. Ça n'aura pas été long.

Pendant un instant, l'assurance dont Hayate avait fait preuve lui avait laissé croire qu'elle pourrait remporter la victoire. Mais il s'était trompé.

– Hmm... Répondit simplement Shin.

Il connaissait assez Hayate pour savoir qu'il valait mieux attendre pour savoir à quoi s'en tenir.

Plus bas, au pied du tas de débris, les voitures finirent leur premier tour de piste et entamèrent le deuxième dans une envolée de rugissements acclamés par la foule.

La Porsche passa tout en dernier. 

Devant elle, les autres concurrents s'écharpaient littéralement. Deux voitures allèrent dans le décor avant même d'arriver à la fin de la ligne droite. Heureusement leurs pilotes en sortirent, indemnes.

La Lan Evo, elle, était toujours en tête. De tous les candidats, c'était le seul, d'après ce qu'avait vu Hayate, qui pourrait lui offrir un semblant de résistance.

Et encore...





Arrivés au onzième tour, il ne restait plus que huit voitures en course, dont deux laissaient déjà échapper un épais nuage noir de mauvaise augure.

– En voilà qui n'iront pas jusqu'à la fin, dit Draken.

Il avait raison. Les deux concurrents abandonnèrent au tour suivant.

Ce ne fut qu'au treizième passage que la Porsche commença à montrer des signes d'agressivité.





Arrivée à l'avant-dernier tour, Hayate décida qu'il était temps de passer à l'attaque.

Je n'aurais certainement pas besoin de deux tours pour venir à bout de ceux qui restent, mais mieux vaut être prudent.

Elle fit rugir le moteur et remonta rapidement le peloton, doublant sans mal les voitures qui la séparaient de la tête de la course, jusqu'à se retrouver derrière les deux véhicules tout devant.

Une Skyline GT-R bleu métallisé talonnait la Lan Evo. L'un comme l'autre pensait sans doute que le résultat allait se jouer entre eux.

Hayate les examina depuis l'arrière et réfléchit. Elle pourrait les passer tous les deux sans problème. Leur technique était quasiment inexistante. Le seul souci, c'est qu'ils n'hésiteraient pas à aller au contact pour lui faire barrage, comme le prouvait l'état de leurs carrosseries.

Si l'un de ces abrutis m'effleure, l'autre mastodonte va me tuer.

En définitive, le défi consistait à les doubler sans se faire toucher.

Un challenge intéressant...

En premier lieu, elle commença par mettre la pression à la Skyline, l'obligeant à accélérer jusqu'à ce que son pilote perde le contrôle et parte en tête-à-queue dans un virage, ruinant toutes ses chances de victoire.

Ne restait que la Lan Evo.

Profitant d'une série de courbes serrées, Hayate la rejoignit jusqu'à coller presque son pare-choc contre le sien.

Ce pilote-ci n'était pas aussi impressionnable que celui de la Skyline. Mais il y avait une règle qui était valable pour tous.

– Tu sais ce que font les gens quand ils ont peur ? Murmura-t-elle pour elle-même.

Le conducteur de la Lan Evo avait une fâcheuse tendance à se déporter bien trop largement vers l'extérieur quand il s'engageait dans une courbe, elle l'avait déjà remarqué.

Lorsqu'il aborda le virage suivant, stressé par la pression que lui mettait la Porsche, il dévia plus encore que d'habitude vers l'extérieur de la piste, ouvrant une voie royale à l'intérieur que Hayate emprunta aussitôt.

– C'est comme ça qu'on fait le débutant... Souffla-t-elle en le passant.

Elle laissait la Lan Evo derrière elle et fila vers l'arrivée.

Son pilote n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui était arrivé.





NDA : J'ai vraiment beaucoup aimé les scènes de courses de voitures dans Initial D ! Les graphismes de l'animé sont un peu vieillots, mais les courses sont toujours incroyables je trouve !

Après, je me doute que, comme c'est un manga, il y a pas mal d'exagérations dans les techniques employées par les pilotes !

三三\ō͡o˞̶     三三\ō͡o˞̶ 

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