83 - Deathmatch !
La voiture s'arrêta au bord de la piste et un homme, qui tenait plus de la montagne que de l'être humain, en sortit.
– Oh ? Dit Koko. Je ne pensais pas que Taiju se déplacerait en personne...
Kisaki le rejoignit.
– Tu devrais pourtant savoir que Taiju Shiba aime gérer ses affaires lui-même, lui répondit-il.
Plusieurs spectateurs s'approchèrent pour admirer la Porsche, mais un seul regard de Taiju les fit reculer.
Il referma son veston d'un geste sec, glissa un cigarillo au coin de sa bouche et avisa le groupe formé par ses anciens camarades de gang.
Hayate le regarda venir vers eux.
On dirait un yakuza... Se dit-elle.
Taiju Shiba avait en effet tout de l'apparence d'un criminel, depuis l'allure jusqu'aux tatouages dont on discernait l'extrémité au col de sa chemise.
– Alors comme ça tu es venu assister à notre victoire ? Lui demanda Ran, un petit sourire aux lèvres.
– Je suis venu surveiller mon investissement, répondit Taiju. Nuance.
Ran fit la moue.
– Dis de cette façon, dit-il, on jurerait que tu ne nous fais pas confiance.
– Tu as parfaitement compris, le félicita Taiju.
Mikey était de retour, un dorayaki dans une main, une barquette de takoyakis dans l'autre et un Takemichi larmoyant dans son sillage.
(NDA : takoyakis, boulettes de pâte fourrées avec des morceaux de poulpe.)
Il s'arrêta au niveau de Rindō.
– Votre victoire ? Dit-il la bouche pleine. Vous participez à la course ?
– Pas nous directement, lui répondit Rindō, mais le coureur qu'on a engagé. Il nous a coûté une blinde d'ailleurs.
– Qu'est-ce qui vous prend d'aligner quelqu'un au départ d'une course pareille ? Leur demanda Draken. Tout le monde sait que c'est la mafia qui tire les ficelles ici.
– C'est pas comme si on avait vraiment le choix... Laissa échapper Rindō.
Draken l'interrogea du regard, mais ce fut Ran qui répondit.
– Ne pose pas de question, lui dit-il, et on ne te racontera pas de mensonges.
Shin s'approcha de Draken.
– Tu connaissais cette course ? Lui dit-il.
Draken confirma.
– J'en ai entendu parler, oui. On l'appelle le Deathmatch parce qu'il n'y a pas vraiment de règles et qu'il y a déjà eu des morts. L'année dernière, ils ont organisé un Deathmatch au scotch et deux types ont fini à l'hôpital, gravement brûlés, après que leurs voitures aient embouti un mur et aient pris feu.
– Mais c'est terrible ! Dit Emma.
– C'est quoi un Deathmatch au scotch ? S'enquit Angry.
Hayate répondit.
– Une pratique stupide et dangereuse qui consiste à s'attacher la main droite au volant à l'aide de gros scotch pendant une course, dit-elle.
– Mais... Comment tu fais pour tourner ? Lui demanda Smiley.
– Tu ne peux utiliser que les drifts, lui répondit-elle, les dérapages. Tu as intérêt à avoir une bonne maîtrise de ton véhicule, sinon, c'est le crash assuré.
– J'espère qu'il n'arrivera rien de grave aujourd'hui, dit Emma soudain soucieuse.
Ran se pencha tout près d'elle. Il avait toujours cette manie d'approcher son visage de celui des gens.
– Ne t'inquiète pas, lui dit-il, ils ont laissé tomber cette histoire de scotch. Même les yakuzas ne sont pas stupides au point de faire fuir les pilotes. Ce genre d'événements leur rapporte un paquet de pognons...
– C'est sûr que, entre les paris, dit Kisaki qui regardait autour de lui, et l'autorisation de tenir un stand ici qu'ils font sans doute payer, ce sont eux les grands gagnants de la soirée.
Sanzu et Senju étaient de retour vers leur groupe.
– J'ai hâte que la course commence ! Dit Senju. On a filmé plein de trucs incroyables ! Les gens vont adorer !
– Cette vidéo va faire un buzz de malade ! Confirma son frère. En immersion dans le monde des courses clandestines !
Il avait déjà le titre en tête.
Rindō, qui s'était éloigné une seconde plus tôt lorsque son téléphone avait sonné, rejoignit son frère, le front soudain grave.
– Grand frère, dit-il, on a un problème...
Il tendit son téléphone à Ran et tous les deux s'éloignèrent.
– Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Inupi.
– Aucune idée, dit Draken. J'ai renoncé à les comprendre, eux et leurs magouilles, il y a longtemps.
Kisaki, Koko et Taiju, néanmoins, semblaient eux aussi inquiets. Ils suivaient les deux frères du regard.
Quand Ran et Rindō revinrent, ils n'avaient apparemment plus le cœur à rire.
– Notre coureur ne viendra pas, leur apprit Ran, il est à l'hôpital.
– Tch ! Lâcha Taiju.
– Quel est le problème ? Leur demanda Koko.
– Des types lui sont tombés dessus alors qu'il sortait de son boulot, leur expliqua Rindō. Ils lui ont pété les deux jambes. C'est sa petite amie qui nous appelait depuis les urgences.
– Putain... Souffla Inupi. Qui fait ce genre de trucs ?
Les frères Haitani et leurs trois associés échangèrent un regard sans un mot. Ils en avaient une petite idée.
– C'est moche pour ce gars, intervint Mikey qui mangeait encore. Mais ça n'a rien à voir avec vous, non ? Si vous tenez absolument à participer à cette course, vous n'avez qu'à revenir l'année prochaine.
– Ce n'est pas aussi simple Mikey, lui répondit Koko.
– Pourquoi ça ? Demanda Inupi.
Draken soupira.
– Et si vous nous finissiez par nous dire toute la vérité ? Dit-il.
Les deux frères acceptèrent enfin de leur résumer rapidement la situation.
– En somme, dit Inupi. Si vous ne remportez pas cette course, vous perdez votre club ?
– C'est ça, répondit Rindō.
– Mais vous n'avez plus de coureur pour vous représenter ? Ajouta Draken.
– Tu as tout compris, lui dit Ran.
Hayate, elle, avait retiré le bras de Shin de son épaule pour rejoindre la Porsche de Taiju. Avant qu'il ait eu le temps de dire un mot, elle avait commencé à en faire le tour, examinant les pneus et l'état du châssis.
– Hey ! Aboya-t-il. Tu fais quoi toi ?
Hayate continua son inspection sans lui prêter attention et, lorsque Taiju arriva à son niveau, les autres derrière lui, elle lui demanda :
– Tu peux ouvrir le capot ? Je voudrais jeter un œil au moteur.
Taiju n'était absolument pas disposé à lui obéir. Il serrait convulsivement les poings, l'air de se demander s'il serait convenable de lui en écraser un dans la figure devant tout le monde.
Shin se posta à côté de lui. Il tira son paquet de cigarettes de sa poche et en ficha une au coin de ses lèvres.
– Tu devrais l'écouter, dit-il en l'allumant. Elle ne lui fera rien, elle connaît bien les voitures.
Hayate releva la tête en voyant que Taiju ne bougeait pas.
– Vous avez une course à gagner, non ? Dit-elle. Et ça, c'est bien une voiture ? La seule question c'est, tu veux le faire toi ou je le fais moi ?
Taiju finit par accepter de déverrouiller le capot arrière qui abritait le moteur et Hayate se pencha au-dessus.
– Un trois litres huit bi-turbo... Murmura-t-elle avec un sifflement admiratif. Six cylindres... Un couple moteur à huit cents nm... six cent cinquante chevaux...
(NDA : nm, Newtons mètres, force du mouvement de rotation du moteur.)
Elle se redressa à demi et leva les yeux vers Taiju.
– C'est une boîte PDK à 8 rapports ? Demanda-t-elle.
(NDA : PDK, acronyme allemand qui signifie Porsche Doppelkupplungsgetriebe, transmission à double embrayage Porsche. )
Il fronça les sourcils.
– Ouais, dit-il.
Hayate replongea le nez dans le moteur et reprit.
– Tu l'as fait modifier ou bien c'est le moteur d'origine ? Dit-elle.
Taiju lui répondit comme s'il avait affaire à une débile :
– On ne touche pas au moteur d'un bijou pareil !
Hayate lui retourna un sourire.
– On est bien d'accord, dit-elle.
Elle s'essuya les mains et revint vers les garçons.
– Je peux le faire, dit-elle. Si votre pote est d'accord, je peux vous gagner cette course. Mais décidez-vous vite, on n'a plus beaucoup de temps.
Plus loin, les bolides avaient commencé à se rassembler pour le départ de la course.
✽
NDA : Ce doit être incroyable de conduire ce genre de voitures ! Je n'essaierai pas, je suis sûre que je me ridiculiserai, mais je comprends les gens qui aiment ça !
૮(˶◕દ◕˶)ა
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