82 - 911 Turbo
Shin accéléra et, assise derrière lui sur sa Babu, Hayate se cramponna à sa taille.
– Ils arrivent ! Dit-elle en riant. Ils sont juste derrière nous !
À une vingtaine de mètres de là, Draken, accompagné d'Emma, apparut au détour d'un virage, juste devant Smiley et Angry.
Les jumeaux profitèrent d'une courte ligne droite pour doubler Draken et sa petite amie dans un même mouvement et Emma s'accrocha à la taille de Draken en poussant un cri de surprise quand ils les frôlèrent chacun de leur côté.
– HEY ! Cria Draken.
Smiley lança par-dessus son épaule :
– Ne vous en faites pas ! On vous gardera des places !
– Toi...! Dit Draken en lui montrant son poing.
Les jumeaux s'échappèrent sans se préoccuper de ses menaces et Smiley rigola de toutes ses dents.
Vingt minutes plus tard, tous les six arrivèrent en vue de l'ancienne zone industrielle d'Atsugi située sur la frontière entre Tokyo et Yokohama, au sud de la capitale.
Shin ralentit. Il y avait foule. Koko ne leur avait pas menti, cette course attirait du monde.
Sur le parking – en réalité un vaste terrain vague – il repéra Mikey, Sanzu, Senju et Inupi. Tous les quatre s'étaient élancés en tête de leur groupe aussitôt qu'ils avaient quitté Shibuya.
– Le dernier arrivé offre à manger à tout le monde ! Avait crié Mikey avant d'accélérer brusquement.
Shin ne l'avait plus revu avant d'arriver à Atsugi. Manjirō était devenu vraiment rapide, Shin n'était plus de taille désormais.
Leur groupe était presque au complet à présent. Il ne manquait plus que Takemichi. Les autres travaillaient le lendemain ou préféraient se reposer, comme Chiyo, que le premier trimestre de sa grossesse fatiguait.
Shin alla se garer à côté de son frère et Haya et lui mirent pied à terre.
C'était Shin qui l'avait convaincue de laisser sa voiture au garage pour cette fois.
– Dans ce genre d'endroits, venir avec une voiture améliorée, c'est quasiment une déclaration de guerre.
Hayate devait reconnaître qu'il avait raison. En plus des motos, il y avait là quantité de voitures aux couleurs criardes, aux châssis exagérément rabaissés et aux imposants ailerons arrière. Elle en repéra même plusieurs qui s'étaient fait installer des néons sous le bas de caisse.
Mais à quoi ça sert ?
Au loin, ils pouvaient entendre des rugissements de moteurs entrecoupés de hurlements de pneus. Certains s'amusaient à effectuer des drifts, ces dérapages contrôlés, comprit-elle, sans doute pour passer le temps en attendant le début de la course. On entendait des clameurs et des applaudissements chaque fois qu'un pilote réussissait une manœuvre compliquée.
– Cette course a lieu tous les ans, leur avait appris Koko. C'est une espèce de grand festival sur lequel la police ferme les yeux à condition qu'il ne sorte pas des limites de l'ancienne zone industrielle. Nous y serons avec Kisaki et les frères Haitani cette année. Vous n'avez qu'à venir, ça vous fera une sortie sympa.
Il s'était bien gardé de leur révéler la véritable raison de leur présence.
Takemichi arriva en dernier et leur bande, enfin au complet, put suivre le mouvement de la foule vers la zone où aurait lieu la course.
Mikey vint prendre Takemichi par les épaules.
– Takemicchou, lui dit-il, que mon frère et Draken soient à la traîne, ça se comprend, ils avaient des passagères. Mais toi, c'est quoi ton excuse ?
Hinata n'était pas venue avec eux, mais cela n'avait pas empêché Takemichi de se faire largement distancer par tout le monde.
– J'ai jamais été très doué en moto, Mikey, tu le sais... S'excusa-t-il.
– Pour un ancien bōsōzoku, lui fit remarquer Draken, c'est le comble.
Inupi souffla :
– C'est Takemicchou que veux-tu...
– Bon, c'est pas grave Takemicchou, reprit Mikey avant de réfléchir et d'ajouter : Moi, je veux des dorayakis... et les autres vous voulez quoi ?
Takemichi blêmit.
– Tu te rappelles que je ne suis pas riche, Mikey... ? Dit-il.
– Quelqu'un parle d'argent par ici ? Dit une voix.
Koko apparut en compagnie de Kisaki, les frères Haitani sur les talons.
– Vous êtes venus finalement ? Dit Kisaki.
Il feignait d'avoir l'air surpris, mais en réalité, c'était lui qui avait suggéré à Koko de leur parler de cette course.
– En cas de problème, lui avait-il dit, plus nombreux nous sommes, mieux c'est.
– Et s'ils me demandent pourquoi nous, nous sommes là ? Lui avait fait remarqué Koko.
– Inutile de rentrer dans les détails, avait dit Kisaki. Contente-toi de leur dire que l'on assiste à une espèce de festival, c'est bien suffisant. De toute façon, il y a peu de chance que l'un d'eux te pose la question.
Derrière eux, vit Hayate, s'étendait la piste sur laquelle aurait lieu la course.
En fait de piste, il s'agissait d'un vaste circuit en terre battue qui faisait le tour des anciens bâtiments, passant parfois au milieu des décombres, voire même à l'intérieur des constructions pour donner plus de piment à l'affrontement.
Plusieurs voitures, des engins tunés aux allures de monstres de science-fiction, dérapaient d'un bout à l'autre de la ligne droite au bord de laquelle le public s'était rassemblé pour montrer l'adresse de leurs pilotes.
Hayate les regarda faire d'un air dubitatif et Emma se rapprocha.
– À quoi servent ces lumières sous les voitures ? Lui demanda-t-elle.
Tout ce qu'elle voyait autour d'elle, l'intriguait. Le monde des courses de voitures lui était parfaitement étranger.
– À rien, lui répondit Hayate. C'est juste pour faire joli. C'est l'équivalent du rouge à lèvres chez les filles qui n'ont pas de poitrine, c'est pour détourner l'attention du talent inexistant du pilote.
À côté d'elle, Shin s'étouffa brusquement de rire et Draken haussa les sourcils.
– Ah ouais, dit-il, il ne faut pas te chercher, toi.
Emma riait elle aussi. Ses joues, tout à coup d'un rose soutenu, lui donnaient des allures de poupée de porcelaine.
Elle se reprit.
– Et ces étincelles qui sortent de leur pot d'échappement, dit-elle. Je me suis toujours demandé ce que c'était...
– Le misfiring system ? Dit Hayate. C'est parce qu'ils ont installé un quick shift sur la transmission de leurs voitures. Pour te la faire courte, lorsque tu cesses d'accélérer, par exemple quand tu changes une vitesse, l'injection d'essence se coupe et la voiture ralentit légèrement. Grâce à ce système, on injecte directement de l'essence dans le collecteur d'échappement. L'explosion permet d'entraîner le turbo, comme lorsque le moteur tourne, et donc tu n'as pas de ralentissement. Par contre, le turbo ne résiste pas longtemps à ce genre de bricolages.
Elle ricana et ajouta :
– Honnêtement c'est un gadget. Les pilotes avec une bonne technique n'ont pas besoin de ça.
– Tu as l'air d'en connaître un rayon, dit Ran. Je ne savais pas que tu étais férue de voitures...
Hayate n'eut pas le temps de répondre. Mikey leur fit de grands signes plus loin.
– Par ici ! Cria-t-il. Les stands de nourriture sont là ! Takemicchou ramène-toi !
Takemichi devint encore plus pâle et Smiley et Angry le dépassèrent à grands pas.
– Désolé pour toi mec, lui dit Angry.
– Ouais, on va te saigner à blanc, renchérit son frère, mais tu sais qu'on t'aime quand même !
De leur côté, Senju et Sanzu avaient dégainé leurs téléphones et ils avaient commencé à tourner un maximum de rushes. Ils voulaient profiter de la soirée pour préparer une nouvelle vidéo pour leur chaîne.
Un grondement bas, de ceux qui vous prennent aux tripes, fit se retourner toutes les têtes et une voiture aux lignes racées apparut.
– Wow, murmura Shin, son bras entourant les épaules de Hayate. Ça, c'est de la voiture. C'est quoi ?
Hayate en avait le souffle coupé.
– Une Porsche, dit-elle. Une 911 Turbo.
✽
NDA : Je suis montée dans une Porsche une fois, c'était celle de la mère d'une camarade de classe au lycée chez qui j'étais allée pour un devoir de classe. C'était une famille fortunée vous vous en doutez. La fille collectionnait les parfums et le fils collectionnait les voitures (moi et ma collection de timbres on s'est fait tout petits...)
Vous saviez, vous, qu'on disait "PorschÉ" et pas "Porsche" ?
(⸝⸝๑ ̫ ๑⸝⸝⸝)
#JeRaconteMaVie
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