7 - Faux départ

          Shin'ichirō reprit la route de Shibuya, un sentiment étrange logé au fond de la poitrine.

Il n'arrivait pas à s'expliquer la réaction de Hayate, un peu plus tôt, dans l'atelier.

J'ai dit une connerie ? Ou bien j'ai fait un truc qu'il ne fallait pas ?

Pour lui, cette matinée avait juste été la rencontre entre deux passionnés de mécanique, rien de plus. Il avait fait la connaissance d'une personne avec qui parler de son sujet favori et il était persuadé qu'elle pensait la même chose.

Mais lorsqu'elle l'avait mis dehors sans ménagement, il n'avait rien compris.

J'ai dû faire un truc qu'il ne fallait pas...

Il ne voyait pas d'autre explication.

– Ça y est ? Lui avait demandé le patron du garage quand il avait rejoint l'accueil. Votre voiture est prête ?

– Presque, avait répondu Shin'ichirō d'un air absent. Je viens pour vous régler.

L'autre avait sorti son cahier de compte.

– Alors... un filtre à air plus la main-d'œuvre, c'est bien ça ?

– C'est ça oui, avait répondu Shin.

Tout en préparant sa facture, l'homme lui avait demandé :

– Tout s'est bien passé ? Vous êtes satisfait ?

La tête que faisait son client avait dû lui mettre la puce à l'oreille.

Shin avait affiché un sourire forcé.

– Oui, merci beaucoup, avait-il répondu.

Le patron l'avait regardé avec l'air de se demander s'il pouvait le croire, puis il avait repris tout en établissant la facture.

– C'est une gentille fille, lui avait-il dit, elle est un peu bourrue, mais gentille dans le fond. Il ne faut pas vous laisser impressionner. En plus, elle est très compétente dans son domaine.

– Oui, j'ai vu, avait dit Shin. Désolé... C'est juste que je crois... que je l'ai mise en colère.

– Hmm ?

– On discutait, lui avait expliqué Shin, et puis j'ai dû dire quelque chose qui ne fallait pas. Elle m'a mis à la porte.

L'autre avait ramené les yeux sur sa facture.

– Je vois, avait-il dit. Ne vous en faites pas, je ne pense pas que ce soit vous.

Shin avait alors avisé la pile de cartes de visite posée sur le comptoir et une idée lui avait traversé l'esprit.

– Est-ce que je peux prendre une de vos cartes ? Avait-il demandé. J'ai un garage moi aussi, mais pour motos. Si jamais quelqu'un cherche un bon mécano pour sa voiture, je pourrais vous l'envoyer ?

– C'est gentil, avait répondu le patron. Dans ce cas, laissez-moi votre carte aussi et si un client cherche où faire réparer sa moto, je lui donnerai votre adresse.





En chemin pour la maison de son grand-père, Shin'ichirō repensait encore à ce qui s'était passé dans l'atelier.

Ça doit être au moment où je lui ai proposé d'aller prendre un café... Conclut-il. Elle a dû croire que j'essayais de la draguer ou un truc comme ça...

Les filles n'aimaient pas quand un inconnu prenait ce genre de libertés.

C'est normal... C'est glauque.

Il soupira au volant de la petite kei-car.

Il n'avait pourtant aucune arrière-pensée à ce moment-là. Ou plutôt si, une seule : il s'était dit que ça serait sympa de discuter mécanique avec un autre passionné.

Il aurait dû réfléchir un peu plus avant de parler.

Shin'ichirō n'avait jamais été doué avec les femmes. Quand il était au lycée, il n'arrêtait pas de se faire envoyer promener. Il s'était même fait rejeter par une vingtaine de filles. Waka, Benkei et Takeomi, ses plus anciens amis, en rigolaient encore aujourd'hui.

Il souffla de nouveau.

Je m'y suis pris comme un idiot...

Il aurait dû s'en douter. Hayate Koji était une jolie fille. Les garçons lourds, elle devait connaître par cœur.

Pas étonnant qu'elle se soit méfiée de moi et de ma proposition.

Shin profita d'un arrêt à un feu rouge pour poser sa tête sur le volant.

– RHHAAAA ! Mais quel abruti ! Dit-il tout haut.

L'homme dans la voiture voisine le regarda comme s'il avait affaire à un fou avant de détourner précipitamment le regard quand Shin releva la tête.

Devant eux, s'étendait le carrefour qui menait à l'autoroute, au sud d'Arakawa.

– Si seulement j'avais réfléchi avant de l'ouvrir... Souffla-t-il.

Il regrettait d'avoir laissé échapper l'occasion de se faire une amie. Il était sûr que tous les deux auraient pu se comprendre.

Sinon, elle ne passerait pas sa vie entourée de voitures...

Mais avec son invitation maladroite, il avait juste réussi à la faire fuir avant même de la connaître.

Au-dessus de lui, le feu passa au vert et il se remit en route.

– Ce qui est fait est fait... Dit-il.

Il aurait quand même aimé avoir une chance de se rattraper.

Mais il ne faut pas rêver.





Trois jours plus tard, le destin décida de lui donner un coup de pouce.

Seishu Inui était alors dans la boutique – S.S Motor – dans laquelle Draken et lui travaillaient. Draken était absent, c'était son jour de congé, et Shin faisait l'inventaire dans l'arrière-boutique. Inui – que tout le monde appelait Inupi – réparait la Suzuki GSX d'un de leur client. La moto avait des ratés depuis quelques semaines et le propriétaire l'avait déjà ramenée deux fois.

Inui s'était confondu en excuses en le voyant revenir et à présent il entendait bien découvrir d'où venait le problème de la moto.

Il était en train de démonter une nouvelle fois les bougies pour les examiner, lorsqu'un bruit tonitruant de moteur monta devant le magasin.

Il tourna la tête et vit une fourgonnette à plateau s'arrêter le long du trottoir. Une femme en sortit. Élancée et en combinaison de travail, elle alla ouvrir la porte à l'arrière du véhicule et Inupi remarqua alors la moto fixée par des sangles sur le plateau.

Il abandonna la Suzuki et sortit sur le pas de la porte.

– Bonjour, dit-il, je peux faire quelque chose pour vous ?

Hayate détachait la lourde Honda avant de la faire rouler sur une planche coulissante jusque sur le trottoir.

– Mon patron a dû appeler le vôtre ce matin, dit-elle. Un de ses amis a un problème avec sa Hornet et il m'a demandé de vous l'amener.

– Yep, dit une voix derrière Inupi. C'est moi qui l'ai eu au téléphone.

Shin'ichirō sourit et il lui fit un petit signe de la main.



NDA : Shin, je l'imagine gentil, mais super gaffeur ! Une espèce de goofy !

C'est d'ailleurs comme ça que je pensais cette histoire : la rencontre entre une personne très susceptible et un gaffeur de première ! Étincelles garanties !

ꉂ ('∀`)

À part ça, entre l'histoire et les médias, j'ai eu l'impression d'écrire une pub pour le tabac à cause de lui !

"( – ⌓ – )

NE FUMEZ PAS ! C'EST TERRIBLEMENT MAUVAIS POUR LA SANTÉ !

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