62 - Date
Quand elle rentra chez elle en début de soirée, Hayate était épuisée et elle avait les pieds en compote.
Elle laissa tomber les articles qu'elle avait achetés dans l'entrée et alla s'effondrer à plat ventre sur son lit.
– Je n'en peux plus ! S'exclama-t-elle.
Puis elle roula sur le dos et saisit la peluche que Shin lui avait offerte. Doki Doki lui retourna son regard. Finalement, Hayate le ramena contre sa poitrine et le serra contre elle.
– Demain, lui dit-elle, j'ai un rendez-vous.
Cette idée lui faisait battre le cœur comme cela ne lui était jamais arrivé.
✽
Le lendemain, elle était levée à l'aube.
En dépit de sa fatigue, elle n'avait pratiquement pas fermé l'œil de la nuit et elle n'avait cessé de repenser à la journée qui se profilait.
On va faire quoi ? Et s'il n'aime pas ma tenue ? Je devrais peut-être lui demander s'il y a besoin de vêtements particuliers ? Imagine qu'on fasse un truc un peu sportif... Non, il me l'aurait dit. Quoi que, ce n'est pas sûr... Et s'il trouvait que ce nouveau look ne me va pas du tout ? Après tout, il ne m'a jamais vue que dans mes vieilles fringues...
Les questions s'étaient succédées dans sa tête et quand le soleil s'était levé, Hayate s'était demandée où était passée la nuit.
Elle repoussa ses couvertures pour aller prendre une douche glacée et essayer de se réveiller.
Il ne manquerait plus que je bâille !
Connaissant Shin, il risquait de penser qu'elle s'ennuyait et de se dire que c'était de sa faute.
Je n'aurais peut-être pas dû le laisser tout organiser... Après tout, on sort ensemble, ce genre de choses se décident à deux.
Elle s'aperçut que si on lui demandait quels loisirs aimait Shin'ichirō Sano, elle aurait été incapable de répondre.
Les motos... Son petit frère... Ses amis ?
Mais tout cela ne constituait pas des loisirs.
La remarque de Chiyo lui revint à l'esprit :
Si vous n'êtes pas capable de trouver des sujets de conversation quand vous êtes ensemble, posez-vous des questions !
Ce rendez-vous prenait de plus en plus des allures de test de passage et son angoisse monta encore d'un cran.
Une fois habillée, Hayate examina son reflet dans le miroir.
La fille qui lui rendit son regard ne lui ressemblait pas. Ou plutôt, c'était elle, sans être elle.
Une version améliorée, conclut-elle.
C'était plutôt une bonne chose.
Elle entreprit de s'occuper du maquillage et de la coiffure en gardant en tête les conseils que les filles lui avaient donné la veille.
Un vrai maquillage ne doit pas se remarquer, lui avait dit Yuzuha, il est juste là pour corriger les imperfections et faire ressortir les qualités.
Une esthéticienne leur avait fourni quelques astuces et Hayate avait pu essayer deux ou trois produits afin de se familiariser avec leur utilisation.
– Tu as la chance d'avoir un visage agréable et une silhouette que beaucoup envient, avait ajouté Yuzuha. Alors inutile d'en faire pas trop, contente-toi de faire ressortir tes atouts.
Faire ressortir ses atouts... C'est vite dit.
Il s'agissait d'un domaine dans lequel elle mettait les pieds pour la première fois.
Lorsqu'elle fut satisfaite du résultat, elle déjeuna du bout des lèvres pour ne pas abîmer son rouge à lèvres, avant de se diriger vers la porte pour attraper ses chaussures.
La veille, Yuzuha lui avait fait acheter une paire de bottines fourrées. Les talons ne faisaient que quelques centimètres, heureusement, mais c'était déjà plus que ce que Hayate avait l'habitude de porter, elle qui passait son temps en baskets.
– Tu es déjà assez grande, lui avait dit Yuzuha, inutile d'en rajouter.
Hayate avait été soulagée.
Si j'avais dû passer la journée dans une paire de ces engins de torture que portent certaines femmes, je crois que j'aurais pleuré.
Elle se mit finalement en route, le cœur battant toujours une sérénade endiablée dans sa poitrine. Pas un instant, il ne s'était calmé.
Shin lui avait donné rendez-vous dans le quartier de Toyosu, au pied du gratte-ciel qui constituait le point de rencontre de cette île artificiel située dans la baie de Tokyo.
Hayate était contente de s'être levée tôt en définitive. La neige s'était remise à tomber durant la nuit et les routes étaient de nouveau recouvertes d'une fine couche blanche.
Il faut que je fasse gaffe... Pas question d'avoir un accident... Je devrais peut-être me racheter des pneus neige... Quoi qu'avec ce que j'ai dépensé hier, il faudra sûrement que j'attende le mois prochain. Peut-être que je peux demander une rallonge à oncle Bunta ? Après tout, c'est une question de sécurité.
En tout cas, elle était rassurée de voir que ses nouvelles chaussures ne l'empêchaient pas de conduire normalement.
Je vais quand même lever le pied, se raisonna-t-elle. On ne sait jamais.
Arrivée à Toyosu, elle se gara dans le parking souterrain de la tour et rejoignit le parvis, la gorge serrée.
Son appréhension n'avait fait que croître sur le trajet et elle avait maintenant l'impression que son cœur était à deux doigts de jaillir de sa poitrine.
Ce n'est qu'un rendez-vous... juste un rendez-vous... Se répétait-elle pour tenter de se calmer.
La silhouette de Shin lui apparut quand elle arriva en haut des marches et elle se surprit à inspirer brusquement.
Allez, se dit-elle pour se donner du courage.
– Salut ! Dit-elle en arrivant à son niveau. Je ne suis pas en retard ?
Shin se tourna vers elle. Il ouvrit la bouche et il la referma sans qu'aucun son n'en soit sorti.
Qu'est-ce qui se passe ? Se demanda Hayate.
Elle jeta un coup d'œil à sa tenue pour voir ce qu'il n'allait pas, juste au moment où Shin s'exclama :
– Tu es magnifique !
En chemin pour le café où il voulait l'emmener boire quelque chose de chaud, Shin s'efforçait de se rattraper.
– Enfin, je ne voulais pas dire qu'en temps normal tu n'es pas magnifique, mais là, tu es magnifique !
Les deux mots semblaient avoir des significations bien distinctes dans sa bouche et Hayate sourit.
Toute sa nervosité s'était envolée et elle se demandait maintenant pourquoi elle avait été aussi anxieuse.
J'aurais pu venir habillée comme je le suis d'habitude, ça ne l'aurait pas dérangé, j'en suis sûre... Mais je suis contente de m'être faite belle.
– Tu devras remercier ta sœur et ses amies, lui dit-elle. Ce sont de véritables tyrans de la mode !
Parvenus au niveau du complexe qui faisait face à la tour, Shin la conduisit vers un petit établissement caché sous les arcades, au milieu de buissons couverts de neige.
Hayate s'immobilisa devant la porte, un œil étonné levé vers l'enseigne.
Un bar à... lapins ? Vit-elle.
À l'intérieur, il régnait une chaleur cosy et tous les deux retirèrent leurs manteaux et leurs chaussures pour rejoindre une des petites tables en bois bordée de coussins situées presque au ras du sol.
Hayate prit place et jeta un œil autour d'elle.
La pièce était remplie de lapins et tout leur était consacré, la décoration, l'ameublement... Ici, les petits animaux étaient les rois. Certains faisaient une sieste, roulés en boule dans des petits paniers roses, d'autres jouaient avec les clients, bondissant après des touffes de plumes qu'ils agitaient devant eux en riant, tandis que d'autres se faisaient câliner ou nourrir d'assiettes de légumes fournis par le café.
Ils sont trop mignons ! Se dit-elle.
Elle avait l'impression qu'elle n'aurait jamais assez de ses deux yeux pour tout voir.
Une serveuse vint prendre leurs commandes et Shin lui recommanda le Tomy Fluffy Coffee.
– Je suis sûr qu'il va te plaire !
Lorsque Hayate vit arriver deux tasses surmontées d'un nuage de crème en forme de lapins, elle ne put résister plus longtemps.
– C'est adorable ! S'exclama-t-elle, les joues rouges, sous le regard ravi de Shin.
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NDA : Vous êtes déjà allé dans un bar à chats, à lapins ou autre vous ? Moi, jamais. Ça doit être incroyable !
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