58 - Doki Doki !

          Hayate lui arracha presque la peluche des bras.

– Ne fais pas ça, tu lui fais mal ! S'exclama-t-elle.

Shin la regarda, surpris, puis il se mit à rire.

Hayate sentit ses joues s'empourprer.

– Par... les oreilles... ça fait mal, marmonna-t-elle.

– C'est pour toi, lui dit-il. Je me suis dit qu'il te plairait.

Le regard que lui retourna Hayate lui réchauffa le cœur et, pour la première fois depuis deux semaines, Shin se dit qu'il avait pris la bonne décision.







Tous les deux s'installèrent dans le petit restaurant familial du coin. Bunta n'avait pas paru surpris que Hayate lui demande de faire une pause. Il semblait même s'y attendre.

Ils choisirent un box à l'écart et s'assirent. Le restaurant était presque vide à cette heure. La matinée était à peine entamée et les clients ne viendraient que plus tard.

Hayate posa la peluche à côté d'elle, sur le banc, et elle prit soin de l'asseoir confortablement, avant de ramener les yeux sur Shin.

– Je... Je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé ce soir-là, commença-t-il en se tordant nerveusement les mains sur la table. Je sais que ça donne de moi l'image d'un type qui a profité de la situation, mais je t'assure que ça n'était pas ce que je voulais...

– Tu n'y es pour rien, le coupa-t-elle, c'est de ma faute. Tu n'as aucun reproche à te faire. C'est moi qui ai fait n'importe quoi.

Elle était soulagée. Enfin, elle avait pu lui dire ces mots qu'elle retournait dans sa tête depuis des jours. C'était comme si on lui avait retiré un poids de la poitrine.

– Oui, mais si j'avais été plus prudent, dit-il, ce ne serait pas arrivé. On était soûls tous les deux, j'aurais dû faire plus attention...

Le serveur les interrompit en venant prendre leurs commandes.

Quand il repartit, Shin reprit.

– Non, dit-il dans un souffle et le regard bas. Ce n'est pas la vérité. La vérité, c'est que moi aussi je voulais ce baiser. Pardon, je t'ai menti. Je... je suis amoureux de toi. Je ne sais pas depuis combien de temps. Peut-être depuis le début. Mais je t'assure que j'étais sincère quand je t'ai dit que je voulais qu'on soit amis. Je ne me suis pas rapproché de toi avec une idée derrière la tête. C'est juste arrivé... comme ça.

Hayate le regarda en silence.

– Ma mère, lui raconta-t-elle, a une très mauvaise expérience des hommes – je t'ai parlé de ce qui est arrivé avec mon père. À cause de ça, d'aussi loin que je me souvienne, elle m'a toujours dit de me méfier des garçons. Pour elle, les hommes sont tous mauvais. Sans exception.

Elle inspira et ajouta :

– Mais je ne suis pas ma mère.





Leurs cafés arrivèrent et tous les deux les sirotèrent en silence.

– Alors... on fait quoi ? Dit Shin.

Le malaise était de retour entre eux et sa voix n'avait été qu'un murmure.

Hayate ne savait pas quoi lui répondre. Tout cela lui paraissait tellement irréel. Une heure auparavant, elle cherchait un moyen de lui parler et de se racheter, et voilà qu'ils étaient là, tous les deux, face à face et que Shin venait de lui faire une déclaration d'amour. Sans compter qu'elle lui avait parlé de sa mère. Jamais, par le passé, elle ne s'était livrée ainsi à personne.

C'est parce que c'est lui. C'est parce que je sais que je peux avoir confiance en lui.

Son cœur se mit à battre un peu plus fort.

Une autre révélation suivit la première.

Je suis amoureuse de lui ? S'aperçut-elle.

De l'autre côté de la table, angoissé par son silence, Shin finit par lâcher nerveusement :

– Ce qui est sûr, dit-il, c'est qu'on ne pourra pas jouer à cache-cache tous les deux...

Hayate releva les yeux, tirée de ses pensées.

– Quoi ?

– Oui, ajouta-t-il, parce qu'une fille incroyable comme toi, c'est impossible à trouver !




Il fallut plusieurs minutes à Hayate pour réussir à calmer le fou rire qui s'était emparé d'elle. Les mains sur la bouche, elle se tordait à s'en étouffer sous le regard intrigué du serveur.

Face à elle, Shin bafouillait en boucle :

– Je suis désolé ! J'ai paniqué, d'accord ? Répétait-il. Tu ne disais plus rien, alors j'ai pris peur et j'ai dit le premier truc qui me passait par la tête !

Hayate releva les yeux en essuyant les larmes de rire qui avaient coulé sur ses joues. Il n'avait pas changé. C'était toujours le garçon gentil et maladroit avec lequel elle avait passé de si bons moments ces derniers mois.

Elle se redressa. Sa décision était prise.

J'espère que je ne fais pas une erreur...

Une petite voix, au fond d'elle, la rassura cependant. Shin'ichirō Sano était un homme en qui on pouvait avoir confiance.

– On pourrait... essayer, dit-elle dans un murmure, qu'est-ce que tu en dis ?

Elle ramena les yeux sur son café pour masquer son trouble.

Pendant une seconde il ne dit rien et ce fut au tour de Hayate d'éprouver les affres du stress.

– Rien ne me ferait plus plaisir, répondit-il finalement.




Hayate le raccompagna un peu plus tard, sur le parking de la compagnie de son oncle.

– J'ai promis à mon grand-père de lui ramener rapidement sa voiture, s'excusa Shin en se mettant au volant.

– C'est bon, le rassura-t-elle. Rentre bien et fais attention sur la route, il y a du verglas.

– Oui, toi aussi, lui répondit-il en voyant que son oncle l'attendait sur le pas de la porte, une enveloppe à la main, certainement pour une course.

– Promis.

Elle regarda sa voiture s'éloigner, la peluche entre les bras. Une foule de sentiments l'habitait, mais celui qui l'emportait sur les autres, c'était le bonheur.





En rentrant chez elle ce soir-là, Hayate avait encore l'impression de flotter à quelques centimètres du sol.

Elle retira ses chaussures et, sans même enlever son manteau, leva la peluche à bout de bras devant elle, puis elle ouvrit les yeux.

– Je ne lui ai même pas demandé comment tu t'appelles !

Au même moment, son portable vibra dans sa poche.

Elle le sortit et sourit en voyant le message.

Au fait, il s'appelle Doki Doki !





NDA : Doki Doki, ドキドキ, est l'onomatopée utilisée au Japon pour dire que l'on a leur cœur qui bat !

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