56 - Ça va aller maintenant

          Hayate resta longtemps assise sur la plateforme du quai de chargement, les yeux dans le vide. Les paroles de son oncle tournaient en boucle dans sa tête et elle avait l'impression d'être perdue et en même temps d'y voir plus clair.

C'est moi qui l'ai embrassé... et je l'ai embrassé parce que j'en avais envie.

Ce constat calma le tournoiement de ses pensées.

Bunta avait raison. Si elle retirait de l'équation la réaction qui aurait été celle de sa mère à sa place, tout ce qui restait, c'était son envie d'être avec Sano. Elle avait envie de retrouver ces instants qu'ils partageaient et d'être à ses côtés. Elle avait envie que leur relation se poursuive, qu'elle suive son cours et, peut-être, prenne un nouveau chemin.

Un reste de peur lui serra tout à coup la poitrine.

Mais... et si jamais il était un de ces types sournois et manipulateurs... ?

Sano, c'est un type bien, avait dit son oncle... Je suis sûr que c'est un malentendu.

Hayate ne se leva que quand les premiers flocons de neige de la journée commencèrent à flotter autour d'elle.

– Merde... Il fait froid... Murmura-t-elle en frissonnant.

Elle resserra sa veste et reprit la direction du parking de la Koga Express.

Ce ne fut qu'à mi-chemin qu'elle se souvint que son oncle avait confisqué ses clés de voiture et elle jura.

– Bordel ! Faut que je rentre en bus maintenant !






La nuit était tombée sur Shinjuku et la neige, qui s'était accumulée sur les trottoirs, ne faisait pourtant pas reculer les fêtards.

Wakasa marchait en tête, Benkei, Chiyo et Shin dans son sillage. Takeomi, lui, traînait les pieds en arrière.

Shin avait fini par accepter de les accompagner pour boire un verre ce soir. Sa discussion avec Emma lui avait fait du bien, elle lui avait ouvert les yeux. Désormais, il n'avait plus peur de dire qu'il était amoureux de Hayate Koji.

Reste à trouver un moyen de me déclarer sans me manger une droite, se dit-il. Je peux oublier le bouquet de fleurs... Elle me le ferait avaler, pétales, tiges et papier d'emballage compris.

Il pouffa de rire et Benkei lui jeta un regard en coin.

Il était content de voir que Shin était redevenu lui-même. Ces dix derniers jours, il n'avait été que l'ombre de celui qu'ils connaissaient. Sombre, silencieux, abattu, il n'avait pas ouvert la bouche et s'était contenté de fumer cigarette sur cigarette en silence. Mais, d'après ce qu'avait compris Benkei, il avait été déjeuner avec sa petite sœur aujourd'hui et il en était revenu transformé.

Les filles ont des super-pouvoirs, je ne vois que ça.

L'idée qu'ils auraient pu demander à Chiyo d'aller lui parler lui traversa l'esprit et ce fut à son tour de réprimer un fou rire.

Toutes les deux n'ont pas le même caractère, fut-il forcé de reconnaître. Shin aurait fini par se faire secouer comme un punching ball.

Cette dernière venait justement de remonter la rue à grands pas pour aller houspiller un gars qui avait garé sa voiture sur le trottoir.

Waka la rejoignit et il attrapa la main de sa petite amie.

– Regarde Chi ! Ils ont une tombola dans ce magasin ! Lui dit-il, ravi.

Elle examina les lots.

– C'est pour les gosses ça, Waka ! Lui répondit-elle en riant.

Eux aussi étaient heureux. Même si aucun d'eux ne savait réellement ce qui s'était passé le soir de Noël, l'état de Shin avait assombri leur quotidien à tous. Mais c'était fini.

Benkei entendit un grommellement monter dans son dos et il se tourna à demi.

Enfin presque tous heureux, ajouta-t-il pour lui-même.

Takeomi venait de marcher dans une congère et il secouait maintenant sa chaussure pour la débarrasser de la neige.

– Saloperie d'hiver... Marmonna-t-il. Saloperie de froid, saloperie de neige... Qui est-ce qui a eu l'idée de sortir ce soir ?

Il reposa son pied au sol et glissa aussitôt sur une plaque de verglas qu'il n'avait pas vue et manqua de se retrouver par terre.

Chiyo et Wakasa revinrent vers eux et éclatèrent de rire.

– Bah alors ? Dit Chiyo. Le Dieu de la Guerre ne tient plus sur tes pieds ?

La seconde suivante, ce fut à son tour de déraper sur la neige verglacée et Wakasa la rattrapa de justesse par la taille.

– Oups ! Dit-il. Fais attention Chi, tu vas te faire mal ! Tout le monde n'est pas le Léopard Blanc !

– Le Péolard Blanc tu veux dire ? Lui rappela Benkei.

Wakasa se renfrogna et Chiyo et Benkei rigolèrent deux fois plus.

De son côté, Shin s'éloigna vers l'entrée de la galerie marchande que Wakasa avait montrée à Chiyo un peu plus tôt.

Il examina les lots de la tombola et, l'instant suivant, il eut des étoiles dans les yeux.

Il avait peut-être trouvé la solution à son problème.





Le bar était enfumé, mais il y régnait une chaleur agréable et tous les cinq se débarrassèrent rapidement de leurs manteaux.

– Je veux un sake chaud ! Dit Wakasa en s'asseyant dans le fond du box.

(NDA : Traditionnellement, le sake se boit chaud.)

– Hors de question ! Répondit Chiyo. Je vais encore devoir te porter !

Benkei la rassura.

– Je t'aiderai s'il n'est pas capable de marcher, lui dit-il. Ne t'inquiète pas.

Les yeux de Waka se mirent à briller.

– Ça c'est un vrai frère ! Dit-il.

Il commanda avant que Chiyo ait eu le temps de dire un mot.

– Au fait, reprit Takeomi en allumant une cigarette, elle n'est pas là ce soir la mécano qui a un sale caractère ?

Chiyo lui flanqua un coup de pied sous la table et Takeomi sursauta.

– Pourquoi tu m'as frappé ? S'indigna-t-il.

– Pour que tu apprennes à fermer ta grande bouche, lui répondit-elle du tac au tac. Ça te pose un problème ? Tu veux qu'on se tape ?

Takeomi ronchonna, mais il n'insista pas.

Ce fut Shin qui reprit.

– Elle n'est pas là, non, dit-il. Mais ça va aller. On va régler ça tous les deux et ça ira à partir de maintenant.

Il avait le sourire, virent-ils.

Chiyo hésita.

– Tu es amoureux ? Dit-elle enfin.

Shin rosit.

– Ouais, dit-il. Ouais, je suis amoureux.

Son visage prit une teinte plus soutenue.

– C'est cool mec, dit Benkei. Je suis content pour toi.

Waka se laissa aller en arrière contre le dossier de la banquette.

– Aaah ! Dit-il. C'est le retour des répliques de Shin alors !

Tous les cinq éclatèrent de rire.

La serveuse vint prendre leurs commandes et quand elle fut partie, Chiyo se tourna vers Benkei :

– Sachi ne devait pas venir ce soir ? Lui dit-elle. Moi je croyais que je la verrais... Du coup, je suis encore la seule fille !

– Tu n'es pas une fille, tu es un bulldozer... Marmonna Takeomi, se récoltant un nouveau coup de pied dans le tibia.

– Elle a préféré passer son tour, lui répondit Benkei. Elle travaille demain et elle voulait être en forme.





NDA : Shin a trouvé la solution !

⸜(。˃ ᵕ ˂ )⸝🎉

Il a pensé à quoi selon vous ?

( ͡° ͜ʖ ͡°)❓

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