38 - Arrivée
Tout s'était passé si vite, que les spectateurs n'eurent pas le temps de réagir.
Aussitôt que les deux voitures furent passées, plusieurs personnes envoyèrent un message à Ryosuke Takahashi.
Elle est passée !! Elle vient de le dépasser !! Put-il lire. La Cappuccino n'a rien pu faire ! La Civic fonce vers l'arrivée ! Elle le distance déjà !
– C'est fini, dit-il à son frère. Elle a gagné.
Hayate alla se garer sur le parking pour poids lourds au pied du col, là où s'était rassemblé le restant des spectateurs venus assister à la course.
La Cappuccino ne fit son apparition qu'au moment où elle sortait de la Civic.
Hayate remonta son col contre son cou pour se protéger de la pluie qui continuait à tomber et croisa les bras sur la poitrine.
Elle venait d'écraser un pilote de rallye professionnel, réalisa-t-elle. Certes, elle était sur son territoire. Toute la région qui entourait le Kanto lui était plus familière qu'à lui. Mais tout de même.
Apparemment, elle n'était pas la seule à penser cela vu les regards qu'on lançait dans sa direction.
Elle voulut jeter un œil du côté de Shin – elle avait entendu la portière arrière s'ouvrir la seconde d'avant – mais Sakamoto vint se garer à côté d'elle et il sortit de sa voiture avant qu'elle ait fait un geste.
Hayate se raidit.
S'il voulait se battre, il allait découvrir qu'elle savait aussi se défendre.
Il la rejoignit et lui tendit la main.
– Belle victoire, dit-il.
Après une seconde d'hésitation, Hayate saisit sa main.
– Merci.
– Je n'ai rien pu faire, poursuivit-il, tu as bien joué ton coup. Tu n'as jamais envisagé une carrière pro ? Tu as largement le niveau.
Sur la route, les voitures qui se trouvaient au col un instant plus tôt, commençaient à arriver. En tête, Hayate remarqua la Mazda FC blanche. La course venait à peine de se terminer. Celui qui la conduisait n'était pas n'importe qui.
Elle ramena les yeux sur le pilote.
– Non merci, dit-elle. Je préfère rouler où j'en ai envie. En plus, j'aime beaucoup trop bricoler ma voiture pour laisser cela à d'autres.
– En tout cas je ne regrette pas d'avoir accepté ton défi, reprit-il. Il m'a permis de faire la connaissance d'une bonne pilote et de mettre le doigt sur mes points faibles. Je dois encore travailler, je l'ai bien vu.
– Moi aussi, j'ai trouvé ça sympa, reconnut-elle avant de tiquer. Attends... Comment ça accepter mon défi ?
– Oui, celui que ton ami et toi vous avez lancé à mon cousin. D'après ce qu'il m'a dit, vous vous êtes pris la tête à Shinjuku parce qu'ils tournaient autour de ta voiture et tu les as mis au défi de te battre...
– Non mais quel culot ! S'exclama-t-elle.
Sakamoto la regarda, surpris, tandis que Hayate fouillait les poches de sa veste. Elle en sortit un bout de papier froissé et le lui tendit.
– Tiens ! Dit-elle. Voilà ce que mon oncle a retrouvé attaché à la pierre qui a cassé la vitre arrière de sa voiture ! Je l'ai apporté pour le leur faire manger si je leur tombe dessus !
Le pilote déplia la feuille et lut.
Il fronça les sourcils.
– C'est sérieux ? Dit-il en lui désignant le message.
– Évidemment ! Répondit-elle. Ils sont venus en douce à mon boulot pour balancer ça ! Ils n'ont pas eu de mal à trouver où je travaille, le nom de la compagnie est écrit en gros sur ma voiture !
Elle lui montra les lettres blanches sur ses portières, KOGA EXPRESS.
Le pilote frémit.
– Attends-moi là, dit-il avant de tourner les talons.
Sakamoto fut remplacé par les frères Takahashi qui venaient de sortir de la FC blanche. Ryosuke avait apporté un parapluie.
– Jolie course, dit-il, et belle victoire.
– Merci.
Son ton était sec, elle le savait, mais elle était encore sous le coup de la colère.
Ryosuke regarda autour de lui.
– Tu as perdu Sano en cours de route ? Dit-il. Ne me dis pas que tu l'as balancé dehors dans un virage pour aller plus vite ?
Hayate remarqua que Shin n'était pas à côté d'elle.
C'est vrai ça, il est passé où ? Commença-t-elle à s'inquiéter.
C'est alors qu'ils entendirent quelqu'un vomir dans les buissons, derrière la voiture.
Hayate n'arrivait plus à s'arrêter de rire.
– Pardon... Je suis désolée ! Vraiment, pardon ! S'excusait-elle en boucle auprès de Shin sans pour autant réussir à cesser de rire.
Il était en piteux état. Son visage était blanc comme de la craie et ses cheveux, à présent mouillés par la pluie, lui retombaient sur le front en mèches molles.
Il la rassura d'un geste en marmonnant deux ou trois mots inintelligibles.
– C'est bon... C'est bon...
Il préférait ne pas trop ouvrir la bouche. Il était encore trop barbouillé après la course et ses virages à pleine vitesse.
Hayate le regarda et elle ne put garder son sérieux. Elle pinça les lèvres pour réprimer un nouvel éclat de rire et détourna la tête pour le cacher.
Heureusement le pilote reparut à cet instant en traînant chacun des garçons qui l'avaient embarqué dans cette histoire par un bras.
Il les poussa devant Shin et Hayate.
– Je vous écoute ! Leur dit-il.
Tous les deux s'inclinèrent et Sakamoto appuya sur leurs deux crânes pour les faire se pencher plus bas.
– Nous sommes désolés... Dit l'un. C'était stupide.
– Ouais... Pardon...
Shin, Hayate, mais aussi les frères Takahashi les regardèrent en silence.
Sakamoto reprit.
– Demain, leur dit-il, vous viendrez avec moi chez ce type dont vous avez cassé la voiture ! Vous vous excuserez et vous payerez pour les dégâts !
– Mais... Tenta son cousin.
Le regard que lui lança le pilote le convainquit qu'il valait mieux se taire et il baissa de nouveau la tête.
– Ces deux crétins m'avaient mené en bateau, poursuivit Sakamoto en revenant à Hayate. Si j'avais su ce qu'ils avaient fait – ou projetaient de faire – je n'aurais jamais accepté. Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour me rattraper ?
Hayate était encore sous le coup du fou rire que lui avait provoqué Shin. Pendant une seconde, elle revit la tête qu'il faisait quand elle était allée le chercher près des buissons qui bordaient le parking et pouffa.
– C'est bon, dit-elle en se ressaisissant. C'est du passé maintenant.
Sakamoto commença à s'éloigner avec les deux garçons, mais avant qu'il ait fait dix pas Hayate se ravisa.
Elle fit signe à Shin de remonter dans la voiture et rattrapa le pilote.
– En fait si, il y a bien quelque chose que tu peux faire, dit-elle. Tu es un professionnel à ce qu'on m'a dit. Je sais que ta spécialité c'est les voitures, mais tu ne connaîtrais pas quelqu'un dans les courses de motos ?
Elle jeta un œil en direction de Shin.
– C'est pour un ami, compléta-t-elle.
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