16 - Naissance d'une amitié

          Quand elle retourna dans le séjour, Shin finissait de ranger les pansements dont ils n'avaient plus besoin dans la trousse à pharmacie.

Enfin, il est surtout en train de tout remettre en vrac à l'intérieur, nota-t-elle.

Shin'ichirō Sano avait une définition bien à lui du rangement apparemment.

Un fois qu'il eut terminé, il se redressa et vint à sa rencontre.

– Tu veux que je te prête un t-shirt ? Lui demanda-t-il en lui montrant les taches sur le sien.

Hayate eut un mouvement de recul. Elle n'aimait pas quand un homme s'approchait trop près.

– Non, c'est bon, répondit-elle. Je vais rentrer. Il est tard et mon oncle va s'inquiéter si je ne lui passe pas un coup de fil rapidement.

– Ok, tu travaillais ce soir ?

– Oui, je revenais de Nagano.

Shin compta sur ses doigts en réfléchissant.

– Mais... Dit-il, Nagano, c'est presque à trois heures de route !

Elle rit.

– Oui, mais je ne respecte pas vraiment les limitations de vitesse, tu te souviens ?

Il écarquilla les yeux, ébahi.

– Tu gères dans tous les domaines ou quoi ? Souffla-t-il.

Avant de se sentir flattée par sa remarque, Hayate se ressaisit.

Un manipulateur... N'oublie pas que les hommes sont des manipulateurs. Tous. Tôt ou tard, ils montrent leur vrai visage.

– Si c'était le cas, je serais la première au courant, lui asséna-t-elle.

Puis elle tourna les talons pour remettre de la distance entre eux.

Shin la regarda s'éloigner vers l'entrée.

Hayate Koji lui soufflait constamment le chaud et le froid. Toutes les fois qu'il pensait avoir fait un pas vers elle, il s'apercevait qu'elle en avait fait un en arrière.

Mais elle est sympa... J'en suis sûre, au fond elle est sympa.

Il la rejoignit au moment où elle mettait ses chaussures.

– Il faut qu'on échange nos numéros de téléphone ! Dit-il. On est potes maintenant ! Ajouta-t-il en voyant le regard qu'elle lui lançait.

Elle fronça les sourcils.

– Oui, j'imagine...

Elle lui donna son numéro et nota le sien dans son téléphone.

– Si tu t'avises d'en faire n'importe quoi, lui précisa-t-elle, ou de le filer à qui que ce soit, je te refais la face, c'est clair ?

– Ok chef ! Lâcha-t-il, radieux.

Elle le regarda une seconde avant de rigoler.

– Abruti, lâcha-t-elle.

Ce type est un clown.

– J'y vais, dit-elle. Encore merci pour tout à l'heure.





Sur le chemin du retour, Hayate repensait à cette rencontre.

Je ne m'attendais vraiment pas à tomber sur lui... C'est une chance qu'il ait été dans les parages, ces types m'auraient envoyée à l'hôpital sinon. D'ailleurs il ne m'a pas dit ce qu'il faisait dans le coin à une heure pareille... Il était peut-être sorti... Je dois admettre que ça n'est pas un aussi mauvais gars que je le pensais... En tout cas, il l'est moins que d'autres, par exemple les garçons de tout à l'heure...

La fatigue commençait à se faire sentir et elle étouffa un bâillement.

– Enfin peu importe, dit-elle tout haut. Je vais juste aller me coucher maintenant et dormir... Je suis crevée. Tant pis pour le film, ça sera pour la prochaine fois.




Le soleil semblait tout juste pointer le bout de son nez au-dessus de l'horizon, lorsque son téléphone vibra, tirant Hayate du sommeil.

Elle entrouvrit un œil et le referma aussitôt, éblouie par la lumière qui filtrait entre ses rideaux.

– Hmm... Quoi... Marmonna-t-elle.

Elle voulut se retourner et se rendormir, mais les bleus de la veille se réveillèrent à leur tour et elle grimaça.

– Merde...

Hayate tenta malgré tout de rester couchée. 

Elle refusait obstinément de se lever, c'était son jour de congé. Mais il n'y avait rien à faire, le sommeil l'avait quitté.

Elle attrapa son téléphone d'une main irritée et ouvrit le clapet du pouce.

Heyyy !! Disait le message de Shin'ichirō. Bien dormi ??

– Je vais le tuer... Marmonna-t-elle.

Elle tapa un message à toute vitesse.

Tu veux quoi ? Tu as vu l'heure ??

La réponse lui parvint presque aussitôt.

Ça te dirait qu'on se voit ? On pourrait déjeuner ensemble ?

Hayate regarda l'heure.

Dix heures.

Il était plus tard qu'elle le croyait.

Elle s'assit au bord de son lit et attendit que la douleur de ses blessures de la veille se calme.

Pas trop non, Répondit-elle. Je suis en congé et je pensais traîner, en plus j'ai mal partout

Tu es en congé ? Reçut-elle presque instantanément. C'est cool moi aussi ! Viens on traîne ensemble !

– Ce type n'écoute que ce qu'il veut ma parole...

Le message suivant réussit toutefois à la convaincre.

On parlera voitures et motos !!




Une heure après, Hayate reprit la route pour Tokyo.

Elle avait pris un bain qui avait au moins eu l'avantage d'endormir un peu ses blessures et elle se sentait plus alerte et moins contrariée.

Pourquoi j'accours comme ça ? Je suis complètement débile ou quoi... ?

Elle savait toutefois très bien pourquoi elle avait accepté si facilement. L'idée de discuter mécanique avec un autre passionné l'enthousiasmait. Elle avait envie de partager ce genre de moments avec quelqu'un d'autre que son oncle.

Quelqu'un de mon âge...

Et Shin'ichirō Sano lui avait fait l'effet de pouvoir être cette personne-là.

J'espère que j'ai vu juste.

Tout en roulant, elle saisit le papier sur lequel elle avait noté l'adresse où ils devaient se retrouver.

Je dois voir un pote avant, lui avait-il expliqué, on a qu'à se retrouver là-bas, c'est à Arakawa, tu connais le coin, non ?

Oui, elle connaissait le coin. Elle y travaillait à mi-temps depuis des années. En plus de cela, ça l'arrangeait de ne pas faire la route jusqu'à Shibuya. Même si elle aimait conduire, les rues embouteillées de Tokyo ne l'attiraient pas.

Propose-moi plutôt un coin où il n'y a personne et où je pourrais rouler comme j'en ai envie et là on va s'entendre.

Les premiers toits de Tokyo apparurent et elle accéléra pour ne pas être en retard.

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