81 - Taiju Shiba
Le Barbarossa, le restaurant étoilé de Taiju Shiba, avait ouvert ses portes dans le quartier de Ginza moins d'un an plus tôt. Il était déjà l'un des plus courus de la jet-set et tous ne parlaient plus que de son chef français, de sa déco somptueuse et de son aquarium abritant un jeune requin, l'attraction du restaurant.
Taiju se laissa tomber sur une des banquettes d'un des salons VIP et il sortit un cigare.
– Mais qui voilà ? Ricana-t-il en regardant tour à tour Kokonoi, Kisaki et les frères Haitani qui s'étaient assis en face de lui. La tirelire des gangs, le magouilleur en chef du Toman et...
Il se pencha en avant, les coudes sur les genoux, et examina les deux frères de plus près.
– Putain mais vous êtes qui, vous ? Ajouta-t-il.
Une petite veine se mit à palpiter sur le front de Ran. Ce n'était pas son idée de faire appel à Taiju Shiba pour feindre être celui qui leur avançait les fonds nécessaires à son plan, mais celle de Koko.
– Il est le mieux placé pour nous aider, leur avait-il dit. Aucun clan yakuza ne met son nez dans ses affaires. C'est Taiju, il est capable d'écraser ces types d'une seule main. Avec lui, nous avons l'assurance que personne dans le milieu ne trouvera à redire à votre pari.
– Si tu le dis... Avait répondu Ran.
Il n'était pas convaincu, mais Rindō et lui n'avaient pas vraiment le choix, c'était la condition imposée par Koko et Kisaki pour accepter de les aider.
À présent qu'il l'avait devant lui, Ran trouvait Taiju Shiba encore plus impressionnant que dans ses souvenirs.
Ce type est gigantesque... Même avec Rindō, je ne suis pas sûr qu'on en viendrait à bout ! En plus il n'est même plus au top de sa puissance !
Il se souvint alors que Mikey l'avait battu en un contre un.
Ce nabot n'est vraiment pas fait comme tout le monde...
– Comment ça, qui on est ? Dit-il. Tu as oublié qu'on a fait partie du même gang...
Il parlait du Toman. Comme le Tenjiku de Izana, le Black Dragon de Taiju avait été absorbé par le gang de Mikey après sa défaite.
Taiju renifla et il se réinstalla contre le dossier de sa banquette.
– Si tu crois que je me souviens de tous les troufions du Black Dragon, lui rétorqua-t-il.
La petite veine sur le front de Ran enfla un peu plus. La seconde d'après, Taiju éclata de rire.
– Putain ! Dit-il. Vous verriez vos têtes ! Je devrais prendre une photo et l'envoyer à tout le monde ! Les Haitani avec des tronches de gamins vexés ! C'est trop drôle !
Ran inspira profondément pour retrouver son calme. Évidemment que cet abruti les avait reconnus. Il s'amusait juste à leurs dépens.
Comme si la situation nous amusait, ajouta-t-il pour lui-même.
Une fois calmé, Taiju reprit.
– Alors, dit-il, Koko m'a dit que vous aviez des petits soucis ?
– On peut dire ça, répondit Ran.
Koko lui expliqua la situation, avant de conclure :
– Nous sommes venus voir si tu accepterais de t'associer avec nous pour leur permettre de récupérer leur club.
– Hmm, dit Taiju. Je ne comprends pas un truc. Pourquoi avoir emprunté du fric à ces types ? Vous deviez bien vous douter qu'ils vous la mettraient à l'envers, non ?
– Tout le monde n'est pas plein aux as ! Lui répondit Rindō avec hargne.
Les manières de Taiju ne lui plaisaient définitivement pas. Ran calma son frère d'un geste.
– Parce que nous avions besoin d'une somme tellement importante, répondit-il, que même notre ami ici présent – il montra Koko – ne pouvait rien pour nous.
– Je vois, dit Taiju en tirant sur son cigare. Et maintenant c'est quoi le plan ? Parce que j'imagine que vous n'allez pas vous contentez de payer ? Je vois mal les frères Haitani s'écraser sagement.
Le sourire que lui retourna Ran répondit en partie à sa question.
– Tu as déjà entendu parler du Deathmatch ? Lui dit-il.
Ran lui expliqua son plan comme il l'avait fait avec Koko et Kisaki.
Taiju réfléchit.
– En gros, dit-il, le plan c'est de gagner cette course organisée par les pontes de l'Inagawa kai pour remporter la récompense qui consiste à demander au boss ce que l'on veut ?
– C'est ça, oui, lui dit Ran.
– Et qui vous dit qu'ils vont respecter leur parole ensuite ? Demanda Taiju.
– Leur réputation, lui répondit Ran. Le Deathmatch est organisé tous les ans depuis neuf ans et le clan n'a jamais failli à sa parole. Devant autant de spectateurs, ce serait mauvais pour les affaires. Le vainqueur peut réclamer ce qu'il veut. Même effacer sa dette. Ça ne serait pas la première fois.
– Ok, et comment vous comptez gagner ? Reprit Taiju.
– C'est là que vous intervenez, dit Ran en regardant Koko, Kisaki et Taiju avec le sourire.
– Ran a réussi à nous mettre dans la poche le gagnant de l'année dernière, expliqua son frère. Il est d'accord pour courir pour nous, mais il est cher.
– Il est prêt à se mettre les yakuzas à dos pour du fric ? Dit Taiju. Bah, j'imagine que tout le monde a son prix...
Il souffla un long nuage de fumée.
– Et moi qu'est-ce que j'y gagne ? Reprit-il.
– Nous t'assurerons une part des bénéfices du Jungle pendant cinq ans, lui répondit Ran.
– Je n'en veux pas, dit Taiju. Moi, ce que je veux, c'est être actionnaire, comme eux – il montra Kisaki et Koko. Je suis même prêt à mettre de ma poche pour ça.
Ran ne s'était pas attendu à cette réponse. Il aurait pourtant dû. Taiju, comme les autres, avait entendu parler du succès du Jungle et il n'entendait pas être laissé sur la touche pendant que d'autres se taillaient une part du gâteau.
Finalement, Koko n'était pas le seul requin du Black Dragon, comprit-il.
Taiju esquissa un sourire carnassier.
– Mais ne vous en faites pas, les rassura-t-il, je ne suis pas gourmand. Je me contenterais de dix pour cent des actions, à une condition...
– Laquelle ? Demanda Ran, intrigué.
Taiju se pencha vers eux avec des airs de conspirateur.
– Pas un mot de cette histoire de yakuzas ou de course de voitures illégale à ma femme, dit-il. Pour elle, nous serons des associés tout ce qu'il y a de plus classique, c'est bien compris ?
Il se réinstalla dans le fond de la banquette et conclut :
– Alors ? Ils sont d'accord Laurel et Hardy ?
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NDA : Je trouve ça plus facile de réutiliser (recycler...) mes personnages d'autres fanfictions plutôt que d'en créer de toutes pièces. En plus, j'aime bien les retrouver, j'ai l'impression de croiser un ami au détour d'une rue !
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