27 - Ce sont les mêmes !
Tandis que la fourgonnette prenait la route de Koga, Shin'ichirō se tourna vers Hayate.
– Il ne t'a pas dit ce qui se passait ?
Elle secoua la tête.
– Non, dit-elle, rien du tout. Il a juste parlé d'un plaisantin et de verre brisé.
Mais le ton de la voix de son oncle ne lui avait pas plu.
Hayate fronça les sourcils.
Qu'est-ce qui était arrivé ? Et pourquoi Bunta avait-il voulu savoir si elle allait bien ?
Il y a un rapport avec moi ?
Elle avait beau retourner cela en tout sens dans sa tête, elle ne comprenait pas.
Elle accéléra et le moteur de la vieille camionnette gémit tandis que Shin'ichirō lui jetait un regard inquiet sans dire un mot.
Il leur fallut moins de vingt minutes pour atteindre Koga qui se trouvait à une poignée de kilomètres du circuit de Tsukuba.
Quand Hayate s'arrêta sur le parking de la société de son oncle, elle vit plusieurs employés – dont Sako, la secrétaire – debout devant la porte, l'air grave. Elle abandonna la cabine de la fourgonnette d'un bond et elle les rejoignit.
– Sako ! Cria-t-elle. Qu'est-ce qui se passe ?
La plupart avaient profité de l'occasion pour sortir prendre un café ou fumer une cigarette. Si c'était cela, la situation ne devait pas être trop grave, se dit confusément Hayate.
– Mademoiselle Koji ? Dit la secrétaire, surprise. Qu'est-ce que vous faites là ? Vous n'étiez pas en congé ?
– Mon oncle m'a appelée, lui révéla Hayate arrivée à son niveau. Qu'est-ce qui se passe ? Où est-ce qu'il est ?
Sako lui désigna l'arrière du bâtiment du menton.
– Derrière, dit-elle. Mais il est de mauvaise humeur, vous devriez peut-être attendre...
Hayate ne tint pas compte de ses paroles. Elle repartit en courant et contourna les locaux par l'extérieur pour gagner le parking situé à l'arrière.
De mauvaise humeur, pour elle cela voulait dire un Bunta encore plus taciturne que d'habitude, rien de plus.
Elle pressa le pas et arriva rapidement en vue du quai de chargement près duquel son oncle venait généralement fumer et se détendre.
Bunta était là, une main dans une poche et l'autre tenant une cigarette, debout derrière son Impreza noire garée à quelques distances de la plateforme, le long du grillage qui séparait le bâtiment de la route.
– Oncle Bunta ! S'écria Hayate.
Il leva la tête et il la regarda approcher.
À son expression habituellement impassible, s'était ajouté un pli contrarié qui creusait l'espace entre ses yeux. Sako avait raison. Il était furieux.
Hayate n'avait pas souvent vu Bunta en colère et les rares fois où cela était arrivé, c'était toujours parce qu'un imprudent avait touché à ce à quoi il tenait.
C'était une grossière erreur. Bunta Koji avait peut-être l'air indolent, mais il était parfaitement capable de se défendre. Après tout, c'était lui qui avait appris à Hayate à se battre.
Une fois près de lui, Hayate n'eut besoin que d'un coup d'œil pour comprendre. La vitre arrière de sa voiture avait volé en éclats. Des morceaux de verre jonchaient la banquette, à l'intérieur du véhicule, et ils s'étaient répandus jusque sur le bitume.
Qu'est-ce que... ? Se dit-elle.
Bunta ramena sa cigarette entre ses lèvres et il tira une longue bouffée.
– Tu n'avais pas besoin de venir Hayate, dit-il.
Hayate ne l'écouta pas. Elle rejoignit la voiture pour examiner les dégâts de plus près.
Elle était effarée. Ce véhicule, c'était la prunelle des yeux de son oncle. Un monstre de puissance à côté duquel la Civic passait pour un jouet pour enfant. Bunta avait économisé des années pour se l'offrir. Il la chérissait autant qu'un membre de sa famille et il n'y avait pas une seule de ses pièces qu'il ne connaissait pas par cœur.
Hayate serra les poings.
– Qui est-ce qui a fait ça ? Grinça-t-elle.
Bunta s'approcha.
– J'ai prévenu l'assurance, dit-il en ignorant sa question. Les dégâts vont être pris en charge. Dans quelques jours, on n'y verra plus rien.
– Si c'est quelqu'un du coin, reprit Hayate sans l'écouter, il va voir ! Pour qui est-ce qu'ils se prennent pour oser...
– Arrête, la coupa-t-il.
Il se dirigea vers la portière, côté conducteur, et attrapa un objet qu'il avait posé sur le siège un peu plus tôt. C'était une brique, vit Hayate quand il revint vers elle. Une brique à laquelle un morceau de papier était encore attaché par un élastique.
Bunta la lui tendit et Hayate la saisit avant de retirer avidement l'élastique.
Derrière elle, Shin était apparu au coin du bâtiment. Il s'immobilisa en les voyant. Il ne savait pas s'il devait approcher ou pas et Bunta le remarqua.
– C'est qui lui ? Demanda-t-il à sa nièce.
Hayate jeta un œil par-dessus son épaule.
– Sano, répondit-elle. Le mécano moto. C'est lui qui avait besoin d'un camion aujourd'hui.
– Hmm ? Dit son oncle.
Il était surpris. Depuis quand sa nièce rendait service à un type qu'elle connaissait depuis quelques semaines seulement ?
Il la laissa pour se diriger vers le garçon qui dansait toujours d'un pied sur l'autre sans savoir s'il devait les rejoindre.
Hayate de son côté était enfin venue à bout du papier et elle le déplia.
Trois lignes y étaient inscrites :
En souvenir de l'autre soir à Shinjuku !!
Col de Tochimoto 31/10 à minuit
Viens te battre si t'es un homme !!!
Hayate eut envie de rouler la feuille en boule et de la jeter rageusement sur le sol.
Bande de...
Les coupables, c'était les types qu'elle avait rencontrés à Shinjuku, ceux qui n'avaient pas apprécié qu'elle leur dise d'arrêter de tourner autour de sa voiture.
Elle jeta un œil autour d'elle.
Ils ont sûrement balancé leur brique par-dessus le grillage, se dit-elle en examinant la route.
Elle ramena les yeux sur le message.
Viens te battre si t'est un homme !!!
Ils croyaient toujours que la Civic était la voiture de son petit ami.
Des minables ! Rien que des petites merdes ! Je vais vous écraser la gueule et vous allez le sentir passer !
Elle se retourna pour demander à son oncle ce qu'il en pensait, mais elle s'aperçut qu'il n'était plus à côté d'elle.
Bunta avait rejoint Sano au coin du bâtiment, sa cigarette coincée entre deux doigts.
– Hey... Dit-il arrivé au niveau de Shin.
– Bonjour monsieur, répondit ce dernier. Désolé je ne voulais pas être indiscret, mais je m'inquiétais en ne la voyant pas revenir.
Bunta désigna sa voiture d'un signe de tête.
– C'est juste du verre, tu vois, dit-il. Ce sera vite réparé.
Shin remarqua l'état du véhicule. Il écarquilla les yeux.
– Bordel de merde... Souffla-t-il. Qui est-ce qui a fait ça ?
– Tu t'appelles Sano ? Demanda Bunta, soudain moins intéressé par sa voiture que par ce garçon.
Shin ramena les yeux vers lui.
– Heu... oui, Shin Sano. Je suis un ami de Koji... Enfin de Hayate.
(NDA : Les japonais qui appellent tout le monde par leur nom de famille, rencontrent souvent des problèmes lorsqu'ils sont face à deux personnes qui portaient le même nom.)
– Je vois, dit Bunta.
Plus loin, Hayate regardait les deux hommes, sa fureur un instant oubliée.
Pourquoi est-ce qu'il est allé le voir ? Se demanda-t-elle, intriguée. Et de quoi ils parlent ?
Tandis qu'elle se posait ces questions, Shin sortit son paquet de cigarettes et il s'en alluma une. L'instant d'après, Bunta et lui portèrent chacun la leur à leurs bouches dans un même mouvement avant de laisser retomber leur bras dans un geste parfaitement synchrone et Hayate ouvrit des yeux surpris.
Ils me font quoi ? Un numéro de duettistes ?
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