14 - Parce que je ne laisse pas tomber mes potes !

          Hayate était en mauvaise posture. Elle avait beau rendre coup pour coup, elle était seule face à plusieurs adversaires qui avaient bien conscience de leur supériorité numérique.

Bande de bâtards...

Elle l'aurait bien dit tout haut, mais elle n'avait plus assez de souffle et elle préférait garder le peu qui lui restait pour leur tenir tête.

Si vous croyez que je vais m'écraser, vous rêvez !

Un des types repassa à l'attaque et elle se prépara à l'accueillir.

Mais avant qu'il l'ait touchée, il avait décollé du sol et s'était envolé pour atterrir sur le dos au milieu de la chaussée.

Une silhouette vint se ranger aux côtés de Hayate.

– Ça va ? Lui demanda le nouveau venu. Tu tiens le coup ?

Hayate le reconnut et n'en crut pas ses yeux.

– Sano ? Dit-elle, abasourdie.

Shin ramena les yeux sur ses adversaires.

– Vous êtes quel genre de salopards pour vous battre à cinq contre un ? Rugit-il.

Il écrasa son poing contre le réverbère voisin et Hayate put distinctement voir l'empreinte de ses doigts sur le métal quand il retira sa main.

Les autres l'avaient vue aussi et ils reculèrent d'un pas. Shin profita de ce répit.

– Je me charge de tes arrières, dit-il à Hayate. Occupe-toi de ceux qui sont devant toi !

Puis il partit à l'assaut de leurs agresseurs sans même attendre de réponse.

Sous le choc, Hayate le regarda se lancer dans la bagarre.

Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi est-il intervenu ?

Ses yeux s'égarèrent à nouveau sur le réverbère.

Et surtout... quel genre de types laisse une marque pareille ? Se demanda-t-elle.

En plus, c'était lui qui avait fait voler ce gars un peu plus tôt, comme s'il ne pesait rien.

Elle ramena son attention sur Shin.

Elle allait peut-être s'en sortir en définitive se dit-elle.

C'est alors que Shin se prit les pieds dans ses propres chaussures et s'étala sur le bitume, au pied des ses adversaires, dans un PLAF ! sonore.

Tous se figèrent. Hayate demeura bouche bée.

Un de leurs adversaires reprit ses esprits avant les autres et il voulut en profiter pour le frapper, mais Hayate s'interposa et le fit reculer d'un coup de pied au plexus.

– Mais qu'est-ce que tu fous Sano ? S'écria-t-elle en jetant un regard à Shin par-dessus son épaule. Tu ne sais pas te battre ou quoi ?

Ce dernier se redressa sur les genoux, le nez en feu et les larmes aux yeux.

– Je me suis fait mal, geignit-il en massant son nez.

Hayate n'aurait su dire si c'était un héros ou un crétin.

Mais c'est quoi ce type ?

Elle n'avait pas le temps d'y réfléchir. L'affrontement n'était pas terminé.

Elle repoussa une nouvelle attaque et lança par-dessus son épaule :

– Lève-toi ou on va se faire démolir !





Trente minutes plus tard, tous les deux étaient assis par terre dans la ruelle voisine, le dos appuyé contre le mur.

Leurs assaillants avaient fini par partir.

Shin gémit.

– Putain, la branlée qu'on s'est pris...

Hayate ne répondit pas tout de suite. Elle était trop occupée à essayer d'arrêter le saignement de son nez, la tête renversée en arrière.

– Merde, dit-elle les yeux fermés. Mais tu es vraiment une brêle en fait...

Elle l'entendit pouffer de rire à côté d'elle.

– Ouais, dit-il, mais avoue que c'était marrant.

Elle souffla. Un instant plus tard, elle lui demanda :

– Pourquoi tu as fait ça ?

– Fais quoi ?

– Me venir en aide, intervenir dans une bagarre qui ne te concernait pas !

S'il me dit que c'est parce que je suis une fille et qu'il fallait me protéger, je lui colle mon poing dans la gueule !

Shin la dévisagea comme s'il avait affaire à une imbécile.

– Mais enfin, c'est évident ! Dit-il. Parce que je ne laisse pas tomber mes potes !





Hayate le regarda, stupéfaite.

Elle ne s'attendait pas à cette réponse.

Elle revint à son nez blessé et réfléchit.

– Ok, dit-elle finalement. Je suis d'accord, je veux bien qu'on soient potes toi et moi.

Comme il ne répondait pas, elle tourna à nouveau la tête vers lui et le découvrit à quelques centimètres de son visage, les larmes aux yeux et les lèvres tremblantes.

– C'est vrai ? Dit-il. Vraiment ?

Elle eut un mouvement de recul.

– Oui, dit-elle. Mais potes hein ! Rien d'autre, c'est clair ? Si tu t'avises de tenter un truc, je te démonte !

Shin hocha fébrilement la tête avec un grand sourire.

– Ok ! Dit-il.

Hayate se réinstalla contre le mur.

– Merci... d'être intervenu, dit-elle. Si tu n'avais pas été là, ça aurait mal fini pour moi...

– Pas sûr, répondit Shin en se rasseyant à son tour. Tu gères en baston.

– Pas toi, lui répliqua-t-elle du tac au tac. Je ne retire pas ce que j'ai dit : tu es une brêle.

Puis elle secoua la tête et lui demanda :

– Comment tu peux défoncer un réverbère à mains nues ou envoyer voler un mec sur trois mètres et être aussi nul en bagarre ?

Il y avait une note d'incrédulité dans sa voix.

Durant tout l'affrontement, tous les deux avaient couvert les arrières l'un de l'autre et Shin'ichirō avait compensé sa maladresse en déployant une force hors du commun.

– Je ne sais pas, dit-il, j'imagine que c'est l'adrénaline...

Hayate se redressa en maintenant toujours son nez d'une main.

– Allez viens, dit-elle. Je te ramène.

Il se leva à son tour.




Lorsque tous les deux arrivèrent au niveau de la voiture, Shin hésita.

– Tu es sûre ? Dit-il. Je peux rentrer en train, ça n'est pas comme si tu me devais quelque chose...

– Sano, le coupa-t-elle, tu as loupé le dernier train, alors à moins que tu veuilles rentrer chez toi à pied, arrête de faire des histoires et monte.

Elle s'installa au volant de la Civic et il s'assit à son tour. Pendant un instant, elle le regarda batailler avec le harnais de sécurité. Il ramenait les boucles devant lui, essayait de les enclencher, avant de les retourner dans l'autre sens pour réessayer, le tout en se tortillant sur son siège.

Finalement, elle repoussa ses mains pour le fermer elle-même.

– Quelle brêle... Marmonna-elle.

Shin, lui, souriait de toutes ses dents.

Elle mit le contact après avoir essuyé une nouvelle fois le sang qui dégoulinait de son nez et le grondement bas du moteur envahit l'habitacle.

– Pourquoi tu souris comme un débile ? Lui demanda-t-elle.

– Parce que je suis content qu'on soient amis !




NDA : Je me suis toujours demandée comment un type avec la force de Shin'ichirō, avait pu être surnommé "le Roi Faible" !

Et puis je me suis dit que je l'imaginais bien se casser la figure en plein milieu d'une baston ou bien taper dans le vide façon Takemichi !

(ᵔ́∀ᵔ̀)

PS : Est-ce que j'ai fait un gif de corbeau juste pour ce chapitre ? Oui  。゚( ゚^∀^゚)゚。

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top